CHAPITRE 23

Les mêmes cygnes glissaient sur les étangs du Béguinage, désormais roses au jour levant. Prévenue de ma visite, Lucienne, malgré son extrême faiblesse, avait demandé qu’on l’installât dans un fauteuil. Je vins jusqu’à elle et l’embrassai.

— Bonjour, ma sœur, je suis heureuse de vous revoir.

— Marianne, mon enfant… on m’avait dit que vous étiez morte… et c’était ma faute… c’est moi qui vous avais effrayée.

Elle s’étouffa, j’allais appeler à l’aide lorsque j’entendis :

— Il faut que vous me pardonniez, je vous en supplie.

— Je vous pardonne. Et je crois savoir pourquoi vous vouliez m’éloigner du Prinsenhof.

— Pas du Prinsenhof, de l’hospice d’Ypres… de Jasmin Durand… de ses souvenirs.

— Je sais qui vous êtes, je connais votre nom, Marie-Luce Rogier-Hamilton, n’est-ce pas ?

— Je ne voulais pas que vous l’appreniez… j’ai tout fait pour vous en empêcher.

Sœur Lucienne réclama un mouchoir, elle pleurait.

— Je suis l’auteur des lettres, des messages, du carton… celui des fleurs… j’ai arraché la page du Soir… pris les photocopies… les photos, le cahier…

La religieuse, si cela était possible, paraissait encore plus frêle qu’un instant auparavant. Les yeux révulsés, elle faisait des efforts audibles pour déglutir. Je ne voulais pas paniquer, je soulevai sa tête et lui humectai les lèvres avec du coton imbibé d’eau.

— Je ne voulais pas que vous sachiez, Marianne.

— Vous saviez qui était Maerten ?

— Paolo, le Paolo d’Alice Durand…

— C’est vous qui aviez écrit cette lettre de rupture ?

— Il le fallait…

— Pourquoi, Marie-Luce ?

— On ne m’avait plus appelée Marie-Luce depuis…

Lucienne montra des signes de grande faiblesse. J’appelai à l’aide les infirmières de garde qui vinrent réinstaller la moribonde dans son lit.

— Désirez-vous que je parte ?

— Non, restez, j’ai tant de choses à vous confier.

J’avançai un fauteuil près du lit et pris la main de la religieuse dans la mienne.

— Je vous écoute.

Lucienne parlait lentement, hachurant les mots, écourtant de plus en plus les phrases, mais je ne perdis rien de l’histoire tragique que Marie-Luce Rogier-Hamilton me raconta. Lorsque la religieuse eut terminé le récit stupéfiant de sa vie, je sortis d’un sachet de soie le médaillon que Florian Hamilton avait dérobé pour sa fille Marie-Luce, quatre-vingts ans auparavant, dans un coffre du Prinsenhof de Bruges. Après avoir relu à haute voix ce que son père avait inscrit pour elle à l’intérieur d’un médaillon ayant appartenu à Marie de Bourgogne : To Marie, most affectionaly, Daddy, 1918, je le lui attachai autour du cou.

— Il faudra… après… il faudra rendre le médaillon…

— Ne vous inquiétez pas, ma sœur, je le remettrai à qui de droit, murmurai-je à son oreille. Et je crois qu’il est possible que le Patrimoine accepte que ce bijou fasse partie des merveilles qui orneront les présentoirs du petit musée du Prinsenhof. Avec les œuvres de votre père, sans doute !

Je déposai un baiser sur le front brûlant.

— Dans le tiroir… les papiers… pour vous… ma confession… priez pour moi, Marianne.

L’abbé, qui lui avait administré les derniers sacrements dans la matinée, revint la bénir au moment où je la quittais. Je m’approchai une dernière fois de la vieille religieuse pour l’embrasser, sachant que Marie-Luce Rogier-Hamilton, sœur Lucienne, était sur le point de s’éteindre, à l’âge de quatre-vingts ans, en demandant à Dieu le pardon de ses fautes.

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Ayant laissé William au CAB pour une conférence de presse, je revins au Prinsenhof vers seize heures, anxieuse de lire la confession de Lucienne. Mais je courus d’abord au chevet de Gabriel pour prendre de ses nouvelles. Mon ami dormait d’un sommeil paisible.

La lecture du mea culpa de Lucienne m’émut aux larmes. Bouleversée, j’entrepris le dernier chapitre de mon roman. Nous étions à deux jours de l’échéance, mais je tenais enfin toutes les réponses.

Les Carnets d’Ypres ou Mémoires du temps
6 septembre 1998 (dénouement)

… Leurs lettres d’amour s’étaient croisées. Lui, les rédigeant des tranchées ou d’affûts précaires, elle, d’une misérable chambre où de braves gens la protégeaient des regards malveillants.

Au comble du bonheur, dès qu’il eut appris la naissance de son enfant, Florian s’engagea auprès de Colette, lui demandant d’être sa femme. La cérémonie discrète devait avoir lieu le samedi 20 juillet 1918, dans la petite église Saint-Denis à Lille. Mais cette promesse ne fut pas tenue, ce mariage n’eut pas lieu. Florian Hamilton, une jambe arrachée par des éclats d’obus, abandonné au fond d’un trou, mourut le 12 juin de cette année-là et Colette Rogier, lorsqu’elle l’apprit le 18 juillet, désespérée, revêtit sa robe de mariée et mit fin à ses jours. Leur petite Marie-Luce était âgée de trois mois. Cette enfant, rejetée par ses grands-parents, fut dès lors confiée à l’assistance publique.

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Dans les dossiers du Centre d’accueil du Sacré-Cœur de Jésus, l’on pouvait lire que Marie-Luce Rogier, fille illégitime de Colette Rogier, suicidée, et de père inconnu, fut une enfant rebelle. Cette institution communale de charité en avait eu la charge de 1918 à 1924. Elle était âgée de six ans, lorsqu’on dut, pour des « motifs disciplinaires », l’imposer à une école de réforme pour mineurs dans le nord de la France, en attendant la réclusion dans une institution ferme.

Ils étaient si peu nombreux à s’occuper de la centaine d’orphelins, enfants abandonnés à l’assistance publique, qu’Yvette Chenin, femme célibataire dans la cinquantaine, la plus disponible de l’équipe, se retrouvait parfois à cumuler soixante heures de garde d’affilée. Lorsque la fillette du Centre d’accueil du Sacré-Cœur de Jésus lui a été confiée, les dortoirs de l’école ne comptaient plus un seul lit libre.

Soucieuse de ne pas perdre une inscription qui allait augmenter les maigres revenus de l’institution, la direction avait demandé à Chenin de bien vouloir prendre l’enfant avec elle, sur une paillasse, dans sa chambre, le temps que la salle de couture soit convertie en dortoir.

L’été stagnait, le thermomètre n’était pas descendu en bas des trente-cinq degrés pendant près d’un mois, les travaux traînaient, si bien que l’automne était arrivé avec ses nouvelles inscriptions, sans locaux pour accueillir les recrues. L’incommodant grabat coincé entre la table de nuit et la porte avait disparu et la fillette partageait le lit de Chenin depuis plusieurs semaines. La gardienne s’était accommodée de la situation. Aussi, en septembre — le nouveau dortoir n’était toujours pas fonctionnel —, il n’avait même pas été question de déménager la fillette à l’infirmerie avec les autres enfants.

Au début, agacée de devoir partager son intimité avec la bâtarde, comme Chenin se plaisait à surnommer la fillette, la gardienne se dédommageait en lui imposant des tâches ménagères qui la soulageaient de quelques heures de travail. Puis les services exigés varièrent. Des massages de pieds et de jambes s’avérant plus délassants qu’un congé d’époussetage, la gardienne s’habitua aux caresses timides de l’enfant et en exigea bien davantage.

Chenin, prétendant être « généreuse » avec sa bâtarde, lui permettait de l’accompagner à la buanderie, où elle lui avait appris à laver, sécher et plier le linge, ou encore à la cuisine où la fillette était de corvée pour peler les légumes et récurer les casseroles. Ce qui se voulait être une récompense pour l’enfant que la gardienne disait plus manuelle que studieuse. Les autres pensionnaires l’enviaient et la plupart des préposés voyaient d’un bon œil cette relation affectueuse de Chenin avec une orpheline, ce qui n’avait jamais été le fort de cette femme plutôt acariâtre et brutale. Mais en dépit des apparences, Chenin traversait une période difficile de sa vie, tolérant malaisément une ménopause tardive ; et lorsqu’un accès de violence s’emparait d’elle, il lui était impossible de le contrôler.

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À mesure que les mois passaient, la fillette, devenue la possession de sa gardienne, subissait les pires sévices. Ce soir-là, Chenin était exaspérée. On venait de lui imposer une nuit de garde supplémentaire, c’était la troisième en huit jours. Plusieurs enfants avaient contracté la scarlatine et entre les sirops à administrer, les frictions à l’alcool à prodiguer et les lits à changer, la quinquagénaire avait à peine eu le temps de s’allonger.

— Mais vas-tu te la fermer ! grondait Yvette Chenin. Tu me fais mourir, saloperie de bâtarde ! Rien que je ne fais pas pour toi et voilà ma récompense. Tiens ! grogna la grosse femme en frappant l’enfant du revers de la main. Il faut encore que je te berce, hein, pour t’endormir ?

— Non, pas bercer, pas bercer… pleurait l’enfant, tremblante de peur.

Mais Chenin fredonnait une comptine, « Bonne nuit, cher trésor… dans tes langes d’or… » Tout en chantonnant, la marâtre ponctuait le rythme d’un coup de sa cordelière sur le dos de la fillette dont les prières timides, loin de la calmer, l’excitaient. Que dis-tu, chérie ? Répète, je t’entends mal.

Et naïvement, un peu d’espoir dans sa petite voix, l’enfant répétait :

— Ne fais pas ça, tantine, ça me fait beaucoup mal… je regrette… je ne serai plus méchante… Je t’aime, tantine, c’est vrai… ajoutait l’enfant désespérée.

Exténuée et ne connaissant plus qu’un seul moyen de se calmer, Chenin rangea le ceinturon et dénuda la fillette.

— Non, pas ça tantine, s’il te plaît, ça me fait beaucoup mal… les coupures, ça me brûle trop, suppliait la petite voix étouffée.

— Mais tais-toi donc, je ne veux plus t’entendre ! Qu’essaies-tu de faire ? Ameuter ceux que j’ai eu du mal à endormir ?

De sa main libre, elle la retenait par les cheveux, maintenant son visage effrayé dans un oreiller. Chaque attouchement impudique était prodigué sur une lésion qui provoquait de minces filets rouges qui coulaient entre les cuisses de la fillette. Lorsque la Chenin était calmée, agenouillée sur les dalles, l’enfant épongeait des taches de sang et d’urine avec sa robe de nuit et sa culotte abandonnées dans un tas.

— Maman, maman ! Je veux ma maman, je veux voir maman, au ciel, avec Jésus, sanglotait-elle.

Yvette Chenin n’avait pu fermer l’œil de la nuit, la fillette n’ayant plus cessé de pleurer, réclamant tantôt sa mère, tantôt Jésus.

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Les comités d’inspection avaient retenu dans tous leurs rapports que madame Chenin avait toujours agi « comme une mère » auprès de cette petite fille rebelle, lui prodiguant soins et affection. L’orpheline passa donc toute son enfance sous la garde affectueuse d’Yvette Chenin, avant d’être transférée dans une école de réforme « ferme » à l’âge de douze ans.

Elle n’avait pas encore ses menstrues lorsqu’elle fut incarcérée une première fois pour vandalisme.

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Les Carnets d’Ypres ou Mémoires du temps
7 septembre 1998 (dénouement, suite et fin)

…Le 2 avril 1939, dix jours avant d’avoir atteint ses vingt et un ans, Marie-Luce Rogier reçut une lettre d’un notaire de Lille l’informant qu’elle pourrait trouver à l’adresse indiquée des effets laissés pour elle par sa mère, décédée le 18 juillet 1918. Les ayant récupérés, le jour de son vingt et unième anniversaire, et comprenant, à sa façon, les raisons qui avaient poussé sa mère, non seulement à l’abandonner, mais aussi à se donner la mort, n’éprouvant plus aucune tristesse, mais en revanche submergée par une immense haine, elle n’eut plus qu’un but : retrouver, pour lui faire du mal, l’homme qu’elle accusait de la mort tragique de ses parents, et dont la lâcheté lui avait valu sa misérable existence.

Lorsqu’elle eut retracé Jasmin Durand, sans beaucoup de difficultés par ailleurs — ce dernier ayant vécu toute sa vie à Ypres —, elle prétendit se lier d’amitié, d’abord par correspondance, avec sa fille, Alice Durand, et vit rapidement à se faire inviter à partager sa vie de famille pendant quelques jours. S’étant assurée de ne rencontrer aucun des amis d’Alice qui auraient pu s’avérer, par la suite, des témoins encombrants, particulièrement un dénommé Paolo, Marie-Luce, Cogier pour l’occasion, la rage au cœur, échafauda un plan pour assassiner et la fille et la femme de Jasmin Durand ; mais surtout pas Jasmin Durand, qui devait, comme elle, souffrir l’enfer avant d’avoir droit au repos éternel.

Après ce séjour chez les Durand, connaissant les habitudes et les intérêts de chacun, il lui fut simple de revenir à Ypres, sans s’annoncer, cette fois. Après avoir attiré Jasmin Durand à un rendez-vous à la ville, inventé de toute pièce, mais plausible vu des problèmes de puits dont Jasmin n’avait cessé de se plaindre, elle se rendit sur sa ferme à l’heure où les deux femmes nettoyaient la grange avant d’y ramener les animaux qui paissaient dans les prés.

S’étant introduite dans le bâtiment désert, elle dut attendre plus d’une heure l’arrivée de Blanche et d’Alice. Le soleil plombait la toiture de tôle, générant une chaleur suffocante qui l’avait mise dans un état de démence. Nerveusement, elle fuma une dizaine de cigarettes, puis, n’y tenant plus, arracha les boutons de son chemisier dont le collet montant l’étouffait, rompant alors, sans s’en rendre compte, la chaînette qu’elle portait autour du cou depuis le jour de son anniversaire.

Ayant enfin vu les deux femmes revenir vers la grange pour vaquer au nettoyage, Marie-Luce répandit l’essence aux quatre coins du bâtiment et attendit que Blanche et sa fille soient entrées pour jeter des cigarettes allumées dans les meules de foin. Puis, s’étant échappée, elle remit l’arbalétrier de fer dans les charnières avant de les frapper à coups de marteau. Coincé dans les pentures tordues, le timon devenait impossible à retirer. Blanche et Alice Durand étaient prisonnières.

Pendant la crémation, Marie-Luce Rogier-Hamilton, la bâtarde d’Yvette Chenin, insensible aux hurlements et aux supplications de la mère et de la fille, fredonna cette comptine douce que tantine lui chantait en la berçant. Elle ne quitta les lieux du brasier qu’au moment où la camionnette de Jasmin Durand s’engagea dans l’entrée raboteuse de la ferme. Mais le père horrifié arrivait trop tard ; il lui fut impossible de pénétrer dans le bâtiment dont les flammes avaient embrasé toutes les cloisons. Sa fille Alice et son épouse, Blanche, succombèrent sans que Jasmin ait pu faire quoi que ce soit, perdant lui-même l’usage de ses jambes au cours d’inutiles tentatives de sauvetage.

Lorsqu’il reconnut, dans le bourrier cendreux de sa grange, le médaillon que Florian Hamilton lui avait dit avoir trouvé dans les caves du Prinsenhof, Jasmin se rappela avec douleur la joie de son ami : « It is for my little girl, Jasmin, c’est beau ce petite médaillon, je va l’envoyer à Colette pour notre bébé. »

Considérant que le ciel lui donnait enfin la chance d’expier son crime de lâche, l’homme qui avait tout perdu se refusa de voir la fille de Florian Hamilton payer pour une faute qu’il considérait n’être que le prolongement de la sienne. Il n’avait donc pas aidé les policiers à clore l’enquête sur l’incendie et avait passé le reste de sa vie, privé de l’usage de ses membres inférieurs, solitaire et triste, dans un hospice d’Ypres à pleurer sa femme et sa fille.

Ils étaient quittes.

Marie-Luce Rogier-Hamilton, alias Marie-Luce Cogier, après un long traitement psychiatrique, entra en religion, prononça des vœux perpétuels d’obéissance, de charité et de chasteté, et devint sœur Lucienne, le 17 mars 1943.

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Les Carnets d’Ypres ou Mémoires du temps
7 septembre 1998 (Épilogue)

C’est avec une vive émotion que Marie-Luce Rogier-Hamilton, âgée alors de quatre-vingts ans, apprit que les Ateliers Alechinsky de 1998 allaient rendre un hommage posthume à son père. Mais lorsqu’elle entendit que l’artiste étranger était un Canadien dont l’épouse écrivaine se proposait de situer la trame de son manuscrit à l’époque où son père crevait dans un trou et sa mère s’ouvrait les veines dans une baignoire, la vieille religieuse paniqua. Il était impossible qu’au fil de ses recherches, la romancière ne découvre pas l’existence de Jasmin Durand que Lucienne savait attendre la mort dans un hospice à Ypres.

L’idée de non seulement revivre, en les entendant raconter, les faits qui lui avaient valu une enfance et une adolescence exécrables, mais aussi la perspective de risquer, à chaque instant, de voir une vérité horrible jaillir d’un passé qu’elle avait espéré à jamais effacé, la firent de nouveau s’engager sur une voie criminelle.

Ce jour-là, à l’hospice, au moment où son regard avait croisé celui du vétéran, la bonté que Marie-Luce y avait vue, la chaleur qui l’avait alors enveloppée et la paix qu’elle avait ressentie pour la première fois de sa vie lui avaient fait les mains moites. La théière était allée se fracasser sur le parquet.

Un peu plus tard, revenue sur ses pas pour embrasser le vieillard et obtenir son pardon, Jasmin Durand l’avait serrée dans ses bras en murmurant : « pauvre petite, pauvre petite Marie-Luce… ce baiser est de la part de ton père. Peux-tu me pardonner, que je parte enfin… » Et c’est elle, Marie-Luce Rogier-Hamilton, la meurtrière de Blanche et d’Alice Durand, qui avait dû pardonner à l’ami de son père, à l’ami de Florian Hamilton.

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Le cœur chamboulé, je réussis à finaliser la rédaction du dernier chapitre dans les quarante-huit heures qui suivirent ma dernière rencontre avec sœur Lucienne. Au cours de la journée du 7 septembre, je remis mon précieux manuscrit à l’éditeur pour la mise en page finale. On me confirma qu’il allait être déposé à l’imprimerie dans les délais, afin que le lancement de Les Carnets d’Ypres ait lieu à la mi-novembre, tel que prévu.