19

Hannah n’osait se défendre, de peur de signaler sa présence. A moins qu’il ne s’agisse d’un garde qu’ils avaient envoyé ? Non, c’étaient des bras amish. Un employé de Levi ?

— C’est moi, chuchota son agresseur. Ne crie pas.

Seth ! Venu pour espionner comme elle ?

Il la relâcha doucement, et ils tendirent l’oreille pour entendre ce qui se disait au-dessous. Une multitude de questions brûlait les lèvres d’Hannah, mais elle garda le silence. D’ailleurs, Seth avait l’air furieux.

— Très bien, si vous voulez voir le dernier étage, regardez bien où vous mettez les pieds, parce que c’est dangereux là-haut, dit soudain Levi.

Seth et Hannah se regardèrent, pétrifiés. Pas le temps de discuter. Seth prit sa main et l’entraîna à l’autre bout de l’étage. Malgré le bruit des pas dans l’escalier, Hannah entendit quelque chose trotter derrière eux. Un rat ? Une tanière entière de rats ?

— Nous ne pouvons pas sortir par la fenêtre. C’est trop haut, dit-elle dans un souffle.

Mais il l’attira contre lui.

— Le toboggan qui relie au silo à grains, chuchota-t-il dans son oreille.

— Nous pouvons passer par la passerelle.

— Trop long — ils pourraient nous voir par la fenêtre. Le toboggan est plus rapide.

Il avait raison. La passerelle avait des ouvertures pour laisser passer la lumière, mais pas le toboggan qui serait sombre. Seth était sûrement venu là récemment pour évaluer l’ampleur des réparations. Elle devait lui faire confiance.

Les marches craquèrent quand Levi arriva à l’étage.

— Très bien ! cria-t-il derrière lui. Un à la fois, et soyez prudents.

Hannah constata que l’entrée du toboggan était dégagée, contrairement à la porte de la passerelle. Seth devait déjà le savoir. La pente du toboggan n’avait pas paru aussi raide de l’extérieur. Elle ressemblait à une gorge noire prête à les engloutir.

Seth lui fit la courte échelle, puis se hissa à son tour à côté d’elle. De sa main intacte, elle s’agrippa au bord du toboggan. Elle risquait de blesser de nouveau son poignet, mais ils n’avaient pas le choix. Ce qu’elle apercevait de l’intérieur du toboggan semblait recouvert de poussière et de grains de céréales.

Quand ils arriveraient en bas, seraient-ils piégés ? Si Seth avait visité les lieux, il devait le savoir.

— Protège ton bras blessé, dit-il sans bruit, comme s’il avait lu dans ses pensées.

La dernière chose qu’elle vit fut Seth, un doigt sur les lèvres comme pour lui intimer de ne pas crier.

Dieu sait qu’elle avait hurlé, la fois où ils étaient montés sur un grand huit, à la foire. Seth avait ri et levé les bras en l’air, mais elle avait détesté l’expérience — se retrouver ainsi sans contrôle sur les événements, l’estomac retourné, la tête secouée de tous les côtés…

Trop tard. Seth décrocha sa main du bord, la serra très fort dans la sienne et, glissant, ils s’enfoncèrent dans une obscurité totale.

*  *  *

Seth s’efforçait de la garder contre lui pendant la descente, mais la force centrifuge la tirait de côté, avant qu’il ne parvienne à la rattraper. Le toboggan n’était pas très large, mais Seth n’aurait pas cru qu’ils glisseraient aussi vite. Tenant fermement Hannah, il luttait pour qu’ils continuent à glisser les pieds en premier. Il avait vu les grains de céréales gicler hors du toboggan dans les wagons qui attendaient, en dessous, et il éprouvait la même impression. Quand Levi lui avait fait faire le tour du moulin, il lui avait dit qu’il y avait encore des grains de blé en bas, mais cela faisait déjà près de quinze jours. Il pria pour qu’une couche amortisse leur chute — sans les ensevelir pour autant.

Ils ne firent pas un bruit jusqu’à ce qu’ils heurtent le blé, dans lequel ils s’enfoncèrent jusqu’aux cuisses, leurs torses projetés sur le lit de graines. Le souffle coupé, ils restèrent étendus, haletants et étourdis, dans un nuage de bales qui les fit éternuer et tousser. Il faisait sombre, mais, même avec les yeux pleins de larmes, beaucoup plus clair que dans le tunnel.

Quand Hannah se redressa, Seth constata que sa cape et sa jupe étaient remontées jusqu’à sa taille, découvrant ses bas noirs, sa culotte et ses cuisses blanches. Cette vue le pétrifia pendant quelques secondes, puis il se secoua et se débattit pour se relever pendant qu’Hannah arrangeait ses vêtements. Son bonnet pendait autour de son cou, retenu par les brides. Quant à lui, il avait perdu son chapeau dans la descente et recracha plusieurs grains de céréales.

— Il faut sortir d’ici, dit-il en époussetant ses vêtements.

— J’espère que nous n’avons pas eu tort de laisser Levi avec eux.

— Tu veux dire parce qu’il va de nouveau accepter leurs conditions et s’enfoncer un peu plus ?

— Non, parce qu’ils pourraient le blesser — le faire passer à travers le plancher et dire à ses fils que c’est un accident… Il doit s’agir de tueurs, et il sait ce qu’ils ont fait…

— Hannah…

Il attrapa son bras pour la forcer à le regarder.

— Ce sont des usuriers. Ils n’ont pas la moindre envie qu’il meure. Ce qu’ils veulent, c’est qu’il les rembourse avec un intérêt élevé pendant des années, prendre une participation sur le moulin, et Dieu sait quoi encore. A mon avis, son plus grand souci pour l’instant est que les membres de notre communauté ne le frappent de meidung s’ils apprennent la vérité.

— Mais certaines choses qu’ils ont dites suggèrent que ça pourrait être eux qui ont caché les cadavres dans les tombes. Et c’est pour cette raison qu’ils ont tiré — ou plutôt embauché quelqu’un pour tirer sur nous. Tu ne les entendais pas, du troisième étage ?

— Ya, depuis leur entrée dans le moulin. Si je comprends bien, tu les prenais pour des tueurs et tu es quand même venue les espionner, au risque de te faire prendre ? Je ne pouvais pas le croire, quand je t’ai vue débarquer au troisième étage !

Leurs voix résonnaient dans le silo.

— Tu peux parler !

— Levi m’a donné la permission de passer au moulin quand je voulais, alors j’avais une excuse… J’essayais juste de découvrir si c’étaient de vulgaires usuriers ou d’honnêtes investisseurs, avant de décider si j’acceptais de me charger de la restauration du moulin. Mais toi, tu joues un jeu dangereux !

— Oui, et je vais le dire à Linc ! cria-t-elle, si fort que les parois renvoyèrent l’écho.

Linc… Linc… Linc…

Seth baissa la voix.

— Ecoute, nous n’avons pas besoin de maître Arrowroot pour nous expliquer que tout ce que tu pourras raconter à l’agent Armstrong sera considéré au mieux comme un ouï-dire. Tu dépasses les bornes, et tu te mêles de ce qui ne te regarde pas. Il va sauter au plafond en entendant ça, et à juste titre.

— Et nous, nous avons touché le fond, répliqua-t-elle avec un regard entendu sur ses vêtements couverts de poussière.

Elle entreprit de brosser les siens.

— Comment sort-on d’ici ? demanda-t-elle, moitié marchant, moitié nageant dans la couche de blé.

— Si ton commentaire concerne autant notre relation que notre situation actuelle, ma réponse est la même dans les deux cas : nous remontons.

Il indiqua l’échelle en métal attaché au fond du silo et se dirigea vers elle.

— Monte la première, dit-il. Comme ça, si tu tombes, je serai derrière toi.

Elle lui jeta un nouveau regard noir. Il mourait d’envie de la serrer contre lui et de l’embrasser. Non seulement le moment était mal choisi, mais la tactique laissait à désirer.

Hannah commença à monter.

— Au moins, nous devrions sortir de l’autre côté du silo, et je pourrai suivre les rails de la voie ferrée jusqu’à mon buggy.

— Tu ne vas nulle part toute seule. Tu ne fais que t’attirer des ennuis. Et sur le long terme, Linc Armstrong ne pourra rien pour toi.

— Vraiment ?

— Vraiment.

Elle se hissa sur la corniche qui surplombait le silo. Seth la rejoignit très vite. Balançant leurs jambes, ils se glissèrent jusqu’à l’échelle qui permettait de redescendre de l’autre côte.

— J’adore l’altitude, dit soudain Seth. Quelle vue spectaculaire sur notre vallée !

Elle se tourna pour le regarder, les sourcils froncés.

— Je ne sais pas si ce sera encore ma vallée à l’avenir, ou si je vais retenter ma chance comme chanteuse. Linc trouve ma voix très belle.

— Comme tout le monde. Mais je suis sûre qu’il aime beaucoup plus ce que tu as à offrir.

— Mais je ne lui offrirai rien ! Il m’a dit qu’il m’aiderait à trouver un agent pour me lancer dans cette carrière de chanteuse.

— Oh ! formidable ! Ainsi, il aura une emprise sur toi, tout comme ces usuriers en ont une sur Levi — la seule différence étant dans la méthode de remboursement.

— Comment oses-tu dire une chose pareille ?

— Oui, j’ose le dire. Je suis toujours amoureux de toi. Je ne peux pas te donner le monde, mais je peux t’offrir mon amour et ma fidélité ici, pour le reste de nos vies.

— Ta fidélité ? Comment pourrais-je te faire confiance ? Et je suppose que l’amour n’a jamais suffi !

Il eut l’impression qu’elle l’avait giflé. Mais il l’avait trahie — il les avait trahis tous les deux et, d’une certaine façon, Lena aussi, puisqu’il ne l’avait jamais vraiment aimée.

— Ne nous disputons pas maintenant, ni jamais, dit-il en luttant pour rester calme. Je mérite tes critiques, mais les gens changent, Hannah. Tu le sais. Alors, descendons et je te raccompagnerai jusqu’à ton buggy avant d’aller récupérer le mien. Ne parlons plus, si c’est pour nous blesser l’un l’autre.

Mordant ses lèvres, les larmes aux yeux, elle attendit qu’il ait descendu le long de l’échelle pour le suivre. Silencieusement, ils longèrent les voies du chemin de fer jusqu’au bouquet de pins où l’attendait sa jument.

— Merci d’être venu à mon secours, murmura-t-elle, la voix tendue. Sans toi, j’aurais pu me faire piéger.

— Sans moi, tu aurais pu être beaucoup de choses, Hannah. Epouse et mère, satisfaite, j’espère, et peut-être même heureuse. Pour la dernière fois, je te demande de me pardonner d’avoir trahi ta confiance et de t’avoir fait du mal. J’aimerais revenir en arrière et effacer tout cela.

Ils se regardèrent et il dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas la prendre dans ses bras et lui faire l’amour. Il aimait cette entêtée d’Hannah Esh, depuis toujours, et pourtant, il risquait de la perdre.

— Sois prudente en retournant chez toi, dit-il. Sois prudente où que tu ailles…

Puis il fit demi-tour et s’éloigna. Il prit que ces dernières paroles sonnaient comme un adieu, et se demanda si elles étaient prémonitoires.

*  *  *

Plus tard, dans l’après-midi, Hannah téléphona à Linc pour lui dire qu’elle avait de nouvelles informations. De retour de Colombus, il se trouvait dans le bureau du shérif, en ville, et lui répondit qu’il arrivait. Daad s’était rendu chez un ancien, à l’autre bout de la vallée, et Mamm était dans son atelier à coudre des bonnets, mais Hannah ne voulait pas le faire entrer, de peur que Daad ne rentre plus tôt que prévu ou que sa mère fasse une pause.

Elle se changea rapidement et sortit pour attendre l’agent du FBI. Il faisait froid dans la grange et elle fit les cent pas, mais pas pour se réchauffer. Sa frustration avec Seth et la perspective d’avouer à Linc ce qu’elle avait fait la plongeaient dans l’impatience.

Quand ce dernier se gara, elle l’appela et il la rejoignit en quelques enjambées. Il portait ce qui ressemblait à une tenue de combat, à l’exception de la veste avec les lettres FBI sur le devant. Son pantalon couleur kaki semblait volumineux, avec toutes ces poches. Les poches étaient verboten, chez les Amish. Il s’était fait couper les cheveux. En pénétrant dans la pénombre de la grange, il ôta ses lunettes de soleil.

— Que s’est-il passé ? demanda-t-il en guise de salut, avant de poser la main sous son menton pour lui faire relever la tête et l’observer.

Ses yeux l’étudièrent avec attention un long moment avant de la relâcher.

— Racontez-moi, insista-t-il en la voyant hésiter.

— Très bien. J’ai surpris une conversation entre Levi Troyer et des investisseurs au sujet de la restauration du moulin. Quatre hommes de Detroit. Je me suis rappelé ce que vous aviez dit au sujet des tueurs qui pourraient bien être des financiers de la ville. Ces hommes correspondent tout à fait. J’ignore comment ils ont pu rencontrer Levi, mais il leur a demandé de lui prêter près de cent mille dollars pour les travaux et ses terres…

— Oui, je sais. Son domaine s’étend jusqu’au cimetière. Je lui ai parlé au début de l’enquête, mais rien ne m’a paru suspect.

— Eh bien, peut-être que ça l’est. Je prie pour qu’il ne soit pas vraiment impliqué dans toute cette histoire. Il fait partie de la famille, maintenant, et…

— Où avez-vous entendu cette conversation ? Lors d’une visite à votre sœur ?

— Non. Enfin, si… J’ai rendu visite à Naomi et j’ai vu Levi discuter avec ses fils à la ferme. Puis il est allé téléphoner.

— Hannah, avez-vous entendu cette conversation ? Avez-vous pu saisir des noms ?

— J’espérais que vous trouveriez un moyen de le découvrir sans que je sois obligée d’avouer à Levi que j’écoutais aux portes. J’étais dans le moulin pendant qu’ils le visitaient. Je connais une entrée par-derrière. Seth était là, lui aussi, parce qu’il voulait vérifier si ces hommes étaient honnêtes, avant de signer un quelconque contrat pour les travaux. Même si, en général, nous ne signons jamais de contrats entre nous…

Linc serra son bras si fort qu’elle eut mal, mais elle se retint de le montrer.

— Seth vous a entraînée dans cette histoire et vous a laissée espionner ?

— Non. Ils ignoraient qu’il était là, lui aussi. En fait, nous nous sommes juste… Nous nous sommes juste retrouvés là-bas.

Il la lâcha et se frappa les mains en jurant entre ses dents.

— Vous cherchez à vous faire tuer ?

— Alors vous pensez qu’ils pourraient être responsables de tout ça ?

— Je n’ai pas dit ça. Mais si — et c’est un énorme si — ces hommes ont quelque chose à voir avec les cadavres du cimetière, tout est possible.

— Je connais bien le moulin. Je savais qu’il y avait de nombreuses ouvertures dans le plancher par où je pourrais entendre.

Elle faillit lui avouer la façon dont ils avaient dû quitter le moulin à toute vitesse, mais redouta de le mettre encore plus en colère.

— Je devrais vous enfermer.

— Arrêtez de réagir comme tous les autres ! D’ailleurs, vous avez bien fait l’erreur de m’entraîner dans le labyrinthe, non ? Vous devriez comprendre qu’on est parfois prêt à tout pour vérifier quelque chose, quels que soient les risques.

— C’est mon travail, mais touché 1. Vous marquez un point. Oui, j’ai perdu mon arme et ma tête, ce soir-là. Mais vous ne faites que compliquer les choses, alors que vous devriez coopérer avec moi et obéir à mes ordres. Je veux que vous me promettiez de ne plus essayer de faire mon travail à ma place.

— Mais je vous ai fourni une piste !

— Et je la suivrai. Mais comment voulez-vous que je vous aide à devenir chanteuse si vos parents — après tout ce que vous leur avez déjà fait subir — doivent vous enterrer dans ce cimetière ?

— Vous essayez de jouer avec ma culpabilité et de me faire peur.

— En effet. Hannah, si les avocats de ces hommes portent plainte, cette piste pour laquelle vous avez risqué votre vie pourrait bien se retourner contre vous.

Hannah serra les dents, non pas à l’idée d’avoir risqué sa vie pour rien, mais parce que Seth avait eu raison.

— Dites-moi ce que vous allez faire pour trouver les tueurs, demanda-t-elle d’une voix bien trop forte et aiguë.

— Je peux expliquer certaines choses, mais le reste, vous ne comprendriez pas.

— Vous prenez les Amish pour des demeurés ?

— Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. Vous voulez que je vous parle de recherches d’ADN, de reconstitution faciale ? Très bien. Les os des cadavres ont été radiographiés, mesurés et photographiés par les experts de la police scientifique, afin de déterminer leurs tailles, leurs poids et leurs origines ethniques. Les experts ont ensuite entré toutes ces informations dans les bases de données nationales et internationales, y compris dans le NCIC2, la base de données du FBI, qui contient la description de milliers de personnes dont le cadavre a été découvert et jamais identifié. Mais tant que nous n’avons pas identifié les trois corps du cimetière, nous sommes bloqués.

— Des milliers de personnes ? Tant que ça ?

Elle savait qu’il cherchait à la choquer, mais elle fut réconfortée d’apprendre qu’ils travaillaient sur l’affaire. Pas assez vite à son goût, cependant.

— Nous savons que les tueurs sont des professionnels prudents et intelligents, reprit-il. Parce que les trois cadavres avaient le bout de leurs doigts brûlés à l’acide. Le BCI possède un système d’identification automatique des empreintes digitales, qui ne nous sert donc à rien en l’occurrence. Le NCIC dispose de dossiers sur les armes et les personnes disparues, mais ça n’a encore rien donné. Et pendant ce temps, j’examine tout le monde à la loupe, par ici, pour voir si quelqu’un pourrait être soupçonné.

— Maintenant, vous avez une autre piste.

— Ecoutez-moi, Hannah…

Il l’attrapa par le poignet et l’attira vers lui.

— Vous m’intéressez beaucoup, et pas parce que je vous soupçonne de meurtre. Je veux vous protéger et vous aider une fois que tout ceci sera terminé. Peut-être dans votre carrière de chanteuse, ou d’une autre façon dont je ne veux pas parler maintenant.

— Plus tard, dans ce cas. Parce que de toute évidence, vous contrôlez très bien vos sentiments ! lâcha-t-elle d’un ton accusateur.

A son grand étonnement, il posa son autre main derrière son cou pour l’immobiliser et baissa la tête pour l’embrasser. Très vite. Une seule fois. Un baiser brutal. Si rapide qu’elle n’eut pas le temps de réagir.

— Vous me rendez dingue, dit-il, les sourcils froncés, ayant retrouvé son calme.

Il la lâcha et recula.

— Appelez-moi si vous apprenez quelque chose, mais cessez de chercher les ennuis, ou vous pourriez bien les trouver. Maintenant, écoutez-moi. Vous n’êtes pas entrée par effraction au moulin. Je ne vous ai jamais embrassée. Restez chez vous et loin de Seth Lantz jusqu’à ce que j’aie réglé cette histoire.

Son esprit contenait sans doute des centaines de répliques, mais aucune ne lui vint pendant qu’il s’éloignait. Etrangement, si son cerveau était en ébullition, c’était uniquement à cause de ce qu’il avait dit. Ses lèvres frémissaient, mais pas son cœur.

1. 1. En français dans le texte.

2. 1. National Crime Information Center.