J’imagine que je reviens, où, je ne sais,
C’est à la fois l’intimement connu
Et un lieu étranger. Ai-je vécu ici,
Non, je n’y ai laissé aucune trace
Et je suis infiniment triste, mais la lumière
Qui habite aujourd’hui encore cette chambre
Se lève, vient à moi. Vois, nous avons vieilli,
Me dit-elle. Je ne suis plus une promesse
Pour ta vie à venir, je ne veux plus
Te faire croire que vie et mort, c’est même rose
À fleurir, au matin,
Dans l’éveil de deux corps qui se renouent.
Mais parlons-nous. J’ai ta nuit à te dire,
Et combien elle est accueillante grâce à moi,
J’ai repoussé le drap de mon sommeil,
Je découvre mon corps, toutes ses étoiles.
Ce soleil dans la chambre vide, c’est la nuit,
Accepte de tâtonner dans la lumière,
Entre, pour que tes yeux s’ouvrent davantage,
Même, pour qu’ils émettent des rayons.
Où sommes-nous, certes, tu ne sais plus,
Mais ce que tes doigts touchent, cela respire.
Abandonne tes lèvres à mon souffle
Avant de t’endormir, tes mains sur moi.
Non-être le soleil des éveils anciens
S’il n’était pas déjà ce grand partage.
Comment as-tu vécu ? Soient ton miroir
La fenêtre, le lit de la chambre vide.