William Thomas Stead, né en 1849 et mort en 1912, fut un grand journaliste et peut être considéré à bien des égards comme le fondateur de la presse moderne.
Sa conviction profonde était que le discrédit dont la classe politique anglaise était l’objet donnait à la presse des responsabilités nouvelles et qu’elle devait avoir un rôle actif dans la conduite des affaires du pays.
Ainsi n’hésita-t-il pas, lorsqu’il fut à la tête de la Pall Mall Gazette, à faire campagne avec succès pour que l’Angleterre s’implique davantage au Soudan, pour que le budget de la marine soit augmenté ou pour que les escarmouches entre les troupes anglaises et les troupes russes en Asie centrale ne dégénèrent pas en conflit ouvert.
Mais c’est aussi sur le plan social que Stead fut un journaliste engagé. Il lutta en particulier, grâce à des campagnes de presse qui mobilisèrent l’opinion et conduisirent à l’adoption de textes de loi, contre la prolifération des taudis à Londres et contre la prostitution enfantine.
Pour démontrer l’existence de ce dernier fléau, il obtint d’une mère qu’elle consente à lui vendre la virginité de sa fille, avant de confier l’enfant à l’Armée du Salut. Mais sa démonstration se retourna contre lui et on l’accusa d’enlèvement. Il passa en procès et fut condamné à une peine de prison de deux mois, ce dont il tirait une grande fierté dans la mesure où elle lui avait permis de faire avancer son combat.
Tous ces éléments dessinent le portrait d’un homme de conviction et de courage, socialiste et féministe avant l’heure, ardent défenseur de la paix, dont le souvenir, quel que soit le tour surprenant que sa vie a pris ensuite, mérite d’être gardé vivant dans les mémoires.