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11 . Jonas

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Jonas arrive tôt chez Leonardo tous les matins pour le déjeuner. Normalement ils le prennent ensemble bien tôt avant que Jonas aille au vignoble. C'est l'heure du rapport du jour précédent. Comme Bárbara se réveille presque toujours plus tard il est difficile qu'ils se rencontrent. Mais ce matin Aia attend l'arrivée du chef d'équipe et l'informe de la demande de sa patronne. Jonas va jusqu'à la table de son patron, qui mange déjà un morceau de jambon.

«Bonjour, patron. Aia m'a prévenu que Bárbara voulait aller jusqu'au vignoble aujourd'hui.

-Cette fille est très étrange dernièrement. Hier elle est arrivé bien tard avec l'excuse qu'elle et Aia avaient négligée l'heure pendant qu'elles visitaient des boutiques. Elles sont arrivées avec la Lune déjà haute et elle était malade hier, elle avait l'air d'avoir de la fièvre. Et aujourd'hui elle est déjà comme une petite chèvre qui veut aller dans les champs?»

Bárbara entre dans la salle et retrouve les deux hommes. Elle est déjà habillée pour le jour. Elle demande la permission et s'assoit à table.

«Alors Bárbara, commence Leonardo, que vous a-t-il prit pour que vous souhaitiez aller jusqu'au vignoble aujourd'hui? Hier vous étiez malade. Allez-vous mieux aujourd'hui?

-Oui, je me suis réveillé tôt et de bonne humeur. Ça fait quelque temps que je ne vois pas les raisins et le travail qui est fait par là bas, donc j'ai eu envie d'y aller. Y a-t-il un problème, demande-t-elle en serrant les yeux.

-Non, non, pas de problème. Leonardo se dépêche de s'expliquer, car il a perdu la directive de l'attaque. Je ne suis qu'inquiet à cause de votre état. Vous sentez-vous vraiment bien?

-Oui père, ne vous inquiétez pas.» Et elle mange un morceau de pain avec du jambon. Elle avance sur les châtaignes et se lève de table prête pour la promenade, pressant Jonas.

Elle dit au revoir à son père et demande à Aia qu'elle les accompagne pendant leur visite. Ils vont les trois vers la calèche et partent en direction de la propriété où se trouve le vignoble. Ils vont tous les trois en silence et à un certain moment, où il existe un arbre avec une vaste cime exhibant une savoureuse ombre. Bárbara leur demande de s'arrêter, car la chaleur du soleil lui fait du mal. Jonas et Aia la transportent jusqu'à l'ombre. Elle s'assoit au sol et les autres l'accompagnent.

«Alors Jonas mon père vous a-t-il déjà raconté le plan qu'il a pour mon destin et le sien?»

Jonas fait signe que oui. Il est un peu gêné en la présence de Bárbara.

«Jonas, continua-t-elle, Aia et Maria m'on raconté toute l'histoire de ma vie. J'aimerais que vous complétiez les lacunes, mais avant tout, dites-moi: qu'est-il arrivé à Mário? L'avez-vous tuez?»

Jonas se tordit et son expression fut celle de douleur.

«Mademoiselle Bárbara, vous pensez que je suis un assassin d'enfants? N'est-il pas déjà temps que vous sachiez ce donc je suis ou non capable? Je ne tuerais qu'un homme dans ce monde et ce ne fut ni ne sera jamais ce Mário.

-Que lui est-il arrivé alors, Jonas? Pourquoi est-il disparu en abandonnant sa famille désespérée sans savoir ce qui lui était arrivé?

-Mademoiselle Bárbara, ce gamin, je ne peux lui appeler autre chose, ne valait rien. Ce fut lui-même qui chercha Monsieur Leonardo et lui raconta votre volonté de fuir de la maison. Qui d'autre est-ce que ça pourrait être? En échange il a reçu une grande quantité d'argent et il a disparu. Il a laissé sa mère en désespoir complet sans savoir s'il était vif ou mort. Il ne voulait que vous utiliser. Mais de la racaille de cette espère n'avance pas dans la vie, il doit déjà mendier en un quelconque bout du monde.»

Bárbara devient pensive. Tout ce temps elle pensait que Mário l'aimait, quand en réalité il n'aimait que l'argent de son père. Tout ce temps elle souffrait en pensant aux perversités que Leonardo et Jonas lui auraient faites. Non, l'explication était plus simple. Elle pensait qu'un enfant aurait raconté à son père ses intentions de fugue, quelqu'un qui aurait entendu, mais non. Le propre homme avec qui elle avait décidé de fuir était un traitre. Une déception de plus dans sa vie. Au moins elle l'avait utilisé, elle n'avait pas vraiment été amoureuse de lui.

«Et moi pensant à des folies. Pardonnez-moi, Jonas. Votre proximité avec père m'a fait penser que vous collaboriez avec lui, mais selon ce qu'Aia m'a raconté, les choses ne sont pas comme ça, n'est-ce pas?»

Jonas a l'air d'un taureau restreint. Il a l'air de s'ébrouer avec ses yeux injectés de sang.

«Comment pourrais-je accepter une infâmie de celles-là, jeune fille? J'étais méfiant, pour ça j'ai intercédé pour que Aia aille travailler pour votre maison. Je le jure, je n'avais jamais rien remarqué d'anormal, jusqu'à ce que vous commenciez à laisser transpirer que quelque chose n'était pas bien. Mais je n'avais aucune idée de la gravité des choses. Et quant à vous Aia, nous avions décidé de ne pas lui exposer ce côté de l'histoire. Pourquoi l'avez-vous fait?

-Oui monsieur Jonas, nous l'avions en effet décidé. Mais comme vous pouvez le voir maintenant, l'image que mademoiselle Bárbara faisait de vous devait être corrigé. Avec tout ce qui se passe, avec son départ si proche, il n'y avait aucun motif pour qu'elle ne sache pas de tout. Et maintenant, racontez-nous ce qui est arrivé à la gitane, Dália n'est-ce pas?

-Dalila, corrige Jonas. Alors mademoiselle Bárbara, vous souhaitez savoir pour quelle raison votre mère vous a abandonné à mes mains. Est-ce la réponse que vous cherchez?»

Les yeux de Bárbara sont larmoyants. «Oui, je veux en savoir plus sur la personne qui m'a traité comme si j'étais un tas de déchets à jeter.

-Ne dites pas de bêtises, elle ne vous a jamais abandonné, dit Jonas d'un ton revêche.

-Comment ça, dit Bárbara et maintenant les larmes coulent sur son visage. Vous avez raison, elle ne m'a pas abandonné, elle m'a vendu! Quel genre de femme vend ses propres enfants au meilleur prix? Y avait-il d'autres intéressés? Fût-se une vente aux enchères, dit-elle avec rage souhaitant faire mal à une personne qui n'existe plus.

-Non, vous vous trompez. Je vais vous raconter ce qui est arrivé. Quant à votre mère, la femme de votre père mourut et leur fils aussi, Leonardo était ruiné. Il avait besoin d'argent avec urgence. Le vignoble avait été perdu par une année d'intempéries et il n'avait pas de ressources pour le relancer. Il avait besoin de financement et sa seule possibilité était d'obtenir ce dont il avait besoin de votre grand-mère.

Avec sa fille et son petit-fils morts, il ne réussirait pas à lui soutirer de l'argent. Il avait au moins besoin de présenter un petit enfant pour l'affaire. Quand Leonardo s'est réveillé en matinée et découvrit la mort des deux il m'a cherché en désespoir quand j'arrivais pour le déjeuner. Je me suis rappelé de Dalila et de sa fille et avec son accord et un peu d'argent, je fus la voir. Je la connaissais déjà du vignoble, je savais où elle habitait, avec les parents d'Aia. Bien, je lui ai raconté ce qui s'était passé et je lui ai fait la proposition. Elle a refusé violemment, elle ne voulait pas se séparer de vous pour rien au monde. Alors, j'ai pensé à une autre forme de faire ce qui devait être fait et qu'elle accepte. Je lui ai demandé qu'elle me laisse vous emmener, et je ferai en sorte qu'elle soit proche de vous. Je lui ai dit que la vie que vous auriez serait celle d'une princesse, loin de la misère dans laquelle elle vivait. En pleurant elle m'a demandé comment qu'elle pourrait rester proche de vous et j'ai compris qu'elle acceptait l'idée de vous donner un futur meilleur.» Jonas s'arrête, comme pour reprendre son souffle.

«Aia, s'il vous plaît, allez jusqu'à la calèche et amenez-moi un peu d'eau, elle est à l'avant.»

Dès que Aia se dirige vers la calèche, Jonas essaie de trouver les mots pour réussir à compléter son histoire.

«Mademoiselle, commença-t-il, je suis né différent. Je ne me suis jamais intéressé par aucune femme depuis que je suis enfant. Ceux qui m'attirent sont pareils à moi.

-Je n'avais jamais remarqué ces tendances en vous, Jonas, dit Bárbara.

-Oui, je me cache. C'est une vie dans l'ombre. J'ai informé Dalila de ce fait et je lui ai promis le mariage. Ainsi je diminuerai aussi les méfiances sur ma vie. Les personnes font des commentaires vous savez. Et comme ça, vous avez connu votre mère. J'ai inventé que Dalila avait perdu son fils et son mari dans un accident et j'ai réussi à la placer comme votre nourrice. Quelque temps après nous nous sommes mariés. Vous avez connu votre mère. Vous en souvenez-vous?»

Les images de la femme de Jonas lui reviennent à l'esprit, oui elle se souvenait d'elle. Elle était toujours de très bonne humeur quand elle les visitait avec Jonas et la cajolait beaucoup. Alors c'était sa mère. Sa défunte mère.

«Elle est morte de la peste noire. Ce fut une grande perte pour moi. Nous vivions comme des frères, elle prenait soin de moi et moi d'elle. Elle ne s'inquiétait pas de mes tendances et ne cherchait non plus aucun homme. Elle me demandait seulement des nouvelles de vous tous les jours, comment était votre vie, qu'aviez-vous vêtu et qu'aviez-vous fait. Et elle rêvait des jours où elle vous donnait le sein. Lorsque je le pouvais, je l'emmenais vous voir, quand vous étiez encore petite fille. Elle m'a demandé que je lui apprenne à lire et à écrire pour qu'elle puisse vous écrire une lettre qui explique le pourquoi des choses.»

Bárbara commence à pleurer. Comment pouvait-elle savoir que sa mère était si proche? Comment aurait-elle pu deviner que cette femme qu'elle connaissait comme étant l'épouse de Jonas était, en vérité, sa mère? Elle faisait un effort pour se rappeler le visage de Dalila dans sa tête, mais elle lui fuyait toujours. «Je n'arrive pas à me rappeler de son visage, dit Bárbara les yeux pleins de larmes.

«Ce n'est pas nécessaire. Pour la voir il suffit que vous vous regardiez au miroir. Je n'ai jamais vu une mère et une fille qui se ressemblent autant. Je suis vraiment désolé, mademoiselle, mais c'est la vérité. Si j'aurais su le cours que votre vie prendrait, je ne vous aurais jamais emmené. En y pensant, quand j'ai connu votre mère, j'allais lui faire la même proposition pour cacher mon problème, mais par honte je ne l'ai pas fait. Peut-être que ça aurait été mieux que vous ayez une vie plus simple, mais à nos côtés. Je vous ai toujours considéré comme ma fille. J'ai beaucoup d'amour pour vous Bárbara. Mais ce sont des histoires passées. Nous devons maintenant prendre soin de votre futur.»

Aia retourna et Jonas boit de l'eau. Sa gorge semble être en feu avec tant de choses qu'il a racontées à Bárbara et qu'il avait envie de raconter il y a longtemps. Maintenant elle savait tout et il son âme était plus légère.

«Jonas, dit Bárbara, pouvez-vous m'emmener à sa sépulture? Où est-elle sépultée?

-C'est derrière ma maison, mademoiselle. Vous y avez déjà été, ne vous en souvenez pas? Nous pouvons y aller maintenant si vous le souhaitez.» Elle accepte avec um mouvement de tête, em silence.

Et ils partent. En chemin ils rencontrent une fleuriste dans la rue et Bárbara leur demande qu'ils s'arrêtent. Tant d'émotions qu'elle a eues pour cette femme qu'elle n'a même pas connue correctement tant était court l'espace de temps pendant qu'elles se voyaient. Elle l'a détesté en premier, une femme qui abandonne sa propre fille en échange d'argent, mais maintenant elle a de l'affection pour elle. «Pauvre femme, pense Bárbara. Elle a tellement souffert et il semble que le destin de son enfant soit le même.»

Quand ils arrivent à la maison de Jonas, bien modeste, il l'amène jusqu'au fond. Là se trouve la tombe, bien soignée et protégée avec des pierres. Une croix de bois porte son nom et un vase de fleurs est devant elle. Bárbara enlève les fleurs déjà à moitié sèches et y place les nouvelles.

«Pourquoi l'avez-vous enterrez ici, Jonas, lui demande Bárbara. N'auriez vous pas du l'enterrer dans une église?

-Quand elle est décédée, je n'ai pas supporté de me séparer d'elle. J'ai pensé que ce serait mieux si elle resterait ici. Comme ça je pourrais continuer à prendre soin d'elle. Et je le fais jusqu'à aujourd'hui. Et je pense qu'elle prend soin de moi aussi. J'aimerais qu'elle soit vivante pour vous voir. Je l'aimais beaucoup. Je pense toujours à elle la nuit quand je mange seul, les conversations que nous avions. Je me souviens de ses éclats de rire et je me rends compte que je ris aussi des fois tout seul. Pauvre Dalila, elle ne méritait rien de ce que le destin lui a apporté. Et elle ne savait même pas où étaient ses parents. Elle se souvenait d'eux, mais nous n'avions pas les ressources pour une pérégrination pour essayer de les trouver. Il doit exister quelque part une famille désespérée par son enlèvement. Je ne peux imaginer de pire douleur, ne pas savoir si un fils est mort ou vivant. Et je sentirais une autre douleur, la douleur de la perte quand vous partirez. Même si nous ne nous voyons pas aussi souvent que je l'aimerais, je sais que vous êtes proche et pour ça je ne suis pas chagriné. Mais quand vous quitterez ces terres pour ne plus revenir, quand je perdrais le dernier souvenir de votre mère, la douleur sera grande. Je sais que vous souhaitez vous délivrer de votre père. Et je suis d'accord avec vous. Je peux moi-même vous le garantir: si l'archevêque ne l'attrape pas, je le tuerais moi-même. Son crime ne restera pas impuni.

-Mais si vous ne pensez pas le suivre pendant la fuite, comment ferez-vous? Avec quoi vous maintiendrez-vous? Pensez-vous le voler, lui demande Bárbara.

-Je ne veux rien de cet immonde. Comme Dalila n'a pas accepté l'argent, je l'ai gardé et je l'ai donné à la famille d'Aia. Je suis devenue associé de la taverne de Téo et je lui en ai donné un peu plus, j'ai mis ensemble quelques économies que je possédais à l'époque. Ça nous permettra de vivre de l'argent retiré de là, au cas où nous restons ici.»

Bárbara s'agenouille devant la tombe de sa mère et prit pour que son âme ait du repos. Elle lui demande qu'elle ne s'inquiète pas avec son destin. Elle prendra bien soin d'elle-même.

«Il est mieux que nous y allions. Il est possible que Leonardo aille jusqu'au vignoble pour nous trouver, ou nous surveiller», dit Jonas.

Ils partirent les trois en silence en direction du vignoble. Leonardo était déjà là inquiet par leur retard, comme l'avait prévu Jonas.

«Que s'est-il passé? Je pensais que vous arriveriez  avant moi.» Il couru vers eux pour les recevoir et remarqua que Bárbara était bouleversé, un peu larmoyante.

-Que s'est-il passé? Avez-vous pleuré, Bárbara? Pour quelle raison?»

Jonas s'interjecte entre eux et informe Leonardo qu'elle avait demandé d'aller à la Cathédrale pour prier et visiter sa mère, votre épouse décédée, et elle s'est émotionnée.

«Oui, père, dis Bárbara en s'éloignant de Leonardo, je commencer à faire mes adieux à mes êtres chers, mêmes ceux qui ne sont plus entre nous.

-Oubliez ça Bárbara, allons voir le vignoble et le travail effectué, ça vous laissera de meilleure humeur. Allons prendre une grape de raisins dans cette vigne, qui sont pour manger. Ça vous laisse toujours de bonne humeur.»

Les deux s'y dirigent au bras l'un de l'autre, mais pour Bárbara le toucher de Leonardo lui provoque un dégoût, encore plus sachant ce qui s'est passé dans le passé. «Vieux maudit, vous pensez que je suis votre dame, votre prostituée.»

Quand ils arrivent près de la vigne, Leonardo demande à l'un des travailleurs son couteau et coupe une grape pour Bárbara. Son esprit semble plus lucide une fois que le sucre lui arrive au sang.

«Pour quand est prévu mon voyage?

-Au maximum la semaine prochaine. Alors commencez déjà à préparer vos bagages. Jonas vous accompagnera à Lisbonne.»

Ils marchent et observent le travail des employés du vignoble. Bárbara a encore la grappe avec quelques raisins. Elle les mange bien lentement, comme si elle leur disait aussi ses adieux. Elles sont très sucrées et pleines de jus, différentes de celles utilisées pour le vin.

«Ces raisins me manqueront plus que n'importe quelle autre chose de ces terres», dit-elle.