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38 . Illusion

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Des mois passent et la vie de James et de Bárbara suit son chemin. Il travaille dans l'unité d'exploitation, elle l'accompagne de temps en temps, mais reste plus souvent en ville. Marie finit par prendre la place d'Aia à ses côtés et Bárbara la traite plus comme une accompagnante que comme une servante. Et la vie continue. La passion qu'elle ressent pour lui augmente à chaque jour et à chaque minute qu'elle passe loin de lui, c'est un tourment. La joie de le voir arrivée à la maison, la prendre dans ses bras et de faire l'amour ne semble qu'augmenter.

Dans toute cette perfection n'existe qu'une pointe de soupçon qui commence à croitre en elle. Les disparitions de James. Un jour, elle a pensé à lui faire une surprise et a attendu qu'il sorte. Après quelques heures elle est allée à l'unité d'exploitation et ne l'y a pas trouvé. Elle l'y a attendu toute la journée. Fatiguée, elle est retournée à la maison. Elle ne réussit pas à extraire quoi que ce soit de Marie ni des autres qui travaillent avec lui.

Le jour suivant, James lui dit qu'à mi-chemin de l'unité d'exploitation il a rencontré une troupe campée qui souhaite commercialiser de la canne à sucre dans un territoire plus au nord. Il aurait négocié avec eux et ne serait retourné qu'à l'unité d'exploitation, très tard après qu'elle soit déjà partie.

Elle ne fait aucune objection à l'histoire racontée par lui, mais une pointe de méfiance commence à grandir en elle. Elle commence à l'observer et se rend compte que certains jours il ne la prend pas, malgré le fait qu'elle était toujours disponible. Elle n'y a pas donné beaucoup d'importance, elle a pensé normal qu'il se sente fatigué des fois et après tout, ils avaient la vie entière devant eux. Ça ne la dérangeait pas, jusqu'à ce moment.

Encore une fois son cerveau entra en fonctionnement. Quand il sortait, elle demandait à Marie qu'elle aille lui acheter quelque chose et le suivait. Il laissait  toujours le carrosse dans la maison de la ville et un carrosse dans les limites de la ville près d'un commerce à qui il vendait du pain-de-sucre. Il y allait à pied et prenait le carrosse pour aller à l'unité d'exploitation.

Le premier jour où elle réussit à faire fonctionner son plan, elle le suivit. Mais il alla en direction contraire à celle où il devait aller. Elle, couverte par une cape, alla après lui sans qu'il ne la voit, jusqu'à-ce qu'il entre dans une maison de la rue de l'Hôpital. Elle attendit qu'il sorte, mais elle finit par laisser tomber. Il se faisait tard. Quand elle était prête à abandonner son attente et se tournait pour suivre son chemin, la porte s'ouvre et il sort, regardant vers les deux côtés de la rue. Elle a le temps de se cacher derrière un arbre et ainsi évite d'être découverte.

Après qu'il soit parti, elle attendit un moment et alla frapper à la porte de la maison. Qui répondit fut une femme d'au plus vingt ans, noire et avec un lobe tatoué. Alors un enfant, un garçon d'environ cinq ans joint sa mère. Il avait aussi un tatouage sur le lobe.

Quelques jours après, elle le suivi à nouveau, prête à envahir la maison. Mais il n'alla pas à la même adresse et oui sur la rue Bourbon. Quand il frappa à la porte, une autre femme, plus jeune que l'autre, lui ouvrit la porte et le prit dans ses bras en embrassant ses lèvres avec passion. La force quitta les jambes de Bárbara, sa respiration devint plus lourde. Elle appuya son dos au tronc de l'arbre qui lui servait de cachette. Le sol s'effondra sous ses pieds. Elle commença à pleurer, la douleur de la trahison lui envahi le cœur. Un monsieur qui passait lui offrit son aide, mais elle refusa et partit en marchant sans objectif jusqu'à ce qu'elle trouve une église. Elle entra et s'assit. Elle était vide. Elle pleurait accroupie sentant comme un fer chaud dans sa poitrine.

Soudainement elle poussa un cri et s'évanouit. Elle tomba morte. Son cœur avait arrêté de battre. Le prêtre de la paroisse qui était dans la sacristie avait entendu son cri et vint en courant pour la sauver. Entre le moment où il courut jusqu'à elle, elle, les yeux ouverts et son cœur sans battements, vit une main entourée de lumière devant elle. La main entra dans sa poitrine et en retira une sphère brillante, et à l'intérieur, elle voyait des rayons sortant d'un centre encore plus brillant, des rayons rouges. La main qui tenait cette sphère la lança au loin. À ce moment-là son cœur recommença à battre et elle respira à nouveau. Le prêtre lui parlait désespérément mais elle ne comprenait pas ce qu'il disait. Elle était paralysée, n'arrivait pas à bouger. Il partit en courant et lui retourna avec un peu d'eau dans une tasse. Il mouilla ses doigts et les passa sur ses pouls et sur son front. Puis il laissa tomber quelques gouttes dans ses lèvres. Lentement, elle récupéra ses sens. Elle fit signe pour qu'il l'aide à s'assoir. Peut après il l'emmena à la sacristie et la laissa à la garde d'un acolyte. Il sortit et revint avec un peu de vin, le lui offrant. Avec les mains tremblantes, elle prit la tasse et la mena à ses lèvres. L'acolyte l'accompagna à la maison par insistance du prêtre.

Tandis que l'acolyte discutait avec Marie, elle alla se coucher. Regardant le toit, elle commença à penser à James. Mais après cet événement, quelque chose avait changé à l'intérieur d'elle. Elle l'aimait encore, mais n'avait plus de passion envers lui. Elle se souvient de la vision qu'elle a eue. Dans ses pensées, quelque chose avait retiré la passion de son cœur pour qu'elle ne meurt pas à ce moment. Lentement, elle s'endort. Et elle rêve à nouveau de Vidal et Jonas.

Elle est assise sur une espèce de trône et les deux désespérés parlent avec elle sans qu'elle n'arrive à comprendre ce qu'ils disent. Elle essaie de se lever, mais n'y arrive pas. Ils arrêtent de parler et leur expression est de tristesse. Deux griffes gigantesques surgissent et les défont devant ses yeux. Une ombre noire, immense, s'approche d'elle. Elle sent son haleine pourrie dans ses narines soufflant sur son visage, mais n'arrive pas à s'en éloigner. La griffe droite lui déchire les vêtements de la hanche au cou, exposant ses seins. L'une des griffes commence à caresser sa peau, sans la déchirer. Elle send le fil, le toucher gelé, qui ressemblent à des couteaux qui ne la touchent pas. Les griffes arrivent à son maxillaire et l'indicateur et le pouce de la chose lèvent son menton pour que ses yeux rencontrent les yeux de feu qui sortent de la noirceur. Elle n'arrive pas à respirer. À ce moment-là, l'ombre diminue de taille et se transforme en Leonardo.

«Vous pensez vous être échappé, crit-il. Vous serez toujours mienne, sale chienne!»

Elle se réveille en sursaut.

La porte de la maison s'ouvre et il entre. Elle l'attend déjà avec son esprit affilé comme un couteau, une tasse de thé dans la main droite et une petite assiette dans la main gauche. Elle est décidée à faire ce qu'elle pense devoir faire. Son objectif est une cible, elle une flèche. Après être sortie de l'arc, ni rien ni personne ne pourra changer son chemin. Et elle vole déjà, libre et avec de l'impulsion suffisante pour transpercer son destin.

«Comment allez-vous ma chérie? Vous ne me prenez pas dans vos bras? Votre compagnie me manque follement! Un jour est déjà suffisant pour que mon monde se transforme en noirceur loin de vous», dit-il avec les bras ouverts et son sac posé sur le sol près de ses pieds.

Elle mène la tasse à ses lèvres, boit un peu de son contenu et la pose. Elle se lève et marche lentement jusqu'à lui, comme si elle se régalait à chacun de ses pas. Son talon se pose fermement sur le sol et la plante de son pied descend lentement jusqu'à ce que la pointe de ses orteils se pose pour un moment jusqu'à ce qu'ils s'élèvent à nouveau comme s'ils participaient à un ballet. Ils bougeaient avec grâce, comme un chat. Lentement, pleine de grâce, enligne droite, ses deux pieds parfaitement alignés existent peu d'espace entre eux. Il semble qu'ils vont se frapper quand ils se croisent, mais ça n'arrive pas, ils ne font que bouger de l'air qui fait flotter la partie inférieure de sa robe.

Ses hanches se balancent dans un mouvement plein de volupté et le balancement de ses bras accompagne le mouvement de ses cuisses, mais de forme contraire, jambe gauche, bras droit vers l'avant. Sa poitrine est redressée, ses épaules vers l'arrière, signes de la perfection de sa colonne. Sur eux se trouve un cou gracieux contenant deux petites tâches comme si c'était les détails finaux sur la peinture d'un maitre de la renaissance de tant parfaites qu'elles sont. Son menton est en paralysie, ainsi que ses lèvres rouges qui forment sa bouche, l'inférieur bien défini en demi-cercle et le supérieur légèrement retroussé, accompagnant la forme de son nez parfait, ni trop grand, ni trop petit, seulement idéal. Quand il lui fait face, son expression est changée. Ses yeux sont différents, son regard est différent. Il est chaud, il lui réchauffait la peau, mais c'était une chaleur qui ne correspond pas à la passion qu'elle lui dédiait.

Elle le prend dans ses bras et l'embrasse. Il ne s'en rend pas compte, aucun homme ne se rendrait compte, que ce baiser est complètement dépourvu d'émotion. Ou peut-être que non, peut-être se compare-t-il au baiser que Judas a donné à Jésus.

Marie entre dans le salon et les surprend. Son bruit, avant qu'elle entre, les a alertés et éloignés. Aucune méfiance de sa part, car elle le sait déjà, malgré le fait qu'elle n'a rien dit, qu'ils sont ensemble. Elle sourit, elle ne voit aucune décadence à ce qu'elle accepte James comme amant. Elle est à peine heureuse que son roi ait une concubine aussi gracieuse comme elle.

«Est-ce que je peux servir le souper? Vous êtes revenu trop tard aujourd'hui, monsieur James! Mais j'ai préparé du gumbo et j'ai osé rajouter de la viande d'alligator.

-Mon Dieu, on dirait que vous avez deviné que j'étais affamé, Marie! Et quand à vous Bárbara? Votre appétit est attisé?»

Elle se tourne vers Marie sans répondre à James.

«Servez le souper alors Marie. Je n'ai pas très faim mais je ferais de la compagnie à James. Le gouter de l'aprè-midi m'a complètement retiré l'appétit, mais je ne peux pas résister à la viande d'alligator. Loué soit le dieu qui a créé cette créature assassine avec une chair si savoureuse. Et s'il vous plaît, gardez ces bouteilles d'eau-de-vie dans la cuisine!

-Pas encore. Quand je pourrais, j'emmènerais de l'eau fraîche du puits aussi.»

Marie prend le sac avec les bouteilles et se retire. James se tourne alors vers Bárbara.

«J'espère que pas tous vos appétits soient rassasiés, dit-il en la prenant dans ses bras à nouveau.

-Peut-être pas tous», dit-elle avec un regard qu'il l'effraie quand il lui fait face. Des yeux sans vie, sans lumière, le regard qui surgit quand nous sommes très fatigués. Ou très fous, comme les requins quand ils sentent l'odeur du sang frais, que leur logique leur manque, se transformant en machines à tuer.

Ils sont maintenant à table, dégustant le gumbo, un ragoût de fruits de mer et de riz. Le mode de préparation, ou plutôt, l'ingénierie, passe par la construction du roux, fait de farine de blé grillée avec de la viande de porc. Quand il devient plus épais, on rajoute la «sainte trinité» du plats: de l'oignon, du céleri et des piments. À la fin, on rajoute les viandes, les fruits de mer et les saucissons, qui correspondent aux chorizos portugais bien connus par Bárbara et qui lui font se rappeler de sa terre.

James attaque son plat de toutes ses forces. Les mouvements de son couteau sont comme des ombres coupant le firmament à la vitesse avec laquelle il les bouge. Le gumbo disparaît de son plat comme s'il était transporté dans une autre direction. Quand il a satisfait un peu son appétit, il s'aperçoit que Bárbara est silencieuse, mâchant, mâchant, probablement le saucisson. Il la regarde de face.

«Que ce passe-t-il Bárbara? Quelque chose vous dérange?»

Elle comprend que le moment approche. Elle prend sa tasse et bois un peu de vin, levant ses yeux vers lui.

«Que voulez-vous dire avec ça? Quelque chose en mon comportement vous déplaît, monsieur, dit-elle de manière moqueuse, tressant ses doigts à la hauteur de son nez.

-Oui, je trouve étrange que vous ne m'ayez pas raconté tout ce que vous avez fait aujourd'hui, où vous êtes allé et qui vous avez vu dans la rue. Les achats que vous avez faits et la disposition des marchandises dans le magasin français. Le temps que votre sieste a duré, dit-il en ton de plaisanterie.

-Alors je me suis trompée! On dirait que vous écoutez vraiment ce que je vous dis. C'est surprenant!»

Tandis qu'il parle, il prend un fruit de mer et l'amène à sa bouche. Quand il a fini de l'exterminer, il lui demande de lui raconter ce qui ne va pas, ou d'une autre façon, ce qui lui déplaît, cette fois-ci d'une voix sérieuse.

«Ce qui me déplaît? Je vais vous le dire monsieur! Elle hausse le ton. Ce qui me déplaît est de savoir que vous couchez avec deux vagabondes, tout du moins je crois que s'en sont deux. Mais un noir comme vous doit ce coucher avec n'importe quelle chienne qui passe devant vous. Après tout, les personnes de votre couleur et votre origine ne sont rien de plus que des animaux, n'est-ce pas?»

James s'assoit tout droit. Il n'attendait pas une attaque de cette nature venant d'où elle vient et encore plus avec une mer d'offense contre son origine. Il ouvre la bouche, mais elle le tait.

«N'osez pas le démentir, car je sais la vérité. Je vous ai suivi, j'ai frappé à la porte d'une de ces chiennes et j'ai vu l'un de vos fils. Très semblable à vous, malgré le fait d'être très jeune. Mais il n'imagine même pas qu'il est descendant d'un tas de fumier!

-Ne parlez pas contre mon fils! Je ne vous le permets pas!» Il se lève et avance vers elle. Il s'arrête à une distance d'une paume de son visage et place ses mains sur la table.

«Ces femmes sont mes concubines! Je suis un roi! Je dois planter ma descendance entre mon peuple! C'est notre habitude!

-Alors vous pensez que votre prérogative impériale vous délivre du monde civilisé des relations maritales, n'est ce pas?»

Elle lui plante un couteau dans la cuisse droite, il hurle de douleur et bouge vers l'arrière, mais la poignée du couteau est encore dans sa main qui se lève en accompagnant son mouvement. Elle retire le couteau de sa cuisse au même moment où il la regarde dans les yeux et elle voit le regard de terreur qu'il exprime. Elle revit la pensée qu'elle a eue un jour de tuer Leonardo, mais agit sur James.

«Et qu'est-ce que votre majesté pense de ça?» Elle lui enfonce le couteau dans le cœur. Et là, elle le laisse. Quand elle entend un crit, Marie entre dans le salon à temps pour voir le roi se vider de son sang, car avec ses mains il avait retiré le couteau de son cœur, scellant son destin. Son corps tombe au sol au moment où un battement de son cœur fait gicler son sang royal dans le salon.

«Qu'avez-vous fait, chienne? Marie devient folle devant cette scène. Et elle avance vers Bárbara.

-Éloignez-vous Marie, je ne veux pas vous faire de mal!»

Marie s'agenouille en larmes à côté du corps sans vie de James. Elle pleure, elle crit et prend le couteau qui était encore dans sa main. Quand elle se tourne, Bárbara est déjà sr elle avec le couteau que James utilisait à table. Elle coupe sa gorge. Elle tombe vers l'arrière, horrifié de voir son propre sang quitter son corps. Elle essaie de le contenir déjà couchée sur le dos, mais Bárbara lui a coupé la carotide. Elle regarde le toit, ses yeux perdent leur éclat, ses mains deviennent faibles, et elle meurt.

«Je savais que je ne pouvais pas vous faire confiance! Allez en enfer avec votre seigneur, le roi du fumier!»

Elle lâche le couteau et ses pernes deviennent molles. Elle tombe au sol.

«Alors j'ai tué Vidal à cause de ce tas de merde!»

Elle pleure, pas d'avoir tué James et Marie, mais de ne plus avoir Vidal à ses côtés. Ses pleurs sont encore une fois de remords d'avoir perdu son complice en échange d'un inutile, mais elle ne peut pas défaire ce qui est fait.

Elle se récupère. Elle commence à penser à nouveau. Que faire maintenant? Comment ce livrer de ces corps. Elle monte dans sa chambre et prépare une valise avec quelques vêtements. Elle prend ce qui lui reste d'argent et descend au salon. Elle prend quelques bouteilles d'eau-de-vie que James avait laissées dans la cuisine. Elle en vide le contenu dans le salon et sur les deux corps, elle leur met le feu et sort. Elle traverse la rue et assiste aux flammes qui engloutissent la maison.

Quelques diamants ont disparu. Elle les avait donné à James pour qu'il les envoie à la veuve et à la fille du capitaine Edward en échange de la maison et de l'unité d'exploitation. Elle ne peut pas y retourner, elle n'a pas formalisé son entrée dans la société, donc elle ne pouvait pas en prendre possession. Quelques personnes se joignent dans la rue pour voir la maison brûler. Le feu s'étend aux maisons voisines. Les soldats arrivent pour essayer de contenir le feu, mais c'est trop tard, la partie supérieure c'est déjà écroulé. Ça leur prendra un certain temps à retrouver les corps, s'ils ne sont pas déjà transformés en cendres. Elle se tourne et cherche un cocher à louer pour l'emmener à l'Union Hotel.

Elle entre dans l'hôtel et s'enregistre. Elle va jusqu'à sa chambre et demande à ce qu'on lui prépare un bain. Dans la baignoire elle se trouve en état de relaxation complète un peu étrange, en tenant en compte les derniers évènements. C'est la première fois dans sa vie qu'elle est seule. Et cette sensation de liberté qu'elle sent la remplit d'euphorie.

Elle s'aperçoit maintenant qu'elle, et seulement elle, est responsable de sa destinée. Jusqu'à ce point, elle avait été guidée. Par sa mère, en la donnant. Puis par Leonardo. Elle ne s'est délivré de ses sévices qu'avec l'aide de Torres. Elle a trouvé un complice sur l'ombre de Vidal et a été trahi par James. Tout son chemin a été modifié par l'influence de ces personnes. Plus maintenant!Maintenant elle est seule et est l'unique responsable des chemins qu'elle adoptera dans sa vie. Malgré le fait qu'elle sente une pointe de peur, l'excitation de ce qui viendra et le fait d'avoir les rênes dans ses propres mains lui cause un frénétisme intense. Son corps tremble, elle gémit, l'eau chaude semble lui masser les muscles et la relaxe.

Elle laisse son corps plonger et pose son cou sur le support de la baignoire. Elle se regarde dans le miroir placé devant elle et se voit comme une reine dans son bain quotidien.

Mais elle n'est pas confortable. Elle tire une petite serviette et le roule derrière sa nuque. Ses jambes flottent, elle voit la pointe de ses orteils qui entrent et sortent de l'eau comme s'ils auraient leur propre bolonté. L'eau est à la hauteur de son menton. Elle a la sensation de tout pouvoir accomplir, comme si elle était Dieu. Elle ferme les yeux et s'endort en état de grâce.

Tandis qu'elle s'endort, son corps glisse dans la baignoire jusqu'à ce que l'eau lui arrive aux narines. Elle inspire un peu d'eau et s'effraie, ses mains sont au fond de la baignoire et forcent son corps vers le haut. Mais elle sent une pression sur ses épaules et en regardant vers la droite, elle voit une main qui la pousse vers le bas. Quand elle regarde dans le miroir, elle voit Leonardo, brûlé. Sa bouche répugnante s'approche de son oreille.

«Je vous ai dit que vous étiez mienne! Vous allez m'accompagner pour l'éternité dans les profondeurs!»

Elle essaie de bouger ses jambes, mais elles sont prises comme si elles étaient enchaînées. Lentement se forment les figures de Torres tenant son pied droit et James le gauche. Les deux ont de la haine dans leur regard. James lui montre la blessure qu'elle lui a causé à la poitrine giclant encore du sang. Ils la tiennent tandis qu'elle se débat, essayant de se délivrer d'eux. Les deux lui tirent les jambes tandis que Leonardo pousse ses épaules. Elle essaie de contrecarrer sa force avec ses mains sur les bords de la baignoire, mais elle n'a pas la force suffisante pour ça. Sa tête est submergée, seuls ses yeux sont hors de l'eau, remplit de terreur, mais dans le miroir elle voit une figure qui s'approche par-derrière de Leonardo et qui lui plante un couteau dans le cou, qui lui sort après par la gorge. Il pousse un cri mais aucun son ne sort de sa bouche. Sa figure disparaît comme si elle était faite de fumée et derrière lui, elle voit une femme qui lui sourit, étant identique à elle. Ses doigts sont noirs. Elle comprend d'immédiat que c'est sa mère. Au milieu des deux surgit la figure de Jonas avec les vêtements mouillés et les orbites vides. Il prend les deux hommes par le cou, un dans chaque bras, et se lance vers l'arrière, les emmenant de nouveau dans l'abîme. Elle se réveille effrayée avec un frisson. Ses pieds poussent la baignoire jusqu'à ce que son corps émerge et que l'eau soit au niveau de ses épaules. Elle les aide avec ses mains immergées en poussant le fond vers le bas. Quand elle regarde de nouveau dans le miroir, elle voit Vidal avec le crâne cassé et un regard remplit de douleur qui lui déchire le cœur. Elle se réveille de nouveau avec un cri. Un rêve à l'intérieur d'un autre rêve. «Des rêves?» Elle s'aperçoit alors qu'ils ne la laisseront jamais en paix.