HOLOCAUSTE

Groupe Resourcing

  65,4   -9,8   ➘

• GeoWatch

  53,2   -20,9   ➘

• Boeing

  76,4   -12,4   ➘

• Universal Seed

  103,5   0,0   ➙

• BioGen Labs

  21,6   +0,3   ➚

• AirPlus

  76,4   -9,0   ➘

• Flood

  34,7   -24,3   ➘

• One World

  21,8   -7,9   ➘

• Deep

  13,2   -8,5   ➘

• Green

  87,7   -5,6   ➘

Une catastrophe. Un naufrage, un raz-de-marée, un cataclysme. Fuller n’a jamais vu ça, n’est jamais tombé si bas. Dans l’hélico qui l’emmène à son bureau de la Resourcing Head Tower, à Kansas City, Anthony a consulté sur sa remote Nokia de poignet les cours boursiers de ses diverses filiales. Il n’aurait pas dû. À part Universal Seed qui se maintient et BioGen Labs qui, grâce à l’affaire de l’anthrax OGM, voit sa cote remonter légèrement, toutes les autres plongent dans le rouge. Certes, le marché est morose, le Dow Jones et le Nasdaq sont déprimés : Resourcing n’échappe pas à ce reflux général, dû pour une bonne part aux émeutes sanglantes qui éclatent dans maintes grandes villes depuis l’attentat de la Divine Légion à New Orleans, et qui confèrent aux États-Unis l’image inquiétante – très nuisible aux affaires – d’un pays au bord de l’implosion. Mais Resourcing est aussi victime de sa propre image de loser : tout le monde sait que Fuller a perdu son procès contre le Burkina-Faso, que l’un des plus grands consortiums ww américains a plié l’échine devant un petit État africain inscrit sur la liste des Pays les plus pauvres… Ne manquerait plus que coure la rumeur de l’adhésion de Pamela à la Divine Légion ! Ce serait le coup de grâce. Rien que d’y songer rend Anthony fébrile. Il résiste malgré tout au besoin impérieux d’avaler un Dexomyl ou un Calmoxan : Castoriadis lui a juré sur la tête de Jung que s’il continuait comme ça, son cœur, ses nerfs ou son cerveau le lâcheraient sous peu.

— Et ces vacances que je vous ai recommandées ? Vous les avez prises ? lui a demandé son psy en tripotant son stylo phallique.

Même neutralisé par l’écran du visiophone et ses verres teintés, son regard était assez incisif pour dissuader Fuller de mentir.

— J’y songe, docteur, a-t-il répondu assez piteusement. Cependant, mes affaires me…

— Votre seule et unique affaire, l’a coupé Castoriadis, est de rester en vie. Et sain d’esprit, si possible. Tout le reste est secondaire. Partez en vacances, monsieur Fuller. Je vous l’ordonne.

— Très bien, docteur, je vais m’en occuper. Pour mon ordonnance…

— C’est non.

— Pardon ?

— Non, monsieur Fuller. Je ne vous renouvelle pas votre provision de drogues. Je ne veux pas être l’instrument de votre suicide à petit feu.

Anthony a eu la présence d’esprit – ou la fierté – de ne pas supplier son psy comme un junkie en manque. Il a préféré lui raccrocher au nez. Mais Castoriadis a raison, il a impérativement besoin de vacances. Or comment tout laisser en plan, quand Resourcing est au plus bas et que sa femme adhère à une secte de terroristes fanatiques ?

Le pire, dans ce demi-sevrage qu’il s’est imposé, ce sont ses hallucinations : elles s’amplifient. À tout moment, il peut entendre parler son fils mort, apercevoir sa silhouette dégingandée au coin d’un couloir, sentir son haleine fétide ou le contact de ses mains moites sur son cou quand il dort – ce qui le réveille en sursaut, le cœur battant la chamade. Le cauchemar s’évacue sous la forme d’un courant d’air qui se glisse sous la porte, d’une ombre qui s’estompe sur le mur, d’une silhouette évanescente qui se fond parmi les reflets de la glace de l’armoire… Dans ces cas-là, un somnifère s’impose, sans quoi il ne peut se rendormir. Résultat, le lendemain il est dans le cirage : le Neuroprofen ne parvient qu’à grand-peine à lui reconnecter les neurones. Comment piloter efficacement le paquebot Resourcing dans ces conditions ?

Fuller passe de moins en moins de temps à la maison – c’est là que ses hallus traumatisantes se produisent le plus souvent –, mais, ce faisant, il craint de laisser le champ libre à Pamela et ses cinglés. Bon sang, s’ils se mettent à fomenter des attentats chez lui ? Rien qu’y voir traîner leur propagande immonde le rend malade. Il a connecté sa Nokia au système de surveillance de la villa, mais il songe rarement à la consulter, et jouer les espions le dérange : ça lui rappelle trop Bournemouth matant ses ébats avec Tabitha… Il n’a pas vu grand-chose jusqu’à présent : Pamela bouquinant les torchons ou visionnant les vidéos infâmes de la Divine Légion, priant (elle prie beaucoup) ou – plus curieux – parlant à Tony Junior avec une déférence qu’elle n’avait jamais eue jusqu’à présent. Une fois, il l’a même vue agenouillée devant lui, les mains jointes ! Malheureusement, même en poussant le son au maxi, Anthony n’a pu comprendre ce qu’elle lui marmonnait. Un autre jour, Pamela a reçu son amant – du moins le suppose-t-il, car rien dans leur attitude n’a laissé croire qu’ils couchent ensemble. Elle l’appelle frère Ézéchiel et lui sœur Salomé. Ils ont surtout parlé de la visite de Moses Callaghan samedi prochain (quelle horreur, bon sang !). Quand ils ont abordé la question de Tony Junior, ils se sont mis hors champ, comme s’ils soupçonnaient qu’Anthony les surveillait… Malgré tout, il a une image à peu près nette de ce jeune merdeux. S’il est vraiment avocat, sa carrière est finie.

— Monsieur, intervient le pilote de l’hélico, tenez-vous vraiment à vous rendre à votre bureau aujourd’hui ?

— Bien sûr, j’y ai des rendez-vous. Pourquoi cette question ?

— Je crains que l’atterrissage ne soit difficile. Si Monsieur veut bien se rendre compte par lui-même…

Le pilote fait virer l’hélico de quatre-vingt-dix degrés afin que Fuller puisse voir, à travers le large hublot de sa place de passager, vers quoi ils se dirigent.

Kansas City est en feu.

L’immense cité qui s’étend sur la plaine est la proie de dizaines d’incendies, dont les lourdes fumées noires forment une chape de ténèbres tourbillonnantes. De place en place, un immeuble s’effondre dans une énorme gerbe de brandons et d’étincelles. Les grandes tours du quartier des affaires, autour de la State Line, émergent de cet enfer encore intactes en apparence, leurs sommets enfouis dans la fumée. Plus près, la K10 Highway que survole l’hélico, d’ordinaire plutôt fluide sinon quasi vide, est remplie d’un immense bouchon de voitures fuyant l’holocauste ; bouchon qui semble être attaqué par les outers car des coups de feu en émanent, et Fuller aperçoit de minuscules silhouettes qui courent en tous sens. En revanche, les voies se dirigeant vers KC ne sont empruntées que par des véhicules de secours et militaires.

Le pilote reprend vite son cap, car de nombreux autres appareils – avions, drones ou hélicos – convergent vers la ville en feu ou s’en éloignent.

— Qu’est-ce qui se passe encore, nom de Dieu ? s’écrie Fuller.

— Monsieur n’est pas au courant ? s’étonne le pilote. Les émeutes… Vous savez, suite à l’attentat de New Orleans, tous les Noirs se sont…

— Oui, je sais, le coupe Anthony d’un ton agacé.

— Les autorités militaires recommandent fortement à tous les appareils civils de faire demi-tour. Dois-je obéir ?

— Certainement pas ! Dites-leur que vous avez le p.-d.g. de Resourcing à bord, que mon bureau est là-bas dans ce merdier, et que je dois y aller !

— Mais, monsieur, je crains que vos rendez-vous ne soient compromis…

— C’est pas vos oignons ! Vous êtes payé pour piloter, donc vous pilotez ! C’est clair ?

— Bien, monsieur.

Le pilote a le plus grand mal à maintenir l’assiette et la stabilité de l’hélico au-dessus de la fournaise des rues incendiées, avec une visibilité nulle dans les épais torons de fumée. Il réussit néanmoins, au prix d’acrobaties dont il n’aurait pas cru capable son petit appareil, à le poser au sommet de la Resourcing Head Tower, presque au centre du grand X cerclé de rouge que quelqu’un a eu la présence d’esprit d’allumer (sans doute Amy, la secrétaire de Fuller). Un mouchoir sur la bouche, à demi asphyxié par la fumée, Anthony se jette hors de l’hélico et se précipite vers l’ascenseur, suivi par le pilote qui a renoncé à redécoller. Il perçoit le capharnaüm qui sévit dans les rues, soixante étages plus bas : incendies, écroulements, sirènes, hurlements, coups de feu et de canon… sur lesquels les portes de l’ascenseur se referment comme une télé qui s’éteint. Moquette bouclée, cloisons de vrai bois, miroir immaculé, éclairage tamisé, boutons dorés et muzak d’ambiance : le monde de Fuller, enfin. Tout le reste n’est plus qu’un cauchemar lointain.

Anthony sort au 37e étage et gagne à grands pas son bureau, saluant d’un signe de tête au passage les employés qui bourdonnent avec inquiétude. Amy est à son poste, assure avec sa tranquille efficacité coutumière.

— Alors, Amy, quoi de neuf ?

La secrétaire lève un instant sur lui ses yeux en amande, les reporte sur l’écran tactile de son ordi, sur lequel elle effectue de brèves passes.

— Un, votre avocat, monsieur Grabber, est arrivé et vous attend dans votre bureau. Deux, monsieur Bournemouth réclame davantage d’eau pour ses troupeaux, je lui ai dit que toute l’eau disponible était réquisitionnée pour éteindre les incendies…

— C’est faux mais c’est bien, Amy. Continuez.

— Trois, vous avez trois messages en priorité la plus haute.

— Qui ?

— Le premier émane de monsieur Cromwell, de la NSA ; le deuxième de monsieur Rothschild, du Forum éconogique de Nassau ; le troisième est personnel et d’origine inconnue…

— D’origine inconnue ? Il n’a pas été rejeté ?

— Non, monsieur : il a franchi tous les filtres et pare-feu de nos réseaux. Apparemment, son auteur connaît les codes ou a été reconnu par le système.

— Bon, transférez-moi ces trois messages.

— Une quatrième chose, monsieur : à cause des émeutes, l’électricité est coupée ; l’immeuble fonctionne sur générateurs. Les services techniques m’ont fait savoir que nous n’avons plus que trois heures d’autonomie.

— Eh bien, on s’en contentera, si le courant n’est pas rétabli d’ici là. Ne faites pas trop tourner la machine à café !

Petit sourire en coin indiquant qu’Amy apprécie la plaisanterie. Une secrétaire en or, vraiment, songe Anthony en pénétrant dans son bureau. S’il l’invitait à dîner un de ces soirs ?

À son entrée, Grabber repose le luxueux dépliant de Resourcing qu’il feuilletait et vient lui serrer cordialement la main : la brouille au tribunal de commerce est oubliée, ou l’avocat cache bien son jeu.

— Alors, Anthony, qui voulez-vous attaquer en justice cette fois ?

— Ma femme. (Fuller s’affale dans son large fauteuil en cuir de buffle avec un soupir de soulagement.) Je demande le divorce.

— Mais n’est-ce pas elle qui le demandait, plutôt ?

— Plus maintenant. (Il ouvre le mini-bar, sort une bouteille de Jack Daniel’s et deux verres.) Un bourbon ?

— Merci, jamais au travail. Pamela m’avait sollicité à ce sujet, mais comme je ne voulais pas agir contre vous, Anthony, je lui avais conseillé un avocat…

En train de se servir, Fuller lève les yeux sur Grabber, repose la bouteille, transfère les données de sa Nokia dans la console incrustée dans son bureau, allume le champ holo et, après quelques manips, présente à son avocat le visage grossi et flou d’un homme aux cheveux courts et raides, figure avenante, presque pouponne.

— C’est lui ?

— Oui. Robert Nelson, un jeune homme brillant et prometteur. Vous le connaissez ?

— Votre jeune homme brillant et prometteur fait partie de la Divine Légion, et y a fait adhérer ma femme.

La grosse bouche de Grabber se met à béer. Il cligne deux trois fois des paupières, et articule d’une voix sourde :

— Finalement, j’accepterais bien un bourbon.

Fuller le sert, tous deux s’envoient une large lampée. Anthony se dit qu’il devrait y aller mollo avec les deux Neuroprofen qu’il a pris avant de venir, mais bon, il y a des circonstances où l’on a besoin d’un remontant…

— Certains aspects de la carrière de Nelson m’apparaissent tout à coup sous un jour nouveau, remarque Grabber. (Il finit son verre, le repose sur le bureau d’une main qui tremble un peu.) Très bien. Je m’occupe personnellement de son cas, ajoute-t-il d’une voix assourdie par une rage contenue.

— Et pour ma femme ?

— Vous pouvez prouver qu’elle appartient à la Divine Légion ?

— Bah, il suffit de l’écouter parler… Et elle pollue mon intérieur avec leur saleté de propagande.

— Ce n’est pas suffisant. Il me faudrait une carte d’adhérent, son nom et sa signature sur un listing de membres, quelque chose comme ça. Une preuve tangible devant un tribunal, vous comprenez ? Vous pouvez m’obtenir ça ?

— J’essaierai. Et vous pourrez la condamner ? L’envoyer en taule ?

— Non, sans doute pas. Malheureusement, la Divine Légion n’est pas interdite dans le Kansas. Mais ce sera une circonstance très aggravante, surtout si nous obtenons que l’affaire soit jugée par un certain juge de mes amis. Nous pouvons faire en sorte qu’elle soit exclue d’Eudora si nous démontrons qu’elle nuit, par ses convictions disons religieuses, à la tranquillité de l’enclave. Car c’est ça que vous voulez, je présume. Votre villa vous appartient, bien sûr…

— Hélas non. Nous avons stipulé dans le contrat de mariage qu’elle est un bien commun. Je l’ai apporté avec moi… Tenez.

Anthony sort de sa serviette en peau de chamois le document, qu’il tend à Grabber. Celui-ci l’étudie sourcils froncés. Le silence qui s’installe dans le vaste bureau est ponctué de quelques coups sourds : tout ce qui filtre à travers la baie panoramique antitornades. À cette hauteur ne parvient que de la fumée et parfois quelques éclairs. La clim diffuse également une odeur ténue de carbone, combattue par le parfum de jasmin qui embaume la pièce immaculée.

— Je pensais, reprend Fuller, que vous pourriez lui trouver un vice de forme qui permettrait de l’annuler…

— Hum. (Grabber affiche une moue contrariée.) Difficile de trouver un vice de forme dans un contrat de mariage. Les formules sont standard et plutôt bien rodées. Vous serez peut-être contraint de vendre votre villa, Anthony… à moins de racheter sa part à votre femme.

— Pas question ! Elle filerait tout ce fric à la Divine Légion.

— Bon. Je garde ce document, si vous permettez. Mais je ne vous promets pas d’en tirer quelque chose…

— Démerdez-vous, Sam, je veux que Pamela dégage de chez moi au plus tôt. Vous savez ce qu’elle a fait ? Elle a invité sa bande de cinglés pour samedi prochain, y compris le grand gourou en personne, Moses Callaghan !

Le visage de Grabber s’éclaire, fendu par un large sourire.

— Ah, mais voilà qui est très positif pour notre affaire ! Ça pourrait constituer la preuve que nous cherchons : Callaghan est une figure bien connue et, de plus, les propos échangés seront déterminants. Il faudrait enregistrer toute l’entrevue en vidéo. Discrètement, bien sûr, de manière à ce qu’ils ne se doutent de rien… Vous pouvez le faire, Anthony ?

— Moi ? Vous voulez que j’assiste à leur délire ? J’ai un système de surveillance…

— Votre femme le connaît et peut le couper. Il faut quelque chose de plus discret, manipulé par un homme, afin de bien capter les moments importants.

— Rien que d’y songer, ça me file des boutons ! (Et me donne envie d’avaler trois Dexomyl. Où est-ce que je les ai foutus ? Il se rappelle soudain – avec une sueur froide – qu’il n’a apporté aucun médicament.)

— Faites un effort, Anthony. On n’a rien sans rien, vous savez.

— Bon, je vais y réfléchir… L’espionnage, ce n’est pas vraiment mon rayon. (Mais c’est celui de Cromwell, se dit-il. Cromwell qui a justement laissé un message…) Je crois pouvoir arranger le coup, ajoute-t-il avec un sourire rasséréné.

— À la bonne heure. (Grabber se lève.) Excusez-moi, d’autres affaires m’appellent. Merci pour le bourbon.

— Sam, vous n’allez pas repartir maintenant, avec ce qui se passe dehors. Vu votre couleur de peau, vous allez vous faire descendre par le premier GI à portée de tir.

— Très juste. C’est fâcheux, mais j’ai vraiment d’autres rendez-vous importants que je ne peux décommander.

— Les circonstances exigent parfois que… (Fuller se frappe le front.) J’ai une solution pour vous ! L’hélico qui m’a amené n’est pas reparti. (Il se penche sur son interphone.) Amy ? Trouvez-moi le pilote de l’hélico, s’il vous plaît… Oui, à mon bureau, merci. (À Grabber :) Voilà ! Satisfait ?

— C’est parfait, sourit l’avocat. Si vous traitez notre petite affaire aussi efficacement, Pamela ne fera pas de vieux os à Eudora, je vous le garantis ! Mais vous, comment allez-vous repartir ?

— Ne vous en faites pas pour moi, Sam. Je me débrouillerai.

Ils se serrent chaleureusement la main et Grabber s’éclipse. Fuller se rassied à son bureau, se sert un autre bourbon, ouvre les messages transférés par Amy.

Le premier, uniquement vocal, est de la bouche même de Cromwell, et plutôt laconique : « L’oiseau est tombé du nid. Il n’a pas survécu. Condoléances. »

Anthony sourit : ces types de la NSA, il faut toujours qu’ils emploient un langage codé, même sur un réseau hautement sécurisé… En tout cas, c’est une bonne nouvelle : l’opération menée au Burkina suit le cours prévu.

— Réponse, dit-il à sa console. Merci pour vos condoléances, Cromwell. J’ai une autre affaire urgente à vous proposer. Contactez-moi au plus vite : elle doit être réglée samedi prochain. Fin de la réponse.

Le second message – audio, texte et vidéo – est nettement plus long : envoyé par Franklin Rothschild, le directeur du Forum éconogique de Nassau, c’est une invitation en bonne et due forme, assortie du programme du forum prévu pour dans un mois. Fuller se frotte les mains. Eh bien, c’est parfait ! Voilà les vacances qu’il me faut !

Installé depuis cinq ans à Nassau, Bahamas – la première enclave sous globe, totalement à l’abri des aléas climatiques, réputée pour ses plages de sable fin, sa mer limpide, le confort luxueux de ses hôtels et ses nombreuses structures de divertissement – le Forum éconogique initié et présidé par la prestigieuse famille Rothschild est le rendez-vous annuel incontournable de toutes les entreprises soucieuses de préserver notre climat et notre environnement, et de construire un avenir viable pour l’humanité. L’économie de l’écologie – ou éconogie – est désormais un secteur en pleine expansion, qui allie une prise de conscience responsable au sens des affaires et aux lois du marché…

explique l’introduction du programme, un baratin que Fuller, régulièrement invité depuis la première édition, connaît désormais par cœur.

Le dernier message, enfin, est uniquement textuel et tient en peu de mots :

Ne touchez pas au Burkina, ou vous vous en repentirez.

Anthony se gratte la tête, plus intrigué qu’agacé. Des menaces ? Concernant son opération secrète au Burkina ? Transmises par mail ? Il faut que j’en parle à Cromwell : il y a peut-être une taupe dans ses services…