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Ils arrivent à l'unité d'exploitation et James salut tous ceux qui croisent son chemin.
«La cane de monsieur Dupont est déjà arrivée, monsieur James!
-Finalement François! Demande à ce qu'on amène madame à la maison et qu'on l'aide à s'établir. Je veux voir la livraison. Est-ce que ça vous dérange que je ne vous accompagne pas, madame?
-Non, remplissez vos obligations! Je vais voir la maison et m'installer.
-John, venez ici, crie François. Emmenez madame chez elle et présentez-la à Matilde. Puis revenez.
-Qui est-elle monsieur James, demande François tandis que les deux arrivent à une certaine distance des oreilles de Bárbara.
-Notre nouvelle associée! Nous commencerons à planter la cane maintenant!
-Finalement monsieur! Les gains vont augmenter!
-Et notre vie va s'améliorer!»
À l'heure du dîner, James retrouve Bárbara qui l'attend. Quand les deux sont seuls, elle lui parle doucement.
«J'aimerais visiter Vidal, elle demande en pleurs. Pouvez-vous me mener jusqu'à lui?»
Il pense pendant un moment. «Nous irons après le dîner. Je vais vous montrer l'unité d'exploitation puis nous irons.» Elle accepte.
Il l’amène à une grande maison. Au centre, un moulin avec une grande roue et une mule attaché à lui.
«Comment est-ce que ça fonctionne?
-Nous mettons la cane et le moulin l'écrase, en retirant le jus. Faites marcher l'animal!»
Un esclave tire la mule qui commence à marcher en cercle, emprisonnée par un harnais. Tout le système commence à bouger et à un endroit, le jus de cane coule.
«Nous récupérons le jus et l’amenons à la deuxième étape.»
Ils sortent et entrent dans une autre construction.
«Comme il fait chaud ici, se plaint Bárbara.
-Ici, c'est la maison des chaudières. Ici le jus de cane passe par une cuisson lente.»
Bárbara voit de grands pots de cuivre pleins de jus de cane bouillant.
«Le liquide va se concentrer jusqu'à-ce qu'il forme une mélasse. Allons à la dernière étape. Voyez, c'est bien épais n'est-ce pas?»
Bárbara acquiesce et tend son doigt vers la mélasse. James la retient en lui tenant la main.
«C'est encore chaud! Vous allez vous brûler!»
Le toucher de James l’embarrasse, mais irradie une chaleur dans tout son corps.
«Dans cet autre pot la mélasse est agitée puis transférée dans les formes. Voyez, il y en a une vide ici!
-À quoi sert ce trou?
-C'est pour la purgation. Venez, allons jusqu'à la maison de purger.»
Pendant le chemin James lui explique que la mélasse est agitée puis placée dans ces formes où elle se cristallise. Ce qui ne cristallise pas coulera, sera gardé et servira à faire de l'eau-de-vie après avoir passé par la fermentation.
Ce qui reste dans les formes est retiré et reçoit le nom de pain-de-sucre. Il est bien foncé. Il est connu comme sucre brun.
«Celui-ci nous le vendons ici même. Pour faire du sucre raffiné, qui est celui de couleur blanche vendue en Europe, le sucre brun passe par la maison de purger.»
Tandis qu'ils marchent, Bárbara s’aperçoit que tous les esclaves ont un point noir sur le lobe gauche. Les hommes et les femmes. Quand elle en a la chance, elle lui en demande la raison.
«Pareilles à celles-ci, lui dit-il en lui montrant ses lobes avec les points, mais dans son cas sur les deux oreilles.
-Oui, que sont-ils?
-Une longue histoire. Je vous raconterais quand nous aurons le temps. Maintenant, allons-y!» Et il se tait. Déjà dans la maison de purger, James continue ses explications.
«Les formes reçoivent de l'eau pour être lavées de toutes leurs impuretés, qui sortent par le trou du fond. À la fin du processus, le pain-de-sucre est blanc, prêt à être trituré et placé dans des sacs. Et d'ici, il part vers l’Europe. Hollande le distribue.»
James l'emmène à un autre hangar où ils distillent de l'eau-de-vie.
«Mais notre meilleur produit est celui-ci! Voyez comme il est pur. Donnez-moi une tasse propre, goûtons ce délice!»
Il l'offre à Bárbara qui en regarde le contenu, qui semble être de l'eau. Elle en avale une grande quantité qui lui brûle les muqueuses et éloigne la tasse. Elle s'oblige à avaler.
«Mon Dieu, comme c'est fort! On dirait que ça m'est monté directement à la tête!» D'immédiat elle devient un peu étourdie. James rit et bois le reste de la tasse.
«Excellente qualité! Très pure! Après nous la mélangeons en proportion de trois pour une d'eau pour la commercialiser.
-Pourquoi la mélangez-vous avec de l'eau? N'est-ce pas un manque d'honnêteté?
-Non, c'est seulement pour la diluer. Elle est plus agréable au goût.
-Ça me semble impossible!» Elle sourit mais se rétracte. Elle fait mention de tomber, mais James la retient.
«Vous sentez-vous bien?
-Oui, je suis juste un peu étourdie. Je pense que j'ai besoin d'air.»
Les deux sortent en marchant à côté l'un de l'autre. Bárbara trébuche et se retient au corps de James. Il lui offre son bras et elle l'accepte.
«James, je veux aller voir Vidal maintenant. Pouvons-nous y aller?
-Êtes-vous sûre? Nous n'avons pas eu le temps de préparer sa tombe. Elle est cachée au milieu des bois.
-J'ai besoin d'y aller et d'être un peu seule avec elle.»
James ne proteste plus. Il va avec elle jusqu’au point où se trouve un carrosse arrêté avec un cheval. Il l'aide à monter et ils partent. Presque à la fin de la propriété, il se tourne et va en direction à un bosquet. Ils passent entre les arbres et le soleil disparaît, jusqu'à-ce qu'il n'existe que des filets de rayons qui illuminent la noirceur.
«Nous irons à pied à partir de maintenant.»
Il l'aide à descendre en la prenant par la ceinture. Elle tremble à chacun de ses touchers.
«Donnez-moi votre main. Attention pour ne pas trébucher, il y a beaucoup de racines ici.»
Ils marchent jusqu'à-ce qu'ils trouvent un figuier. Juste derrière se trouve la tombe de Vidal.
«C'est ici, madame.»
Bárbara s'approche et voit une fosse récemment ouverte et la petite croix laissée par le capitaine.
«Laissez-moi seule ici un peu, James.
-Comme vous voulez.» Il sort et la laisse seule.
Elle lève sa robe et pose ses genoux nus à côté de la fosse. Les larmes coulent sur son visage. Elle les nettoie avec le dos de sa main.
«Vidal, pardonnez-moi! Je n'avais pas l'intention de faire ce que j'ai fait! Avant de venir ici, j'ai demandé à James de m'emmener à l'église et j'ai amené un peu d'eau bénite.»
Elle ouvre son sac et en retire un tube de verre. Elle en vide le contenu sur le tombeau.
«Vous n'êtes pas en sol consacré. J'ai amené cette eau bénite pour calmer votre âme. Vous ne méritiez pas ce destin. J'aimerais que vous sachiez que je vous aimais à ma façon. Je vous aime encore, Vidal!» Elle commence à pleurer à chaudes larmes. James est derrière le figuier et entend tout ce qu'elle dit. Il sent qu'une partie de la faute est à lui, mais il l'éloigne. Il ne se pense pas coupable de ce qui est arrivé, et n'a pas à le regretter, se dit-il à lui-même, sans grande conviction.
«J'ai compris trop tard que vous m'aimiez aussi. C'est un malheur, Vidal, un m...» Elle s’aperçoit d'une ombre bougeant derrière un arbre. «James, est-ce vous?»
James surgit de derrière le figuier. «M'avez-vous appelé?» Mais l'ombre est la direction opposée à celle de laquelle venait sa voix.
Elle a peur, entends le bruissement de la végétation comme si quelqu'un s'éloignait.
«James, partons!» Elle se lève et nettoie ses genoux. Il va jusqu'à elle.
«Que ce passe-t-il? Avez-vous vu quelque chose?
-Je pense que quelqu'un m'espionnait de ce côté.»
James avance dans la direction qu'elle a pointée, mais ne voit rien ni personne et revient.
«Peut-être que c'était un animal.
-Non, je suis sûre que c'était une personne! A-t-elle entendue ce que je disais?
-Partons, le soleil se couche rapidement. Je ne veux pas être ici quand ça sera la nuit.»
Quand ils reviennent à la maison, en entrant, Bárbara trébuche sur la première marche et tord sa cheville. James l'amène jusqu'au salon. Elle n'arrive pas à poser son pied par terre, il est très douloureux et elle gémit de douleur.
Il la prend dans ses bras et la porte jusqu'à la chambre. Elle se couche, gémissant encore. Il retire son soulier avec attention et voit qu'il commence à enfler. Avec ses deux mais, il met de la pression pour que ça n'enfle pas. Elle continue à gémir. Il lâche son pied et touche son mollet. Elle se tord. Son autre main touche sa cuisse par l'arrière et elle se contorsionne comme une chatte. Maintenant ses gémissements ont changé de tonalité. Il saute sur elle et l'embrasse. Elle ne le rejette pas.