Cette troisième édition d’un vieux livre est en réalité la troisième élaboration d’une importante matière. La première a paru à Paris en 1948 chez G.-P. Maisonneuve. La deuxième, considérablement remaniée, a été publiée en allemand (trad. de Mlle Inge Köck, 1958) à Stuttgart (Wissenschaftliche Buchgesellschaft), avec une préface d’Otto Höfler. L’une et l’autre s’attachaient surtout à préciser les ressemblances et les différences entre le dieu scandinave Loki et Syrdon, héros de l’épopée populaire des Ossètes caucasiens, derniers descendants des Scythes de l’Antiquité. La deuxième, comme la première, laissait ouverte la grande question, celle de &: s’agit-il d’un emprunt d’une société à l’autre, dans un sens ou dans l’autre, ou bien chacun des deux personnages prolonge-t-il, dans son caractère et dans son action, avec des évolutions diverses, un type qui s’était déjà formé chez les ancêtres communs des Germains et des Iraniens, c’est-à-dire schématiquement chez les Indo-Européens ? La nouvelle rédaction ne met certainement pas un terme au débat : elle l’ouvre, en exprimant, quant à moi, une préférence lentement mûrie pour la seconde hypothèse. Les raisons en sont exposées ici, dans le dernier chapitre, qui n’est qu’une greffe prélevée sur un autre livre aujourd’hui introuvable, Les Dieux des Germains, publié en 1969 aux Presses universitaires de France.
Georges DUMÉZIL,
avril 1985.