Frédérique s’est réveillée vingt minutes plus tôt, la tête lourde, la sensation de ne pas avoir assez dormi. Dans le lit une place, le chat Eddy a passé la nuit à lui marcher sur la tête. Les cheveux en bataille dépassent des draps froissés. Frédérique n’a toujours pas fait les courses, il n’y a plus de café. Elle enfile un gros pull, un vieux pantalon, et sort sans prendre la peine de se doucher.

La ville est bien vivante, une odeur s’infiltre dans la rue. On se demande d’où viennent ces effluves, des gens, du ciel ou des entrailles de Paris. Elle s’assoit à la terrasse du troquet en bas de chez elle, le visage tourné vers le soleil. Elle attend que le liquide brûlant coule et lui fouette le sang. Les idées se remettent en place. Elle se ronge les ongles, souffle la fumée blanche par les narines, regarde ses doigts jaunis, écrase le mégot, elle aime trop ça le tabac, elle ne pourra jamais arrêter. La privée sort le dossier Victoria Lanzman. C’est la première fois qu’elle mène une enquête aussi complexe. Elle a vu le regard confiant de sa tante qui a énoncé une phrase toute nette, c’est chaud, cette fois, c’est pour toi, Fred.

La jeune femme n’en croyait pas ses oreilles, elle qui empile des constats d’huissier et suit des cibles sans broncher.