Dans ce chapitre :
Imaginez-vous debout à l’entrée d’une grande pièce remplie de canapés, de chaises et de tables. Vous avez accepté de relever le défi consistant à traverser toute la pièce sans vous cogner dans aucun meuble. Mais, alors que vous démarrez votre périple, les lumières s’éteignent et vous devez maintenant progresser dans le noir complet, avec seulement votre souvenir de la disposition des lieux pour vous aider.
La tâche a l’air plutôt ardue, n’est-ce pas ? Ce serait plus facile si la lumière revenait de temps en temps pendant quelques secondes. Ainsi, vous sauriez où vous êtes, où vous devez aller et où se trouvent les obstacles. La traversée serait toujours difficile, mais vous auriez bien plus de chances de réussir que dans l’obscurité.
Chose étonnante, nombre de projets ressemblent à cette traversée à tâtons. Les participants prévoient la façon dont va se dérouler le projet (qui va faire quoi, pour quand et combien) et partagent ces informations avec les membres de l’équipe et les autres personnes impliquées dans le projet. Mais, dès que les travaux démarrent, personne n’est tenu au courant de l’avancement du projet, des tâches qu’il reste à exécuter ou des obstacles susceptibles de se dresser au milieu de la route.
Une communication efficace, à savoir transmettre les bons messages aux bonnes personnes et au moment opportun, est la clé des projets réussis. Informer permet de réaliser les choses suivantes :
En planifiant à l’avance les communications du projet, vous avez la possibilité de choisir les supports appropriés pour partager vos différents messages. Ce chapitre peut vous aider à tenir tout le monde au courant, de façon à ce que personne ne se demande où en est le projet.
Avez-vous déjà joué au jeu du téléphone arabe avec un groupe de personnes assis autour d’une table ? La première personne est en possession d’un message écrit, le but du jeu étant de le faire passer jusqu’à la dernière personne, chacune devant en chuchoter le contenu à son voisin. Les règles sont simples : seule la première a le droit de voir le message écrit et chaque personne doit veiller à ce que seul son voisin puisse entendre ce qu’elle chuchote. Invariablement, le message reçu par la dernière personne est peu, voire pas du tout, ressemblant au message d’origine. Même dans cette situation organisée, une kyrielle de facteurs influent sur la qualité de transmission et de réception des propos.
Malheureusement, ces problèmes de communication peuvent se produire au sein d’un projet. Mais, ne vous inquiétez pas, cette section est là pour vous donner un coup de main ! Elle explore les parties essentielles du processus de communication, passe en revue les différents types de communication et fait des suggestions pour améliorer la probabilité que le message reçu par le destinataire corresponde à celui envoyé par l’expéditeur.
La communication est la transmission d’informations à un récepteur de la part d’un émetteur. Quand vous communiquez, pendant le déroulement d’un projet ou à n’importe quel autre moment, votre objectif est de faire en sorte que la bonne personne reçoive votre message correctement et au moment opportun.
Le processus de transmission des informations comprend les éléments suivants :
En fonction de la nature d’une communication donnée, un ou l’intégralité de ces éléments peuvent influer sur la probabilité de réception du message conformément aux souhaits de l’émetteur.
Il existe des types de communication plus adaptés que d’autres à certaines informations. Les deux principaux types sont la communication unilatérale et la communication bilatérale :
Les communications unilatérales sont :
La faculté qui influe le plus sur la qualité de vos communications est votre écoute. Bien que l’on puisse supposer que les informations contenues dans un message et le format dans lequel elles sont présentées puissent influer sur la qualité de réception, vous pouvez savoir si la réception a bien perçu votre communication comme vous l’entendiez en écoutant attentivement ses réactions.
L’écoute active consiste à explorer et discuter du message envoyé afin de vous assurer qu’il est bien cerné. Si vous envoyez un message, vous devez inciter le récepteur à employer des techniques d’écoute active pour être certain qu’il l’a bien compris. Si vous recevez un message, à vous de les employer afin d’être certain d’être bien en phase avec les intentions de l’émetteur.
L’écoute et l’observation de la réaction du récepteur de votre message impliquant d’abord une circulation d’informations dans le sens émetteur-récepteur, puis dans celui récepteur-émetteur, l’écoute active est, par définition, une forme de communication bilatérale.
Voici les techniques d’écoute active :
Imaginez que l’on vous ait demandé de revoir l’aménagement des bureaux de votre groupe afin de disposer d’un environnement plus ouvert, susceptible de détendre les employés et de favoriser les discussions collectives plus informelles. Pour vous aider à avoir une idée claire de ce que l’on attend de vous, vous pouvez essayer de visualiser le résultat final et le futur comportement des employés. Vous pouvez par exemple vous poser les questions suivantes :
Le fait de discuter avec les gens des réponses à ces questions vous permet d’avoir une idée plus claire de ce que veut et ne veut pas votre patron.
Admettons que votre patron vous ait demandé de préparer pour la fin de la semaine un rapport sur les dernières activités commerciales de l’entreprise. Cette demande manque de clarté à plus d’un titre : période que doit couvrir le rapport, heure précise de remise du rapport, format du rapport, etc. Pour préciser ces détails, vous pouvez paraphraser la demande :
« J’aimerais être bien certain de la tâche à accomplir. Vous me demandez de préparer pour vendredi prochain 17 heures une présentation PowerPoint des chiffres d’affaires brut et net concernant les ventes des produits a, b et c, pour la période du 1er janvier au 31 mars de cette année. »
Prenez l’exemple précédent du nouvel aménagement des bureaux du groupe. Vous commencez à compter le nombre de bureaux et de chaises dont vous aurez besoin. Mais, vous vous apercevez que vous partez du principe que le groupe restera avec les mêmes effectifs. Au lieu de faire cette supposition, vous pouvez demander à votre patron le nombre de personnes qui occuperont ces bureaux au total.
L’écoute active est particulièrement utile dans les situations à forte charge émotionnelle, celles où une bonne compréhension est vitale, celles où l’on souhaite résoudre les conflits en étant clair et en recourant au consensus et celles où on recherche l’instauration d’un climat de confiance.
Quand vous choisissez un mode de communication avec votre équipe et les parties prenantes de votre projet, la qualité du support est aussi importante que le type d’informations (le chapitre 10 vous dit tout sur les parties prenantes d’un projet). Le choix du support vous aide à garantir la transmission des informations nécessaires au moment opportun.
Les communications du projet sont de deux sortes :
Prenez garde à ne pas compter sur ces communications informelles pour transmettre des infos importantes sur le projet, car ces échanges impliquent souvent un petit nombre de personnes. Pour limiter les risques d’incompréhension et ménager les susceptibilités au sein de votre équipe et des autres parties prenantes :
Les communications formelles et informelles peuvent être écrites ou orales. Les sections suivantes vous indiquent le format à privilégier et la façon d’améliorer son efficacité.
Contrairement aux communications orales informelles, les rapports écrits permettent de bien présenter les données factuelles, de choisir ses mots avec soin afin de limiter les incompréhensions, de fournir l’historique des informations que vous révélez et de transmettre le même message à un grand nombre de destinataires.
Si les rapports écrits présentent quelques avantages non négligeables, ils ne sont pas dépourvus d’inconvénients à prendre en compte :
Gardez les conseils suivants à l’esprit afin d’augmenter la probabilité que les gens lisent et comprennent vos rapports écrits (pour plus de détails sur la rédaction de ce type de communication spécial, reportez-vous à la section « Préparer un rapport d’avancement du projet écrit », plus loin dans ce chapitre) :
Quand vous tombez sur des personnes qui n’ont manifestement pas lu votre rapport, expliquez-leur les parties du rapport les plus importantes pour elles et argumentez. Indiquez-leur ensuite que vous souhaiteriez vous entretenir avec elles afin de discuter des problèmes ou questions qu’elles ont sur les informations contenues dans ces parties du document ;
Méfiez-vous du syndrome du « oui, mais », qui vous fait trouver une idée géniale (pour les autres) mais inadaptée à votre situation. Lors d’une formation, l’un de nous suggéra d’opter pour des rapports d’une page, voire moins. La plupart des participants trouvèrent ce conseil sensé, à l’exception d’un individu. Il expliqua que son projet était si important et complexe qu’il envoyait à son chef des rapports d’avancement mensuels qui faisaient dix pages minimum. « Et, ajouta-t-il, mon chef les lit du premier au dernier mot. »
Quelques semaines après la formation, l’un de nous eut l’occasion de discuter avec le chef de ce participant d’un sujet qui n’avait rien à voir avec son subordonné. Au cours de la conversation, il se confia sur son agacement envers un membre de son équipe qui s’évertuait à lui envoyer des rapports d’avancement ne faisant jamais moins de dix pages car il estimait que son projet était très important. Il avoua qu’il lisait généralement le premier paragraphe mais avait rarement le temps de lire ses rapports en entier. Il ajouta qu’il espérait que cette personne avait bien écouté lorsqu’il lui avait été conseillé de ne pas rédiger des rapports de plus d’une page !
Peu de mots suscitent une réaction de colère et d’agacement aussi prononcée que le terme réunion. Les opinions sur les réunions sont légion, des derniers vestiges des relations interpersonnelles dans une société de plus en plus technique à la plus grande perte de temps qui puisse exister.
Il vous est sans doute arrivé d’assister à des réunions qui vous donnaient envie de vous cogner la tête contre les murs. Et la réunion qui démarre en retard ? Celle sans aucun ordre du jour ou au cours de laquelle l’ordre du jour n’est pas respecté ? Celle pendant laquelle on parle de problèmes que vous jugiez résolus depuis la réunion précédente ?
Pourquoi faudrait-il que les réunions soient systématiquement pénibles ? Si vous les préparez et les animez correctement, les réunions peuvent être des formes de communication efficaces. Elles peuvent vous aider à découvrir les parcours, expériences et styles des membres de votre équipe, bonifier les séances de brainstorming, améliorer les analyses des problèmes et la prise de décisions et offrir une tribune pour explorer les raisons et interprétations d’un message.
Vous pouvez améliorer vos réunions en appliquant les conseils des sections suivantes. (Veillez également à lire la section « Tenir des réunions de projet capitales », plus loin dans ce chapitre.)
Pour qu’une réunion soit bonne, vous devez la préparer, en respectant les conseils suivants :
Le succès ou l’échec d’une réunion peut dépendre de la façon de l’animer. Pour qu’une réunion soit productive, les tâches suivantes sont capitales :
Votre réunion est peut-être terminée, mais vous n’en avez pas encore fini avec votre mission. Veillez à réaliser les tâches suivantes afin de tirer au mieux parti de la séance qui vient de s’achever :
Ne vous contentez pas d’aborder ces suggestions d’amélioration de vos réunions, mettez-les en pratique !
Le rapport d’avancement du projet est la communication écrite la plus courante. Il passe en revue les activités menées pendant une période, décrit les problèmes rencontrés et les mesures correctives planifiées et entreprises, et donne un aperçu du programme de la période suivante.
Cette section vous aide à identifier les personnes à qui adresser votre rapport d’avancement, ainsi que des conseils sur les éléments à inclure et les améliorations à y apporter afin que votre équipe ne se repose pas sur ses lauriers.
Le rapport d’avancement du projet est un moyen pratique de cultiver la motivation des parties prenantes et de les tenir informées de leurs responsabilités. Pour choisir les destinataires de votre rapport d’avancement, répondez aux questions suivantes :
Votre rapport d’avancement doit au moins parvenir aux personnes suivantes : votre supérieur hiérarchique, la direction, le client, les membres de l’équipe de projet et les autres personnes qui apportent leur contribution, ainsi que celles intéressées par le projet ou qui seront concernées par ses résultats.
La préparation du rapport d’avancement vous permet de passer en revue tous les aspects du projet et d’identifier ainsi les choses qui fonctionnent bien et les situations exigeant votre intervention dans les meilleurs délais.
Veillez à inclure dans votre rapport certaines ou l’intégralité des informations suivantes, pour chaque période :
Quand vous rédigez le rapport d’avancement de votre projet, veillez à ce qu’il soit intéressant et qu’il fournisse aux personnes concernées les informations dont elles ont besoin. Après tout, vous ne souhaitez pas que votre rapport serve à caler du mobilier. Pour améliorer la qualité de chacun de vos rapports, suivez ces conseils :
Si vous suivez le déroulement des travaux du projet sur un système géré par vos soins, vous serez peut-être en mesure de produire un rapport d’état à la fin de la première semaine une fois la période terminée. Cependant, le système financier de votre organisation, qui vous sert à suivre les dépenses, ne permet peut-être pas de générer un rapport rapidement. Dans la plupart des cas il ne sera disponible qu’un mois après la fin de la période.
Abordez ce point lors de la phase de démarrage du projet. Déterminez les sources des données servant à rédiger le rapport d’état, les dates auxquelles sont disponibles les données actualisées émanant de chaque source ainsi que les périodes auxquelles s’appliquent les données. Programmez ensuite l’analyse et l’édition du rapport afin que toutes les données portent sur la même période ;
Pour rendre vos rapports d’avancement plus efficaces, vous souhaiterez inclure la plus grande quantité d’informations dans le minimum d’espace. Le tableau de bord permet d’afficher les indicateurs clés dans un format pratique qui illustre l’avancement global du projet et met en lumière les problèmes à traiter.
Voici les différentes étapes de la conception du tableau de bord de votre projet :
Voici les catégories reflétant généralement les aspects importants du projet :
Choisissez les indicateurs de chaque catégorie conjointement avec les commanditaires et contributeurs du projet. À titre d’exemple, un projet de rédaction du manuel d’utilisation d’un appareil peut présenter les indicateurs suivants :
Vous pouvez représenter ces indicateurs dans un tableau, un diagramme en bâtons, un camembert ou un compteur de vitesse. Les indicateurs sont souvent présentés sous forme de feux tricolores :
Déterminez précisément (conjointement avec les commanditaires et contributeurs du projet) pour chaque indicateur les critères permettant de classer la situation sous un des trois feux.
Les illustrations suivantes vous montrent les formes que peut prendre un tableau de bord.
Quand vous créez un tableau de bord, veillez à :
Votre projet a toutes les chances d’être un succès si vous bénéficiez du soutien actif et permanent de toutes les parties prenantes essentielles. Pour obtenir ce soutien, renforcez constamment la vision de votre projet et la progression vers les objectifs fixés, et aidez les parties prenantes à saisir le moment opportun pour apporter leur contribution. Cette section détaille les trois types de réunion que vous pouvez tenir pendant votre projet.
Les réunions récurrentes de l’équipe de projet offrent aux membres la possibilité de connaître l’avancement et les problèmes et de cultiver des relations interpersonnelles fructueuses fondées sur la confiance. Ces réunions permettent également de réaffirmer l’objet du projet et de tenir les membres de l’équipe au courant des activités (qu’elles soient ou non dans le périmètre du projet) qui influent sur leur mission et conditionnent le succès du projet. Sachant que la plupart des gens travaillent sur plusieurs projets en même temps, ces réunions peuvent renforcer l’identité et les relations de travail de l’équipe.
Consultez les membres de l’équipe afin de définir un rythme de réunions qui conviennent au maximum de personnes. Si certaines ne peuvent se rendre sur place, essayez d’organiser une conférence téléphonique.
En dehors des suggestions apportées par la section « Faire avancer le schmilblick : des réunions productives », plus haut dans ce chapitre, respectez les directives suivantes lorsque vous planifiez et animez les réunions récurrentes de votre équipe de projet :
Organisez une réunion spéciale pour traiter de problèmes bien précis survenant en cours de projet. Elle peut concerner certains membres ou l’intégralité de l’équipe, en fonction du thème abordé.
Les problèmes qui apparaissent ne prévenant souvent pas, préparez votre réunion de la manière suivante :
La présentation de l’avancement du projet à la direction est généralement présidée par un dirigeant et animée par le chef de projet. Y assistent les membres de l’équipe de projet et les représentants de tous les départements.
Cette présentation est l’occasion pour vous d’informer la direction de l’avancement du projet, de ses réussites et de tout problème pouvant nécessiter sa contribution. Elle vous permet également d’identifier les moyens de recadrer le projet par rapport aux principales initiatives prises par votre organisation.
Saisissez la moindre occasion de rappeler à la direction l’importance que revêt votre projet pour elle. Elle a peut-être donné son aval quelques mois auparavant seulement, mais il y a de fortes chances que votre projet ne soit aujourd’hui qu’une des nombreuses activités menées par votre organisation.
Faites en sorte que votre présentation de l’avancement du projet à la direction soit efficace en suivants ces conseils :
Étant donné la diversité des publics qui rechercheront des informations sur votre projet et la batterie de données que vous recueillerez, il est primordial de préparer un plan de gestion des communications afin d’éviter les efforts redondants et de veiller à ce que rien ni personne ne se perde en cours de route.
Un plan de gestion des communications est un document qui spécifie toutes les communications afférentes au projet, les parties prenantes destinataires, les informations qu’elles contiennent, ainsi que leur fréquence. Préparez une version initiale de votre plan de gestion des communications lors de la phase de démarrage de votre projet, puis actualisez-la lors de la phase d’exécution des travaux. (Le chapitre 2 aborde les différentes phases d’un projet.)
Pour toutes les communications de votre projet, votre plan doit au minimum spécifier les éléments suivants :