VOIX À LA CIME DES ARBRES

Ces voix, écoute !

 

Oui, c’est là-haut.

 

Dans ces arbres ? Plus haut encore ?

 

Comment savoir ? Cela crie.

 

Non, c’est du rire.

 

À la fois du rire et des cris.

 

Ils grimpent, et voici, Dieu sait pourquoi, ou peut-être non, qu’Ève s’est juchée si haut qu’en se retournant elle a le vertige. Adam qui de branche en branche la suit tend sa main. Les yeux fermés, elle y risque sa longue jambe. La première main qu’ait connue le monde enserre ces orteils un peu poussiéreux. Elle redescend, précautionneusement, ou bien non.

 

J’ai vu, dit-elle.

 

Quoi donc ?

 

L’ailleurs, j’ai vu l’ailleurs. Tout petit. Des nuages qui ne bougent pas. Des maisons.

 

Et d’offrir à Adam de l’ailleurs, ce fruit de l’arbre. Montons encore !

 

Ah, que de branches et que de feuilles, que de fruits ! Ils écartent des branches pour accéder à d’autres, toujours plus haut. Ils regardent au loin, cette fois ensemble. C’est la variante « vraie vie ».

 

Ils ne redescendront pas. Des enfants jouent là-haut, se chamaillent, avec des cris et des rires comme on n’en sait pas sur la terre.

 

À peine s’ils font attention à des pierres qui tombent sur eux d’ils ne savent où dans l’encore plus haut du monde. Pierres de diverses couleurs et tailles qui rebondissent contre les branches, parfois les cassent. Parfois qui tuent.

 

C’est la variante « cime des arbres ».