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Le mystérieux message

À vingt et une heures trente, tout le monde est au lit, épuisé par la journée passée au grand air. J’avais laissé ma valise ouverte, la souris est partie, mais elle a fait quelques crottes sur mes vêtements. Eurk ! Je devrai tout nettoyer. Je laisse tomber ma tête sur mon oreiller, je m’occuperai de tout ça demain.

Mes paupières sont lourdes, et même le placotage des filles autour de moi ne m’intéresse pas. Tarzan qui sait faire des saltos arrière. Océane qui s’est coupé le bout d’un doigt en épluchant des pommes et qui a perdu connaissance à la vue de son sang. Je ne pense qu’à dormir… jusqu’à ce que ma main touche quelque chose sous mon oreiller. Mon corps se crispe. Ce n’est pas doux, ce qui me rassure. Ce n’est pas un animal. Non, on dirait plutôt un bout de papier. Eh misère ! Encore un mystère.

Soudain, on dirait que j’ai reçu une décharge électrique, j’ai les yeux grand ouverts. Ma fatigue s’évapore d’un coup. Mon cœur bat aussi vite que si je venais de courir quinze kilomètres poursuivie par des chiens enragés. Je tire discrètement sur le papier sans interrompre la discussion des filles.

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Je lis le message plusieurs fois sans réagir. Je ne ris même pas quand Marilou raconte comment sa gardienne s’est retrouvée les fesses dans l’eau cet après-midi au lac. Mike veut me parler ? Juste cette idée fait rougir mes joues et me donne des crampes au ventre. Pourtant, je regarde la note dans tous les sens et j’ai un doute. Je connais l’écriture de Mike… J’ai lu et relu des milliers de fois l’unique carte postale qu’il m’avait envoyée il y a déjà longtemps. Ce n’était pas la même calligraphie que celle qui figure sur ce bout de papier qui brûle mes doigts, j’en suis certaine. Enfin, presque certaine…

Qu’est-ce que je fais avec ça ?

Je glisse le papier là où il était, c’est-à-dire en sécurité sous mon oreiller. Je me tourne sur le dos en soupirant. Les yeux rivés sur la toile d’araignée au plafond, je tapote le bout de mes doigts les uns contre les autres. Oublie ça, Marguerite, aller là-bas le soir dans le noir, c’est de la folie. Oui, mais si je n’y vais pas, je serai incapable de dormir. Je me lève le plus normalement possible. Je ne sais pas de qui vient ce message ni qui veut « jouer » avec moi en me faisant croire qu’il s’agit de Mike, mais je suis bien décidée à le découvrir. Reste maintenant à vérifier si j’ai assez de courage pour traverser en pleine noirceur le sentier qui mène au lac.

— Hé ! Marguerite, où vas-tu comme ça ? demande Océane, en boule sur son lit.

— Je ne me sens pas bien, je vais aller prendre l’air un peu.