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La température la plus élevée du globe, relevée le 8 octobre dans le désert du Rub’ al’ Khali (Arabie Saoudite) a été de : • 61 °C • 70 °C • 78 °C

Les îles Tuvalu (Indonésie) ont été noyées sous les eaux du Pacifique en : • 2002 • 2010 • 2020

Depuis l’an 2000, les températures moyennes ont globalement augmenté de : • 2 °C • 5 °C • 12 °C

Les vents les plus violents qui ont traversé l’Europe de l’Ouest lors des tempêtes d’octobre ont atteint :

• 150 km/h • 240 km/h • 360 km/h

Le Gulf Stream a totalement disparu de l’Atlantique nord en : • 2013 • 2021 • 2027

De : Laurie Prigent <laurie35@maya.fr>

À : Fatimata Konaté <f.konate@gov.bf>

Date : 12/11/2030 - 16.32 GMT

Niveau de sécurité : confidentiel

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Chère Mme Konaté,

Tout d’abord, permettez-moi de vous dire combien je suis honorée de recevoir un e-mail de la présidente du Burkina-Faso en personne, surtout aussi sympathique.

Ensuite, veuillez m’excuser de ne pas avoir répondu plus tôt, mais j’ai éprouvé quelques difficultés à préparer la mission. SOS a peiné à réunir le matériel de forage adéquat et de mon côté j’ai eu du mal à recruter un chauffeur. Personne ici n’ose « prendre le risque » de descendre au Burkina, ni même de franchir le limes transméditerranéen, au-delà duquel on considère que c’est l’enfer. Bref, j’ai fini par dénicher un volontaire en Allemagne. Je dois le rencontrer après-demain à Strasbourg, bien qu’à première vue il ne soit pas le pilote chevronné, arpenteur du désert, que vous me préconisiez d’embaucher. Mais je ne peux faire la fine bouche… à moins de retarder encore mon départ, or j’ai cru comprendre qu’il y avait urgence.

Si tout va bien, nous devrions partir dans trois jours et mettre environ une semaine à descendre. J’ignore encore quelle route nous allons emprunter, nous mettrons ça au point avec le chauffeur. J’espère seulement que le désert, la soif, les pannes et les pirates nous épargneront…

Par ailleurs, j’ai contacté votre fils Moussa et j’ai tenté, comme vous me l’aviez demandé, de le convaincre de se joindre au convoi. En vain, je dois l’avouer. Il n’a guère envie de retourner au Burkina, même s’il est incommodé en Allemagne par le froid, la pluie et le racisme rampant. En outre, la perspective d’effectuer tout ce trajet en camion l’a carrément effrayé. Si je puis oser une remarque, votre fils semble avoir bien adopté la mentalité « cocon » européenne… Il vous faudra trouver une autre solution, car ni moi ni le chauffeur ne sommes spécialistes en forages et irrigation (toutefois, d’après son CV, le chauffeur a été horticulteur). À défaut de matériel, les compétences en ce domaine ne doivent pas manquer dans votre pays…

Je vous contacterai sur la route, autant que possible, pour vous informer de notre progression. Voici mes coordonnées, où vous pouvez me joindre à tout moment, du moins en Europe (j’ignore si mon téléphone fonctionne en Afrique).

À très bientôt donc,

Laurie Prigent

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Avec MAYA, dites NON aux télédrogues !

De : Moussa Diallo-Konaté <moussadk@TechUni.edu>

À : Fatimata Konaté <f.konate@gov.bf>

Date : 13/11/2030 - 22.41 GMT

Niveau de sécurité : privé

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Maman,

Après avoir mûrement réfléchi, j’ai pris la décision de rentrer au pays. C’est une décision qui me coûte car, d’une part je suis en bonne voie de décrocher l’an prochain mon diplôme d’ingénieur hydrologue, d’autre part j’ai ici plusieurs ami(e)s, dont surtout une petite amie (Gudrun, je t’en ai déjà parlé) qui évidemment ne va pas me suivre, et je risque de ne jamais la revoir…

Tu me diras, ces petits soucis personnels ne sont rien devant la détresse de millions de Burkinabés. Je suis parvenu à la même conclusion, c’est pourquoi j’ai décidé de revenir chez nous. (Ce n’est pas la jolie blonde que tu as chargée de m’aguicher qui m’a convaincu.) Je comprends que tu aies besoin de toutes les têtes et bras valides, or il ne doit plus en rester beaucoup au Burkina, vu la situation que tu m’as décrite. Je devine aussi ton désir de resserrer les liens familiaux et de te sentir épaulée dans cette âpre lutte contre un climat de plus en plus hostile (78 °C relevés le mois dernier dans le Rub’ Al’ Khali, tu peux imaginer ça ?). Je vais donc sacrifier ma carrière en Europe et une union potentielle avec une belle et riche Berlinoise pour aller creuser le sable de Kongoussi et tâcher d’en extraire au mieux cette eau. Tu mesures, j’espère, à quel point ce choix est important pour moi, vu qu’il engage mon avenir. Il n’est pas du tout certain que je puisse revenir étudier à la Technische Universität une fois le chantier terminé, car les lois d’immigration européennes deviennent chaque année plus draconiennes. Aussi je compte sur toi pour m’aider en retour à m’installer au Burkina.

Enfin, de grâce, cesse de la jouer misérabiliste, style « on est un pays pauvre, on se débrouille avec 10 CFA par jour ». Il est hors de question que je me tape le voyage dans un foutu camion. Je suis le fils de la présidente d’un pays qui siège à l’ONU et à l’UA, membre d’un tas d’organisations internationales, cité en exemple dans toute l’Afrique et même en Occident, et ce pays a quand même les moyens de me payer l’avion. Sinon, c’est clair, je ne viens pas. J’attends donc que tu m’envoies un billet.

Je t’embrasse affectueusement,

ton fils Moussa

De : Anthony Fuller <resourcing.hq@GreenLinks.com>

À : Fatimata Konaté <f.konate@gov.bf>

CC : Samuel Grabber <sg@grabber.com>

Date : 14/11/2030 - 13.40 GMT

Niveau de sécurité : officiel

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Madame,

Nous accusons réception de votre courrier du 03/11, transmis par voie diplomatique. Dans ce courrier, vous nous proposez de nous rendre au Burkina-Faso à une date à notre convenance, afin d’examiner la situation sur le terrain et de négocier directement sur le « partage » de la nappe phréatique de Bam.

Je suis au regret, Madame, de décliner votre invitation. Ma charge de p.-d.g. de Resourcing ww occupe tout mon temps et m’oblige à rentabiliser mes déplacements. Or je ne vois pas ce qu’une visite de terrain pourrait m’apporter de plus, mes services m’ayant déjà communiqué toutes informations utiles sur cette nappe phréatique.

Par ailleurs, nous vous avons déjà fait savoir qu’il n’y a sur cette question ni négociations ni « partage » possibles. Les lois du commerce mondial ainsi que vos propres lois donnent pour acquis que cette nappe appartient à Resourcing, ce que le Tribunal de commerce international ne manquera pas de confirmer.

Il apparaît donc que vous persistez dans l’erreur et l’illégalité, et ne respectez pas vos propres lois. Cette attitude despotique sera prise en compte au TCI, en tant que charge contre vous. Il vous est encore possible de changer d’avis et de nous transmettre un titre de propriété officiel en bonne et due forme, auquel cas nous retirerons notre plainte. Mais le temps presse, car la procédure est désormais engagée.

Salutations,

Anthony Fuller,

président-directeur général de Resourcing ww