Entre les reflets du soleil dans les épinettes dénudées se balançant dans le vent et le son aigu d’une imprimante à jet d’encre.
Entre les grandes ombres portées sur la neige et un courant d’air froid en provenance de la fenêtre.
Entre la silhouette noire des branches au sommet des bouleaux contre le ciel bleu et le son sourd du balancement intermittent d’un fil électrique fouettant l’extérieur de la maison.
Entre le blanc de la neige accumulée sur les toits et ces résidus au sol des bourgeons mangés par les écureuils.
Entre la mousse sur l’écorce des bouleaux et cet arbre plié dont les branches se sont affaissées sous le poids de la neige et de la glace.
Entre le blanc aveuglant de la neige et l’oscillation de ces lignes imprégnées par la silhouette des arbres trouant sa surface.
Entre le cri aigu et grinçant d’une corneille solitaire et ces brindilles dont le graphisme me fait penser à certaines encres de Jean-Paul Riopelle ou de Paul-Émile Borduas.
Entre le son du silence dans ma tête et le bruit discret de ma plume parcourant le papier.
Entre une neige si fine qu’on la croirait faite de particules de poussière tourbillonnant dans le vent léger et cette boursouflure toute noire dans l’écorce d’un arbre indiquant une cicatrice laissée par la perte d’une branche importante.
Entre les figures intrigantes formées dans la saleté répandue de l’extérieur sur la vitre d’une fenêtre et les ombrages créés par le soleil qui se lève entre les arbres entourant la maison.
Entre le feuillage séché des fleurs de l’été dernier s’agitant entre les lattes minces et grises d’un treillis de bois émergeant de la neige et les crochets en métal d’un hamac s’enfonçant dans l’écorce des arbres qui ont grandi autour.
Entre les traces glacées laissées par les voitures dans une route de campagne et le déclenchement intermittent et imprévisible d’une lumière que devrait contrôler une cellule photoélectrique.
Entre la lumière dorée qui enveloppe toutes choses en cette levée du jour et la tension exagérée d’un fil électrique traversant le champ de vision circonscrit par une fenêtre.
Entre le rose délavé d’un flamand rose oublié dans le décor depuis des années et le froid intenable d’un plancher en contreplaqué.
Entre la corde verte ayant jadis servi à retenir les fleurs debout en été et ces bourgeons d’épinette coincés dans la glace.
Entre le reflet des arbres dans une fenêtre et ces pistes que la pluie a agrandies dans la neige.
Entre les copeaux jonchant le sol d’un abri pour le bois et le gravier mêlé à la glace d’un abri pour voitures.
Entre le mouvement constant de ce papier s’agitant depuis des années au-dessus d’une plinthe chauffante et la lumière étincelante du soleil sur la glace à l’extérieur.