La peinture religieuse et profonde de Rembrandt n’eut pas le succès des autres genres. Les Hollandais étaient friands de tableaux dont les thèmes leur étaient familiers, tels que les paysages, les natures mortes, les vues architecturales et, surtout, les scènes de genre. Une scène de genre est une peinture basée sur la vie quotidienne. Parmi ces peintres, le plus célèbre sera sans doute Jan Vermeer. On sait peu de choses sur lui, sur sa vie, sur son œuvre. Rien n’explique les débuts de son style si original. Son génie n’a d’ailleurs été reconnu qu’au siècle dernier. Peu de narration dans ses œuvres et l’on a pu dire qu’il s’agissait en fait de natures mortes avec personnages. De simples figures, des portraits parfois ou des personnages qui s’échangent des regards. On a l’impression que les personnages sont figés par une sorte de charme magique. La lumière acquiert ici une dimension très importante puisqu’elle semble se répandre et unir le tableau. Cette même lumière semble aussi transformer tous les objets qu’elle rencontre. Grâce à elle, le monde quotidien brille d’un éclat merveilleux, paré d’une beauté unique. Aucun peintre, depuis Van Eyck, ne l’avait observée aussi intensément.

 

semblable à la peinture de ces paysages, de ces portraits, de ces choses vues et entrevues, des figures qui se détachent de l’ensemble, une manière de durer, de graver un doute qui échappera au temps, de fixer des objets arrachés à l’oubli, de contenir cette beauté profonde qui brille depuis les débuts, tous genres confondus, familiers et témoins de cette rencontre importante où style et narration échangent leurs bons procédés et le charme de leurs natures mortes sur une même surface, un même tableau, une même œuvre, friands de répandre ainsi une entreprise démesurée basée sur l’idée de n’avoir aucun compte à rendre à quelque beauté que ce soit, sans jamais comprendre pourquoi il en est ainsi, au sens où, malgré les siècles qui nous séparent, il devrait bien y avoir un moyen de savoir comment on en arrive à dépasser la simple fonction ou le plaisir séculaire de recouvrir une surface de couleur, de prendre part à la configuration d’une nouvelle lumière, quelque chose qui entrerait dans l’âme par les yeux, qui serait d’un véritable secours, une manière de se complaire dans le vol de l’ange qui observe comme toujours nos manières nouvelles d’écrire le monde en lumière dont la fragilité étonne et séduit.