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La chambre où Jennifer venait de pénétrer était plus petite, mais plus gaie nota-t-elle. Des fleurs avaient été déposées sur un guéridon et se reflétaient dans un large miroir. Elle observa son reflet et découvrit les yeux bleus de Will sur elle. Aussitôt, il détourna le regard, gêné de s’être fait ainsi découvrir. 

Jennifer se laissa guider jusque dans le lit où il l’aida à s’asseoir. Intimidée brusquement, elle tira sur la chemise trop large, mais surtout trop courte qui lui couvrait tout juste le haut des cuisses. Will se rendit-il compte de son malaise ? Il se leva précipitamment et jeta :

— Je vous laisse aux mains expertes de Rose. 

Jennifer avait envie de le retenir encore. Elle le trouvait gentil, charmant, attentionné. Mais elle était aussi inquiète pour Jason. Peut-être mieux valait le laisser aller pour qu’il tente de le retrouver sur le rivage ? Jennifer sentit son cœur se serrer. Et s’il était arrivé malheur à Jason ? Comment pourrait-elle le supporter ?

Elle chassa ses sombres pensées pour se concentrer sur ce que lui disait la femme de chambre. « Oui, le bain ! » Cela lui ferait le plus grand bien, à n’en pas douter.

Jennifer enleva à regret la chemise dont elle capta l’ultime odeur musquée avant de la laisser entre les mains de la femme de chambre. Elle se glissa dans l’eau moussante et chaude à souhait. Sans même s’en rendre compte, elle soupira d’aise. 

— Je serais juste à côté, mademoiselle, vous n’aurez qu’à m’appeler quand vous aurez terminé. 

Jennifer faillit la retenir, mais elle réalisa qu’elle avait envie de se retrouver seule. Elle ferma les yeux et profita pleinement de ce moment. Un bruit lui fit ouvrir les yeux et elle découvrit une fillette aux yeux bruns et aux longs cheveux tout aussi bruns qui l’observaient.

— Bonjour, murmura-t-elle.

La petite sourit, mais tourna vivement la tête vers la chambre en posant un petit doigt potelé sur ses lèvres :

— CHUT ! Rose s’est endormie. Elle ne voulait pas que je vienne vous voir…

— Je garderais le secret, murmura Jennifer en souriant devant la petite.

— Je m’appelle Bridget et j’ai presque 5 ans.

— Je suis heureuse de faire ta connaissance, Bridget. Je suis Jennifer.

La petite se mit à rire en glissant :

— ça, je le sais. Tout le monde ne parle que de vous au manoir. Oncle Will vous trouve très jolie et je trouve qu’il a raison!

— Merci, Bridget. Et que disent les autres ?

La petite se mit aussitôt à parler des discussions dont elle avait été témoin entre la cuisinière, son oncle Will et la femme de chambre. Ne résistant pas, Jennifer questionna, soudain mal à l’aise :

— Il y a quelqu’un d’autre qui habite le manoir, il me semble… Je crois l’avoir vu sur un cheval, dans la cour…

Bridget se rembrunit sans que Jennifer n’en comprenne la raison puis elle marmonna :

— C’est mon père… 

Jennifer se mordit la lèvre inférieure, gênée d’avoir trop poussé sa curiosité. Elle voulut s’excuser, mais la fillette était déjà partie. Avait-elle eu peur que Rose ne se réveille où des questions indiscrètes de la belle naufragée ?