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35 . Une Erreur

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Quand ils arrivent à la maison, une violente discussion commence entre Vidal et James, car Vidal pense s'être fait avoir, exprès, dû à tout ce qui s'est passé dû à James.

«Pardonnez-moi monsieur Vidal, je n'imaginais pas pendant un moment que ce qui s'est passé aurait lieu.»

Vidal lui donne un coup de poing dans le visage. James tombe étourdi au sol et Vidal le frappe à nouveau. Le capitaine essaie de le retirer de sur James, mais Vidal le pousse et commencer à étrangler le noir. Il commence à perdre ses sens et ses forces, il ne réussit pas à se dégager de l'étreinte de Vidal et finalement, s'évanouit. Mais Vidal continue à l'étrangler. Bárbara entre en désespoir, le capitaine est au sol sans mouvements. Elle va jusqu'à la table et prend la statue de Palas Athéna. Il atteint le crâne de Vidal.

Lentement, James retrouve ses sens. Sa gorge lui brûle et sa vision est brouillée. Sa main droite va jusqu'à sa gorge. Quand sa vision lui revient, il se rend compte qu'il y a du sang sur ses mains et sur son visage. Il se lève effrayé.

«Que s'est-il passé? Qu'est-ce que j'ai fait?»

Il se lève en chancelant et trébuche sur le cadavre de Vidal, tombant à côté de lui. Il a peur et s'éloigne de dos, ses pieds semblent ramés, mais ils glissent sur le sang éparpillé sur le sol.

«Mon Dieu, mon Dieu, que s'est-il passé?»

Il s’aperçoit alors que Bárbara est assise et das les bras du capitaine, en pleurs.

«Non, non, qu'est-ce que j'ai fait? Qu'est-ce que j'ai fait!

-Calmez-vous madame, maintenant il n'y a plus de retour en arrière. James, vite, lavez-vous. Madame, s'il vous plaît, allez dans votre chambre, changez vos vêtements. Nous devons nettoyer tout ça avant que Marie arrive en matinée. Allons madame Bárbara, je vous accompagne jusqu'à votre chambre.»

James revient et hébété, trouve le capitaine l'attendant avec les mains sur le visage.

«Quelle folie, James, quelle folie celle de cet homme! Il a perdu la tête, il était prêt à vous tuer. Si ce n'aurait pas été madame, c'est vous qui seriez couché dans le salon.

-Que ferons-nous monsieur? La police?

-Non, vous êtes fou? Madame serait emprisonnée et nous nous verrions impliqués dans une histoire qui nous compliquerait la vie. Non. Personne ici ne les connaît, seulement Marie. Nous inventerons une histoire pour elle demande.

-Et quant au corps?

-Aidez-moi, nous devons l'enlever d'ici. Après nous nettoierons le salon et convaincrons madame Bárbara à garder sa bouche fermée. Où l'emmènerons-nous? Et comment?

-Nous avons des sacs de sucre vides. Mettons-le dans l'un des sacs, et emmenons-le à l'unité d'exploitation!»

Le capitaine pense pendant un moment et accepte le plan de James.

Ils sortent une petite brouette dont l'objectif est transporter la charge. Ils passent lentement dans les rues de la ville encore pleines de gens. Le sac est couvert par peur qu'il soit taché de sang. Ils passent la tête basse. Ils ignorent une demande de s'arrêter pour discuter, ils font signe qu'ils sont pressés et sortent de la ville. Chaque regard qu'ils reçoivent semble un reflet de l’accusation de leurs consciences. Partout où ils regardent il y a des yeux qui les suivent, comme si tous savaient quelle était la charge qu'ils portaient. Ils ne se calment que quand ils sortent de la ville et s'approchent des terres de l'unité d'exploitation. Le soleil c'est déjà couché il y a quelque temps et la lune a surgi pour éclairer leur chemin. Quand ils arrivent, ils entrent dans un bosquet avec leur charge funèbre.

Les deux creusent la tombe de Vidal. Quand ils ont terminé, ils le lancent dedans et le couvrent de terre. Le capitaine fait une petite croix avec des branches et un morceau de ficelle qu'il a sorti de son sac et le place sur le tombeau de Vidal.

«Faisons une prière pour lui, pauvre monsieur Vidal. Je n'imaginais pas qu'il serait aussi jaloux!

-Que voulez-vous dire monsieur capitaine? Jaloux de qui?

-Ne faites pas semblant d'être idiot, James. Vous lancez des regards à sa femme depuis que vous l'avez vu. Et à ce qu'il me semble, elle vous les a rétribué, je ne suis pas aveugle. J'ai des yeux, comme monsieur Vidal aussi les avait, Dieu le garde. Il a suffi un jour, une étincelle pour que tout se transforme en cette tragédie grecque. Venez, prions pour lui. Ce qui est fait, est fait et nous ne pouvons pas l'annuler. Maudite l'heure où je les ai connus, où ils ont mis les pieds sur mon navire. Je ne voulais pas être responsable de sa mort!

-Vous ne l'êtes pas, monsieur capitaine! Le seul coupable est lui-même!

-Ne dites pas de bêtises. Nous sommes tous les trois coupables de cette mort et nous paierons nos dettes quand viendra notre heure de le rencontrer dans la nuit éternelle. Jusqu'à çà, nous ne pouvons que demander pardon s'il y a pardon qu'on puisse demander. Pauvre homme!»

Les deux hommes s'agenouillent et prient beaucoup de Notre Père et de Je vous salue Marie demandant grâce à la pauvre âme de l'homme qui a eu l'immense malchance de croiser le chemin de Bárbara.

Quand ils ont terminé, ils retournent la tête basse sous le poids de la culpabilité. Quand ils reviennent, ils vont jusqu'à la chambre de Bárbara. Elle est évanouie sur le lit et nue. Le capitaine voit la robe lancée dans un coin de la chambre et le prend. Ils ferment la porte et vont au salon. James va jusqu'à l'armoire et prend les matériaux de nettoyage. Ils nettoient le salon, lavent les tissus et les balais, brûlent les vêtements tachés de sang et ouvrent une bouteille de vin. Ils sont épuisés, pas leurs corps par le travail, mais leurs esprits par ce qui est arrivé. Tandis qu'ils boivent, le capitaine prend le buste du Palas Athéna. Ils ne l'ont pas nettoyé comme il faut, il y a encore des taches de sang et un bout de la cervelle de Vidal sur le côté. Il jusqu'à la cuisine et le lave. Il se place à côté de James avec le buste dans les mains.

«Maudite l'heure où j'ai gagné ce buste. Il semble qu'il avait un destin à remplir. Sauvez votre vie, mais en sacrifier une autre à la place! Déesse du savoir, aux enfers!» Le capitaine lance le buste au sol avec toute sa force le cassant en mil morceaux. Il donne un coup de pied aux morceaux les lançant dans tous les côtés, avec colère. Puis il s'assoit de nouveau et boit plus de vin. Les deux hommes restent en silence et s'endorment dans le salon.

Quand le capitaine l'a laissé dans la chambre, Bárbara s'est couchée en pleurant, ses larmes n'étaient plus aussi abondantes. Elle finit par s'évanouir dans un pur désespoir.

Et elle rêve. Elle entre dans l'église de Saint Roque et Vidal l'attend à l'autel seul, sans les parrains ou le prêtre. Elle regarde sur le côté et voit Jonas tenant son bras.

«Qu'avez-vous fait, ma fille? Vous avez commis votre plus grande erreur!

-C'est si bon de vous revoir Jonas. Ça me calme l'esprit de vous avoir maintenant à mes côtés.

-Bárbara, pourquoi avez-vous fait ça? Ne comprenez-vous pas que vous avez tué votre plus grand allié? Le seul qui était réellement à vos côtés sans s'inquiéter de vos motifs? Vous n'avez pas compris que Vidal vous aimait réellement e qu'il donnerait sa vie pour vous, ainsi je donnerais la mienne? Et pourquoi? Pour sauver quelqu'un que vous avez connu il y a un jour ou deux. Mon enfant, mon enfant, cette mort ira changer votre destin, vous n'imaginez pas comment. Mon âme est pleine de tristesse pour vous, vous ne savez pas ce qui vous attend.»

Elle se tourne vers Jonas, mais ne réussit pas à supporter son regard. Des larmes commencent à couler de ses yeux. Elle baisse la tête et la lève lentement en voyant Vidal comme elle l'a vu au mariage, bien arrangé, bel homme et avec un sourire sur le visage. «Il m'aimait déjà, je peux le voir dans ses yeux maintenant. Il m'aimait sans me connaître.

Que puis-je faire Jonas? J'ai agi par instinct, je n'ai pas pensé à ce que je faisais et j'ai frappé avec une force démesurée. Pauvre Vidal, pauvre Vidal!»

Elle ne sent plus le toucher de Jonas. Quand elle regarde sur le côté, elle le voit s'éloigner. Ses vêtements deviennent usés, sa peau semble s'enfler et ses yeux disparaissent ne restant que deux trous noirs. Il se défait devant elle. «Mon Dieu, mon Dieu... Est-il mort aussi?»

Elle continue à marcher seule, regardant Vidal. Quand elle arrive à autel, il ne bouge pas. Sa figure semble irradier de la lumière. Elle tend le bras, mais il ne bouge pas. Il se tourne pendant un moment et lui montre la blessure qu'elle a causée. Maintenant son sang coule jusqu'au sol comme si c'était une fontaine macabre. Elle s'effraie et s'éloigne d'un pas. Elle regarde ses pieds et ils sont collés à la mer de sang visqueux. Elle le regarde avec désespoir et commence à crier: «pardonnez-moi Vidal, pardonnez-moi!»

Il pointe son doigt vers elle et son regard est accusateur. Ses yeux sont violets, sa bouche crache maintenant de la terre sur elle. Et sa figure se défait en sang jusqu'à-ce qu'il disparaisse. Elle découvre alors que ses pieds sont emprisonnés et que le sang de Vidal augmente autour d'elle. En désespoir, elle essaie de courir, mais n'y arrive pas. Ça lui arrive au niveau de la bouche, elle lève la tête avec dégoût et désespoir et crie, mais la voix ne sort pas de sa gorge. Maintenant le liquide commence à arriver à ses narines, elle en sent l'odeur qui devient plus intense jusqu'à-ce que le sang lui couvre tout le visage et lui remplisse les poumons.

Elle se réveille en criant, comme si elle se noyant. Elle est trempée de sueur de la tête aux pieds et la terreur est dans son regard tandis qu'elle va jusqu'au miroir pour s'assurer que sa robe n'est pas couverte de sang, elle a une pointe d'espérance que rien de ce qui soit arrivé dans le salon soit vrai. Peut-être avait-elle rêvé. Mais le sang de Vidal est sur elle. Elle arrache rapidement ses vêtements et les lance dans un coin. Elle s'assoit au milieu du lit, croise ses jambes en forme de x et les prends dans ses bras. Elle cache son visage entre ses genoux et son corps fait un mouvement de pendule de l'avant vers l'arrière. Elle lève les yeux et voit la robe tachée de sang. Les images de ce qui s'est passé passent devant ses yeux. L'agression de Vidal, le capitaine tombant, le buste d’Athéna dans sa main tombant en direction de la tête de Vidal, son sang giclant dans sa direction, l'horreur de la découverte de son acte impensé.

«Pourquoi l'avez-vous attaqué Vidal, pourquoi?

-Parce qu'il vous aimait, mon enfant.» La voix de Jonas lui parle à l'oreille. Elle s'effraie et se tourne vers tous les côtés à la recherche de son origine. Maintenant elle ne sait plus si elle l'a réellement entendu ou si c'est venu de son inconscient. La culpabilité et les remords pèsent sur ses épaules. L'image de Vidal revient à son esprit en vagues. Elle se souvient de la promenade qu'ils ont faite au marché de la Ribeira, il la faisait rire de ses observations au sujet des personnes qui faisaient par là-bas leurs achats. «Voyez, celle-là a l'air d'une ancre de tant courbée qu'elle est... Et celui-là? Il est plus intéressé aux melons de la vendeuse qu'aux oranges qu'elle offre...» Elle sourit pour un moment, mais son expression change soudainement. Elle se souvient d'une vieille gitane appuyée sur un mur demandant des monnaies en échange de visions du futur. Vidal l’amène jusqu'à elle, mais quand elle la voit elle fait un symbole de cornes avec son indicateur et son petit doigt et part en courant comme si elle avait vu un démon devant elle. Elle ne comprend pas et lui demande pourquoi elle a fait ça. Quand elle regarde Vidal, elle remarque une peur cachée en lui. Mais il change de sujet et l’amène à manger des sardines. Tout ça avait été oublié, mais c'était enregistré en elle.

Elle se souvient de moment à moment, des nuits qu'ils ont passées ensemble et du voyage. Jusqu'à-ce qu'elle voit James et se perde. Elle est consciente qu'elle n'aimait pas Vidal, elle pensait se délivrer de lui en lui donnant de l'argent, mais avec le temps elle s'est habituée à sa présence. Ils sont devenus complices de la vie. Il était sa base d'appui, quelqu'un avec qui parler librement, car il connaissait tous ces péchés, tout du moins les plus récents. Maintenant il est parti, et à cause d’elle. Elle évalue ses sentiments et a la claire vision qu'avant leur arrivée, elle avait apprécié la compagnie de Vidal, sa façon d'être, son odeur. L'idée de se séparer de lui n'existait plus, elle l'avait oublié. Elle sent un vide dans sa poitrine comme si son cœur avait été arraché de son endroit de travail. C'est comme si elle avait perdu un membre de son corps. Le remords commence à la laisser fiévreuse, la chaleur montre le long de ses jambes jusqu'à sa tête, qui semble exploser. Elle frappe sa tête avec ses deux mains en désespoir criant «Pourquoi? Pourquoi ai je fais ça? Pourquoi?» et elle commence à tirer ses propres cheveux et à se griffer le visage jusqu'à ce que sa tête semble exploser et elle s’évanouit.

Le jour suivant à celui de la tragédie, James est réveillé devant la maison en attendant Marie.

«Bonjour monsieur James. Comment c'est passé la fin de semaine?

-Bonjour Marie. Beaucoup de travail, un corps à enterrer, vous savez comment c'est, pense James. Mais il dit: Bonjour Marie. Écoutez, aujourd'hui nous allons passer un temps à l'unité d'exploitation et le capitaine embarque aujourd'hui.

-Et le couple, ils ne resteront pas à la maison?

-Non, madame m'accompagnera à l'unité d'exploitation pour le voir. Quant à son mari, il va retourner avec monsieur le capitaine. Alors il m'a demandé de vous donner cette somme argent pour que vous preniez un temps de repos. Revenez la semaine prochaine seulement, d'accord?»

Marie trouvait étrange le discours de James au début mais oublia ses soupçons dès qu'elle voit l'argent.

«Merci monsieur James! Faites mes saluts au monsieur capitaine et au couple. Ne voulez-vous pas que je vous prépare le petit déjeuner?

-Ce n'est pas nécessaire Marie, nous nous arrangerons. Maintenant partez et reposez-vous.

-À la semaine prochaine , monsieur James!» Elle se tourne et part dans une direction différente de celle de laquelle elle était arrivée.

«Où allez-vous Marie?

-Au magasin, monsieur James, je vais faire des achats!»

James ferme la porte et entre dans la maison. Le capitaine est déjà prêt et Bárbara est avec lui dans le salon.

«Elle est partie, monsieur capitaine. Elle a soupçonné quelque chose comme vous l'avez dit mais elle l'a oublié dès qu'elle a reçu l'argent. Une montre!

-Je connais les miens comme les paumes de mes mains. Acceptez-vous allez jusqu'à l'unité d'exploitation, madame Bárbara? L'air vous fera du bien et il serait bon que vous ne restiez pas seule. C'est une maison de champ que nous avons par là-bas, mais elle est confortable. Vous pourrez vous rétablir.

-Messieurs je pense que nous devrions raconter aux autorités ce qui s'est passé. Je dois payer pour mon crime, dit Bárbara avec la voix bouleversée, les yeux au sol.

-Maintenant c'est trop tard, madame. Nous serrons accusés d'avoir fait disparaître le corps aussi comme si nous avions tout planifié avec antécédence. Ce sera la pendaison pour nous! Non, gardons ce sujet entre nous. Personne d'autre ne vous a vus ici, à part Marie. James en a déjà pris soin. Il n'y a aucun motif pour qu'on se livre à la justice. Ne cherchons pas plus de problèmes que ceux qui nous ont été placés par la vie.

-Mais, et quant au futur, monsieur capitaine?

-Nous ferons ce que nous avons prévu avant. Nous serrons associés, mais vous ne pourrez pas rester seule dans cette ville sans personne pour vous protéger. Restez avec nous. Pour quelque temps avec James. Quand je reviendrais, nous inventerons une histoire pour la mort de monsieur Vidal en Europe et tout sera en place.

-Il semble qu'il n'y a pas d'autre solution. Je vais devoir vous faire confiance!

-Et nous à vous, dit James.»

Elle regarde vers lui et un mot lui surgit en tête, passion. Elle tourne le visage vers le lieu où Vidal est mort et un autre mot lui surgit: amour. Elle comprend que Vidal plantait un champ de vignes qui leur donnerait un gagne-pain pour le reste de leur vie. Mais par la force de la nature, une marée haute a détruit tout le champ qui avait été cultivé avec tant de soin. Et l'a tiré avec elle.

«Allons-y, nous devons partir! Accompagnez-moi tous les deux au navire. J'aimerais vous faire mes adieux au port.»

Ils sortent alors dans le carrosse, les trois regardant le mouvement qui augmente dans la ville. Ils ne disent rien, mais leurs pensées ne s'écartent pas du même sujet.

Ils font leurs adieux sur le quai et les deux observent le navire disparaître de leur vue.

«Maintenant ce n'est plus que nous, madame.

-Seulement nous deux, James. S'il vous plaît, amenez-moi jusqu'à l'église avant que nous partions.»