ZOMBIE
Boeing Business Jet BBJ 3-A
Vitesse de croisière : Mach 2 (2100 km/h)
Plafond : 41000 ft (12500 m)
Autonomie : 13800 km
Distance au décollage : 1200 m
Distance à l’atterrissage : 800 m
Dimensions hors tout : longueur 32,4 m, hauteur 10,7 m, envergure 34,3 m, surface alaire 1111,3 m2
Surface passagers utile : 78,6 m2
Nombre de places : jusqu’à 50
Équipement intérieur : selon client (toutes options possibles, voir catalogue)
Motorisation : 2 turboréacteurs à double flux et post-combustion General Electric/Cathay Dynamics CFM 72-8 de 400 kN de poussée chacun
Constructeur : Boeing (@ Resourcing)
Mise en service : juin 2018
Rudy observe longuement Fuller qui a blêmi, transpiré, dont les yeux se sont écarquillés et la bouche a béé de terreur, sans pour autant lâcher le masque-hyène. Maintenant, son regard est rivé aux yeux ronds cernés de jaune du faciès bestial, comme hypnotisé par ces trous noirs sans fond, tourbillonnant vers il ne sait quels abysses infernaux. Rudy aimerait bien posséder ne serait-ce qu’une parcelle du don de voyance d’Abou, afin de savoir ce qui se passe vraiment entre Fuller et ce morceau de bois sculpté. Hadé ne lui a fourni aucune instruction précise : Fuller doit-il porter ce masque ? Si oui, à quel moment ? Combien de temps ? Le masque agit-il aussi à distance ? Ou bien sa « victime » ne doit-elle jamais le lâcher ? C’est là où réside la plus grande part d’incertitude de son plan : Rudy veut emmener Fuller au Burkina par son vol de retour Nassau-Dakar- Bamako prévu pour après-demain matin. Comment faire, si Fuller doit tenir ou porter ce masque en permanence ? Ou s’il est hypnotisé au point de s’avérer incapable de répondre à des questions simples ? Ou si, au contraire, l’envoûtement ne dure qu’un temps et qu’il recouvre trop tôt sa lucidité ?
Rudy décide de faire un essai à tout hasard :
— Monsieur Fuller, vous m’entendez ?
Celui-ci hoche lentement la tête, sans détourner son regard.
— Coiffez ce masque à présent. Plaquez-le sur votre visage.
Anthony obéit, à gestes lents, hésitants. Rudy fixe sur sa nuque la bride de cuir craquelé qui maintient le masque en place. Il opère avec des gestes prudents afin d’éviter de le toucher. Puis il s’écarte pour jauger l’effet produit.
Durant un moment il ne se passe rien : Fuller a juste l’air grotesque avec cette figure de bois peint sur sa tête, ces gros yeux ronds, ces crocs saillants, cette crinière hérissée comme un balai-brosse… Soudain Anthony pousse un long cri d’horreur, porte les mains au masque comme s’il essayait vainement de l’arracher. Il râle de souffrance, se tord en tous sens, roule sur le tapis. Rudy se précipite sur lui, tente de défaire la bride, n’y arrive pas tant Fuller s’agite, finit par l’arracher. Le masque tombe au sol.
Les traits d’Anthony forment un masque aussi – de pure panique. Livide, les yeux exorbités, les lèvres tremblantes, la joue en sang. Rudy étudie la plaie : il y distingue nettement des stigmates, deux trous ensanglantés.
Retournant le masque du bout du pied, il examine l’intérieur : que du bois normal, plus ou moins poli ; ni clous ni bouts de ferraille qui dépassent. D’où vient cette blessure ?
— Monsieur Fuller, vous pouvez vous lever ?
Ce dernier gît toujours sur le tapis qu’il tache de son sang, tête basse, hébété. Rudy le soulève, le conduit à la salle de bains, lave la plaie avec un gant. Fuller se laisse faire, comme en catatonie. Rudy trouve une trousse de premiers secours, pulvérise un spray cicatrisant sur la blessure, y colle un pansement puis ramène Anthony dans la chambre.
Porter le masque en permanence n’est pas une chose à faire, convient Rudy. Et ne pas le porter du tout ? Le ranger dans ses bagages ? Est-ce que ça suffirait ?
Il sort une valise de la penderie, la pose au milieu de la chambre, cherche quelque chose pour emballer le masque et le fourrer dedans. Une serviette devrait faire l’affaire… Il retourne en chercher une dans la salle de bains. Assis au bord du lit, Anthony le regarde s’activer, d’abord inexpressif, mais peu à peu ses traits se teintent d’une forme d’interrogation.
— Que… que se passe-t-il ? marmonne-t-il.
Accroupi près du masque abandonné sur le tapis, essayant de l’emballer dans la serviette sans le toucher, Rudy lève les yeux sur Anthony dont les paupières papillotent.
— Rien, Fuller. Tenez, prenez ce masque. Il est à vous.
Rudy ramasse le masque-hyène à l’aide de la serviette et le lui tend. Fuller s’en saisit – ses pupilles s’écarquillent de nouveau : il retombe dans sa transe.
Sa remote de poignet se met à biper à plusieurs reprises. Il ne réagit pas. Bon signe, se dit Rudy. Il est à ma merci. Puis c’est au tour de l’intercom de la chambre de se manifester par une petite mélodie. Rudy décroche sans allumer l’écran.
— Oui ?… Non, monsieur Fuller est souffrant, il ne peut prendre la communication. … Je suis son médecin personnel. … Si, assez grave… Non, ça va, j’ai tout ce qu’il faut. … Non, il ne veut voir personne. … Voilà, oui, merci de les prévenir. … Oui, merci.
Rudy coupe. Évidemment, Fuller connaît plein de monde ici, s’inquiète-t-il. Il devra garder la chambre jusqu’au moment du départ. Ça va être long ! Si on pouvait partir plus tôt…
— Fuller, vous m’entendez toujours ?
— Oui.
— Où est votre billet d’avion ?
— J’ai mon avion personnel.
Mazette ! Monsieur ne se refuse rien ! Lors du voyage aller, Rudy a étudié le dossier sur le forum que Fatimata avait reçu avec les billets, et tout particulièrement la fiche Resourcing : il se souvient que dans la liste longue comme le bras de ses filiales figurait Boeing, ancien fleuron de l’aéronautique américaine. Fuller ne possède pas qu’un avion, il détient une compagnie entière. En tout cas, ça va grandement faciliter les choses : Rudy peut repartir avec son otage tout de suite, éviter la longueur et les dangers de l’attente ainsi que maints désagréments aux douanes et aéroports… Si l’avion est un long-courrier, ils peuvent même atterrir directement à Ouagadougou, sans passer par Dakar et Bamako.
— Je suppose que ce n’est pas vous-même qui le pilotez. Vous avez un numéro où joindre le pilote ?
Fuller le lui donne. Rudy se sert de l’intercom de la chambre pour l’appeler. En goguette avec le copilote dans les casinos et salles de jeux d’Atlantis, il se montre fort étonné de ce retour d’urgence : le départ était normalement prévu pour le lendemain en fin d’après-midi… Rudy lui refait le coup du médecin personnel et de la maladie grave, mais le pilote n’y croit qu’à moitié. Il exige de parler à Fuller personnellement.
— Bon, je vous le passe, concède Rudy. Mais ne vous étonnez pas s’il paraît dans le cirage. (Il coupe le son et l’image, s’adresse à Anthony :) Je vous passe votre pilote. Tout ce que vous avez à lui dire, c’est : « Je me sens très mal et j’ai décidé de rentrer d’urgence. Soyez prêt dans une heure. » Vous avez compris ?
Fuller acquiesce d’un signe de tête. Non sans appréhension, Rudy réactive l’intercom, le lui tend. D’une voix monocorde, il répète la phrase mot pour mot. Mais c’est davantage son air hagard que ses paroles qui convainc le pilote.
— En effet, il ne va pas bien du tout, admet-il quand Rudy le reprend. Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ?
— Une crise d’épilepsie aggravée. Sa tension est extrêmement élevée, je crains une rupture d’anévrisme. C’est pourquoi je préconise ce rapatriement d’urgence.
— Nous serons prêts, monsieur. Rendez-vous à l’aéroport dans une heure.
Biien ! exulte Rudy en reposant l’intercom. Il se tourne vers Anthony qui n’a pas bougé.
— Habillez-vous, Fuller. Nous partons en voyage.
Il jette sur le lit des vêtements tirés de sa garde-robe. Tandis qu’Anthony s’habille avec des gestes lents et machinaux, Rudy boucle rapidement ses valises. À la réception de l’hôtel, l’attitude de zombie de Fuller constitue la meilleure des explications : bien sûr, monsieur, nous comprenons parfaitement, tout est réglé ne vous inquiétez pas, bon retour et bon rétablissement à monsieur Fuller…
Il ne leur faut qu’un quart d’heure pour gagner l’aéroport en taxi, sous un vent encore très fort et une pluie diluvienne, sur une route partiellement inondée, jonchée de branches et de débris. Le chauffeur est un habitué, il slalome sans se formaliser parmi les dévastations, dans la tempête post-cyclone. À l’aéroport, Rudy apprend que tous les vols sont annulés jusqu’au lendemain matin. On ne rigole pas avec la sécurité des VIP : même une traîne de cyclone peut être dangereuse. Rudy répète l’histoire de la maladie grave et du rapatriement d’urgence ; on en réfère aux supérieurs hiérarchiques, l’affaire remonte jusqu’au directeur de l’aéroport, rentré chez lui dans l’enclave, qui refuse de s’engager :
— Si monsieur Fuller nous signe une décharge stipulant qu’il décolle à ses risques et périls et sous son entière responsabilité, nous le laisserons partir. Tant pis pour lui s’il s’abîme en mer, il est prévenu des risques. Est-ce bien clair ?
Rudy acquiesce, on rédige la décharge. Il est en train de la faire signer par Fuller quand le pilote et le copilote se pointent à l’aéroport. Ce sont deux solides Texans coiffés de Stetson, américains jusqu’au bout des ongles. Ils saluent leur patron, qui ne leur répond pas.
— Ça va, boss ? Vous tiendrez le coup ? s’enquiert le pilote.
Fuller acquiesce d’un bref signe de tête, les yeux fixés sur son masque.
— Pourquoi ne lâche-t-il pas ce truc ? demande le copilote à Rudy.
— C’est fréquent dans les cas d’épilepsie aggravée comme le sien, explique celui-ci d’un ton doctoral. On s’accroche à la vie comme on le peut : n’importe quel objet fait office de bouée de sauvetage, pour ainsi dire. Si vous lui retirez, il peut tomber raide sur le carrelage…
— Ah ouais ? J’ai jamais vu ça, doute le copilote.
— Tu sais, avec tous ces médics qu’il avale, ça m’étonne pas qu’il ait fini par péter une pile, confie à mi-voix le pilote à son collègue.
Rudy enregistre l’information et saisit la balle au bond :
— Précisément. C’est à cause de ces… doses excessives de médicaments qu’il risque la rupture d’anévrisme. Bon, vous êtes prêts, les gars ?
— Autant qu’on peut l’être, affirme le copilote.
— Avec cette tempête, ça va pas être de la tarte, suppute le pilote. Mais on en a vu d’autres, hein Hank ?
— Sûr, Bill. On a l’autorisation de décoller, au moins ?
Hank se tourne vers le chef aiguilleur, qui attend la décharge que Fuller vient de signer. Rudy la lui donne.
— Maintenant, vous l’avez. À vos risques et périls, précise-t-il.
Ils franchissent les douanes et contrôles déserts à cette heure avancée de la nuit, traversent à pied le tarmac battu par la pluie jusqu’au pad où est garé l’avion de Fuller, un Boeing Business Jet 3-A à l’empennage vert printemps, portant le logo Resourcing en immenses lettres émeraude sur ses flancs.
L’intérieur est d’un luxe inouï : tables en teck, profonds fauteuils en cuir, une cuisine en marbre et cuivre, une chambre à coucher aux tapis de cachemire assortie d’une salle de bains, un équipement domotique complet, avec écran holo géant et système ambionique, un poste de travail muni de toute la connectique imaginable et d’un Quantum Physics tactile haut de gamme… Tandis que pilote et copilote procèdent au check-up de l’avion – tout est O.K., tous les contrôles sont verts, les réservoirs aux trois quarts pleins –, Rudy réfléchit intensément : sans arme, comment obliger Hank et Bill à mettre le cap sur le Burkina ?
L’idée lui vient tandis que l’appareil gagne la piste de décollage et commence à accélérer : au début du siècle, des pirates islamiques n’avaient-ils pas détourné quatre avions de ligne américains et obligé deux d’entre eux à s’écraser sur les tours du World Trade Center, armés seulement de couteaux et de cutters ? Il va sûrement en trouver à la cuisine. En fait, il possède bien une arme… du moins si les pilotes tiennent à leur patron.
Le Boeing décolle puissamment en rugissant, ses réacteurs à plein régime, et grimpe en large vrille vers son altitude de croisière, fortement secoué par les turbulences. Les pilotes, chevronnés, jouent habilement avec les courants violents que traîne le cyclone dans son sillage. Malgré tout, Rudy est bousculé, trébuche, s’accroche, peine à gagner la cuisine et à fouiller parmi les ustensiles, tous bien arrimés. Il déniche un couteau à découper la viande, long, fin et très tranchant. Il le cache sous son blouson et revient auprès de Fuller affalé dans un fauteuil du salon, le masque sur ses genoux.
Rudy attend que l’avion ait atteint son plafond de vol, loin au-dessus des turbulences, puis ordonne à Fuller :
— Remettez le masque.
Celui-ci secoue sa torpeur, lui jette un regard affolé.
— Non… Je… J’ai peur.
— J’ai dit remettez le masque !
Anthony le porte à son visage d’une main tremblante. Avec son couteau, Rudy coupe une ceinture de sécurité, la sangle autour du masque, la noue dans la nuque du p.-d.g. – qui se met à hurler de nouveau, se tordre par terre et griffer le tapis de ses doigts crochus.
Le copilote se pointe, alarmé.
— Que se passe-t-il ?
— Il se passe que votre patron est ensorcelé par ce masque africain qu’il a sur la figure. Donc c’est pas à Kansas City que nous allons, mais à Ouagadougou, au Burkina-Faso. Il n’y a que là-bas que l’on pourra le désenvoûter.
Hank fronce les sourcils.
— C’est quoi cette histoire ?
— C’est une histoire vraie, Hank. Et il y a urgence. Retournez dans le cockpit dire à votre collègue qu’on change de cap.
— Vous êtes malade ! Je me doutais bien, à votre gueule, que vous n’étiez pas médecin. Faut lui enlever ça !
Hank se penche sur Fuller qui se tortille au sol en émettant des râles rauques. Un filet de sang s’insinue dans son cou, par-dessous le masque. Rudy bondit sur Hank, lui tire la tête en arrière, appuie le couteau sur sa jugulaire.
— On obéit, Hank, et fissa, sinon je vous saigne tous les deux et on plonge dans l’océan. Choisis vite, mec.
— O.K., O.K., fait Hank d’une voix étranglée.
Le poussant devant lui, Rudy le ramène dans la cabine de pilotage.
— Alors, c’est quoi ces cris de cochon qu’on égor–
Bill s’interrompt, bouche bée, voyant son copilote plaqué contre Rudy, une longue lame en travers de la gorge. Rudy lui répète ce qu’il a dit à Hank.
— Regagne ta place, intime-t-il au copilote. Et pas d’entourloupe, vous deux : je reste ici et vous surveille. Si je vous entends dire quelque chose de pas clair dans vos micros ou si je sens que l’avion change de cap, parole, je vous tue. J’ai rien à perdre et vous avez tout à gagner. Pigé ?
Les deux cow-boys se tassent dans leurs sièges : ils n’ont jamais vécu une situation pareille. Piloter un avion privé, c’est relativement peinard… On n’est soumis qu’aux caprices du patron.
— Il faut quand même qu’on notifie le changement de cap, et qu’on avertisse l’aéroport de… comment vous avez dit ? ose timidement Hank.
— Vous notifiez rien du tout ! Fuller n’est pas le président des États-Unis, on va pas vous envoyer des chasseurs au cul. Pour l’aéroport, O.K., c’est normal. Ouagadougou, au Burkina-Faso. C’est en Afrique. Vous captez ?
— En Afrique ? s’inquiète Bill. Je suis pas sûr qu’on aura assez de carburant…
— Je vous ai entendus checker l’avion tout à l’heure : les réservoirs sont pleins aux trois quarts.
— Justement…
— Bill, réplique Rudy avec une patience contenue. Il y a tout ce qu’il faut pour se connecter, là à côté. Je vais sur le site de Boeing, je demande BBJ 3-A et j’ai toutes les caractéristiques de l’avion, dont la capacité des réservoirs, sa consommation et son autonomie. Tu veux me raconter des salades ?
— O.K., soupire Hank. On a dix mille kilomètres d’autonomie.
— Ça suffira largement. Alors, t’appelles Ouagadougou ?
Hank s’exécute. Pas de réponse. Réitère. Silence.
— L’aéroport ne répond pas, informe-t-il sur un ton d’espoir.
— Essaie encore.
« Aéroport de Ouagadougou, BF. Identifiez-vous. »
— Ah, tu vois, sourit Rudy.
— Vol privé 107-4, BBJ 3-A, en provenance de Nassau, Bahamas. On sollicite un atterrissage non prévu dans… environ quatre heures.
« Vous ne pouvez pas atterrir à Ouagadougou. »
— Pourquoi ?
« Parce que… l’aéroport est fermé. »
— Pour quelle raison ?
Un silence. Puis une autre voix, sèche, autoritaire :
« Qui êtes-vous ? Pourquoi voulez-vous atterrir à Ouagadougou ? »
Hank se tourne vers Rudy, alarmé.
— Je lui réponds quoi ?
— Dis-lui qu’il n’a pas à le savoir, le numéro du vol lui suffit, qu’il faut une putain de bonne raison pour fermer un aéroport international, et que s’il ne fournit pas cette raison on va en référer à l’IATA, et ça va chauffer pour son grade.
Hank répète les paroles de Rudy. Ça ne produit pas l’effet escompté :
« Si vous atterrissez ici, vous serez accueillis à coups de canon. Terminé. »
Ça c’est la meilleure, s’inquiète Rudy. Qu’est-ce qui se passe au Burkina ?
Il retourne au salon, relève brutalement Fuller qui vagit sur la moquette, lui arrache son masque. Il tressaille à ce contact : durant le bref instant qu’il le tient, il ressent à la fois un profond dégoût (comme s’il empoignait une charogne répugnante), une puanteur associée (toute psychologique) et surtout un effroi sans nom ni motif, une peur primitive issue du fond des âges… Rude expérience pour Fuller, convient-il. Mais il l’a bien méritée.
Le bas de son visage est en sang. De nouveaux stigmates sont apparus sur son menton, son nez, ses lèvres, qui ressemblent étrangement à… des morsures.
Cependant Rudy est trop en colère pour se laisser impressionner. Il empoigne Anthony par le col de sa chemise, lui crie à la figure :
— Qu’est-ce t’as fait au Burkina, Fuller ? Qu’est-ce qui se passe là-bas ?
— Un… coup d’État… mâchonne-t-il entre ses lèvres déchirées.
— Enculé !
Rudy lui assène un coup de poing furieux sur la tempe, qui étale Anthony sur un canapé. Il se rue de nouveau dans le cockpit.
— Hank ! Tu rappelles Ouaga. Tu dis à ces enfoirés que Fuller est dans l’avion. S’ils veulent garder leur commanditaire vivant, ils ont intérêt à ranger leurs canons et à dérouler le tapis rouge.