Roche gravée (San), vers 2000-1000 av. J.-C.
Afrique du Sud. Andésite, 53 x 54 x 24 cm.
McGregor Museum, Kimberley.
L’Afrique du Sud est connue pour sa richesse ainsi que pour sa diversité et son abondance en roches gravées. Bien que moins appréciées que les peintures rupestres, ces gravures révèlent une grande variété de techniques, de contenus et d’histoire. La plus ancienne date de plus de 12 000 ans. Cependant, la mémoire orale rappelle que certaines pierres ont pu être sculptées aussi récemment qu’au XIXe siècle. Nous pouvons y voir des représentations humaines et animales, tout comme des formes géométriques ou entoptiques. Elles ont été trouvées en nombre sur des rochers au sommet de collines, et par centaines ou même milliers dans des sites plus grands de la région près de Kimberley, où notre exemple a été trouvé. Le symbolisme de l’art san est probablement associé aux croyances religieuses et à l’expérience de la transe. Les gravures ont pu être inspirées par des visions causées par celle-ci, et ont été décrites sur la roche afin que le plus grand nombre puisse y trouver une source d’inspiration spirituelle. De nos jours, les spécialistes font d’importants efforts pour les préserver, du fait de leur lien palpable avec les caractères paysagers, reflétant une « topophilie », de fait révélée aussi dans le folklore de certaines tribus San au XIXe siècle. |
Quels étaient donc les hommes qui peuplaient le continent africain avant les Noirs et qu’y trouvèrent ceux-ci au moment de leur arrivée ? Et que sont-ils devenus ?
Ici encore, nous en sommes réduits aux suppositions. Cependant celles-ci peuvent s’étayer de quelques données d’une certitude d’ailleurs toute relative, fournies les unes par les traditions locales, d’autres par les récits d’auteurs anciens et les observations de voyageurs modernes, d’autres enfin par les travaux des préhistoriens et des anthropologistes. Ces derniers ont démontré scientifiquement que les nains ou pygmées signalés de tout temps en certaines régions de l’Afrique appartiennent à une race humaine distincte de la race noire. Non seulement ils sont en moyenne de couleur moins foncée et de taille plus exiguë que la généralité des Nègres, mais en outre ils se différencient de ceux-ci par nombre d’autres caractères physiques, notamment par le rapport plus disproportionné des dimensions respectives de la tête, du tronc et des membres. Les savants leur refusent l’appellation de « nains », qui convient à des individus d’exception dans une race donnée et non à l’ensemble d’une race ; ils rejettent le terme de « pygmées », qui représente à notre esprit l’extrême petitesse de la taille comme un caractère essentiel et prédominant, alors que les hommes dont il s’agit, bien que dépassant rarement 1 m 55, ne descendent généralement pas au-dessous de 1 m 40. On leur a donné le nom de « Négrilles ».
Actuellement, le nombre des Négrilles relativement purs de tout croisement n’est pas considérable en Afrique. On en rencontre cependant, à l’état dispersé, dans les forêts du Gabon et du Congo, dans les vallées des hauts affluents du Nil et dans d’autres portions de l’Afrique équatoriale. Plus au Sud, sous les noms de Hottentots et de Boschimen, Bushmen ou Bochimanes, c’est-à-dire d’ « hommes de la brousse », ils forment des groupements plus compacts. Ailleurs, en particulier sur le golfe de Guinée, maints voyageurs ont signalé la présence de tribus de couleur claire, à tête fortement développée, à système pileux abondant, qui semblent bien provenir d’un croisement relativement récent entre Nègres et Négrilles, avec prédominance parfois de ce dernier élément. Il semble bien certain que ce sont là des restes, appelés à diminuer de siècle en siècle et peut-être même à disparaître totalement un jour, d’une population autrefois beaucoup plus répandue.