« Las autonomías », ou le système des autonomies, désigne l’organisation politique territoriale de l’Espagne actuelle. Dès le début du XXe siècle, et par intermittence, certaines régions espagnoles, et surtout le Pays Basque, revendiquent une plus grande autonomie politique.
Bien entendu, Franco refuse de leur donner des droits. Néanmoins, le Pays Basque obtient son autonomie dès 1979 et, après la chute du dictateur, c’est l’ensemble des régions d’Espagne qui accède à ce statut, dont la Galice, le 8 avril 1981 ; les Asturies et la Cantabrie, le 11 janvier 1982 ; la Navarre, le 16 août 1982. Les régions n’ont pas toutes les mêmes domaines de compétences. Le Pays Basque est l’une de celles qui a le plus de pouvoirs propres. Le Sénat est la chambre des représentations régionales.
Bacalao, c’est la morue, mais c’est aussi une musique techno très commerciale (dont la makina est l’une des composantes), qui connaît un franc succès en Espagne depuis les années 1980. De nombreux pubs et discothèques font entendre ses sons stridents, ses roulements de rythmes électroniques et ses slogans au ras des pâquerettes, scandés en espagnol ou en anglais. On n’y échappe pas ! Caissons de basse de voiture "tunée", enceintes de scooter ou poste de radio, tous crachent les mêmes décibels. A bon entendeur...
Littéralement « la grosse bouteille », le botellón désigne la consommation d’alcool en groupe sur la voie publique. Cette pratique, très répandue en Espagne, est interdite depuis un décret de février 2002, mais reste très tolérée.
Ce phénomène trouve son origine à Madrid, dans les années 1980. Pris d’assaut par de jeunes gens d’humeur festive, les commerçants ont commencé à vendre des packs comprenant alcool fort, soda, gobelets et glaçons. Moins cher qu’une consommation dans un bar, ce pack est devenu très vite populaire et son succès a atteint des proportions inattendues. Entre amis, sur une place, dans la rue ou dans un jardin public, les jeunes se rassemblent pour boire et discuter. Ces regroupements nocturnes ont fini par gêner les riverains, qui ont porté plainte, à cause des déchets abandonnés sur place et du bruit qui se prolongeait souvent jusqu’au matin. Mais, malgré la loi, la pratique est telle qu’en compagnie des Espagnols vous vous y mettrez aussi.
Petit verre de liqueur que l’on déguste dans tous les bars, souvent à la fin de la marcha ou après un bon repas. On peut boire un chupito de Patxaran, de licor de hierbas, d’anis, de manzana verde…
Soyez vigilant sur les routes et les autoroutes espagnoles, où les accidents sont fréquents aux retours des week-end provoqués par des domingueros (conducteurs du dimanche) et des embouteillages monstres toute la semaine. Aux abords des grandes villes et sur les autoroutes, les locaux sont spécialistes des queues-de-poisson. Attention aussi au feu orange, les conducteurs ont tendance à accélérer jusqu’à l’apparition du rouge. Ne freinez pas brusquement, vous risquez un carambolage.
Jour consacré à la famille et qui transforme les villes en déserts urbains. Tout est fermé, sauf les bars à l’heure de l’apéro, pour déguster les fameuses rabas (voir plus bas).
L’attraction la plus connue des fêtes de San Fermín à Pampelune, mais aussi la plus dangereuse, puisque les taureaux sont lâchés au milieu des ruelles étroites de la ville et courent rageusement jusqu’à l’arène, encornant tous les touristes qui se mettent sur leur passage. A ne pas manquer. La rue Estafeta est la plus célèbre de Pampelune, car elle représente un tournant important dans l’encierro : c’est la dernière ligne droite avant l’arène.
El estanco est un bureau de tabac, de vente de timbres et, en général, de tout ce qui a trait au monopole de l’Etat. On les reconnaît facilement à leur enseigne en lettres jaunes sur fond marron. Ils représentent une très ancienne tradition espagnole.
C’est là, en effet, que l’on payait l’impôt sur le sel, la saline, aux XVIe et XVIIe siècles. On pouvait également y payer la taxe sur la vente des esclaves, au XVIe siècle, ainsi que sur les cartes à jouer pour leur importation et leur vente.
La côte atlantique nord de l’Espagne ne ressemble pas à ce cliché connu de tous : sierra sèche et poussiéreuse du centre, températures de plus de 40 °C, stations balnéaires bondées et aux architectures anarchiques, villes à forte influence arabe… Non, l’Espagne du Nord réserve bien des surprises et présente un nouveau visage du pays : celui de l’Espagne verte. Elle le doit à son climat océanique, avec la pluviométrie la plus élevée du pays, à son relief élevé, avec notamment les Pics d’Europe qui culminent à 2 648 m, à seulement 40 km du littoral, et, enfin, aux eaux claires de la mer Cantabrique. Cette autre Espagne est celtique, romane et rurale.
L’unité familiale est-elle encore l’une des valeurs essentielles des Espagnols ? Certes, les jeunes restent chez leurs parents très longtemps et souvent même jusqu’au mariage. Cela s’explique par un taux de chômage qui ne diminue que lentement, la faiblesse des salaires et le prix élevé de l’immobilier. Par ailleurs, la solidarité avec les grands-parents n’a pas disparu : si le logement est suffisamment grand et que l’on a du temps pour s’en occuper, il n’est pas rare qu’on les invite chez soi quand ils ont perdu leur autonomie. Toutefois, la grande famille espagnole telle qu’elle était jadis n’existe plus : le taux de natalité est l’un des plus faibles d’Europe et le nombre de divorces ébranle cette tradition.
Bien que dans les écoles, l’anglais ait le vent en poupe, notre langue continue à être enseignée à l’école publique et dans de nombreuses académies privées. L’usage du français est toujours considéré, dans beaucoup de familles aisées, comme un plus culturel. Quant au Français en tant qu’individu, il n’est pas toujours très bien vu depuis les conquêtes napoléoniennes au XIXe siècle. De nos jours, c’est surtout notre chauvinisme qui gêne les Espagnols. Vous constaterez par vous-même que, sur toute la côte nord et notamment au Pays Basque et en Galice, bon nombre de gens comprennent notre langue. Alors, soyez discret dans vos remarques !
La presse à sensation occupe une très grande place dans la vie quotidienne des Espagnols, et plus particulièrement les journaux racoleurs qui étalent la vie des célébrités, la gente. Les Espagnols nous ont emprunté des mots pour désigner ces magazines : ils parlent de « papier couché ». Les émissions de télévision sur les stars nationales (tous les jours de la semaine du matin au soir, sur la plupart des canaux même publics) fleurissent également. La cible de tout ce déballage peut être aussi bien un torero en vogue, un footballeur, une vedette de la chanson, un membre de la famille royale ou le nouveau vrai-faux gagnant de Operación Triunfo (show de télé-réalité équivalent de notre Star Academy).
Les hórreos, ou greniers à grain, se trouvent principalement dans les Asturies et en Galice. Ce sont ces étranges maisons sur pilotis, surélevées sur des piliers en pierre, avec, à leur sommet, une pierre plate. On y accède par une échelle dont il manque le dernier barreau. Cette construction ingénieuse garantit une conservation au sec, dans ces régions humides, mais surtout préserve des rongeurs. Dessous, on garait les charrettes. Les hórreos asturiens sont carrés et en bois. Les hórreos galiciens sont rectangulaires, tout en pierre. Autrefois associés à la vie rurale, ces greniers centenaires ne sont plus que des vestiges emblématiques de ces régions. L’actuel exode rural et la modernisation expliquent qu’ils soient laissés à l’abandon ou bien transformés. Quoi qu’il en soit, ils caractérisent le paysage de ces Communautés autonomes.
Expression très employée. Elle peut avoir plusieurs sens : ir de compras (faire des achats), ir de copas (aller prendre un verre), ir de listo (se croire plus intelligent que l’on n’est).
Il faut avouer qu’en Espagne on a un goût prononcé pour la catastrophe et le fait divers sordide. Ainsi les images montrées par les médias, souvent insoutenables, sont reprises en boucle par les télévisions, accompagnées de musique et de commentaires, de façon à obtenir une dramatisation maximale. Incendies, accidents de la route ou prises d’otages passionnent la population. Ames sensibles, vous voilà prévenues !
« Il faut toujours remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même ». Les Espagnols prennent le temps de vivre, c’est le moins que l’on puisse dire. Ne vous attendez pas à voir, même dans les grandes villes, les gens courir dans la rue. Ici, il est d’usage d’arriver en retard à un rendez-vous.
Le succès de ce terme a coïncidé avec la movida, bien que le phénomène lui soit antérieur. La marcha renvoie à l’idée de mouvement, de rapidité. Ces expressions, typiquement espagnoles, sont directement liées à la fête. Sortir, ou être de marcha, c’est d’abord avoir l’énergie nécessaire pour s’amuser toute la nuit. Généralement en groupe, les Espagnols débutent la soirée en allant de bar en bar. Traditionnellement, chacun paye sa tournée. Quand la nuit est déjà bien entamée, ils rejoignent les établissements nocturnes, discothèques ou bars dansants, dont certains ne commencent à s’animer qu’après 3h du matin. Le plus souvent, la soirée s’achève au petit matin, avec le petit déjeuner chocolate con churros (chocolat chaud et beignets).
La movida est un mouvement qui émerge à Madrid au début des années 1980. A l’origine clandestin, il prend de l’ampleur avec l’avènement du régime démocratique en Espagne. Artistes, journalistes et intellectuels, qui appartiennent à ce courant, voient dans la liberté politique de la phase postfranquiste l’opportunité de créer des œuvres avant-gardistes, explorant des sujets fortement prohibés pendant la dictature : drogues, sexe, plaisir, homosexualité, avortement. La rapidité des transformations, corrélée à l’énergie et la furie qui se libèrent après quarante ans d’oppression, bouleverse soudainement la société espagnole, qui ne sait plus vraiment comment réagir face à certains excès. Tous les domaines de la production artistique et intellectuelle ont eu leurs représentants dans la movida : Nacho Pop, Joaquín Sabina, Radio Futura, Alaska, Parálisis Permanente, Ramoncín, Leño, Loquillo (musique) ; Jesús Ferrero (littérature) ; Ouka Lele (photographie) et, bien sûr, Pedro Almodóvar qui réalise des films (Talons aiguilles, Tout sur ma mère, Parle avec elle), écrit des livres (Patty Diphusa, La Vénus des lavabos et Fuego en las Entrañas) et a fait partie d’un groupe de rock’n’roll : Almodóvar y Mc Namara.
En Espagne, il est bien au-dessus de celui admis en France et de deux à trois fois supérieur à celui qui est toléré en Europe du Nord. Mobylette vrombissante, télévision hurlant dans un bar, musique assourdissante en discothèque, tout converge vers l’excès ambiant déjà mentionné, mais découle aussi du fait qu’ici on a l’habitude de parler fort ; écoutez seulement les éclats de voix des enfants ou ceux de groupes de femmes conversant… Ici, vous vous surprendrez vite à hausser un peu la voix pour vous faire entendre.
L’Organisation nationale des aveugles espagnols, symbolisée par un bonhomme avec sa canne, se charge de vendre les tickets de loto et de distribuer les gros bénéfices au profit des malvoyants et d’autres handicapés. Les équipements pour aveugles (comme les sonneries au feu rouge) et pour handicapés ne manquent pas en Espagne ni en France, grâce à l'ONCE. Vous trouverez des guérites de ce loto un peu partout dans la ville et des vendeurs ambulants dans les rues les plus passantes. Tous les soirs, sur la chaîne TV Antena 3, vous pouvez assister au tirage du telecupón de la Once. L’Espagnol est joueur par nature et, à la période de Noël, il s'en donne à cœur joie. Toutes les supérettes organisent un sorteo (tirage au sort). Les prix vont du chorizo à la voiture ou au voyage à Cuba. Vous pourrez aussi jouer au loto régional, au loto espagnol, à la loterie nationale et tenter votre chance au Bingo.
Liqueur traditionnelle de Navarre, à base de prunelle, et que l’on déguste bien fraîche à la fin du repas. Attention, son goût doux-amer est trompeur et le Patxaran monte vite à la tête.
On en trouve également au Pays Basque.
Les pipas, ce sont ces graines de tournesol que mangent les oiseaux et dont sont aussi très friands les Espagnols. L’Espagne abonde en boutiques spécialisées (notamment quelques confiterías) dans tout ce qui concerne le grignotage (friandises, chips, petits soufflés d’apéritif de toutes les couleurs et autres petites graines et arachides : courges, maïs, pistaches, frutos secos… qui se vendent souvent au poids). On craque l’écorce salée des pipas entre les dents (certains la mangent) et on savoure la graine. Les pipas rythment la journée : une fois le paquet entamé, impossible de s’arrêter avant de l’avoir terminé ! Au cinéma, il n’est pas rare d’avoir les épaules parsemées d’écorces de pipas. Dans les bus, leur consommation est totalement interdite : des écriteaux, parfois plus importants que ceux relatifs à l’interdiction de fumer, se chargent de le rappeler.
Les premiers jours d’avril marquent le début de la semaine sainte en Espagne, période généralement fériée pour tous. Commencent alors les processions religieuses, où d’énormes chars (décorés et abondamment fleuris) défilent dans les rues principales, suivis par les pénitents. Une foule de croyants se masse souvent trois heures avant le début des cérémonies, afin d’être aux premières loges. Cela donne lieu à des querelles et à diverses insultes pour défendre son territoire. Ensuite, silence et prières ! De nombreuses fêtes se déroulent la nuit.
Calmars frits, qui se dégustent le dimanche et les jours de fête, à l’heure de l’apéritif. Les bars affichent alors la pancarte « Hay rabas » (il y a des calmars).
La région de la côte nord espagnole est caractérisée par des identités fortement attachées à la terre, où le pluralisme des cultures règne. Le Pays Basque, la Cantabrie, les Asturies et la Galice sont toutes des Communautés autonomes disposant de leurs propres gouvernements et tribunaux. Le basque et le galicien ont le statut de langues officielles, au même titre que l’espagnol. Si la Cantabrie et les Asturies aiment leur culture et leurs traditions, elles ne sont pas aussi vindicatives que la Galice et le Pays Basque, qui connaissent des mouvements radicaux, militant pour l'indépendance, partielle ou totale.
Que ce soit vers 14h ou vers 20h30, les Espagnols sont très friands des apéros et tapas. Ir de chatos, ir de pinchos, ir de tapeo, autant d’expressions pour désigner une seule et même pratique : se retrouver autour d’un verre, entre amis ou avec des collègues, et bavarder. C’est un art de vivre, celui de partager un bon moment ensemble. L’origine des tapas vient de l’Andalousie. Pour protéger des mouches les boissons des clients, l’aubergiste avait coutume de couvrir le verre d’une petite assiette (« couvercle » : tapa). A la demande des consommateurs, les assiettes ont commencé à se remplir de divers aliments. Cette tradition s’est ensuite répandue dans toute l’Espagne. De nos jours, les tapas ne sont plus gratuites. Leur prix est toutefois modique, selon ce qu’il y a dans l’assiette.
L’Espagne a fait jusqu’à présent preuve d’une grande permissivité. On fumait partout au mépris des interdictions, et il n’existait pas d’espaces non-fumeurs dans les entreprises, encore moins dans les bars et les restaurants. Chaque année, 50 000 fumeurs et 700 fumeurs passifs décédaient. Le gouvernement a donc décidé de réagir, afin d’abaisser la consommation de 5 à 10 % en deux ans. Le 1er janvier 2006, l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics est entrée en vigueur. Toutefois, on avait laissé le choix aux patrons des lieux publics d'être fumeur ou non, et la plupart d'entre eux avaient opté pour la fumée. En janvier 2011, une loi d'interdiction totale est appliquée. Cette fois-ci, la cigarette est entièrement bannie.
Sur les terrasses, à l’heure de l’apéro, quand il fait encore très chaud malgré l’heure avancée : dejense llevar por las sensaciones… y el tinto de verano ! Servie la plupart du temps dans un verre tubo (en forme de long tube), cette boisson est composée de vin rouge (mosto tinto) et de soda citron (souvent le fameux Fanta limón) ou de limonade (de marque Casera), le tout étant agrémenté d’une demi-rondelle de citron ou d’orange et de plusieurs glaçons. Comme son nom l’indique, c’est la boisson de l’été par excellence ! Vous remarquerez vite que les meilleurs tintos de verano sont ceux qui s’accompagnent de petites attentions, telles que quelques glaçons incorporant des fruits de saison (des grains de raisin, par exemple) et une belle rasade de Martini rouge pour souligner le tout.
Alors, laissez-vous surprendre, ce n’est pas mauvais du tout !
Tout un symbole ! Le soir du 31 décembre, las uvas, « le raisin » en espagnol, dépassent largement leur statut de gourmandise. En effet, un grain de raisin doit être avalé à chaque coup de minuit, pour que l’année se déroule sous les meilleurs auspices. La tradition est suivie scrupuleusement par petits et grands. Un moment à vivre dans un grand bain de foule.
Un demi-demi ! Astucieux quand on fait le tour des bars. Il permet de résister plus longtemps.
L’Espagne, bien que faisant partie du continent européen, est une destination « à part ». L’influence latine caliente y est forte. Il est donc important de respecter certains codes de conduite.
Le tutoiement : les Espagnols ont tendance à tutear (tutoyer) très vite même ceux qu’ils connaissent depuis peu. Par exemple, la grande majorité des professeurs d’université sont tutoyés par leurs élèves. Il ne faut pas le prendre mal : le tutoiement est à prendre ici comme une marque d’affection.
Retard : arriver en retard fait partie des usages du pays, c’est une manière de vivre calmement, sans stress inutile. Les Espagnols n’étant donc pas du tout pointilleux en ce qui concerne les horaires, il devient inutile de remettre les pendules à l’heure !
Discrétion : restez discret et neutre à propos de la politique espagnole. Ne blâmez pas la position prise par l’Espagne sur la question de l’Irak, ni les séparatismes présents dans le pays. Evitez également les commentaires chauvins ; les Espagnols étant, eux aussi, très patriotes, ils pourraient très mal le prendre.
Bises : la spontanéité avec laquelle les Espagnols vous font la bise peut surprendre. Si vous êtes une femme, il peut arriver, lors d’un rendez-vous professionnel, que votre interlocuteur ne vous tende pas la main mais la joue ! En vous quittant, si tout s’est bien passé, attendez-vous peut-être même à une accolade !
Savoir-vivre : les Espagnols sont naturellement généreux et cordiaux. Une invitation au restaurant n’implique pas que chacun règle sa part : c’est une marque de sympathie de la part de celui qui invite. Au restaurant, préférez les vins espagnols aux vins français.
Au restaurant : on sert très souvent des raciones, qui sont des assiettes de spécialités nationales ou locales, que l’on partage avec ses convives. Il serait inconvenant de commander son propre plat et de le manger tout seul dans son coin ! Pour savoir si vos amis commandent des raciones (à partager) ou des platos (« plats », un chacun), souvenez-vous bien de ces deux mots qui éviteront les malentendus.
Patience : il faut, en Espagne, savoir rester patient. Tout n’est pas fait à l’heure exacte ni de la manière précise que l’on espérait. Les Espagnols aiment prendre leur temps, sachez-le ! Ce n’est pas la peine de vous « défouler » sur un garçon de café ni sur le chauffeur de taxi.
Sorties nocturnes : la vie nocturne est très agitée et les nuits sont longues. Evitez de dire : « il est tard, il est 3h », car les Espagnols terminent souvent leur soirée à 8h du matin !
Tabac : dans les lieux publics, ainsi que dans les hôtels, bars et restaurants, il est interdit de fumer depuis le 1er janvier 2011. Des panneaux bien en vue vous indiquent si vous êtes dans une zone fumeur ou non-fumeur.
Située au sud-ouest de l’Europe, l’Espagne occupe la majeure partie de la péninsule Ibérique. Bordée au nord-est par la chaîne des Pyrénées et la France, à l’est et au sud-est par la mer Méditerranée, au sud-ouest, au nord-ouest et au nord par l’océan Atlantique, et à l’ouest par le Portugal, l’Espagne, à la pointe ouest de l’Europe, est déjà presque africaine : 14 km seulement séparent les deux continents du détroit de Gibraltar. A l’intersection de l’Europe et de l’Afrique, l’Espagne est donc diverse et variée, riche de ce double héritage.
Dans le nord-ouest de l’Espagne, la Galice étend ses horizons sauvages et capricieux, entaillés de rías à l’embouchure des fleuves. Depuis les Pics d'Europe jusqu’à la sierra de los Ancares, à la limite avec la Galice, une chaîne de montagnes de 300 km traverse la région des Asturies. Le long de la côte atlantique, après les Asturies, une grande chaîne montagneuse traverse la Cantabrie, prolongée par les Pyrénées à l’est. Voisin de la Cantabrie, le Pays Basque est composé des trois provinces : Guipúzcoa, Biscaye (Vizcaya) et Alava. Tandis que les paysages de Guipúzcoa et de Biscaye sont formés de montagnes bordées par un littoral abrupt, couvert de plages de sable fin d’un doré pâle, la province d’Alava est une région plate, occupée dans le sud par une grande étendue de vignobles. A l’est se trouve la Navarre, accrochée aux Pyrénées. Au sud de Pampelune, capitale de la Navarre, le paysage change et l’on quitte rapidement les montagnes pour entrer dans les immenses plaines si caractéristiques du centre de l’Espagne. La population change aussi, plus proche de sa voisine du sud, la Castille, que des Basques du nord.
Considéré dans son ensemble, le climat espagnol est caractérisé par une sécheresse estivale marquée, des températures hivernales douces, des ciels généralement lumineux et un taux d’ensoleillement élevé (le soleil brille près de 2 800 heures dans l’année). Cette image très appréciée et valorisée par les offices du tourisme ne rend cependant pas compte de la réalité du pays et de la spécificité climatique du nord de l’Espagne. Le niveau des précipitations est un critère déterminant et permet de distinguer du reste du pays, l’Espagne du Nord, étendue le long de la façade atlantique, de la Galice aux Pyrénées.
Dans cette bande soumise aux influences océaniques, il tombe au moins 600 mm d’eau par an. A l’extrême nord-ouest, Saint-Jacques-de-Compostelle enregistre 1 650 mm et 176 jours de pluie par an. La Corogne connaît des moyennes de 10 °C en janvier et de 19 °C en août : c’est la plus faible amplitude thermique du pays. Dans ces régions à la végétation abondante, la couleur dominante est le vert.
Seuls les fleuves et rivières qui débouchent sur l’Atlantique échappent à l’aridité et à la forte évaporation caractéristique des cours d’eau espagnols. L’Ebre, naissant aux abords des côtes atlantiques, en Cantabrie, forme un delta sur la Méditerranée, à 910 km de sa source, près de Tortosa.
Autre caractéristique espagnole : les lacs, très nombreux sur tout le territoire. On en recense près de 1 700. Beaucoup se trouvent dans les Pyrénées, où ils ont surtout une origine glaciaire, mais il existe aussi des lacs artificiels, appelés pantanos, utilisés pour produire de l’énergie électrique et pour réguler l’eau de l’irrigation.
En Espagne, il n’est pas rare de voir des gens jeter des objets encombrants dans la rue ou de constater que des fêtards ont laissé sur le sable d’une magnifique crique bouteilles vides et emballages plastiques. Autant d’exemples qui laissent à penser que la population espagnole n’a pas encore pris conscience des enjeux écologiques.
Plus inquiétant encore, certaines entreprises continuent de polluer en toute impunité. Cependant il serait injuste de condamner l’ensemble de la population en raison de l’incivilité de certains. En effet, la catastrophe du Prestige, en novembre 2002, entre autres, a éduqué bon nombre de consciences en un temps record. Pour preuve, les habitants des côtes cantabriques et galiciennes, lourdement touchées par la marée noire, redoublent de soins : plus un seul papier, plus une seule bouteille plastique ne vient souiller la plage… Autre site touché, le parc national des Iles atlantiques fait l’objet d’une attention particulière de la part des unités de conservation de la région, mais aussi du ministère de l’Environnement, un ministère longtemps jugé secondaire et qui s’est révélé primordial après les deux marées noires successives.
L’Espagne est l’un des pays les plus riches de l’Europe écologique. Pour préserver son patrimoine naturel, constitué aussi bien de forêts et de montagnes que de désert et de marais, il a fallu organiser des unités de conservation, actuellement distribuées entre parcs nationaux (les plus grands) et parcs naturels (les plus nombreux). Les premières initiatives écologiques remontent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec le parc de Covadonga (Asturies). Un parc national doit occuper une surface suffisamment vaste pour nécessiter une gestion au niveau national. Il doit, en outre, présenter un grand intérêt biologique pour justifier de sa préservation. L’Espagne abrite sept parcs péninsulaires et cinq parcs insulaires. La région de la côte nord espagnole abrite le plus ancien parc national du pays, datant de 1918, qui a englobé Covadonga. Au cœur de la chaîne des Picos de Europa, c'est l’un des plus fréquentés. Essentiellement montagneux (certains pics dépassent 2 400 m), ce parc couvre également, sur près de 17 000 hectares, quelques vallées et les lacs El Enoi et La Ercina, d’où il tire sa grande richesse biologique. Chamois, chats sauvages, aigles et, selon la période, ours bruns peuplent ce domaine, appelé également le parc national des Pics d’Europe.
Outre les parcs nationaux, l’Espagne compte 109 sites naturels protégés, gérés par les régions, alors qu’en 1976 elle n’en comptait qu’un seul. La fin du franquisme a marqué le début d’un vaste programme de protection du patrimoine naturel.
Le régime espagnol se distingue du système français par la diversité des termes employés. Les appellations, très précises, brouillent les pistes ; aussi on ne dénombre pas moins de sept catégories d’espaces protégés depuis la loi sur l’environnement de 1989 : monuments naturels, parcs régionaux, parcs naturels, réserves naturelles, réserves naturelles concertées, parcs périurbains, sites naturels.
La Galice abrite quatre espaces protégés, dont le plus caractéristique du relief montagneux propre à la région est celui du Monte de Alhoya. De petite taille (434 hectares), il se distingue surtout par son intérêt archéologique.
Dans les Asturies, la réserve nationale de Somiedo est recouverte de bois qui s’étendent sur quatre vallées (Saliencia, Lago, Somiedo et Pigüeña). Ecosystème typique de la cordillère Cantabrique, c’est le dernier refuge des ours de la péninsule Ibérique.
La Cantabrie compte cinq parcs naturels et une réserve naturelle. Le plus singulier est celui de Saja-Besaya, où le fleuve Saja prend sa source.
Le Pays Basque comprend à lui seul neuf parcs naturels, cinq biotopes protégés. La plus intéressante réserve de la biosphère est celle d’Urdaibai, qui combine municipalités et espaces sauvages.
La flore et la faune du nord de l’Espagne, région verte et arrosée, varient selon les écosystèmes locaux. De nombreuses espèces endémiques sont protégées. Poissons et crustacés abondent sur toute la côte, comme le cormoran, le goéland et la mouette.
Le domaine alpin, quant à lui, est le repaire de l’aigle royal, de l’isard cantabrique, des vautours, du grand tétras, de l’ours brun, du loup et des cervidés, espèces préservées par la loi. La loutre, le martin-pêcheur, le saumon et la truite peuplent les rivières.
Au nord, le chêne atlantique, auquel succède le hêtre en altitude, constitue, avec la lande à genêts, la végétation de base de l’Espagne septentrionale. On trouve également le pin et l’eucalyptus sur la côte.
Les Ibères ont donné leur nom à la Péninsule. Le mot « ibère » désigne à l’origine un peuple du Caucase qui habite le sud de la Gaule et le nord de l’Espagne, au Ve siècle av. J.-C. C’est le plus ancien groupe ethnique dont l’histoire fasse mention en Espagne. Du XVe au Ve siècle av. J.-C., le commerce méditerranéen se développe. Sur les côtes d’Ibérie, des Phéniciens et des Grecs fondent des comptoirs. Au IXe siècle av. J.-C., les Celtes franchissent les Pyrénées et se mêlent aux Ibères, formant ainsi les Celtibères. Ils s’établissent à l’ouest et au centre de la Péninsule.
Au Ve siècle av. J.-C., les Carthaginois s’installent dans la Péninsule. Mais Rome, grande rivale de Carthage et en pleine expansion, veut également s’emparer de ce territoire. La première des guerres opposant Rome à Carthage (dites « guerres puniques ») donne l’avantage aux Romains, la seconde (220-202 av. J.-C.), leur donne la victoire. Les Romains entament alors la conquête de la Péninsule. Malgré la résistance des autochtones, leur avancée ne faiblit pas.
A la fin du Ier siècle av. J.-C., ils soumettent les deux dernières provinces : la Cantabrie et les Asturies. Les Romains sont maîtres de ce territoire qu’ils nomment Iberia ou Hispania. Dès le Ier siècle, le christianisme pénètre dans la Péninsule. Au début du Ve siècle, l’affaiblissement de l’Empire romain entraîne de multiples invasions barbares en provenance de l’Europe du Nord. Les Vandales traversent la Gaule et l’Ibérie pour s’installer au nord de l’Afrique ; ils seraient les ascendants des actuels Berbères. Les Suèves s’implantent dans le centre tandis que les Wisigoths s’emparent du nord de la Péninsule. En 584, sous l’impulsion du puissant roi wisigoth Récarède, l’Espagne est unifiée. La capitale est alors Tolède. Presque aussitôt, en 587, le catholicisme devient religion d’Etat, à la suite de la conversion du roi jusqu’alors d’obédience arienne. Les Arabes, déjà maîtres de l’Afrique du Nord, débarquent en Espagne en 711 et anéantissent le royaume wisigoth. En quelques années, ils occupent la quasi-totalité de la Péninsule. Seules les Asturies et quelques vallées pyrénéennes leur échappent. En 718, la bataille de Covadonga signe la première défaite des Arabes, dont l’avancée sera arrêtée en 732, à Poitiers, par Charles Martel.
Dès la fin du VIIIe siècle, l’Espagne est divisée en deux : au sud, le royaume arabo-musulman ; à l’extrême nord, une zone chrétienne d’où part la Reconquista. La lutte qui opposera, durant huit siècles, les chrétiens aux musulmans vient de commencer. La frontière entre ces deux pôles ne cessera de fluctuer, donnant alternativement l’avantage aux uns et aux autres, pour aboutir à la prise de Grenade, en 1492, qui parachève la victoire chrétienne.
L’idée de Reconquista, née dès la fin du VIIIe siècle, dépasse très vite le cadre purement territorial pour revêtir une dimension religieuse. La ferveur chrétienne s’empare des combattants. Tandis que d’un côté s’engage la lutte contre « l’infidèle » musulman, de l’autre s’amorcent les croisades. L’esprit religieux qui sous-tend ces guerres, dites « saintes », aboutit en dernier lieu à l’Inquisition, créée par la papauté en 1230. L’Inquisition espagnole ne fut pas très sévère à cette époque, en comparaison avec ce qui se faisait dans les pays voisins. Les siècles de domination arabe et de cohabitation christiano-musulmane ont durablement marqué toute la péninsule Ibérique. Aujourd’hui encore, le pays garde des traces de cette période. En témoignent ces monuments qui jalonnent l’Espagne ou certains éléments de sa langue. La plupart des mots commençant par « al » en espagnol sont dérivés de la langue arabe, ainsi en est-il de albaricoque (abricot), almohadon (oreiller), alcalde (maire), alambre (fil de fer), alba (aube), alabar (louer, faire l’éloge). Par ailleurs, au cours de ces siècles, l’apport des Arabes en matière de savoir fut crucial, tant dans le domaine de la philosophie (traduction des écrits grecs, notamment) que dans celui des sciences (médecine, astronomie, et chimie en particulier). Ces nouvelles connaissances influenceront l’Europe de la Renaissance.
La Reconquista est l’œuvre de deux royaumes chrétiens : celui de Castille et celui d’Aragon. Souvent rivaux, ils finissent par s’unir au XVe siècle, en 1469 précisément, grâce au mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon, que l’on surnomme les « Rois Catholiques ». En 1492, les troupes espagnoles achèvent la Reconquista. Mais cette victoire est aussi celle d’un certain fanatisme religieux : proscription, persécution et finalement expulsion des Arabes et des juifs. Déjà, en 1478, les Rois Catholiques avaient obtenu de Rome l’autorisation de gérer l’Inquisition sur le territoire de la péninsule Ibérique. Cette nouvelle configuration administrative donne naissance à une juridiction ecclésiastique beaucoup plus virulente et sévère qu’elle ne l’était auparavant. Tolède sera la capitale du Saint-Office espagnol.
Quelques mois après la prise de Grenade, les Rois Catholiques appuient l’entreprise maritime de Christophe Colomb. Ce faisant, ils participent indirectement à la découverte du Nouveau Continent. Cette découverte n’est pas seulement importante pour l’Espagne, elle l’est pour le monde entier qui s’agrandit brusquement. Forte de ses nouvelles possessions américaines, l’Espagne devient une grande puissance européenne. Le mariage de Jeanne la Folle, fille des Rois Catholiques, avec Philippe le Beau, héritier des Habsbourg, empereur du Saint Empire romain germanique, vient encore renforcer cette suprématie : Jeanne est reine d’Espagne, de Naples, de Sicile, de Sardaigne et d’un immense empire colonial ; l’empereur germanique, quant à lui, possède l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche. Leur fils Charles hérite de l’ensemble de ces domaines, sous les noms de Charles Ier pour l’Espagne ; de Charles IV pour la Sicile, Naples et la Sardaigne ; de Charles Quint pour l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche. Il est le plus puissant souverain d’Europe. En Espagne, Charles Quint affermit l’autorité royale face aux prétentions de la noblesse. En Allemagne, il tente d’écraser la Réforme, initiée par Luther, suivie par Calvin en France et l’Eglise anglicane en Angleterre. L’Espagne catholique sera le foyer de la Contre-Réforme. En 1555, Charles Quint est amené à reconnaître la liberté de culte pour les luthériens d’Allemagne. Las du pouvoir, il abdique, en 1556, et se retire dans le monastère de Yuste, en Estrémadure. Son fils Philippe II reçoit les héritages espagnol et bourguignon, les colonies sud-américaines et les Pays-Bas, tandis que la couronne impériale et l’ensemble danubien (Autriche, Bohême, Hongrie) reviennent à son frère Ferdinand Ier. En 1580, Philippe II s’empare du Portugal, réaffirmant ainsi sa volonté impériale. Victorieux contre les Turcs lors de la bataille navale de Lépante, en 1571, Philippe II est vaincu dix-sept ans plus tard par les Anglais.
La découverte de l’Amérique ouvre des perspectives illimitées pour le commerce. Le mercantilisme se développe tout au long de ce siècle. Dans ce système économique, la richesse de chaque pays se mesure à ses réserves d’or. Aussi, Philippe II exploite largement ses colonies outre-Atlantique, d’où affluent or, métaux précieux et autres produits. Malgré l’importance des revenus coloniaux, ses dépenses, notamment militaires, sont nombreuses et non productives. Sous son règne s’amorce l’affaiblissement économique de l’empire. Cependant, ce siècle est aussi appelé « le siècle d’or espagnol », celui de l’épanouissement des arts, notamment la peinture et la littérature : El Greco (1541-1614), Cervantès (1547-1616), Lope de Véga (1562-1635), Quevedo (1580-1645), Tirso de Molina (1583-1648), Velázquez (1599-1660), Calderón de la Barca (1600-1681), Murillo (1618-1682) sont de cette époque.
La décadence espagnole, entamée avec les derniers héritiers des Habsbourg, s’accentue avec les Bourbons : Phillipe III et Phillipe IV. En 1640, le Portugal se soulève. En 1648, l’Espagne doit reconnaître l’indépendance des Pays-Bas ; par le traité des Pyrénées, en 1659, elle cède le Roussillon et l’Artois à la France ; en 1668, elle accepte l’indépendance du Portugal ; sans compter les guerres contre Louis XIV qui augmentent le nombre des pertes (une partie de la Flandre et la Franche-Comté). Parallèlement, Anglais et Hollandais concurrencent avec succès le commerce espagnol.
Le XVIIIe siècle débute par un changement de dynastie royale. Charles II, fils de Philippe IV, meurt sans descendance et lègue, par testament, la couronne au Bourbon Philippe V. Cette décision provoque une guerre entre Habsbourg et Bourbons, de 1701 à 1714, dite guerre de Succession, qui ébranle un peu plus la puissance espagnole. A l’issue de la guerre de Succession, Philippe V conserve la couronne d’Espagne, mais perd toutes ses possessions européennes. Il garde cependant les territoires d’outre-mer. Le déclin se poursuit tout au long du XVIIIe siècle.
Le XIXe siècle est particulièrement mouvementé. La Révolution française de 1789 a de fortes répercussions en Espagne. Les révoltes contre la monarchie se multiplient, notamment à Madrid. En 1808, Napoléon envahit la Péninsule et fait nommer son frère Joseph Bonaparte roi d’Espagne, à la place de Ferdinand VII, fils de Charles III. Le peuple espagnol se soulève : c’est la guerre d’Indépendance. Napoléon, entré dans la capitale, est repoussé dans la nuit du 2 au 3 mai 1813. La scène est immortalisée par Goya dans son tableau El Tres de Mayo de 1808 en Madrid, actuellement exposé au musée du Prado, à Madrid. Immédiatement après, Ferdinand VII remonte sur le trône, rétablissant ainsi son pouvoir. La dynastie des Bourbons est restaurée, mais l’opposition au régime monarchique s’intensifie. De 1814 à 1833, l’Argentine, la Bolivie, le Chili, la Colombie, l’Equateur, le Mexique, le Pérou et le Venezuela gagnent leur indépendance.
A la mort de Ferdinand VII, en 1833, l’Espagne est en proie à des luttes de pouvoir. Deux branches d’une même famille se disputent le trône : Don Carlos, frère de Ferdinand VII, dispute la couronne à sa nièce, la jeune Isabelle II. Soutenu par ses partisans, dits « carlistes », il tient tête, pendant six ans (1833-1839), à Isabelle et à sa mère, la reine régente Marie-Christine, qui finiront par être portées au pouvoir en 1840. Cependant la guerre entre carlistes et isabelins se poursuit de 1847 à 1849.
Quelque temps plus tard, Isabelle est destituée et contrainte à l’exil. Le général Serrano est nommé régent. En 1870, Amédée de Savoie est nommé roi, mais, privé d’appui, il abdique en 1873. La Première République espagnole est alors proclamée, mais, en l’absence d’un gouvernement stable, elle ne dure pas.
La famille de la reine Isabelle est restaurée en la personne de son fils Alphonse XII (1874-1885). S’ensuit un nouvel affrontement avec les partisans carlistes qui prend fin en 1876. En 1885, Alphonse XII meurt. Alphonse XIII lui succède en 1886. En cette fin de siècle, en 1898, la guerre contre les Etats-Unis fait perdre à l’Espagne les Philippines, Porto Rico et Cuba. En 1899, elle vend à l’Allemagne ses dernières possessions dans le Pacifique. L’Empire espagnol colonial n’existe plus. Les mouvements anarchistes et nationalistes, notamment basques, germent et se développent au même moment. Politiquement instable, socialement et économiquement affaiblie, l’Espagne, déchirée par des conflits intérieurs, ne joue qu’un rôle mineur dans la politique internationale de cette époque. Elle reste neutre pendant la Première Guerre mondiale.
Sous le règne d’Alphonse XIII (1886-1931), l’accroissement des difficultés économiques et l’instabilité gouvernementale aggravent les tensions politiques et sociales. En 1923, le général Primo de Rivera, soutenu par le roi, prend le pouvoir et établit une dictature militaire. Il reste au pouvoir jusqu’en 1930, équilibre les finances, crée une grande industrie, améliore les communications. Mais les revendications régionales grandissent toujours.
Devant une opposition populaire croissante, Alphonse XIII demande à Primo de Rivera de se retirer. Un an plus tard, en 1931, les partis républicains triomphent aux élections municipales. La Deuxième République est proclamée cette même année tandis que le roi s’exile hors du pays.
La Constitution de la Deuxième République de 1931 est un texte profondément novateur. Il reconnaît les faits différentiels basques et catalans et leur accorde le statut d’autonomie, ce qui est loin de faire l’unanimité parmi les forces conservatrices. En 1933, les nouvelles élections nationales donnent la victoire à une coalition de centre droit, qui entreprend d’anéantir les réformes initiées par le précédent gouvernement. Il suspend notamment les régimes autonomes basque et catalan. En 1934, la Catalogne se révolte et demande l’indépendance.
Aux élections de février 1936, les forces de gauche, réunies sous le nom de Front populaire, sortent gagnantes, mais leur majorité est faible. Le nouveau gouvernement restitue le statut d’autonomie à la Catalogne et au Pays Basque. L’opposition, particulièrement la droite conservatrice et l’armée, n’accepte pas l’état de fait et se rebelle. Le 17 juillet 1936, à Melilla (au Maroc), la première garnison militaire se soulève, préparant l’offensive du mouvement national. La guerre civile officielle commence.
La guerre civile entre républicains et les nationalistes dure trois ans, jusqu’en 1939, date à laquelle le général Franco, vainqueur, confisque définitivement le pouvoir jusqu’à sa mort en 1975. De part et d’autre, les combattants reçoivent une aide étrangère, les républicains celle de l’Union soviétique et les franquistes celle de l’Italie fasciste et de l’Allemagne national-socialiste. Cette dernière, beaucoup plus importante, aura une influence décisive sur l’issue des combats.
En juillet 1936, les troupes militaires du Maroc et des îles Canaries, menées par le général Franco, se soulèvent contre le Front populaire. Au même moment, d’autres troupes militaires tentent de prendre le contrôle de Madrid et de Barcelone, mais la population de ces deux villes, majoritairement républicaine, s’y oppose par la force. La guerre civile vient de commencer.
Au bout de quelques semaines, cependant, les militaires sont maîtres d’une grande partie de l’Espagne du nord-ouest. Pendant l’hiver de la même année, une nouvelle offensive nationaliste se prépare contre Madrid, mais elle échoue ; la guerre se prolonge, tandis que les forces internationales se mobilisent. Des volontaires venus de plusieurs pays combattent aux côtés des forces républicaines : ce sont les Brigades internationales, dont les effectifs atteindront 40 000 hommes.
L’Union soviétique livrera du matériel de guerre aux républicains tandis que l’Allemagne et l’Italie fourniront aux nationalistes non seulement du matériel de guerre mais aussi des hommes, environ 80 000. Une commission internationale de non-intervention est créée sur proposition de la France et de la Grande-Bretagne afin d’empêcher toute ingérence étrangère, mais son rôle est quasiment nul.
Outre les destructions matérielles, cette guerre causera la mort d’environ 1 200 000 Espagnols, parmi lesquels 750 000 civils. L’un des épisodes les plus tragiques de cette guerre sera le bombardement de la population civile de Guernica par l’aviation allemande, en avril 1937, sur ordre de Franco. Cet épisode est immortalisé par le tableau éponyme de Picasso, actuellement exposé au musée Reina Sofia, à Madrid.
Après la prise de Madrid puis de Barcelone par les nationalistes, la guerre prend fin. La victoire de Franco, chef du Mouvement national, est suivie de sanglantes répressions. Soutenu par la Phalange, organisation d’idéologie fasciste, Franco devient « Caudillo » (chef de l’Etat) et établit une dictature s’inspirant d’abord du modèle mussolinien. En 1940, il fait proclamer un état de non-belligérance favorable aux puissances de l’Axe. Plus d’un million et demi d’Espagnols fuient le pays. A peine sortis d’une guerre civile, les exilés politiques espagnols sont confrontés à la Seconde Guerre mondiale. Dès lors, l’espoir de restaurer une démocratie en Espagne s’amenuise.
Il faudra attendre 1945 pour que le gouvernement républicain espagnol en exil se réorganise et trouve un pays d’accueil : le Mexique. Malgré la condamnation du franquisme par l’ONU, dès le début des années 1950, le gouvernement de Franco est reconnu par la communauté internationale. Les successifs présidents du gouvernement républicain en exil plaident la cause républicaine et démocratique espagnole devant l’ONU, mais sans succès.
Pendant ce temps, le gouvernement franquiste évolue : il mène une politique extérieure d’intégration aux institutions internationales. En 1953, l’Espagne signe avec les Etats-Unis un traité d’assistance économique et militaire ; en 1955, elle devient membre de l’ONU et, en 1959, membre de l’OECE (l’actuelle OCDE).
En 1969, Franco désigne son successeur, Juan Carlos de Bourbon, petit-fils d’Alphonse XIII. En 1972, âgé de 80 ans, il délègue la présidence du gouvernement à l’amiral Carrero Blanco, qui meurt lors d’un attentat revendiqué par l’ETA, à la fin de l’année 1973. Carlos Arias Navarro lui succède. Malgré un discours d’investiture réformateur, Arias Navarro mène une politique sans changements. A l’intérieur du pays, l’opposition au régime franquiste s’intensifie.
Le gouvernement doit faire face à des mouvements sociaux : grèves ouvrières, manifestations d’étudiants et d’intellectuels, courants autonomistes. En septembre 1975, quelques jours avant la mort de Franco, trois membres de l’ETA et deux membres de FRAP (Front révolutionnaire antifasciste patriotique) sont condamnés à la peine de mort et exécutés. Cette décision provoque des protestations dans toute l’Europe. Afin de mieux contrecarrer cette réprobation internationale, Carlos Arias fait organiser un rassemblement sur la Plaza de Oriente, à Madrid, pour rendre hommage au Caudillo Franco. Le 20 novembre 1975, Franco meurt. Juan Carlos est couronné roi d’Espagne.
La Phalange demeure le seul parti officiel. Dès le début de 1976, les forces démocratiques, encore non reconnues légalement, entament une série de manifestations pour réclamer la liberté et l’amnistie pour les détenus politiques. Face à cette tension populaire, Juan Carlos Ier destitue Arias Navarro de son poste (il est remplacé par Adolfo Suarez, futur président), reconnaît légalement tous les partis politiques, notamment le Parti communiste espagnol, et les syndicats ; il fait voter le référendum du 15 décembre 1976 réorganisant les Cortes (Parlement). Le pays s’achemine rapidement vers un régime démocratique. Les élections ont lieu le 15 juin 1977. Ces élections portent au pouvoir l’Union du centre démocratique (UCD) et son leader Adolfo Suárez. Le président de la République en exil, José Maldonado, et le nouveau président du gouvernement A. Suarez, font une déclaration commune mettant fin aux institutions républicaines en exil.
A cette même époque, la situation économique est explosive. En 1977, l’inflation atteint 44 % tandis que le chômage ne cesse d’augmenter. Meetings, rassemblements, manifestations se multiplient. Face à cette situation, le gouvernement veut unir toutes les forces politiques représentées au Parlement autour du plan d’action à suivre. L’accord qui en résultera est nommé « le pacte de Moncloa ». Parmi les signataires se trouvent Enrique Tierno Galvan, futur maire de Madrid ; Felipe F. González, président du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) ; et Manuel Fraga, leader de Allianza Popular. En 1978, le pays approuve par référendum la nouvelle Constitution espagnole.
En 1981, Juan Carlos intervient aux Cortes et déjoue une tentative de putsch militaire survenue lors de l’investiture de Leopoldo Calvo Sotelo, successeur de A. Suárez, démissionnaire. Il gagne dès lors sa légitimité auprès de tous les Espagnols. Le PSOE, conduit par Felipe González, dont la popularité ne cesse de grandir depuis 1977, remporte la majorité absolue aux élections législatives anticipées d’octobre 1982, au détriment du Parti communiste espagnol et de l’UCD. L’Alliance populaire obtient par contre près d’un tiers des sièges.
En cinq ans, la démocratie est consolidée et un système de tendance fédérale, le système des autonomies, est né. Par ailleurs, l’Espagne adhère à l’OTAN, en 1982, et obtient, en mars 1985, son admission dans la Communauté économique européenne, effective à partir du 1er janvier 1986.
Le gouvernement de Felipe González, pourtant socialiste, mène une politique économique de plus en plus libérale. Le contrôle de l’inflation est devenu prioritaire par rapport à la baisse du chômage. Certaines industries nationales sont privatisées et procèdent à de nombreux licenciements. La population est mécontente.
Après des années de division, la droite espagnole a retrouvé son unité. A la fin des années 1980, l’Union du centre démocratique (UCD) et l’Allianza Popular s’allient pour former le nouveau parti de droite : le Partido Popular (PP). Ce parti obtient une très honorable deuxième place lors des élections de 1989, talonnée par une nouvelle coalition d’extrême gauche, l’Izquierda Unida (Gauche unie). Les nationalistes catalans sont également représentés aux Cortes.
Face au gouvernement de González, José Maria Aznar, président du PP, multiplie les critiques. Ses discours trouvent un écho de plus en plus large au sein de la population. C’est dans ce climat que se préparent les élections de 1992. Grâce à une campagne très active et à une alliance avec les nationalistes catalans, le PSOE gagne cependant les élections. Toutefois ce nouveau mandat s’annonce, dès le début, périlleux.
La révélation du financement occulte du PSOE discrédite aussi bien le parti que le chef du gouvernement Felipe F. González. Le directeur de la Guardia Civil est accusé de détournement de fonds publics à des fins personnelles et quitte illégalement le pays ; le gouverneur de la Banque d’Espagne est, quant à lui, mis en examen également pour détournement de fonds publics à des fins personnelles.
Mais le plus grand des scandales de la décennie est l’affaire du Grupo Antiterrorista de Liberación, (GAL), un groupe militaire, antiterroriste, semi-autonome, financé par le gouvernement et qui a mené une guerre sanglante contre les membres de l’ETA dans les années 1980 (kidnapping, assassinats de membres présumés de l’ETA…).
Les médias et la justice ont établi des liens entre la police, le GAL et les plus hauts échelons du gouvernement. Le GAL, dont les principaux responsables ont été l’objet d’un procès retentissant au début 1995, est responsable de 24 assassinats entre 1983 et 1987. Les élections de 1996 donnent la victoire à José Maria Aznar.
Mais sa majorité est faible et il doit composer avec les partis nationalistes, qu’il avait largement critiqués pendant la campagne, afin de maintenir une certaine stabilité. Au soir des élections, le PSOE, loin des prévisions catastrophiques des médias, obtient 141 sièges aux Cortes. En mars 2000, Aznar remporte pour la seconde fois les élections nationales, obtenant une majorité absolue. Ces résultats sont les meilleurs enregistrés par la formation de « centre droite » depuis le rétablissement de la démocratie.
Depuis le début des années 1990, les gouvernements espagnols successifs ont misé sur les efforts budgétaires et monétaires pour satisfaire les critères de Maastricht. L’Espagne peut ainsi adhérer à la zone Euro dès son lancement, en janvier 2002.
Depuis 1978, année où est restaurée la démocratie, en passant par 1986, date à laquelle le pays intègre l’Union européenne, l’Espagne n’a cessé de se développer et d’accroître son importance sur la scène internationale. L’Espagne est membre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), depuis 1982, bien qu’elle n’ait accédé à son commandement militaire qu’en 1997.
Le jeudi 11 mars 2004, au matin, Madrid connaît la vague d’attentats la plus meurtrière de son histoire. Dix bombes explosent dans quatre trains de banlieue, à l’heure d’affluence, causant la mort de 200 personnes tandis que 1 482 autres sont blessées. A trois jours seulement des élections législatives, le gouvernement de José Maria Aznar, dont le ministre de l’Intérieur, Angel Acebes, se fait le porte-parole, pointe du doigt l’organisation terroriste basque ETA. Or, le vendredi, l’organisation séparatiste, par voie de presse, nie toute responsabilité dans les attentats. Le jour même des élections, le dimanche 14 mars, la piste indépendantiste est écartée, le groupe terroriste d’Oussama ben Laden ayant revendiqué par deux fois ces attentats. L’engagement de l’Espagne dans le conflit armé contre l’Irak aurait motivé ces actes de barbarie.
Le cafouillage politique et médiatique qui a suivi les violences terroristes de Madrid a précipité la chute du PP, le parti de José Maria Aznar. Les socialistes du PSOE reviennent au pouvoir, après huit ans d’absence, avec 43 % des votes et 164 sièges au Parlement. Le nouvel homme fort de l’Espagne est désormais José Luis Rodriguez Zapatero, un avocat de 43 ans, qui fait de la lutte contre le terrorisme la priorité de son mandat. Son arrivée au pouvoir marque le retrait des troupes espagnoles d’Irak. Dès son élection, Zapatero incarne le changement politique attendu après des années de politique du Parti populaire d’Aznar. Cap sur l’Europe (même si, depuis son entrée dans l’UE, en 1986, l'Espagne est le pays qui a le plus bénéficié des aides communautaires – elle se passe d’une partie de cette manne depuis 2007), rapprochement diplomatique serein avec le Maroc (mais aussi l’Algérie et les pays d’Amérique latine), volonté de régulariser tous les travailleurs immigrés clandestins (à condition qu’ils détiennent un contrat de travail) et éradication de la violence conjugale (en 2003, au moins 65 femmes ont été tuées par leur conjoint en Espagne), notamment en modernisant la loi sur le divorce… Avec son style innovant, le Premier ministre socialiste s’est révélé plus solide que prévu. Toutefois Zapatero agace l’opposition conservatrice en lançant un projet laïc avec, pour point d’orgue, la fin des cours (obligatoires) de religion, en 2004, dans les écoles espagnoles. Ceux-ci sont désormais remplacés par des cours d’éducation civique (Education para la Ciudadania), une « attaque contre la morale chrétienne » pour les conservateurs du PP. Deuxième pied de nez au catholicisme, la légalisation du mariage homosexuel, en juin 2005, avec, dans la foulée, la possibilité d’adopter pour les couples de même sexe.
En mars 2006, le gouvernement et l’ETA s’engagent dans un processus de paix qui ne sera que de courte durée puisque, le 30 décembre 2006, le groupe armé basque revendique un attentat à Madrid ayant causé la mort de 2 personnes et fait 19 blessés. La réaction du gouvernement ne se fait pas attendre : le ministre de l’Intérieur déclare « liquidé » le processus de paix, alors que Zapatero annonce que cette action de l’ETA met un « point final » à toute négociation. De son côté, le groupe indépendantiste attendra le 5 juin 2007 avant d’annoncer, à son tour, officiellement, la rupture du cessez-le-feu. La reprise des hostilités sera suivie par un attentat à la voiture piégée devant la caserne de la garde civile à Durango, quelques jours plus tard.
Enfin, il ne faut pas oublier que le gouvernement socialiste s’est attaqué à la question de la « mémoire historique », en créant une commission interministérielle chargée d’élaborer un projet de loi rendant justice aux victimes du franquisme. Ce volet était une des priorités de Zapatero, petit-fils d’un capitaine de l’armée républicaine exécuté pendant la guerre civile.
En mars 2008, José Luis Rodriguez Zapatero brigue, avec succès, un second mandat, face à son principal adversaire, le conservateur Mariano Rajoy, président du Parti populaire. Peu de temps après, le pays, à l'instar de l'Europe, est frappé par l'éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis et par la crise financière. Fin 2008, l'Espagne entre officiellement en récession. Une politique de rigueur visant à résorber le chômage (20 %, le plus fort taux de l'Union européenne) et à relancer la croissance est lancée par José Luis Rodriguez Zapatero. En 2009 et 2010, les manifestations du mécontentement de la population et des syndicats se multiplient, aboutissant à une grève générale le 29 septembre 2010, inédite sous Zapatero. En novembre 2010, le pape Benoît XVI se rend en Espagne pour dénoncer la montée de la laïcité dans ce pays autrefois si catholique ; il s'en prend notamment à la légalisation du mariage homosexuel et à l'avortement.
De 1500 à 500 av. J.-C. De nombreux navigateurs méditerranéens, phéniciens, et grecs surtout, fondent des colonies sur les côtes d’Ibérie, dont l’intérieur est déjà occupé par les Ibères, les premiers habitants de la Péninsule.
500 av. J.-C. Arrivée des Carthaginois.
241 av. J.-C. Première guerre punique : les Romains occupent le nord-est de la Péninsule.
218 av. J.-C. Deuxième guerre punique. Le triomphe des Romains leur permet d’entreprendre la conquête de toute l’Ibérie.
Ier siècle La religion chrétienne se propage lentement sur le territoire.
De 414 à 419 Les Wisigoths, chrétiens, s’emparent du nord et fondent un royaume qui s’étend peu à peu à toute la Péninsule. La capitale s’installe à Tolède.
711 Les Maures, maîtres de l’Afrique du Nord, débarquent. En deux ans, ils réussissent à conquérir quasiment toute la Péninsule. Ils bénéficient du soutien des juifs et de tous les mécontents de l’occupation wisigothe.
722 Bataille de Covadonga, dans les Asturies. Première victoire des chrétiens contre les Maures, ce qui marque le début de la Reconquête.
XIIIe siècle Ferdinand III de Castille et Jacques Ier d’Aragon étendent leur pouvoir jusqu’au sud de l’Espagne. A la mort de Jacques Ier, les Maures ne possèdent plus que le royaume de Grenade.
1469 Le mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon assure l’unification de l’Espagne.
1481 Début de l’Inquisition : expulsion des juifs et des conversos, c’est-à-dire les juifs convertis au catholicisme.
1492 Découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Isabelle et Ferdinand (les Rois Catholiques) achèvent la Reconquête en occupant Grenade.
1516 Charles, fils de Jeanne (fille d’Isabelle et Ferdinand) et de Philippe le Beau (fils de l’empereur Maximilien d’Autriche), devient roi d’Espagne, de Sicile et de Naples, sous le nom de Charles Ier. Il gouverne également les Pays-Bas et possède l’immense empire colonial d’Amérique du Sud.
1519 Héritier des Habsbourg par son père, Charles Ier devient empereur du Saint Empire (Allemagne et une partie de l’Autriche) sous le nom de Charles Quint. Il est le plus puissant souverain d’Europe. Fernand Cortéz débarque au Mexique et détruit l’Empire aztèque.
1556 Charles Quint abdique. Son fils Philippe II hérite de la couronne d’Espagne, avec ses colonies américaines, ainsi que des Pays-Bas et de l’Italie.
1571 Philippe II remporte la bataille navale de Lépante contre les Turcs. L’Espagne contrôle alors la Méditerranée.
1580 L’Espagne hérite du Portugal.
1588 L’Invincible Armada est vaincue par les Anglais.
1610 Les 270 000 Moriscos (musulmans convertis au catholicisme) se font expulser.
1659 Par le traité des Pyrénées, l’Espagne cède à la France le Roussillon et l’Artois. Fin de la domination espagnole sur l’Europe.
1668 Indépendance du Portugal.
1701-1714 Guerre de Succession entre les Bourbons et les Habsbourg. La paix d’Utrecht de 1713 reconnaît Philippe V, un Bourbon, comme roi d’Espagne, mais le force à céder la Flandre et les possessions italiennes.
1793-1795 Charles IV, roi d’Espagne et cousin de Louis XVI, déclare la guerre à la Convention, de peur de la propagation des idées révolutionnaires.
1808 Napoléon prétexte de vouloir faire passer par l’Espagne les troupes qui doivent combattre le Portugal allié aux Anglais. En fait, il occupe l’Espagne et force Charles IV à abdiquer. Napoléon donne la couronne à son frère, Joseph Bonaparte. Les Asturies et la Galice font front. Débute alors la guerre d’Indépendance.
1812 Les Cortes (Parlement) se réunissent régulièrement à Cadix, en Andalousie. Ils adoptent un projet de constitution qui prévoit l’abolition de l’Inquisition, de la censure et du servage, et précise surtout que le roi devra se soumettre à l’autorité du Parlement.
1813 Wellington, général anglais, écrase les troupes françaises à Vitoria : fin de la guerre d’Indépendance.
1814 Rejet de la Constitution de 1814 par Ferdinand VII.
1820 Une insurrection militaire obtient le rétablissement de la Constitution de 1812.
1826 Soulèvement dans les grandes colonies d’Amérique.
1833 Mort de Ferdinand VII : l’Espagne est déchirée par une guerre civile entre partisans de Don Carlos, frère de Ferdinand, et ceux d’Isabelle II, sa fille.
1854 Début du règne d’Isabelle II, après la seconde abdication de sa mère, la régente Marie-Christine.
1868 Isabelle II est déchue de son trône et contrainte à l’exil.
1873 La Première République est proclamée, mais, en l’absence d’un gouvernement stable, un pronunciamiento restaure la famille de la reine Isabelle.
1898 Guerre contre les Etats-Unis : perte des Philippines, de Guam, de Porto Rico et de Cuba.
1899 L’Espagne vend à l’Allemagne ses dernières possessions dans le Pacifique.
1902-1931 Règne d’Alphonse XIII, après la régence de sa mère.
1931 Les partis républicains triomphent aux élections municipales dans les grandes villes. Le roi quitte le pays. La Deuxième République est proclamée.
1934 Révolte des mineurs des Asturies. L’insurrection est punie de neuf jours de bombardements.
1936 Le bloc de gauche, ou Front populaire (Frente Popular), sort vainqueur des élections générales de justesse.
1936-1939 Guerre civile, qui oppose les partisans de la République espagnole et les rebelles nationalistes.
Avril 1937 Bombardement de la population civile de Guernica par l’aviation allemande, sur ordre de Franco.
1939 Victoire de Franco, chef du mouvement national.
1953 L’Espagne signe avec les Etats-Unis un traité d’assistance économique et militaire.
1955 L’Espagne devient membre de l’ONU.
1975 Mort de Franco. Conformément à une décision prise dès 1969, le pouvoir est confié au prince Juan Carlos de Bourbon, petit-fils d’Alphonse XIII, qui prend le titre de roi et engage presque aussitôt l’Espagne dans la voie de la démocratisation.
1977 Premières élections législatives depuis la mort de Franco. Victoire de l’Union du centre démocratique d’Adolfo Suarez.
1978 Adoption par référendum d’une nouvelle Constitution.
1979 Elections législatives anticipées, remportées par l’Union du centre démocratique et son leader, Adolfo Suárez.
23 février 1981 Tentative de coup d’Etat : 300 membres de la Guardia Civil font irruption dans le Parlement ; un général déclare l’état d’urgence à Valence et des chars d’assaut quadrillent les rues. L’intervention du roi Juan Carlos fait échouer le coup d’Etat.
1982 Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), conduit par Felipe González, remporte la majorité absolue aux élections législatives anticipées.
1986 L’Espagne intègre la Communauté économique européenne (l’ancêtre de l’Union européenne).
1992 Le PSOE est réélu.
1996 Victoire électorale de la coalition gouvernementale du Partido Popular (PP, droite) menée par Aznar.
2000 Aznar est réélu à la majorité absolue. Il axe sa politique sur les problèmes d’immigration au détroit de Gibraltar et sur le conflit basque. José Maria Aznar devient le seul leader conservateur en pleine ascension, alors que la plupart des gouvernements membres de l’UE sont de tendance social-démocrate.
2002 L’Espagne préside l’Union européenne pendant les six premiers mois de l’année, à l’heure où est mise en place la circulation de l’euro.
19 novembre 2002 Le naufrage du pétrolier Prestige, à quelque 270 m au large des côtes de Galice, entraîne une catastrophe écologique majeure, avec le déversement dans l’océan Atlantique de milliers de tonnes de pétrole. C’est la quatrième marée noire en Galice depuis 1976.
2003 Elections municipales et régionales, dernière occasion pour José Maria Aznar de se mesurer à l’opposition avant la fin de son mandat. Victoire du Parti populaire, malgré la position proaméricaine du chef du gouvernement.
11 mars 2004 Quatre trains explosent à Madrid et dans sa banlieue. Bilan : 191 morts.
14 mars 2004 Zapatero, leader du Parti socialiste, remporte les élections législatives. Il entre en fonction le 7 avril. C’est la victoire du Parti socialiste ouvrier espagnol, PSOE, après deux mandats de la droite.
Octobre 2004 Vote à l’unanimité de la loi sur la violence conjugale, laquelle punit fortement les attaques dont sont fréquemment victimes les Espagnoles.
Février 2005 L’Espagne est le premier Etat membre à voter la ratification du traité constitutionnel européen par référendum : les Espagnols votent « oui » à 76 %. En juin, après la décision de retarder la ratification lors du Conseil européen de Bruxelles, l’Espagne (mais aussi la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Finlande et la Suède) rejette le budget de l’UE entre 2007 et 2013.
Juillet 2005 Légalisation du mariage homosexuel et de l'adoption par des couples homosexuels.
15 décembre 2005 Vote d’une loi sur l’enseignement réduisant le poids de la religion dans les écoles.
22 mars 2006 L’ETA annonce un cessez-le-feu permanent, effectif le 24 mars.
29 juillet 2006 La loi sur la « mémoire historique », visant à reconnaître les victimes du franquisme, est approuvée en Conseil des ministres.
5 juin 2007 Le gouvernement rompt le dialogue avec l’ETA et met ainsi fin au cessez-le-feu permanent.
31 octobre 2007 Verdict du procès des attentats du 11 mars 2004, 21 accusés sur 28 sont condamnés.
Mars 2008 Réélection de Zapatero. L’ETA lance une campagne de violence en été.
2008 Eclatement de la bulle immobilière et crise financière. Entrée de l'Espagne en récession.
1er janvier 2010 L'Espagne prend la présidence de l'UE pour six mois, à la suite du traité de Lisbonne.
2010 L'ETA est décapitée pour la cinquième fois depuis 2008. Des dizaines d'activistes sont arrêtés.
Juan Carlos est roi d’Espagne depuis le 22 novembre 1975. Son titre officiel est « Sa Majesté Don Juan Carlos Ier de Bourbon ». Lorsque Franco le nomma « prince d’Espagne », il était loin de se douter que les convictions et l’entreprise de Juan Carlos différaient des siennes car, une fois sur le trône, en 1975, ce dernier commença à prendre des mesures pour rétablir la démocratie suspendue pendant les années franquistes. Grace à Juan Carlos, et à la Constitution de 1978, l’Espagne devient une monarchie constitutionnelle et un Etat social démocratique de droit reconnaissant la pluralité des partis politiques. Le roi est chef de l’Etat. Mais, bien qu’il règne, il ne gouverne pas, ses compétences sont limitées. Il est chef des armées, il ratifie les lois, nomme le président du gouvernement et peut dissoudre le gouvernement. La politique intérieure et extérieure est conduite par le gouvernement central, qui opère sur différents champs d’action : administration civile et militaire, défense, exercice du pouvoir exécutif et réglementation, élaboration des budgets généraux de l’Etat… Le président du gouvernement (équivalent de notre Premier ministre) est à la tête de l’exécutif et est nommé pour quatre ans. Depuis le 7 avril 2004, José Luis Rodriguez Zapatero, leader du PSOE, réélu en mars 2008, dirige le gouvernement.
Le pouvoir législatif appartient au Parlement, ou Cortes generales. Il est composé du Congreso de los diputados (Congrès des députés) et du Senado (Sénat). Le congrès compte 350 députés élus pour quatre ans au suffrage direct. Les sénateurs sont au nombre de 248, dont 40 sont désignés par les régions.
Le passage du XIXe au XXe siècle coïncide avec l’émergence des pensées régionalistes en Espagne. Influencés par le romantisme allemand, les régionalismes politiques et, en particulier, basque, se structurent. Mais ces revendications ne sont guère tolérées par les régimes autoritaires, qui ne cessent de mener des politiques répressives. Malgré cela, l’idéologie régionaliste perdure. Aussi, lorsqu’en 1975 Franco meurt, l’Espagne se trouve de nouveau confrontée à la tentation régionaliste. La reconnaissance des revendications régionales devient un facteur de stabilité (politique et sociale) pour le pays. Dès 1976, l’Espagne se transforme. Le roi permet la légalisation des partis politiques. Dès lors, les revendications régionales commencent à s’exprimer à haute voix et s’affirment de plus en plus. La Catalogne et le Pays Basque, leaders de la pensée régionaliste, réclament une certaine autonomie politique.
Optant pour un système intermédiaire entre centralisme et fédéralisme, la Constitution de 1978 institue des gouvernements régionaux. En 1981, une nouvelle étape est franchie avec la création du statut de Comunidad autonoma (Communauté autonome). La Catalogne et le Pays Basque sont les premiers à y accéder. En dix mois, c’est l’ensemble des Espagnols qui demandent un statut pour leur région. Dix-sept communautés voient le jour, disposant chacune d’un statut d’autonomie propre. Aragon, Navarre, Valencia, Castille-León, Castille-La Manche, Andalousie, Murcie, Estrémadure, Galice, Asturies obtiennent un statut d’autonomie en 1981. Madrid, La Rioja et Cantabrie obtiennent leur statut en 1983. La Communauté autonome a été définie selon des critères historiques, culturels et linguistiques. Les critères géographiques, voire démographiques, n’ont pas été retenus comme critères pertinents de cette division communautaire. Ainsi, l’Espagne a des communautés qui peuvent être très disparates.
Le municipio (municipalité), la provincia (équivalent du département) et la comunidad autonoma (équivalent de la région) forment les trois échelons du découpage politico-territorial de l’Espagne actuelle. En vingt ans d’existence, le statut d’autonomie a accumulé de larges pouvoirs. Les gouvernements régionaux sont aujourd’hui responsables au minimum du logement, des services sociaux, de l’agriculture, de la culture et de l’urbanisme.
Bien que chaque « autonomie » ait désormais son président, son assemblée législative et son gouvernement, et, pour certaines, des institutions concernant les affaires administratives, civiles et pénales, un Tribunal supérieur de justice, les plus grands bénéficiaires des nouveaux arrangements sont les Basques et les Catalans, qui jouent, depuis 1993, un rôle important au Parlement de Madrid. Toutes les Communautés autonomes n’ont pas les mêmes domaines de compétences et pas la même influence sur les décisions nationales. La réforme du Sénat a abouti à le transformer en chambre de représentation des autonomies. L’organisation politique espagnole s’est rapprochée encore plus de celle des fédérations.
Le gouvernement et le Parlement, autonomes, ont autorité en matière d’éducation, de culture, de santé, de justice, de gestion économique.
Le gouvernement siège au Palacio de Ajuriaenea, à Vitoria. Le Parlement est situé rue Becerro Bengoa, à Vitoria également, et le Tribunal supérieur de justice est à Bilbao. Les trois territoires de l’autonomie ont eux-mêmes leur gouvernement. Le Pays Basque a aussi sa police autonome, la Ertzantza, en uniforme bleu et rouge et béret basque rouge.
Les Fueros sont le fruit du pacte de respect mutuel entre le roi et le royaume de Navarre, au Moyen Age. Cette charte civile, politique et économique propre à l’autogouvernement s’est maintenue tout au long de l’histoire. La Navarre est aujourd’hui une communauté forale, reconnue depuis 1982. Les Basques souhaitent, eux, former une grande communauté incluant la Navarre, qui jusque-là s’y oppose. Elle dispose d’une police forale, indépendante. Le gouvernement foral, à Pampelune, en plus des droits communs aux autres Communautés autonomes, dispose de tous les pouvoirs sur l’administration fiscale.
La Cantabrie est une Communauté autonome depuis 1981, qui dispose d’un Parlement et d’un gouvernement régional. Le Parlement compte 39 sièges ; il est basé à Santander.
La Communauté autonome des Asturies est une principauté qui a été reconnue par Juan Carlos dès son accession au trône. Le gouvernement est basé à Oviedo. Les Asturies sont le berceau de la monarchie espagnole, avec, pour premier roi, Pelayo, qui infligea la première défaite aux Maures lors de la bataille de Covadonga, en 719. Depuis, le souverain d’Espagne porte aussi le nom de prince des Asturies et la communauté.
Le Parlement galicien est élu au suffrage universel. Il se compose de 75 députés. Le gouvernement – la Xunta de Galicia – est formé d’un président et de 11 conseillers chargés des départements de l’administration publique, de l’économie, des travaux publics, de l’éducation, de la culture, des services sociaux, de l’industrie et du commerce, de la pêche et de l’agriculture, des relations institutionnelles, et du poste de porte-parole du gouvernement. Le Tribunal supérieur de justice de Galice traite les contentieux administratifs, sociaux, civils et pénaux.
Le Tribunal des comptes est l’organisme de gestion de l’administration autonome.
Le défenseur du peuple, qui dépend du Parlement autonome, défend les droits des citoyens galiciens. La Galice a un statut d’autonomie dit historique, expression qui souligne ses différences culturelles telles que langue et identité.
A la fin des années 1980, les difficultés économiques chroniques de l’Espagne conduisirent la Catalogne et le Pays Basque à entamer de rudes négociations avec le PSOE. Ces deux régions avaient un PIB bien supérieur à celui des autres régions et se plaignaient de trop participer à l’économie de la nation (suite au principe de redistribution régionale, les régions les plus riches donnent plus à l’Etat) et de n’en tirer aucune contrepartie. En effet, la majorité des budgets des autonomías sont dépensés à court terme, de façon clientéliste. Ainsi, depuis 1997, les régions fixent elles-mêmes les taux d’imposition sur une part de l’impôt sur le revenu, afin d’assurer le financement de leurs dépenses, et peuvent même créer leurs propres impôts, comme sur les grandes surfaces par exemple.
Le gouvernement central a, quant à lui, d’autres champs d’action. Les plus importantes missions concernent l’élaboration et la conduite de la politique intérieure et extérieure, l’administration civile et militaire et la défense de l’Etat, l’exercice du pouvoir exécutif et la réglementation conformément à la Constitution et aux lois, et, enfin, l’élaboration des budgets généraux de l’Etat.
Le pays est dirigé par le leader de la majorité parlementaire, appelé jefe del gobierno. Avec la victoire du PSOE aux élections du 14 mars 2004, José Luis Rodríguez Zapatero est devenu le chef du gouvernement pour une durée de quatre ans. Il a été réélu en 2008.
Durant le franquisme, seule la Phalange était tolérée. Toutes les autres organisations politiques étaient interdites et donc illégales. Dès 1976, la prohibition est levée et les partis politiques exilés ou clandestins sont légalisés tandis que d’autres se constituent. Aujourd’hui, les deux principaux sont le PSOE et le PP.
Le PP (Partido popular). Le Parti populaire s’appelait « Alliance populaire », parti héritier du franquisme dont le chef n’était autre que Manuel Fraga, ancien ministre du général Franco. Aujourd’hui, parti traditionnel de droite, conservateur et ancré sur la démocratie chrétienne, il est dirigé par Mariano Rajoy, successeur d’Aznar.
Le PSOE. Le Parti socialiste ouvrier espagnol, parti de l’opposition, a été fondé de manière clandestine à Madrid, le 2 mai 1879, à l’initiative d’un noyau d’intellectuels et d’ouvriers dirigé par Pablo Iglesias. De 1982 à 1996, Felipe González sera le leader du premier gouvernement socialiste. Depuis sa victoire aux élections législatives de 2004, le parti de José Luis Rodriguez Zapatero tient de nouveau les rênes du pouvoir, qu’il tire vers le progressisme et la social-démocratie.
Le PCE et Izquierda Unida. La coalition Izquierda Unida, ou rassemblement de la gauche, a été créée le 27 avril 1986, par le Parti communiste espagnol (PCE), la Fédération progressiste, le Parti des peuples d’Espagne, le Parti d’action socialiste, le Parti socialiste unifié de Catalogne, le Parti humaniste, le Parti carliste, la Gauche républicaine et de nombreux partis indépendants.
La fondation du Parti communiste espagnol remonte cependant à 1921, lorsque deux partis dissidents du PSOE décident de rejoindre l’Internationale communiste.
Los Verdes. Le Parti écologiste espagnol, fondé en 1984 à Malaga, plus communément appelé « Confédération des Verts », est le seul membre espagnol de la Fédération européenne des partis verts. Le parti a même réclamé des poursuites judiciaires contre le gouvernement de José Maria Aznar, à la suite du naufrage du Prestige, le tenant pour responsable.
Ce sont le Parti nationaliste galicien (BNG), le Parti nationaliste asturien (Unidá), le Parti régionaliste de Cantabrie (PRC), l’Union des peuples de Navarre (UPN) et le Parti nationaliste basque (PNV).
Ce dernier a été créé par Sabino de Arana et Goiri. Le parti se fonde sur Euskadi (autre nom de la Communauté autonome basque), territoire situé de part et d’autre des Pyrénées. Il considère l’euskara comme sa langue nationale et revendique la reconnaissance du peuple basque, le développement de leur culture et une modification de la Constitution. Le PNV ne soutient pas l’ETA.
Partis politiques du Pays Basque : EE (Euskadiko Eskerra), EA (Eusko Alkartasuna), EH (Euskal Herritarrok), PNV (Partido Nacionalista Vasco).
Les bandes du Jarrai (jeunes séparatistes) organisent la kale borroca (violence dans les rues).
Autres partis politiques : les autres Communautés autonomes se rapprochent pour beaucoup des tendances nationales.
ETA, ou Euskadi Ta Askatasuna (qui signifie « Pour la patrie et la liberté des Basques »), naît en 1959, sous la dictature du général Francisco Franco. La formation apparaît à ses débuts comme un mouvement estudiantin de résistance contre l’appareil franquiste. Rapidement, le groupe séparatiste basque, qui affirme représenter les aspirations indépendantistes de la région, adopte des principes plus radicaux : la défense de la langue basque l’euskera, la lutte ethnique, le sentiment antinational, l’indépendance des territoires. Le premier acte de terrorisme de l’ETA, une tentative de déraillement d’un train franquiste, remonte à 1961. L’escalade de la violence commence : en 1973, la terreur s’accentue avec l’assassinat de l’amiral Miguel Angel Blanco, haut membre du Parti populaire. Depuis 1968, le groupe séparatiste déclare être à l’origine de plus de 1 000 assassinats, une revendication qui n’a pourtant pas mené à sa suppression. L’ETA est toujours présent sur la scène politique. Les gouvernements successifs ne sont pas parvenus à un accord. Les années 1990 ont été marquées par la révélation d’un des plus grands scandales de la décennie, l’affaire du Grupo Antiterrorista de Liberacion (Groupe antiterroriste de libération, GAL, responsable de plusieurs dizaines de meurtres et d’actes de torture), dont les liens avec les plus hauts échelons du gouvernement espagnol ont été prouvés. Une grande partie de la population basque condamne aujourd’hui, de plus en plus ouvertement, les méthodes employées par les membres de l’ETA. Dans un contexte de lutte internationale intensive contre le terrorisme, l’ETA est désormais plus que jamais dans le collimateur des pouvoirs publics. Le parti indépendantiste basque Batasuna (parti d’extrême gauche) est déclaré, le 27 mars 2003, hors-la-loi par le Tribunal suprême espagnol, au motif d’avoir soutenu en sous-main l’ETA. Cette mesure draconienne n’est qu’un des éléments d’une politique répressive menée par le gouvernement Aznar, dans laquelle le dialogue entre dirigeants et séparatistes n’a plus sa place. Après l’arrestation de hauts d'ignitaires de l’ETA au Pays Basque français, grâce à la coopération policière transfrontalière, en octobre 2004, l’organisation est fortement déstabilisée. Le nombre des attentats est nettement en baisse et l’on ne compte aucun attentat mortel entre 2004 et 2005.
En mai 2005, les députés espagnols approuvent une proposition gouvernementale visant à ouvrir des pourparlers avec l’ETA, dans le cas où l’organisation séparatiste basque armée renoncerait à la violence. Le 21 novembre 2005, le plus grand procès contre l’ETA, faisant suite à l’enquête lancée en 1998 par le juge Baltasar Garzon, s’ouvre près de Madrid. Il vise 56 militants ou sympathisants présumés de l’ETA, qui risquent entre 10 et 51 ans de prison.
Début 2006, le gouvernement espagnol reprend le dialogue avec le mouvement séparatiste basque, ce qui aboutit à un accord historique entre les deux parties : une trêve est signée en mars 2006. Le 30 décembre 2006, l’ETA donne un coup de canif dans le contrat et revendique un attentat mortel : un véhicule piégé cause la mort de deux Equatoriens sur le parking de l’aéroport de Madrid. Depuis mai 2003, l’ETA n’avait pas commis d’attentat meurtrier. En réaction à l’attentat du parking, le gouvernement de Zapatero déclare le processus de paix rompu. Pour montrer son mécontentement, le peuple espagnol défile, le 13 janvier 2007, en brandissant des banderoles pour « la paix, la liberté, la vie et contre le terrorisme ».
Le processus de paix prenant officiellement fin le 5 juin 2007, Zapatero repense sa politique antiterroriste et entend bien faire de la sécurité au Pays Basque sa priorité. S’ensuit, en novembre 2007, le lancement d’un mandat d’arrêt contre 46 membres d’organisations indépendantistes basques présumés proches de l’ETA. Malheureusement, en décembre 2007, Raul Centeno, garde civil espagnol, premier tué depuis la fin de la trêve, vient s’ajouter aux quelque 800 personnes décédées depuis 1968 et le début de la lutte organisée pour l’indépendance du Pays Basque. En 2008, Zapatero réélu, ETA poursuit sa lutte. De nombreux attentats ont été revendiqués au cours de l’année. La trêve est oubliée. Entre 2008 et 2010, ETA est décapitée cinq fois et des dizaines d'activistes sont emprisonnés.