Avec Michaël, TOUT ce qui peut mal aller va mal. Je suis visiblement devenue la pire fille que la terre ait jamais portée.
J’ai croisé quelques-uns de ses amis à la cafétéria et j’ai eu droit à des regards méprisants, genre : « T’es une malpropre, une sorcière et une diablesse. » Sérieux, j’exploiterais des jeunes enfants pour qu’ils fassent mes devoirs ou mon lit et ce serait moins pire.
Mathieu dit de les ignorer. Ce que je fais, mais quand même, c’est duuur ! Je voudrais les prendre un à un et leur expliquer ma version des faits, pas celle de Michaël qui doit ressembler à : « J’ai tout fait pour elle et elle m’a laissé quand même pour un autre gars, et avant de partir, elle m’a donné un coup de pied entre les deux jambes et elle a ricané comme une démone. »
Sans compter que les têtards gluants de ma classe ont commencé à me demander, les uns à la suite des autres, de sortir avec eux parce qu’il paraît que « c’est facile ». Quand je me suis rendu compte que c’était un jeu stupide, j’ai répondu « oui » au troisième. Quand j’ai voulu l’embrasser devant tout le monde, il est devenu blême comme un banc de neige en pleine campagne. Le pauvre petit, je pense qu’il n’a même jamais vu un soutien-gorge de sa vie ! Il pense que c’est un Georges dans une balançoire. (Hein ?)
(…)
En plus, il est arrivé un « accident » pendant la première période. Les gars étaient surexcités parce que l’un d’eux avait apporté une « machine à pets ». Il s’agit d’un ballon rouge qu’on gonfle. Quand une personne s’assoit dessus, le ballon se dégonfle en faisant des bruits de pets.
L’un d’eux (tout le monde dit que c’est Gabriel, qui serait prêt à vendre ses lobes d’oreilles sur le Net si ça faisait rire) a décidé de le mettre sur la chaise de la prof au début de la période.
Quand la prof s’est assise, elle ne l’a pas vu. En fait, le ballon ne s’est pas dégonflé, il a EXPLOSÉ. Elle est un peu forte du siège.
Parce que tout le monde s’attendait à une FFJ (fausse flatulence juteuse), on a fait le saut quand on a plutôt eu droit à une DEE (détonation d’engin explosif). Des filles et un gars sensible ont poussé des cris.
Comme si ce n’était pas assez, la prof s’est levée, furieuse, s’est retournée pour voir ce qu’il y avait sur sa chaise, et c’est à ce moment qu’on s’est tous rendu compte que le ballon était resté coincé entre ses fesses.
Tout le monde riait, évidemment. La prof, elle, ne comprenait pas trop ce qui se passait. Une fille lui a dit qu’elle avait quelque chose de coincé dans la « craque ». La prof s’est retournée et n’a rien vu. Alors elle a pensé que la fille se moquait d’elle et lui a demandé de quitter la classe !
On a commencé à manifester notre désaccord. Un gars lui a dit que les résidus de la bombe étaient vraiment prisonniers de la gueule du monstre. Elle a rougi et elle est sortie. Et… elle n’est pas revenue.
Un autre prof a pris la relève.
Oups ! M’est avis que Gabriel est dans la schnoute.
Les gars sont tellement zoufs des fois. C’est épouvantable. Mais ça donne quand même de bons fous rires.
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Monsieur Patrick trouve géniale l’idée d’intituler le journal : L’Écho des élèves desperados ! Il veut que les articles sortent eux aussi des sentiers battus. Il a même suggéré des reportages vidéo intégrés au journal. Cool ! Mathieu m’a dit qu’il allait se trouver une caméra numérique.
Prochaine étape : le recrutement.
C’est exaltant !
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Mathieu m’a demandé de lui remettre les messages que j’ai reçus de la personne qui m’adore. Il sait maintenant où elle s’est branchée pour m’envoyer ses messages de tendresse et de paix. Il s’agit d’un accès Wi-Fi accessible à tous au centre commercial de la ville voisine.
Donc, la personne sait ce qu’elle fait pour qu’on ne puisse pas la retrouver.
Pas grave, je vais chercher un autre moyen.
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Je rends visite à Nath avec Kim, ce soir. J’ai hâte de la revoir !
Allez, on mange !