7.

Leo avait eu toute la journée pour réfléchir à la question de Lexi Somers. Une journée éprouvante, au cours de laquelle il avait dû recevoir Anton Pompidou, le premier secrétaire du ministre de l’Environnement, afin de lui démontrer la fiabilité de ce yacht entièrement conçu à partir de matériaux écologiques. Pendant l’escapade en mer, la jeune femme s’occupait de Ty, secondée par la baby-sitter qu’il avait embauchée pour toute la durée de leur séjour en Grèce. Mais Leo n’oubliait pas la manière dont Anton Pompidou avait admiré le petit corps de liane de Lexi, allongée près de la piscine. Lui-même avait le plus grand mal à se sortir de l’esprit cette vision enchanteresse. Elle ressemblait à une sirène, avec ses longues jambes dorées, son ventre plat, sa taille de guêpe et ses adorables petits seins moulés dans un triangle en Lycra qu’il ne songeait qu’à lui arracher…

La nuit était enfin tombée.

Qu’est-ce qu’il voulait vraiment ? Elle.

Inutile de le nier. Il avait rageusement envie d’elle. Et sa décision était prise : plutôt que de subir cette frustration infernale, il allait l’attirer dans son lit. Durant la soirée, il s’était efforcé de l’ignorer, de ne pas lorgner vers sa ravissante petite robe blanche, légèrement transparente.

Mais maintenant qu’ils étaient de nouveau seuls sur le ponton, sous le clair de lune, il n’allait pas reculer. Elle savait aussi bien que lui qu’ils jouaient au chat et à la souris depuis le début. Combien de fois leurs regards s’étaient-ils rencontrés, lourds de sous-entendus ? C’était absurde. Ils étaient deux adultes et devaient se comporter comme tels, au lieu de se chamailler pour tromper une frustration trop intense de part et d’autre.

— J’ai beaucoup réfléchi à la question que vous m’avez posée hier, déclara-t-il.

Elle sirotait un cocktail de fruits exotiques près de lui, alanguie dans un fauteuil.

— Ah ? Laquelle ? s’enquit-elle d’un ton distrait.

— Je sais ce que je veux obtenir de ce week-end, précisa-t-il.

— Vraiment ?

— Oui : vous.

Il perçut la tension de sa compagne, qui se redressa sensiblement sur son siège et fuit son regard.

— Pourquoi ? rétorqua-t-elle avec humeur. Vous n’avez pas trouvé de top-modèle pour assouvir vos besoins ici ?

— Ce ne serait pas vraiment un problème, reconnut-il. Mais c’est vous que je veux.

A sa surprise, elle poussa un long soupir, le dévisagea avec tristesse et répondit d’un ton sincère :

— Si c’est une nuit avec vous que vous me proposez, mieux vaut que vous sachiez ceci : les parties de jambes en l’air désinvoltes ne m’intéressent pas.

Il fixa attentivement son visage, tout en humant la douceur de l’air nocturne.

— Il n’y aurait rien de désinvolte dans notre échange, mon ange, assura-t-il.

Comme elle ne répondait pas et regardait ailleurs, il fronça les sourcils.

— Lexi ?

Enfin, elle se retourna vers lui et murmura :

— J’ai connu des hommes comme vous, et… Vous avez trop de secrets, Leo. Je ne pourrais pas être avec quelqu’un en qui je n’ai pas confiance.

A ces mots, il sentit son visage s’empourprer.

— Etes-vous en train de me dire que je suis malhonnête ?

— Je dis seulement que je ne sais pas qui vous êtes. Vous ne lâchez rien, et…

— Quelqu’un vous a blessée, n’est-ce pas ? interrompit-il.

Elle posa lentement son verre sur la table basse, avant de prendre une longue inspiration et d’expliquer :

— Mon père menait une double vie, et quand ma mère l’a découvert, elle en est presque morte de chagrin.

Tout en parlant, elle manipulait distraitement son collier. Elle le lâcha dès qu’elle s’aperçut qu’il la contemplait.

— Je ne sais pas pourquoi je vous ai dit cela, avoua-t-elle.

— Parce que vous avez envie de coucher avec moi, mais que vous avez peur, dit-il.

Elle acquiesça d’un imperceptible hochement de tête.

— Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme vous, confessa-t-elle. Mais comme je viens de vous le dire, vous avez beaucoup de secrets et cela m’effraie.

— Crois-moi, moya milaya, tu serais beaucoup plus effrayée si tu les connaissais.

Quand elle se mit à trembler et se recroquevilla sur elle-même, Leo se maudit d’avoir prononcé ces paroles. Puis, il se maudit d’être ce qu’il était. Elle était trop franche, trop innocente pour comprendre le regard qu’il portait sur le monde. Involontairement, elle torturait sa conscience trop lourde, et il savait qu’en cherchant à la faire céder, il se montrait égoïste. Or, il s’était juré de ne plus jamais céder à l’égoïsme après la mort de Sasha.

Un discret toussotement résonna derrière son épaule.

— Il y a intérêt à ce que ce soit grave, Danny, grommela-t-il, sans même accorder un regard à son assistant.

— Ça l’est.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Tu as dit qu’il fallait t’alerter immédiatement si on obtenait des nouvelles d’Amanda.

— Vous l’avez retrouvée ? demanda Leo en faisant volte-face et en écarquillant les yeux.

— Pas exactement. Mais j’ai vérifié tes messages électroniques toute la journée, et celui-ci vient d’arriver.

Il tendit une feuille de papier à Leo, qui lut les quelques lignes, l’estomac noué.

Quand il en eut terminé, la sueur lui perlait au front.

— Mariée ? lâcha-t-il dans un souffle. Elle… Elle ne peut pas faire ça !

Danny ne répondit rien, et Leo comprit que son pire cauchemar venait de se réaliser. Amanda exigeait qu’il prenne la garde exclusive de Ty. Elle s’était remariée, et l’enfant n’avait pas sa place dans son nouveau mode de vie.

Un déluge d’émotions inconnues se déversait sur lui. Parmi elles, il reconnaissait pourtant une vieille douleur. Une vieille douleur ramenant à la surface des souvenirs de son passé le plus pénible.

Il n’arrivait plus à respirer. L’air se bloquait à l’entrée de ses poumons, exactement comme à l’instant où il était parvenu devant le bac à sable où jouait le fils qu’il rencontrait pour la première fois de sa vie.

Il avait besoin d’espace. De temps. De réflexion.

Sans même accorder un regard à sa compagne, il réduisit la feuille de papier en boule et quitta le ponton.

*  *  *

Lexi emprunta l’escalier en colimaçon qui menait à la suite où Ty et elle occupaient chacun une chambre. Elle se glissa dans la pièce où dormait l’enfant et alla caresser délicatement ses cheveux blonds.

Il ressemblait tant à son père…

Elle se demanda aussitôt où Leo avait disparu.

Il avait prononcé le mot « mariée » avec une telle souffrance que Lexi avait compris : Amanda refaisait sa vie, et cette nouvelle le dévastait. Clairement, il était toujours amoureux d’elle. Elle ne s’était pas trompée, quand elle avait eu l’intuition que quelque chose d’intense s’était produit entre ces deux-là, expliquant l’étrange comportement de Leo vis-à-vis de son fils.

Après avoir remonté le drap sur les épaules de Ty, elle quitta sa chambre pour gagner la sienne. Juste à côté, dans une cabine attenante, Carolina dormait, le moniteur sur sa table de chevet. Cette baby-sitter était formidable : patiente, joueuse, pleine d’énergie. Déjà, le petit garçon s’entendait à merveille avec elle.

Lexi ôta ses escarpins à talons avant de passer sur sa petite terrasse privée. La journée avait été chaude, mais en pleine mer, une brise fraîche soufflait, et elle passa machinalement une main sur ses épaules nues avant de rentrer.

Ne sachant que faire, elle se servit un verre d’eau et s’assit à son petit bureau, devant l’ordinateur portable. Il aurait fallu qu’elle révise le projet de montage financier de la nouvelle garderie. Pourtant, elle ne parvenait pas à se concentrer. Elle était trop nerveuse pour dormir, et trop agitée pour travailler.

Ses pensées retournèrent vers Leo. Difficile de savoir s’il avait besoin de compagnie dans un moment pénible, ou s’il préférait rester seul. Elle se rappela que, parfois, les gens l’ignoraient eux-mêmes avant d’être placés devant ce choix. Aussi se décida-t-elle à aller voir par elle-même.

Elle prit l’ascenseur privé qui conduisait à sa suite et ne put s’empêcher d’admirer encore le luxe inouï de ce yacht. Enfin, la gorge nouée, elle alla frapper à sa porte. N’obtenant aucune réponse, elle tourna la poignée et s’insinua à l’intérieur.

— Rappelez-moi de prier mes gardes du corps de surveiller cette entrée, bougonna-t-il en traversant la pièce à si vives enjambées qu’elle manqua en faire une crise cardiaque.

Une seconde après, une porte claquait sur son passage, et Lexi se retrouvait seule dans le bureau.

Bon. Au moins, il n’était pas mort. Après avoir poussé un profond soupir, elle laissa errer son regard sur l’opulente décoration de la pièce. Une partie réservée dans le salon était équipée d’un canapé en cuir couleur crème et de deux fauteuils assortis, si larges qu’elle aurait pu dormir dedans. Au plafond, les dômes de cristal des luminaires fournissaient une lumière douce, parant les meubles en acajou d’un halo délicat. Un écran géant occupait une bonne part de l’un des murs, près d’une porte qui menait vraisemblablement à la chambre de Leo — là où il venait de se claquemurer.

Craignant elle-même de renoncer si elle n’agissait pas tout de suite, elle se hâta de traverser ce salon pour pénétrer dans la chambre. Son cœur battait plus vite, et elle se rappelait avoir commis la même indiscrétion deux jours plus tôt, à Londres.

La chambre de son yacht était presque aussi luxueuse que celle de son penthouse. Ici aussi, le lit était gigantesque, et même sans le toucher, elle voyait qu’il disposait d’une literie de grand luxe, sous les coussins de lin pur. La pièce donnait sur une terrasse privée grâce à une grande porte vitrée. Décidément, cet homme-là aimait les beaux panoramas.

Elle repéra Leo dehors. Installé dans un superbe fauteuil en teck et tressage de cuir, il avait un verre à la main. Ses cheveux semblaient d’or dans le halo de la lune, et elle eut le souffle coupé devant son profil majestueux.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda-t-il froidement.

— Je… J’ai pensé que vous aimeriez sûrement un peu de compagnie, murmura-t-elle.

Il la contempla attentivement, la détaillant de la tête aux pieds, et conclut en haussant les épaules :

— Vous êtes bien trop habillée pour la compagnie dont j’aurais besoin.

— Cela vous aiderait peut-être de parler de ce qui ne va pas, insista-t-elle.

Il secoua lentement la tête, observa un bref silence et répondit :

— Vraiment ? Eh bien essayons. Je ne veux pas qu’Amanda se marie et m’abandonne la garde de mon fils.

Il soupira et lui retourna un regard railleur avant d’ajouter :

— Vous voyez ? Aucun effet. Elle est mariée, et je suis toujours avec ce problème sur les bras. Quelle surprise !

Lexi s’avança sur la terrasse et frissonna, comme la brise caressait sa peau nue. A moins que ses frissons n’aient une autre origine, en la personne de cet homme dont les yeux ne la quittaient plus ?… Déterminée à aller au bout de cette conversation, elle vint s’installer dans le fauteuil le plus proche du sien.

— Je sais que cette nouvelle vous a bouleversé, dit-elle.

— Bouleversé ? Je ne suis pas bouleversé, mon ange, je suis furieux.

— Parce que vous l’aimez encore ? ne put-elle s’empêcher d’interroger.

— Quoi ? Vous pensez que c’est ce qui me pose problème en ce moment ? Vous pensez que j’aime Amanda Weston ?

— Eh bien… Vous avez eu l’air dévasté par son courrier, et…

Elle s’interrompit en l’entendant s’esclaffer.

— Et vous avez pensé qu’il s’agissait d’une histoire d’amour qui tournait mal… Non. L’amour et moi, cela fait deux, mon ange.

— Mais si ce n’est pas de l’amour que vous éprouvez pour elle, alors… Je ne comprends pas, avoua-t-elle. Pourquoi vous comportez-vous comme si Ty n’existait pas ?

— Parce que pour moi, il n’existe pas.

A ces mots, Lexi sentit sa respiration se bloquer. Elle ne voulait pas le croire. Elle ne pouvait pas le croire.

— Je ne vous crois pas, lâcha-t-elle.

— Vous voulez savoir ce qui s’est passé avec Amanda, soupira-t-il. Je vais vous le dire. Je l’ai rencontrée à l’aéroport de Bruxelles alors que tous les vols étaient annulés. Nous avons passé la nuit ensemble. Cela devait en rester là, mais de son côté, elle cherchait un riche mari, et c’est elle qui a fourni le préservatif. J’ai découvert plus tard qu’elle l’avait saboté. Et ainsi, alors que ce n’était qu’un coup d’un soir, elle a gagné le jackpot.

— C’est… c’est affreux…

Leo contempla le visage de la jeune femme. Pourquoi venait-il de lui raconter cela ? Il ne l’avait jamais dit à personne. Etait-ce parce qu’elle s’imaginait qu’il abandonnait Ty sans raison valable ?

— Pauvre petite Lexi, ricana-t-il. Ce genre d’histoire ne colle pas vraiment à votre vision idéale d’un monde où les parents aiment éperdument leur enfant, n’est-ce pas ?

— Je ne regarde pas ce qui m’entoure avec des lunettes roses, se défendit-elle. Je sais parfaitement que parfois, un seul parent aimant et protecteur vaut mieux que deux qui sont incapables de s’entendre.

Leo lui retourna un regard intrigué. Elle avait relevé le menton et se tenait très droite. Il aurait juré qu’elle parlait en connaissance de cause, pour avoir vécu elle-même cette situation.

— Vous êtes en train de parler de la double vie de votre père, je suppose, répondit-il.

Elle parut hésiter, mais finit par soutenir son regard.

— Oui. Mon père était un golfeur assez doué qui voyageait partout dans le monde, et ma mère acceptait cela par amour. C’était une femme très compréhensive. Jamais elle n’a demandé à l’accompagner ici ou là, ne serait-ce que pour ne pas nous imposer une vie trop mouvementée, à Joe et moi. Elle ne l’a jamais non plus poussé au mariage. Mais une nuit, tout son univers s’est effondré, quand la fille qu’il avait eue de sa maîtresse a eu un accident, et que sa maîtresse a téléphoné pour lui lancer un ultimatum : c’était elle ou ma mère.

Leo vit la mâchoire de la jeune femme se crisper.

— Et il a choisi l’autre femme, murmura-t-il tristement.

— Oui. Il a essayé de venir nous voir, Joe et moi, mais… Pour une raison ou une autre, il avait toujours un empêchement. Durant des années, une fois par mois, nous passions nos vêtements les plus chics et attendions qu’il tienne sa promesse. Mais c’est arrivé si peu souvent que Joe a rapidement cessé de se mettre sur son trente et un.

— Et vous ? Vous avez également arrêté ?

Elle s’était remise à manipuler nerveusement son collier, et comme il l’avait maintes fois observée faire ainsi, il se demanda qui le lui avait offert.

— Je suis une incorrigible optimiste, avoua-t-elle avec un rire sinistre. Je lui ai certainement donné quelques chances de plus que Joe.

— Il n’y a rien de mal à rêver, dit-il. Qui vous a donné ce collier ?

Elle cessa de le faire passer entre ses doigts, le laissa retomber sur sa poitrine et souffla :

— Mon père, pour mon dixième anniversaire.

— Et vous ne l’avez jamais ôté depuis ?

Non sans lui avoir lancé un regard gêné, elle sourit et soupira :

— Je sais, je suis pathétique.

— Non, pas du tout. Vous êtes quelqu’un qui croit au bonheur.

— Est-ce si mal ?

Leo ne se sentait pas particulièrement à l’aise avec le cours que prenait la conversation et luttait contre l’envie de la prier de partir. Si seulement il ne la désirait pas à en avoir mal…

— Seulement si vous ne prenez pas les choses pour ce qu’elles sont, dit-il.

— Qu’est-ce qui vous fait croire que ce n’est pas le cas ?

— Vous portez un collier pour garder un lien symbolique avec un homme qui vous a abandonnée, et vous me posez cette question ?

Elle porta une main à son cou et balbutia :

— Mais je… Je n’ai jamais…

— Jamais voulu accepter qu’il ait choisi sa seconde famille ?

Elle hocha la tête, se leva et regarda la mer avant de se retourner vers lui pour observer :

— Vous êtes très fin.

Leo ne répondit pas. Il savait qu’il la contraignait à se montrer moins indulgente à l’égard de son père, et qu’elle était en train de peser le pour et le contre.

Mais soudain, elle le tança avec un mélange de calme et de détermination qui le surprit.

— Les enfants sont innocents, dit-elle. Ils ne demandent pas à naître. Ils méritent d’être bien traités. Et… je crois que j’ai toujours espéré qu’il reviendrait. Je détestais que son égoïsme contraigne ma mère à assumer deux emplois en même temps. En fait, je ne sais vraiment pas pourquoi je porte toujours son collier.

Il la contempla attentivement.

— Alors vous êtes devenue garde d’enfants afin d’offrir des soins à ceux dont les parents doivent travailler ?

Elle parut étonnée, comme si elle n’avait jamais établi ce lien d’elle-même, auparavant.

— Quelle est votre relation avec votre père, aujourd’hui ? enchaîna-t-il.

— Nous n’en avons plus. Et c’est ce que j’ai essayé de vous dire l’autre jour : c’est maintenant que vous devez apprendre à connaître Ty, être là pour lui. Il y a dix ans que je n’ai pas vu mon père, et Joe plus longtemps encore.

— Vous devriez vous féliciter qu’il soit parti, mon ange. Parfois, un homme contraint au mariage parce qu’il a mis une femme enceinte peut rendre la vie de son entourage infernale.

— On dirait que vous parlez en connaissance de cause, observa-t-elle en haussant les sourcils, visiblement intriguée.

Leo n’aurait su dire d’où lui venait cette étrange impulsion. Etait-ce l’heure tardive, le choc causé par l’attitude d’Amanda, ou l’empathie pleine de douceur de Lexi Somers ?…

Quoi qu’il en soit, il éprouvait le désir de lui dire des choses qu’il n’avait jamais révélées à qui que ce soit.

D’ailleurs, s’il le faisait, elle comprendrait peut-être enfin pourquoi Ty serait plus heureux loin de lui.

— Mon père a épousé ma mère parce qu’il l’avait mise enceinte, et il a consacré les dix premières années de ma vie à la transformer en enfer.

Cette révélation la laissa un instant bouche bée.

— Mais… Je croyais que vous aviez eu une enfance sans histoire, plutôt heureuse ?

— Ah, ma bio ! s’exclama-t-il en souriant. Joli récit, n’est-ce pas.

— Quelle est la véritable histoire ? demanda-t-elle avec douceur, après avoir observé un bref silence.

— Savez-vous qu’en ce moment, la seule chose à laquelle je songe, c’est vous arracher cette robe et les sous-vêtements qui protègent votre superbe poitrine et votre adorable fessier ? Cela vous choque, petite Lexi ? Ou bien est-ce que cela vous excite ?