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7. Jan Vermeer van Delft, dit Johannes Vermeer,
La Dame au collier de perles, vers 1664.

Huile sur toile, 55 x 45 cm. Gemäldegalerie,

Staatliche Museen zu Berlin, Berlin.

 

 

En Allemagne, les ordres, qui bénéficiaient auparavant de nombreux privilèges, perdirent beaucoup au cours de la guerre de Trente Ans. Avec la création de l’état de Prusse, en 1701, le centre de gravité politique, artistique et économique se déplaça, peu à peu, du Sud vers le Nord. Les guerres avaient engendré pauvreté et désordre au sein de l’ensemble du tissu social, n’épargnant personne, des plus malheureux jusqu’à la noblesse, en passant par la bourgeoisie. En outre, la guerre avait laissé les mœurs se dégrader, tant et si bien que la création artistique fut considérablement négligée. Seules les riches familles princières pouvaient se permettre le luxe de posséder des œuvres d’art. Dans ce domaine, la cour du roi de France servait de modèle ; c’est pourquoi les résidences des princes tendaient à ressembler aux résidences françaises, en imitant le luxe et la décoration. À la fin de cette époque, l’influence du Nord, avec son expression artistique plus froide et plus réfléchie, était évidente, tandis que dans les contrées plus septentrionales, l’expression artistique demeurait pleine de fantaisie et d’esprit. Le protestantisme ne demeura pas sans influence sur le développement des arts. En effet, tandis que les temples étaient modestement décorés, l’Église catholique essayait d’asseoir son autorité sur la masse très pauvre des fidèles, à grand renfort de richesse dans la décoration de ses lieux de culte.

En Italie, on pouvait déceler, plus ou moins, le même schéma. À l’exception de Venise, ceux qui menaient le jeu dans le domaine de l’art étaient les princes des cités-États. De même, dans ce contexte d’appauvrissement général – dû au déclin commercial de l’Italie – seuls les princes avaient les moyens de s’offrir des maisons aux somptueuses décorations.

En France, les choses étaient complètement différentes. Alors que la guerre de Trente Ans ravageait l’Allemagne, le roi de France agrandit et renforça son royaume, devenant ainsi le monarque le plus puissant d’Europe. Grâce à la puissance de l’État, la France fut relativement épargnée par la violence des guerres de religions. L’édit de Nantes de 1598 assura aux calvinistes – les huguenots – la liberté religieuse et le maintien de leurs droits civiques, tout en déclarant le catholicisme religion d’État. L’unité du peuple français et la centralisation du pouvoir donna à la France cette place de premier rang dans le concert international. Cette place de choix s’exprimait également dans le domaine des arts. L’Europe entière imitait la cour du roi de France tandis que le goût français servait pour ainsi dire d’étalon.

L’Espagne, pour sa part, avait accédé au statut de grande puissance avant le XVIe siècle, grâce à la conquête d’un immense empire colonial. De sa richesse, elle édifia de nombreux bâtiments à l’architecture splendide. À partir du XVIIIe siècle, le roi d’Espagne devint issu de la même famille que celle des rois de France, ce qui permit à l’influence française de s’enraciner un peu plus encore, au moins dans les sphères de la haute société. En dépit de sa richesse toutefois, l’Espagne, suite à sa défaite lors de la bataille navale de Cadix en 1607, perdit le contrôle des mers, et donc du commerce.

Les nombreux bouleversements de politique intérieure qui touchèrent l’Angleterre – affaiblissement de la monarchie et renforcement du Parlement – ne l’empêchèrent pas de devenir la première puissance commerciale et, par là-même, le pays le plus riche du monde. Les arts se développèrent et on nota même l’apparition d’un style local, même si l’art officiel continuait largement de s’inspirer de celui dominant à la cour du roi de France.