61. Rembrandt Harmensz. van Rijn,
dit Rembrandt, Philosophe en méditation, 1632.
Huile sur bois, 28 x 34 cm. Musée du Louvre, Paris.
Les débuts de Rembrandt à Amsterdam ne furent pas facilités par la présence, dans cette ville, d’une école de portraitistes très solennels, dont le principal représentant, Thomas de Keyser, achevait des œuvres très réalistes et très vivantes. On peut constater l’influence de son style sur Rembrandt pendant de longues années. L’un des chefs-d’œuvre de Keyser, Les Quatre Bourgmestres d’Amsterdam attendant l’arrivée de Marie de Médicis, réalisé en 1636 en l’honneur de la réception de celle-ci, est d’ailleurs très comparable aux œuvres de Rembrandt, lequel travailla à dépasser, par tous les moyens, l’art de Keyser.
Ceci finit par arriver lorsqu’il reçut pour toute commande, de la guilde des chirurgiens, de réaliser une toile pendant la leçon du docteur Tulp en train de disséquer un cadavre. Ce tableau, La Leçon d’anatomie du docteur Nicolaes Tulp (1632), premier gros travail de Rembrandt à Amsterdam, a, si l’on en croit les commentaires de l’époque, fait l’effet d’une apocalypse artistique car, avant lui, personne n’avait osé faire reposer la réussite d’une toile sur le seul apport de la lumière, au mépris de la plupart des règles académiques de la peinture. Il est vrai que Rembrandt, pour préserver son authenticité artistique, avait renoncer à l’exigence de réalisme de ses commanditaires. Cette manière de se libérer des contraintes pour préserver son art nous parvient de plus près dans le double portrait Portrait de Jan Riciksen et son épouse ou L’Armateur et sa femme. (1633), qui donne l’effet d’une image instantanée. Le même effet fut produit, huit années plus tard, sur la toile Portrait de Cornelis Claez Anslo et sa femme.