Mais Stead ne s’arrête pas à ce premier texte. En 1893, dans la Review of Reviews, qu’il créa en 1890, il publie une longue nouvelle qui raconte également un naufrage, « De l’ancien monde au nouveau1 ».

L’histoire se passe sur le Majestic, qui relie Southampton – c’est de là que partira le Titanic – et les États-Unis. Pendant la traversée, une passagère possédant des talents de médium, Mrs Irwin, rêve qu’elle assiste au naufrage d’un grand navire, le Ann and Jane, qui coule après avoir heurté un iceberg.

Elle confie son rêve à un autre passager doué des mêmes talents, Jack Compton, qui lui prête d’autant plus attention qu’il a lui-même reçu par une autre voie – il pratique l’écriture automatique – un appel d’un de ses amis, John Thomas, lequel se trouvait sur le Ann and Jane et a trouvé refuge avec quelques survivants sur l’iceberg ayant causé le désastre.

Compton entreprend donc de convaincre le capitaine du Majestic, qui s’apprêtait à changer de direction pour échapper au brouillard, de ne pas détourner son navire et de porter secours aux naufragés. Il lui explique que le Majestic va croiser la route de l’iceberg, ce qui se produit en effet et permet de sauver la vie de son ami.

Compton présente plus d’un point commun avec Stead lui-même2, lequel, mêlant la réalité et la fiction, a confié la responsabilité du Majestic à un personnage connu dans le milieu de la marine, Edward Smith, qui commandera plus tard le Titanic avec lequel il disparaîtra.

C’est d’ailleurs sur ce navire que Stead fera sa connaissance. En effet, alors que toute personne sensée à qui on a prédit qu’elle périrait dans un naufrage et qui a consacré plusieurs récits à ce thème éviterait de naviguer, il se présente le 10 avril 1912, à Southampton, à la passerelle d’embarcation du Titanic.


1. « From the Old Word to the New or A Christmas Story of the World’s Fair », in Review of Reviews, Horace Marshall and Son, 1893, pp. 39-50. APJ +

2. Tous deux sont des adeptes de l’écriture automatique, comme Robertson (voir Histoires paranormales du Titanic, op. cit., pp. 237 et 252).