La légende précoce de Saladin et l’image idéalisée qu’elle a diffusée de lui ont longtemps influencé les études historiques du personnage. La biographie de l’un de ses plus proches conseillers, Bahâ’ al-Dîn Ibn Shaddâd, éditée et traduite pour la première fois en latin, en 1732, par l’orientaliste hollandais Albert Schultens, allait durablement influencer le regard des historiens occidentaux sur ce sultan. En 1758, Louis-François Marin publiait la première véritable biographie de Saladin en utilisant – fait remarquable pour l’époque – des sources arabes, syriaques* et latines. Le sultan était dépeint, dans la tradition de sa légende, comme un souverain juste, pieux et bienfaisant, mais en même temps l’historien s’efforçait de rétablir une certaine vérité historique en rejetant sa prétendue ascendance chrétienne et l’idée du monarque « philosophe » et libre penseur tel que Gotthold E. Lessing et Voltaire le voyaient encore à cette époque : « Ceux-là se trompent, qui prétendent qu’il mourut en philosophe ; il vécut et mourut en dévot. Il semble à quelques Écrivains de nos jours, qu’il ne puisse y avoir de véritablement grands hommes, sans cette philosophie qui consiste à n’admettre aucune Religion*. »
Dans sa grande histoire des croisades, publiée de 1812 à 1822, l’historien Joseph-François Michaud réaffirme, de son côté, la forte dimension islamique de l’action de Saladin tout en reconnaissant ses qualités humaines et politiques :
Avec moins d’audace et de bravoure que Richard, Saladin avait un caractère plus grave, et surtout plus propre à conduire une guerre religieuse. Il mit plus de suite dans ses projets ; et, plus maître de lui-même, il sut mieux commander aux autres. Il n’était point né pour un trône, et son crime fut d’y monter ; mais on doit dire que lorsqu’il y fut assis, il s’en montra digne. On sait d’ailleurs qu’en s’emparant de l’empire de Noureddin, il obéit moins à son penchant qu’à sa fortune et à sa destinée. Une fois qu’il fut le maître, il n’eut plus que deux passions, celle de régner et celle de faire triompher l’Alcoran. Toutes les fois qu’il ne s’agissait pas d’un royaume ou de la gloire du Prophète, qu’on ne contraria ni son ambition ni sa croyance, le fils d’Ayoub ne montra que de la modération*.
Il fallut toutefois attendre 1898 et l’orientaliste écossais Stanley Lane-Poole pour que le public occidental découvrît réellement le personnage historique de Saladin. L’important effort d’édition et de traduction des textes arabes sur les croisades, entrepris dans la seconde moitié du XIXe siècle, permit à cet historien d’accéder aux principales sources sur Saladin. Celui-ci est présenté, au début de sa carrière, comme un jeune homme effacé et sans grande ambition politique. Mais ensuite se révèlent ses qualités de souverain chevaleresque qui forçaient l’admiration des croisés. L’ouvrage parut d’ailleurs dans une collection intitulée « Les héros des nations », sans qu’il ne soit précisé de quelle « nation » il s’agissait. Comme le fait justement remarquer Margaret Jubb, Stanley Lane-Poole, grand admirateur de Walter Scott, semble avoir été conquis par les qualités de parfait « gentleman » de Saladin qui fait figure, sous sa plume, d’un héros plus écossais qu’oriental. Cet ouvrage, rédigé dans un style clair et agréable à lire, remporta, un très vif succès au point qu’il continue d’être réédité jusqu’à nos jours*.
Depuis la fin du XIXe siècle, les études se sont multipliées et d’innombrables portraits de Saladin ont été dressés soit dans des histoires générales des croisades soit dans des travaux qui lui ont été plus particulièrement consacrés dont nous ne retiendrons ici que les plus significatifs. La description qu’en fait l’historien et académicien René Grousset dans sa très célèbre Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, publiée en 1934-1936, mérite qu’on s’y arrête :
Après tant de dynasties arabes et turques l’avènement de Saladin marquait donc celui d’une race nouvelle. Avec lui l’élément kurde, c’est-à-dire indo-européen s’emparait de l’hégémonie dans le monde musulman. Événement considérable qui n’a pas été assez remarqué, tant le manteau de l’internationalisme islamique a coutume de nous dissimuler les différences ethniques et sociales qui expliquent cependant toute l’histoire. Sous cette uniformité apparente, quoi de plus distinct cependant que la finesse décadente des dynasties khalifales arabes, Abbâsides à Baghdâd ou Fâtimides au Caire, la rudesse belliqueuse des aventuriers turcs de la première génération comme Zengî, la spontanéité, la richesse intellectuelle et morale de la dynastie kurde des Aiyûbides ? Dès le début ceux-ci s’affirment supérieurs à leur milieu. Fraîcheur d’un sang nouveau, vigueur de cette race montagnarde des Kurdes que la décadence abbâside n’avait même pas effleurés et qui, dans un Islam de Bas-Empire, apportaient une réserve d’énergie et comme une sève de jeunesse, sans la sauvagerie de l’élément turc : cet avènement d’une dynastie indo-européenne, diraient les mythologues de l’ethnicisme, d’une famille de highlanders, dirons-nous plus simplement, devait renouveler la face de l’islâm syro-égyptien.
Ces quelques lignes, rédigées à une époque où florissait l’anthropologie raciale dont l’objectif était de classifier et de hiérarchiser « les races »*, nous paraissent aujourd’hui céder de manière inquiétante à des idéologies dont leur auteur ne percevait sans doute pas toute la dangerosité. Sans adhérer totalement à l’idéologie de la supériorité de la « race » indo-européenne ici représentée par les Kurdes, René Grousset n’en accorde pas moins une place prépondérante à la « kurdicité » de Saladin qui expliquerait, selon lui, ses qualités humaines et ses succès politiques. « Saladin, le héros kurde » est d’autant plus admiré qu’il s’oppose à la « décadence » des Arabes et à la « sauvagerie » des Turcs et qu’il rompt avec la tradition du despote oriental généralement présenté dans l’historiographie du XIXe et du début du XXe siècle comme un tyran fourbe et sanguinaire*.
Dans la même ligne que René Grousset, quoique de façon plus modérée, Albert Champdor élève lui aussi Saladin au rang de héros dont le « sang nouveau, un sang kurde, régénérait l’Islam ». « Âme d’un Islam resté jeune, sain, dynamique », Saladin est décrit comme un souverain habile, clément et généreux, vaillant guerrier ayant su tirer parti d’une chrétienté moins ardente à mener la guerre sainte*.
Dans les années cinquante, les travaux de Hamilton A. R. Gibb, grand orientaliste anglais et admirateur, comme Stanley Lane-Poole, de Walter Scott, vont à la fois renouveler nos connaissances sur Saladin et renforcer son image de sultan vertueux, courageux, humble, généreux et sans calcul :
Il n’était pas niais, mais c’était un homme honnête, totalement simple et transparent. Il confondait ses ennemis, à l’intérieur comme à l’extérieur, car ceux-ci s’attendaient à le voir animé des mêmes motivations que les leurs et à le voir jouer le même jeu politique. Dépourvu de toute ruse, il ne l’attendait jamais et la comprenait rarement chez les autres – une faiblesse dont sa propre famille et d’autres profitèrent parfois, mais uniquement (en règle générale) pour se heurter finalement à sa dévotion constante au service de ses idéaux, que personne ni rien ne pouvait faire plier*.
Cette vision ne se situait pas seulement dans la tradition d’une historiographie favorable à Saladin. Elle s’inscrivait aussi, comme l’a très bien montré Edward Saïd, dans le reste de l’œuvre de Hamilton A. R. Gibb dont l’un des objectifs était d’amener les Occidentaux à s’intéresser à l’Orient, en leur montrant tout le profit qu’ils pourraient en tirer pour comprendre et diriger le monde du XXe siècle*.
Quelques décennies plus tard, Andrew. S. Ehrenkreutz prit une position diamétralement opposée en s’efforçant de montrer que les actions de Saladin ne furent motivées que par son ambition et son goût du pouvoir. D’où ces quelques lignes de conclusion :
La plupart des réalisations historiques significatives de Saladin doivent être attribuées à son expérience militaire et gouvernementale, à son impitoyable persécution et exécution de ses opposants et dissidents politiques, à sa belligérance vindicative et à son opportunisme calculé, à son empressement à compromettre les idéaux religieux pour des convenances politiques*.
Sans doute cet ouvrage eut-il le mérite de remettre en question une image jusque-là beaucoup trop policée du personnage, mais en le condamnant ainsi et en maintenant le débat à un niveau plus moral qu’historique, Andrew S. Ehrenkreutz ne renouvelait en rien la problématique. Bon ou mauvais, désintéressé ou opportuniste, magnanime ou cruel, sincère ou calculateur, tant que l’on restait attaché à cette approche psychologique du personnage et que l’on cherchait à tout prix à sonder ses intentions, à percer ses aspirations les plus intimes, chaque parole ou geste de Saladin pouvait être interprété dans un sens positif par les uns, négatif par les autres.
Les premiers à s’être dégagés de cette vision réductrice ont été les historiens Malcolm C. Lyons et David E. P. Jackson, auteurs de la meilleure biographie de Saladin connue à ce jour, qui s’efforcèrent de retracer le plus fidèlement possible, sans jugement de valeur et en les replaçant dans leur contexte, les faits marquants de son règne, ses actions en faveur de l’unification du monde musulman et sa conduite du jihad contre les Francs. L’un des apports majeurs de cette biographie fut l’exploitation systématique des nombreux documents officiels de la chancellerie de Saladin et de l’importante correspondance de ses secrétaires, ‛Imâd al-Dîn al-Isfahânî et al-Fâdil, peu étudiée jusqu’alors. Avec cet excellent ouvrage on disposait désormais d’une étude très fouillée du règne de Saladin, même si la démarche restait volontairement chronologique et principalement axée sur les aspects militaires et diplomatiques.
D’autres travaux portant sur les périodes clés de ce règne ont aussi vu le jour. Parmi les plus notables, figurent les importantes recherches de Hannes Möhring sur Saladin et la troisième croisade ainsi que sur l’image du sultan, et les études novatrices de Yacov Lev sur le gouvernement de Saladin en Égypte. À ces travaux, il faut ajouter les très nombreux articles dont notre bibliographie n’offre qu’une sélection. Dans cette abondante production historique, il est frappant de constater le peu de place occupée par l’historiographie française*. Sans doute, en France, l’époque des croisades a-t-elle longtemps été étudiée d’un point de vue essentiellement occidental, parfois sous l’influence d’une idéologie coloniale, même si les principales sources arabes étaient connues dès le XVIIIe siècle. Néanmoins, Claude Cahen (1909-1991), fortement influencé par l’école historique des Annales, fut l’un des premiers à s’intéresser à l’histoire économique et sociale du monde musulman médiéval. Il fut aussi l’un de ceux qui infléchit très nettement l’historiographie française des croisades en découvrant et en publiant de nombreuses sources arabes jusque là négligées. Dans la lignée de ses travaux, de nouvelles études ont vu le jour, dans la seconde moitié du XXe siècle, sur divers aspects d’histoire économique, sociale, culturelle et urbaine, mais le genre biographique appliqué aux grandes figures politiques de l’Islam médiéval resta longtemps délaissé, alors que dans le même temps d’excellentes biographies de philosophes, de théologiens, de juristes et de mystiques venaient enrichir nos connaissances sur l’histoire de la pensée musulmane. Seul l’ouvrage que Nikita Elisséeff consacra à Nûr al-Dîn (1146-1174) peut sembler faire exception*. Pourtant il s’agit là de l’histoire d’un règne bien plus que d’une biographie de souverain.
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L’historiographie arabe de Saladin, posa, quant à elle, d’autres problèmes. Dès l’origine, en effet, elle éprouva quelque difficulté à dissocier le passé du présent, l’histoire de l’actualité, et la démarche historique et scientifique céda trop souvent le pas à la réaction politique et idéologique. L’attention portée à ce souverain accompagna l’essor des études consacrées aux croisades, vers la fin du XIXe siècle*. Cette période de l’histoire fut alors mise systématiquement en parallèle avec l’époque contemporaine. De même qu’en Occident les premiers travaux sur les croisades furent souvent marqués par l’idéologie coloniale, en Orient, la position des pays occidentaux hostiles à l’empire ottoman, la colonisation française et anglaise, et enfin la création de l’État d’Israël, furent autant d’événements vécus comme une agression contre les pays d’Islam, ce qui eut pour effet de raviver le souvenir des croisades. On insista alors sur les similitudes entre ces périodes de l’histoire : mêmes divisions musulmanes qui favorisèrent les entreprises des Occidentaux, même abandon de la Palestine par les États musulmans voisins, même attrait économique de la région, même occupation et colonisation du pays par des non-musulmans. Comme la période des croisades s’était terminée à l’avantage des musulmans, ce retour sur le passé était aussi destiné à remonter le moral des populations, à leur redonner espoir et confiance, à leur prouver que leur situation humiliante prendrait fin un jour, à leur faire oublier l’incurie des régimes en place.
Dans ce contexte troublé, les historiens arabes succombèrent à la tentation de rechercher dans le passé des exemples pour le présent. Le personnage de Saladin apparut comme le sauveur, le modèle du souverain idéal, celui qui sut redonner fierté et dignité aux musulmans face aux Francs. Comme nous l’avons dit en commençant, peu importe qu’il fût d’origine kurde et non arabe. Les historiens mirent en avant son « arabité » linguistique et culturelle, sa défense de l’islam et en firent un héros de la cause arabo-musulmane*. Trois pays se disputèrent le privilège de l’avoir eu sur leur sol, l’Égypte, la Syrie et l’Irak, et il est significatif qu’en 1987 trois colloques se déroulèrent simultanément au Caire, à Damas et à Bagdad pour fêter en grande pompe l’anniversaire de la bataille de Hattîn. La période nassérienne en Égypte (1952-1970) vit fleurir les biographies de Saladin car son rôle de leader rappelait celui de Gamal Abdel Nasser. Un rapprochement que l’on se plaisait à souligner jusque dans leur nom « al-Nâsir »*. Les historiens eurent alors tendance à situer la naissance de la nation égyptienne au début du règne de Saladin, à cause de la rupture qu’il imposa dans l’histoire de ce pays qui, depuis l’occupation musulmane, n’avait été dirigé que par des gouverneurs, plus ou moins autonomes, du califat sunnite de Damas puis de Bagdad, avant d’être le siège du califat chiite des Fatimides. À Saladin revenait donc l’honneur d’avoir à la fois instauré un pouvoir dynastique indépendant et d’avoir restauré l’orthodoxie sunnite.
Au cours de ces dernières décennies, dans tout le Proche-Orient, l’image de Saladin a nourri aussi bien les discours politiques que les fictions littéraires et cinématographiques, comme on a eu l’occasion de le voir. Pour ne parler que des études historiques (qui mériteraient une recherche beaucoup plus approfondie que le survol que j’en fais ici), les très nombreuses publications qui ont paru à l’époque nassérienne d’abord, en 1987 ensuite, à l’occasion de l’anniversaire de la bataille de Hattîn, puis en 1993, pour le 800e anniversaire de la mort de Saladin, sont révélatrices de la représentation que l’on se fait encore de lui dans les milieux intellectuels arabes. À travers l’analyse de Saladin et de son règne, c’est l’actualité immédiate, en l’occurrence le conflit israélo-palestinien, qui resurgit de manière récurrente. On cherche à tirer des leçons de l’histoire, à comprendre par quelles voies Saladin a réussi son jihad afin d’inciter les Arabes d’aujourd’hui à suivre son exemple. L’accent est mis, en particulier, sur la nécessité de reconstituer l’unité musulmane qui seule permit à Saladin de reconquérir Jérusalem. Les sources médiévales sont le plus souvent reproduites telles quelles, sans véritable approche critique, sans interrogation sur le sens qu’il convient de donner à ces témoignages, sans faire la différence entre le sultan et son image véhiculée par la propagande. Quand les sources divergent, la plupart des historiens donnent raison à l’une ou à l’autre, choisissent en général la version la plus favorable au sultan et le résultat est donc, sans grande surprise, tout à fait conforme au portrait du souverain exemplaire, préoccupé de justice et d’idéal religieux, tel que ses panégyristes nous l’ont décrit dès le XIIe siècle.
Ainsi pour ne citer que quelques exemples, pour Qadrî Qal‛ajî, dont la biographie de Saladin fut rééditée au moins quatre fois depuis 1956, Saladin est un homme de paix, pas un homme de guerre, et seules les circonstances l’ont forcé à combattre. Il a toujours affronté les conflits avec magnanimité et clémence, fut un exemple pour les autres et combla les Arabes par ses vertus et sa générosité bien plus que par ses armes*. Walîd Nuwayhid, lui, s’interroge un peu plus en profondeur sur l’origine des croisades et leur impact en Europe. Il ne craint pas de poser la question des différentes interprétations qui ont été données de la personnalité de Saladin et de sa politique. Toutefois le nombre réduit de ses sources et une bibliographie souvent dépassée ne lui permettent pas d’aller au-delà de considérations assez générales*. Pour Nu‛mân al-Tayyib Sulaymân, les Israéliens actuels sont les croisés d’hier qu’il présente, dès la première page, comme les « ennemis de la religion et des Arabes »*. Sur un plan beaucoup plus polémique, ‛Arafât Hijâzî dit attendre un « nouveau Saladin » qui rendra l’espoir aux Arabes et libérera Jérusalem. L’auteur ne voit guère de différence entre les croisades d’hier et le conflit actuel du Proche-Orient et assimile, sans grand souci historique, les croisés aux Occidentaux juifs d’aujourd’hui*. De même, ‛Abd al-Qâdir Nûrî, en dédiant son livre à Dieu Tout-Puissant l’implore de venir aujourd’hui au secours de la Palestine, comme il l’a fait jadis en envoyant Saladin*.
Dans tous ces ouvrages, on ne peut manquer d’être frappé par l’absence quasi totale de l’abondante bibliographie occidentale récente sur les croisades, en général, et sur Saladin en particulier, résultat sans doute du trop grand fossé qui sépare encore les milieux académiques occidentaux et arabes*. Toutefois, dans ce panorama historiographique décevant, l’ouvrage récent de Muhammad Muʼnis ‛Awad, Salâh al-Dîn al-Ayyûbî bayn al-ta’rîkh wa l-ustûra, ouvre de nouvelles perspectives*. L’auteur s’efforce, en effet, d’adopter une approche plus scientifique, en replaçant notamment Saladin dans son contexte historique. Un chapitre entier est également consacré à sa légende occidentale et même si quelques ouvrages fondamentaux ne figurent pas dans sa bibliographie*, celle-ci est quasiment exhaustive dans le domaine arabe et plus à jour, dans le domaine occidental, que celle de tous ses devanciers. On peut donc espérer que l’historiographie arabe s’orientera, dans les années à venir, non seulement vers une vision plus « objective » de l’histoire de Saladin, mais aussi vers l’analyse du discours dont il a fait l’objet et l’étude de la représentation qu’ont voulu en donner les auteurs arabes depuis le XIIe siècle jusqu’à nos jours.