Entre la voix polie et aiguë d’un Africain qui demande son visa de sortie du pays et le courant d’air glacial d’un dimanche ensoleillé à moins trente sous zéro.
Entre le bourdonnement des conversations d’un groupe de visiteurs et le son grinçant d’une des roues d’un charriot chargé de bagages.
Entre cet homme impatient tenant un bouquet de fleurs chétives dans un emballage clinquant et les verres fumés de cet autre, impassible sous son casque à visière.
Entre la voix éraillée d’un enfant imitant le bruit d’une mitraillette et l’attente d’un homme barbu vêtu de noir qui tient un téléphone portable d’une main et une valise de l’autre.
Entre le tapotement délicat d’un homme sur le rebord du berceau en plastique de son fils et les souliers à plateforme d’une jeune asiatique.
Entre un bouquet de ballons de plastique en forme de cœurs gonflés à l’hélium et un étui en nylon rouge contenant une paire de skis.
Entre le manteau rouge qu’un homme porte sous le bras et les noms d’enfants qu’une femme est en train d’énumérer.
Entre le rouge à lèvres exagéré d’une jeune femme ressemblant à Dalida et la déception visible sur le visage de quelqu’un demandant un renseignement à un préposé à l’information.
Entre le reflet de la lumière sur les tuiles en céramique et le chuintement des pieds que l’on traîne sur le plancher.
Entre le brun d’un manteau et la fourrure sur le collet d’un autre.
Entre les cordons de sécurité en nylon et les poteaux d’aluminium qui les retiennent.
Entre les pleurs désespérés d’un enfant et une conversation en langue étrangère.
Entre une enseigne sur carton ondulé annonçant un service de traiteur pour chiens et les bulles de condensation reproduites sur une machine distributrice de Coca-Cola.
Entre le visage d’une femme surgissant au haut d’un escalier mobile et le bruit sourd et étouffé en provenance du tampon d’un percepteur.
Entre le geste d’un homme se grattant le dessus de la tête et cet autre rajustant la sangle d’un sac qui persiste à glisser de son épaule.