5


Quand Will découvrit la jeune naufragée sur le sol, il s’affola :

— Je savais que je n’aurais jamais dû vous laisser entre les pattes de ce sauvage de Scott !

Will James aida la jeune femme à se relever et l’aida à retourner au lit. Il la recouvrit avant de s’enquérir de son état :

— Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous en mesure de parler un peu ?

La jeune femme apprécia aussitôt le jeune homme. Il semblait avoir le même âge qu’elle et son sourire la mit tout de suite à l’aise. 

— Où suis-je ?
— Au manoir des James. On vous a trouvé inconsciente sur la plage. 

Will avait volontairement écarté son frère du sauvetage. Il était heureux d’avoir la jolie naufragée tout à lui pour une fois. Scott était parti à cheval et n’était pas près de revenir de si tôt. 

— La femme de chambre est en train de préparer votre chambre. Nous allons vous transférer bientôt. Elle va préparer des vêtements qui vous iront mieux que cette… chemise ! 
— Mais, je ne peux rester…
— Ne vous inquiétez pas, vous devez vous remettre avant d’envisager d’aller où que ce soit. Et de toute façon, à cause du mauvais temps qui persiste, toute communication avec le continent est vouée à l’échec. J’ai tenté moi-même de prendre le ferry ce matin sans succès.

La voix mélodieuse de Will charmait les oreilles de la jeune femme. Pourtant, les nouvelles n’étaient pas bonnes. Elle savait qu’elle ne pouvait s’éterniser ici. Elle devait savoir !

— Et Jason ? 
— Qui est-ce ? questionna Will.
— Nous étions tous les deux sur le voilier… Vous ne l’avez pas retrouvé ? Je dois savoir ce qui lui est arrivé…

Elle tenta de se redresser, mais Will posa une main autoritaire sur son bras :

— Vous n’irez nulle part, vous n’êtes pas en état. Mais ne vous tracassez pas, nous irons à sa recherche. Il semble important pour vous, ce Jason.
— Il l’est ! confessa la jeune femme sans même s’en cacher, les lèvres tremblantes.

Désireux de détendre l’atmosphère et de la tranquilliser, Will jeta en souriant :

— Je ne suis qu’un rustre, je ne me suis même pas présenté. Je me nomme Will, Will James.
— Je vous remercie pour votre sollicitude, votre gentillesse, Will, approuva la jeune femme qui offrit un pâle sourire, je suis Jennifer.

Elle allait demander qui était ce cavalier entraperçu dans la cour lorsque la femme de chambre entra en signalant que la chambre de « mademoiselle » était prête.

— J’ai posé une chemise de nuit sur le lit qui devrait être à sa taille. 
— Je vous remercie, Rose. Je vais conduire Melle Jennifer et je vous laisserai lui donner un bain.
— Je n’ai pas besoin d’aide, protesta Jennifer en posa de nouveau ses pieds sur le sol.

Pourtant, en se redressant, elle se sentit vaciller et Will se porta aussitôt au-devant d’elle pour la soutenir. Riant à demi, il s’exclama :

— Je pense que vous allez devoir me supporter encore un peu.

Jennifer rit à son tour devant les yeux faussement malheureux de Will. Elle rougit même malgré sa faiblesse et apprécia le bras fort qui l’enveloppait pour l’aider à marcher. La femme de chambre les devançait en les éclairant.