Publié le 10 novembre à 19 h 21 par Nam

Humeur : ébranlée

> Des complications

La tentative de mon frère de cacher l’horrible tatouage qu’il a sur le ventre a lamentablement échoué. Genre, d’aplomb. Il voulait garder le tout secret jusqu’à ses 18 ans, ça aura duré à peine trois jours. Bravo, Fredouille !Image

Il n’était pas à l’école aujourd’hui parce qu’il a été malade. Vraiment pas dans son assiette : il a vomi, il faisait de la fièvre et il disait des choses incohérentes. VRAIMENT inquiétant !

Mom est restée avec lui pour le soigner. À un moment donné, elle a vu qu’une partie de son t-shirt était humide. Elle l’a relevé et ROAR, le visage sur le grain de riz est passé à ça de lui arracher le nez avec ses dents de tigre.

Bref, Fred souffre d’une sévère infection causée par son tatouage. Rien de grave, parce qu’il prend à présent des antibiotiques. Mais, selon Mom, il aurait pu en mourir. Le tatouage ne versait plus des « larmes de sang », mais des « larmes de jus jaune et puant ». Ewww !Image

Il doit avaler maintenant des super grosses pilules roses (des dirigeables !) pendant dix jours, trois fois par jour.

Et quand il ira mieux et que son tatouage cessera de gicler du pus, il aura à donner à Mom quelques explications.

(…)

En me rendant à l’arrêt d’autobus après l’école, j’ai eu un choc. J’ai vu Michaël.

Qui tenait la main de Mylène.

Ils sont de nouveau ensemble.

Ça m’a fait mal.Image

Je n’avouerai jamais ça à personne, c’est ridicule. Mais que puis-je y faire ? C’est comme ça que je me sens.

Je n’aime pas Michaël, mais je déteste l’idée qu’il soit avec Mylène. Je ne me comprends pas, il n’y a rien de logique là-dedans.

Mylène doit être tellement heureuse de savoir que Michaël m’a laissée, tellement fière qu’il soit retourné avec ELLE après m’avoir larguée.

Arghhh !

Je les ai laissé monter dans l’autobus, préférant attendre le suivant pour ne pas me retrouver avec eux.

J’ai arrêté Kim et j’ai fait semblant d’attacher les lacets de mes chaussures.

- Qu’est-ce que tu fais ? elle m’a demandé. On va rater l’autobus.

- J’attache mes lacets.

- On n’a pas le temps !

J’ai pris une éternité pour faire mes boucles. Comme si je nouais mes lacets avec des mitaines.

- Naaam ! Déniaise !

J’ai fait des calculs mathématiques super complexes dans ma tête. Une fois assurée que même en utilisant un avion supersonique, on n’allait pas arriver à temps à l’arrêt de l’autobus, je me suis relevée.

- Meeerde ! a fait Kim. T’aurais pas pu prendre plus de temps ?

- C’pas grave, il y en a aux dix minutes.

Alors que l’autobus repartait, j’ai scruté les fenêtres et j’ai aperçu Mylène.

Elle m’a vue.

Et elle m’a fait un sourire méchant.Image

C’est tellement elle qui m’a envoyé des insultes par courriel. C’est tellement elle qui m’a prise en photo sans mon consentement.

Faut juste que je trouve une preuve.

Une seule.

(…)

Je viens de terminer ma rédaction sur le « respect ». Habituellement, j’aime être originale, mais j’ai préféré opter pour la simplicité. Je ne veux pas provoquer Monsieur M. Et c’est quand même grave, un burnout.

Je comprends que ce n’est pas le ballon tout flasque coincé entre ses fesses qui a fait péter les plombs à la prof. C’est sûrement l’accumulation de plusieurs événements.

Là, il faut que je fasse signer mon texte par un de mes deux parents.

Lequel ?

Mom va sûrement lire ce que j’ai écrit et me poser des questions.

Pop, si je lui demande de faire deux choses en même temps (genre me parler de ce qu’il regarde à la télévision ET signer), il n’y verra que du feu.

Mais je prends un risque parce que, pour Pop, le respect, c’est fondamental. S’il apprend que j’ai eu une rédaction à faire parce que j’ai manqué de respect à une prof, il va me raser la tête et me forcer à faire des push-up dans la boue avec une grenade dégoupillée dans la bouche.

Je vais voir si je peux arriver à le tromper.

(…)

Que le grand cric me croque ! Je ne sais pas ce qui se passe avec Pop, mais il a signé ma rédaction avec un enthousiasme fou.

Il a même ri quand je lui ai raconté ce qui s’était passé. Et il a ajouté que cette histoire allait « rester entre nous ».

Qu’est-ce qui se passe avec lui ? Il est comme trop gentil.Image

Telle une panthère qui s’apprête à sauter sur un pauvre oisillon sur le point d’extirper un ver dans la terre pour se nourrir, j’ai approché Pop tout doucement. Voyant qu’il était seul devant le téléviseur, sans défense et hypnotisé par la publicité d’une éponge en forme de micro pour se donner l’impression qu’on est une star du rock quand on chante sous la douche, j’ai bondi sur lui :

- Pop, tu pourrais me signer ce truc ?

- Oui, oui, ma chouchoune, sans problème.

Chouchoune ?!Image Il ne m’a jamais appelée comme ça.

À mon grand désarroi, il a posé la télécommande sur son genou et il a mis ses lunettes de lecture.

- T’es pas obligé de lire, je ne veux pas te déranger pendant que tu regardes ton émission.

Je lui ai tendu mon stylo.

- Mais non, tu ne me déranges jamais. Voyons voir.

- Pas besoin, j’te dis.

Il ne m’a pas écoutée.

- C’est pourquoi ?

Ne pas mentir, ne pas mentir, ne pas mentir.

- C’est, euh, un papier sur, euh, le respect.

- Le respect, bien, bien.

Il a tout lu. Deux fois !

- Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je le lui ai raconté. Il s’est esclaffé et a dit :

- Ça devait être drôle.

Il a signé en ajoutant un commentaire : « Bravo, Nam, t’as une belle plume. »

Il n’a pas trop compris que c’était une punition. Pas grave, je n’ai pas insisté.

Il est déstabilisant quand il le veut, Pop. Avant que je sorte du salon, il m’a dit :

- Tu sais que je t’aime, n’est-ce pas ?

- Moi aussi, Papounet. Je t’aime.

Il me semble qu’il n’est pas comme d’habitude. Bizarre.

Je vais aller lire.