Trois esquisses pour rêver « Comment être autochtone », intonations mélangées. Sur un écran très sensible, ombres parmi les ombres. Je vois venir Barrès, Maurice, de blanc vêtu, il marche dans la cendre des bûchers, sur les bords du Gange, il se demande, c’est clair, « sur quelles réalités fonder la conscience védique ». Un peu plus loin, je crois apercevoir Braudel, oui, Fernand, c’est la saison des pluies, il l’avait oublié, il est de retour dans son village guayaki, le lendemain de l’avant-dernière dispersion des os de sa grand-mère, il a l’air de se demander, j’hésite un peu, comment les Guayaki, qui ont déjà tout perdu, pourraient ne pas se laisser exproprier de leur histoire. Plus loin encore, mais l’image semble tellement anachronique, on pourrait reconnaître un spécimen d’une espèce en voie de disparition, oui, c’est évident, il s’enfonce délibérément en terre d’histoire nationale, il semble, mais c’est pure spéculation, se demander l’ordre dans lequel sont disposés des éléments, par exemple, les racines, les morts, le sang, la terre, et si les éléments des mythidéologies qui bourdonnent à ses oreilles sont en nombre fini. Étrange rôdeur à la silhouette agitée comme s’il entendait d’invisibles « Dictateurs à la Race » trouer violemment la nuit, précédés de licteurs éclatants, porteurs de faisceaux d’images et de croyances.

Une publicité s’affiche, très vite, pour quel produit ? je déchiffre par habitude : « Personne n’a originairement le droit de se trouver à un endroit de la terre plutôt qu’à un autre. » Signé Kant, sans doute un de ces « nouveaux » graffitistes. Sans intérêt.