![]() | ![]() |
Tandis qu'ils attendent l'arrivée de James dans le salon, le capitaine demande à ce qu'on serve plus de porto. Quand son calice est plein, il le pointe en direction d'une chandelle pour en admirer la couleur. Il lève le calice jusqu'à ses narines et inspire l'air mélangé à l’arôme de la boisson. Puis il la mène à ses lèvres. Quand le liquide passe sur sa langue et coule dans sa gorge, il laisse échapper un gémissement. Il ouvre lentement les yeux et les pointe sur le couple qui l'observe.
«C'est excellent, n'est-ce pas? Un homme peut vivre une vie longue et pleine de plaisir. Des femmes, de l'argent, des possessions et même comme ça il peut ne jamais connaître la saveur et l’arôme de ce vin. Mais même comme ça, il existera. J'ai peur qu'avec le temps, il ne survive à peine dans la mémoire de ceux qui l'apprécient.»
Bárbara sent une pointe de fierté chaque fois que le capitaine parle du “vin de porto Pallister”. Si ça ne lui causerait pas des problèmes, elle se présenterait comme la fille du propriétaire. Mais le souvenir de son père lui revient à l'esprit, sa chair brûlée au bûcher, criant des malédictions. Un sourire de contentement surgit sur son visage.
«À quoi pensez-vous, Bárbara? Une mémoire heureuse, lui demande Vidal.»
Elle balance doucement la tête d'un côté puis de l'autre comme si elle était un professeur effaçant une ardoise. Ainsi comme ça arrive avec les écritures, les images sortent de sa tête. Elle se tourne vers Vidal.
«Oui, une mémoire heureuse sur mon père!» Tandis que Vidal tremble, elle se tourne vers le capitaine et lui dit: «Il aimait beaucoup ce vin aussi.
-Un collègue de plaisirs! Et où est votre père maintenant? Vous l'avez laissé à Coimbra?»
Bárbara pense pendant un moment et parle bien lentement pour qu'elle ait le temps que des idées lui surgissent.
«Mon père est décédé, monsieur capitaine Edward. Dès que nous nous sommes mariés, il est parti. Quant à ma mère, elle est décédée pendant ma naissance, de manière à ce que je sois la première fille et la dernière de ma famille réduite.
-Votre père ne s'est pas marié à nouveau?»
«Oui, et la nouvelle épouse, c'était moi! Répugnant.»
Elle éloigne encore une fois ses pensées et pèse ses mots. Elle ne peut pas laisser transparaître la haine qui lui monte au cœur quand elle donne des qualités au défunt qui pendant sa vie ne les a pas eu.
«Jamais, monsieur capitaine. Il a toujours gardé la mémoire de ma mère. Il semble qu'il n'ait jamais réussi à s'éloigner du sentiment qu'il avait pour elle. Une tristesse pour lui et pour moi aussi, car nous étions seuls au monde. Jusqu'à-ce que Vidal mette ses pieds sur notre terre sans plus jamais s'éloigner.» Elle prend la main de Vidal, elle le fait en le regardant comme si c'était une déclaration d'amour. Vidal arbore un faux sourire pour que le capitaine ne comprenne pas les mensonges qu'elle invente.
«De qui est cette statue sur la table, monsieur capitaine, demande Vidal pour changer le sujet.
-Alors, vous ne la reconnaissez pas? C'est Palas Athéna, la déesse grecque du savoir et de la justice. J'ai gagné la statue à un ami et je l'ai amené ici. J'ai aussi la dénommée Minerva des Romains.
-C'est un beau buste, dit Bárbara.
-C'est une histoire intéressante. Zeus a été informé par un oracle que s'il avait une fille, elle serait plus puissante que lui. Avec Métis enceinte de lui, il a trouvé meilleur de l'avaler pour éviter la naissance. Mais même comme ça, la gestion continue dans sa tête.
-Quelle histoire merveilleuse, dit Bárbara.
-Il y en a plus. Zeus commence à avoir des maux de tête vers la fin de la gestation. Il ordonne alors à Hefesto, le forgeron, qu'il l'ouvre pour que les douleurs s'arrêtent. Avec une hache en or Hefesto lui ouvre la tête et de là en surgit Palas Athéna. La fille puissante demande alors à son père qu'il la maintienne toujours vierge pour qu'elle puisse s'imposer avec l'autorité de qui ne peut pas être corrompue ou séduite. Intéressant, non?
-C'est vrai! Bravo pour votre culture, monsieur capitaine, dit Vidal.
-Et quant à votre famille, monsieur Vidal?»
Vidal se tourne vers le capitaine en tenant la main de Bárbara dans la sienne.
«Ce n'est que nous deux au monde, plus personne.» Il commence à lier ses mensonges aux siens. «Grâce aux cieux, j'ai connu Bárbara et je suis tombé amoureux d'elle (pour son corps et pour son argent), le sentiment de vide que j'avais a finalement été remplit (par sa chair et ses seins).» Il la regarde bien au fond de ses yeux et place sa main sur son cœur. «Comme nous avons été élevés comme des enfants uniques, nous avons maintenant le désir d'une maison pleine d'enfants. Nous allons peupler cette terre avec nos petits, monsieur capitaine. Ce nouveau monde aura un nouveau monde!
-Bravo, monsieur Vidal. Je porte un toast à ce que vous ayez des centaines et des centaines d'enfants!»
Bárbara et Vidal rient des mots du capitaine.
«Pas autant que ça, monsieur Edward!»
Le capitaine rit encore plus haut qu'eux. Il semble être un peu saoul. Après tout, ils ont passé l'après-midi à vider des bouteilles. Vidal au moins a pratiqué un peu d’exercice, ce qui a fait sa sueur se charger de l'alcool qui était dans son sang. Il a alors eu le temps et les conditions de revenir à son normal. Mais le capitaine ne semble pas avoir été très économique avec ses bouteilles après qu'ils se soient fatigués de jouer aux échecs et que Vidal soit parti voir comment était Bárbara.
Ils entendent cogner sur la porte avant. James est arrivé. Le capitaine se lève en chancelant et va recevoir son ami et associé.
«Finalement! Je pensais que vous alliez nous abandonner. Je suis mort de faim. J'ai fait rôtir un porc cette après-midi et le pauvre petit est déjà sur la table.
-Pardonnez-moi le retard, monsieur capitaine, mais le déchargement de canne a pris plus de temps que je le pensais. Je n'ai même pas eu le temps de me laver. Mais permettez-moi au moins que je me change? Je ne veux pas gêner une femme si belle avec mes habits du travail!» Et il se tourne vers Bárbara. Encore une fois elle rougit devant son regard et encore une fois il s'en aperçoit.
«Oui, oui, allez vous laver et vous changer. Nous avons déjà attendu tellement, un peu plus ne fera pas de différence. Mais dépêchez-vous. Avez-vous très faim?
-Non monsieur capitaine, nous pouvons attendre encore quelque temps, répond Bárbara.»
Quand James revient, les trois sont déjà à table.
«Pardonnez-moi mon ami, mais j'ai obligé nos visiteurs à venir à table. Mon estomac était déjà en train de gargouiller. Mais vous êtes arrivé à temps, nous venons à peine de commencer. Assoyiez-vous.
-Pardonnez-moi encore une fois.
-Ne vous inquiétez pas, nous allons reprendre où nous nous sommes arrêtés, dit Vidal.»
James s'assoit à la droite du capitaine de face à Vidal. Il insiste à ce que Bárbara reste face-à-face, pour réjouir sa nuit avec sa beauté, dit-il. Quelle sortie aurait Vidal dans une de ces situations. Elle le regarde encore en pensant qu'il protesterait, mais il ne le fait pas. Le capitaine fait un toast au couple et ils commencent à manger.
«Ça vous dérange de parler d'affaires à table, demande le capitaine.
-Pas du tout. Nous avons déjà discuté et nous pensons que ça serait intéressant d'intégrer la société, ainsi nous ne commencerions pas une affaire du zéro. Et vous avez déjà de l'expérience. Votre proposition tient encore?
-Je n'en ai pas encore discuté avec James, mais je pense le faire maintenant. James, j'ai offert à ce couple de devenir nos associés, en échange de cette pierre.» Il fouille dans sa poche à la recherche du diamant. Il le donne à James. Il analyse la pierre et la lui redonne.
«Cette pierre, si je ne me montre pas, vaut toute l'unité d'exploitation! Est-ce que je me trompe?
-Non, pas du tout. Nous allons faire évaluer la pierre par Ziroc, le Juif. Ainsi nous serons sûrs. Comme ils sont prêts à intégrer notre société, nous aurons les fonds pour débuter notre propre plantation de canne à sucre, augmentant nos profits. Peut-être ferons-nous assez pour la construction d'une nouvelle unité d'exploitation. Et pour augmenter la main-d’œuvre.»
James mâche mais ses yeux semblent hors de plan. Il calcule le profit, avec certitude.
«Bien, monsieur Vidal aura la responsabilité de la moitié du travail. Nous avons pensé à débuter la plantation peu à peu, mais avec la valeur en question, nous pourrons planter dans tout le champ.
-Je ne sais pas monsieur capitaine, c'est encore beaucoup de travail pour deux hommes. Mais si vous vous êtes disponible à nous aider, nous pourrons nous en occuper, dit James.»
Le capitaine arrête de manger, boit un peu d'eau et se gratte le menton.
«C'est vrai. Cette fois-ci je ne pourrais pas fuir à déménager ici. Je devrais traîner ma famille ici. Mais nous pourrions commencer à planter un quart du terrain. Au moins ça me donnerait plus de temps.
-Les dépenses seraient plus grandes, dit James.» Les deux planifient comment ils devront procéder. Vidal les observe. Et Bárbara observe James. Tandis qu'il pense, le capitaine lui jette un coup d’œil et se rend compte que son regard ne sort pas de son associé. Il se tourne vers James.
«Faisons comme ça: parlez avec Jean et demandez-lui pour qu'il nous informe du prix de la maison. Amenez-les pour la visiter pour voir si ça leur plaît ou non. Encore mieux, emmenez-les avant de parler avec Jean, ne lui parler que s'ils sont intéressés. Je retournerais en Angleterre et je convaincrais les deux pour qu'elles viennent au moins connaître l'Amérique. Une fois ici, elles ne partiront plus!
-Quelle cruauté, monsieur capitaine, dit Bárbara. Vous ne leur donnerez pas le choix?
-Je leur ai déjà donné assez de temps, madame. Il n'y a pas de possibilité qu'elles restent en Angleterre et que je voyage avec une jambe sur chaque continent. Je me suis décidé. Je les amènerais attachées si nécessaire. Le futur est ici, sur cette nouvelle terre, et pas sur les millénaires. N'êtes-vous pas d'accord? Mais James, tant que nous ne déménagerons pas définitivement, vous devrez tous les deux toucher aux affaires. Que laisserez-vous pour monsieur Vidal? L'unité d'exploitation ou la plantation?
-Je peux choisir, demande Vidal.
-Non, répondent les deux en unisson. Ils rient ensemble de la situation.
-Pardonnez-nous monsieur Vidal, commence James, mais nous connaissons cette affaire, moi plus, le capitaine moins. Nous sommes plus capables de décider. Dans tous les cas, la décision est déjà prise. Comme l'unité d'exploitation est déjà montée et en fonctionnement, ça sera votre responsabilité. Je prendrais soin du début de la plantation. La terre est déjà prête à être plantée. Nous devons acheter plus d'esclaves, construire une maison d’esclaves, employer des fabricants de sucre, acheter et préparer les plantes. Beaucoup de travail. Mais si vous vous occupez de l'unité d'exploitation, nous réussirons à débuter la nouvelle affaire, même sans le capitaine. Mais vous devrez venir, monsieur capitaine! Je ne sais pas si nous réussirons à nous deux seulement à administrer autant de choses.
-Est-ce que ça peut être comment ça, monsieur Vidal? Vous acceptez les arguments de James?»
Vidal pense pendant un instant et la réponse est déjà prête. Il ne connaît pas l'affaire, comme l'a dit James. En réalité, il n'en connaît aucun. Et il n'a jamais travaillé dans sa vie. Ce sera une nouveauté.
«Je suis d'accord, monsieur capitaine, je n'ai pas comment argumenter contre vous deux. J'accepte.
-Bravo, bravo, monsieur Vidal! Je savais que nous n'aurions pas plus de problèmes. Faisons un toast à notre société, alors. Avec le bon vin Pallister!»
De nouveau son nom de famille est mentionné, amenant un léger inconfort à Bárbara et à Vidal.
«C'est décidé alors, dit Bárbara enlevant sa tasse de vin de ses lèvres. Elle se tourne vers James. D'où vient votre expérience avec le sucre, monsieur James? Pouvez-vous nous raconter comment vous êtes arrivé sur ces terres? Avez-vous déjà été esclave dans le passé?»
James nettoie un reste de gras de porc de ses lèvres. Il fusille Bárbara de son regard.
«Non madame, je n'ai jamais été esclave!»
Bárbara comprend que le sujet le dérange. Mais il a déjà dû être souvent confondu avec les captifs. Elle soupire et baisse les yeux, elle n'arrive pas à se défendre de son regard.
«Pardonnez-moi monsieur James, je n'ai pas eu l'intention de vous offenser. Monsieur le capitaine nous avait déjà fait part de ce fait. Mon intention était simplement de vous provoquer, dit-elle avec un sourire.
-Vous ne m'avez pas offensé madame. Ma réaction a été exagérée. C'est moi qui dois vous faire mes excuses. Si votre intention était de me provoquer, félicitations! Vous avez réussi!» Il lui sourit me retour pour diminuer le malaise.
-Bien, allons au salon. Nous pourrons nous installer plus confortablement pour parler, invite le capitaine. Quand ils sont installés, James demande la parole.
-Je vais vous raconter alors, de façon résumée, ma vie jusqu'à aujourd'hui. Mon origine, j'imagine que monsieur le capitaine vous l'a déjà dit, est Haïti. Mes grands-parents étaient esclaves mais mes parents étaient déjà libérés quand je suis né et étaient propriétaires d'une plantation de canne à sucre dans ce pays. C'est incroyable ce qu'on peut faire avec le travail honnête et intelligence. Seulement deux générations et ma famille est sortie des chaînes pour passer aux salles de bal. Pour cette raison, je connais toute la chaîne productive du sucre. J'ai été éduqué et je suis devenu professeurs, mais je divisais mon travail académique avec quelques responsabilités sur les propriétés de ma famille. Mais tout ça était avant la révolution.
-Monsieur le capitaine nous avait dit quelque chose à ce sujet. Mais je pense que vous soyez un témoin oculaire qui pourra nous donner de meilleurs détails, dit Vidal.
-Si vous voulez. Ça a débuté en 1791, quand les esclaves de Saint Domingos se sont révoltés et ont plongé la colonie dans une vraie guerre civile. Quand la révolte est arrivé à nos terres, seulement moi ai-je réussi à y échapper.» James se lève et se retourne, montrant le dos au trio. Ses mains sont liées dans son dos et sa tête pend vers l'avant. «C'est très douloureux de me souvenir de ses événements. Nous nous somme défendus comme nous le pouvions, mais la révolution était générale. Quand ils ont attaqué notre maison, même avec les défenses que nous avions montées, nous n'avons pas réussi à résister longtemps. Quand ils ont envahi la maison, ils ont coupé la tête de mon père, mes deux sœurs ont été violées et égorgées. Ma mère fut la première à tomber.» Sa voix est suffoquée d'émotion.
Bárbara est terrorisé avec cette histoire. «Arrêtez, s'il vous plaît, monsieur James. C'est trop douloureux.
-Comment avez-vous réussi à vous échapper, monsieur James, lui demande Vidal sans la moindre émotion dans la voix.
-En me cachant comme le grand lâche que je suis. Il y avait un cellier dont l'accès se faisait par une trappe dans la cuisine. Tandis que ma famille était dilacérée, j'ai couru jusque là-bas et je me suis cachée. Les maudits ne m'ont pas trouvé. Quand ils ont mis le feu à la maison, j'ai réussi à m'enfuir et je me suis mélangé à eux. Quand j'ai pu, j'ai prix le premier navire comme tant d'autres et je suis venue sur ces terres, après avoir passé par d'autres. C'est mon histoire. L'histoire d'un lâche.»
Ils sont tous en état de choc avec l'histoire de James. Ni même le capitaine n'était au courant de ces faits. Bárbara s'approche de lui, prend sa main sous la protestation oculaire de Vidal et l’amène auprès d'eux. Là elle voit une larme descendant de ses yeux.
«Pardonnez-moi. Maintenant nous avons la nouvelle de certains réfugiés que Napoléon a repris l’île. Mais je doute qu'il la maintienne pendant longtemps. Ce que j'ai vu et entendu hante mes rêves toutes les nuits. Et en plus le remords de ne pas être mort avec les miens.» Sa tête tombe vers l'avant. Il pousse un gémissement de souffrance terrible et effrayante, comme si c'était le dernier soupir d'un torturé. Des larmes coulent aussi sur le visage de Bárbara.
«Tant de souffrance, monsieur James, dit-elle, mais si vous ne vous seriez pas caché, quel bien aurait-ce fait? Votre famille aurait été exterminée, la genèse de votre père perdue. Non monsieur James, vous avez fait le bon choix. Votre famille vit à travers votre être!»
James la regarde. Son regard est maintenant bien différent de celui qu'il lui avait lancé précédemment. Il est chargé de tendresse envers cette femme.
«James, êtes-vous sûr que toute votre famille est morte, lui demande le capitaine. Peut-être que quelqu'un c'est échappé.
-Non, monsieur capitaine. Le jour suivant je suis retourné à la maison et j'ai vu leurs corps mutilés. Mes sœurs nues, quelle horreur, une horreur sans fin qui ne m'abandonne l'esprit. Ce qu'elles ont souffert dans les mains de ces monstres, les pauvres. J'ai passé la journée à creuser des tombes et je les ai enterrés. Pardonnez-moi, je dois me coucher. Ces mémoires n'auraient pas dû revenir.» Il se lève, lance un dernier regard à Bárbara et sort avec les pas lourds de qui porte un monde de remords sur le dos.
Le trio reste en silence pendant quelques moments, qui est rompu par le capitaine.
«Je savais qu'il avait passé par des moments difficiles, mais je n'avais pas la moindre idée de ce qui s'était passé. Et je n'ai jamais eu le courage de le lui demande.
-Qui n'a jamais donné un mauvais pas dans notre vie, n'est-ce pas monsieur capitaine, dit Vidal.
-Mais que dites-vous? Par hasard, pensez-vous que cet homme est en faute de ce qui s'est passé, dit Bárbara en donnant deux pas en direction de Vidal comme si elle voulait le gifler. Mais elle se retient.
-Je crois qu'il est mieux que nous allions nous coucher. La nuit a été un peu excessive pour nous tous, dit le capitaine.
-Vous avez raison, Bárbara. Les mots me sont surgis à l'esprit et je les ai vomis. Il n'aurait pu rien faire de différent. Il a agi au nom de sa sécurité, ainsi comme a agi Saint Pierre en niant le Christ trois fois, dit Vidal de manière moqueuse pour provoquer Bárbara.
-Mais vous continuez à dire des bêtises, dit-elle en frappant le pied sur le sol et en plaçant ses mains sur sa ceinture. Je ne vous pardonne pas ce manque de sensibilité!
-Arrêtez, s'il vous plaît! Nous sommes tous un peu hallucinés avec cette histoire. Allons nous coucher.
-Vous avez raison, monsieur capitaine. Pardonnez-moi, Vidal.
-C'est moi qui vous demande pardon. Je suis étourdi en imaginant tous ces événements, je dis des bêtises. Bonne nuit, monsieur capitaine! Allons nous coucher Bárbara, le jour a été long pour nous tous.»
Quand ils arrivent à la chambre, tandis que Vidal enlève sa veste, Bárbara l'attaque. Verbalement.
«Vidal, je n'arrive toujours pas à croire votre manque de sensibilité! Vous vous êtes moqué des horreurs qu'il a passées! Que vous est-il passé par la tête», dit-elle avec les mains fermées et la colonne courbée comme si elle allait bondir.
Vidal sourit et s'assoit sur le lit.
«Bárbara, ma chérie, n'avez-vous pas trouvé étrange cette histoire qu'il nous a racontée? Pour moi, elle a été inventée sur le moment!
-Insensible! Quels arguments présentez-vous pour prouver que c'est un mensonge?
-L'histoire ne fait pas de sens! Comment sait-il que ses sœurs ont été abusées, s'il les avaient? Et quant à se mélanger à la foule qui a attaqué sa maison? Qui étaient les esclaves? N'étaient-ils pas les mêmes qui travaillaient pour eux? Ils ne reconnaîtraient pas un de leurs propriétaires, même s'ils ont tous la même couleur? Franchement, pensez! Il y a quelque chose de très erroné dans cette histoire!»
Bárbara reste pensive pendant un moment, elle marche dans la chambre. Elle se souvient des mots de James et se calme. Elle s'assoit à ses côtés.
«Pourquoi mentirait-il? Quel serait son motif, Vidal? Quelle histoire pensez-vous être la réelle?
-Bárbara, soit-il est un esclave qui c'est enfui, ou pire, ce que je pense être la vérité!
-Et que serait-ce?
-Un des chefs de la révolution! Quand Napoléon a repris le pays, James a dû fuir pour ne pas être tué. Je pense que c'est une explication valide. Il est intelligent et éduqué, il aurait bien pu être l'une des têtes de la révolution.»
Bárbara mène sa main à son front, pour la masser. Ce que dit Vidal a beaucoup de logique.
«Mais d'une façon ou d'une autre, que l'histoire soit vraie ou non, ça ne change rien à notre situation. Travaillerez-vous avec lui?»
Vidal pense pendant un moment, il prend du temps pour répondre. Il lance ses coudes vers l'arrière et les appuie sur le matelas.
«Oui. S'il a ses motifs pour cacher son histoire, nous aussi en avons pour dissimuler la nôtre. Le jeu est à égalité. Mais ne vous laissez pas mener par ce qui sort de sa bouche. Je ne fais pas confiance à un fil de cheveux de cette personne. Déjà le capitaine, c'est différent. Il n'est rien de plus qu'un idiot. Je vais vérifier la comptabilité de l'unité d'exploitation, au moins je sais compter. S'il y a quelque chose d'erroné, nous sortirons de la vie de ces deux-là de la même façon que nous y sommes entré. Êtes-vous d'accord?»
Bárbara reste en silence et fait oui de la tête.