Figure de reliquaire
mbulu ngulu (Kota). Congo.

Bois, laiton, cuivre, hauteur : 54 cm.

Collection particulière.

 

 

Les figures de reliquaire Kota Ndassa diffèrent de celles des Obamba dans la représentation, bien que le visage soit toujours ovale et stylisé en deux dimensions. Celle-ci est de faible épaisseur, concave, les yeux sont figurés par deux cabochons, le nez est formé par une fine plaque perpendiculaire. Leur usage rituel reste cependant le même.

 

 

Les Empires mossi

 

À peu près vers l’époque à laquelle le mansa Baramendana embrassait la foi islamique, c’est-à-dire vers le milieu du XIe siècle, d’autres États noirs se créaient, en dehors de toute influence étrangère ou musulmane, dans la partie centrale de la boucle du Niger, là où la densité de la population semble avoir toujours été considérable et où elle dépasse, de nos jours, celle de toutes les autres régions du Soudan : je veux parler des États mossi. Il y en eut en effet deux. L’un, dont le souverain réside à Ouagadougou, fut fondé vers 1050 par un aventurier nommé Oubri ; l’autre, qui eut successivement plusieurs capitales, dont Ouahigouya, ne fut constitué définitivement que vers 1170 par un nommé Ya, en souvenir de qui il fut appelé Yatenga (la terre de Ya). Le fait que les monarques des deux royaumes portent le même titre de morho-naba (chef du pays des Mossi) et que la population principale et dominante de l’un et de l’autre est composée de Mossi les a souvent fait confondre ensemble. Cependant ces deux États ont toujours été distincts et indépendants l’un de l’autre.

 

Chacun d’eux mit un certain temps à se former et à atteindre son plein développement, mais il semble établi que, vers le début du XIVe siècle, ils avaient à peu près la même étendue territoriale et la même organisation qu’aujourd’hui. Chacun est constitué par plusieurs royaumes dont l’un exerce l’hégémonie sur les autres et chaque royaume est divisé en un certain nombre de provinces à la tête de chacune desquelles est placé un gouverneur ; ce dernier réside tantôt dans sa province et tantôt à la cour du Roi ou « naba ».

 

C’est ainsi que l’empire mossi de Ouagadougou comporte quatre royaumes vassaux, en plus du royaume dépendant directement de l’Empereur ou « morho-naba ». Ce dernier royaume comprend cinq provinces, dont les gouverneurs font en même temps partie du Conseil impérial, l’un en qualité d’intendant, le second comme chef des eunuques, le troisième comme maître de l’infanterie, le quatrième comme maître de la cavalerie et le cinquième en qualité de gardien des sépultures royales. Ce conseil est complété par onze ministres ou grands dignitaires : le grand-maître de l’armée, le commandant de la garde impériale, le grand-prêtre de la religion locale, le maître des rites, le chef des serviteurs, l’adjoint de celui-ci, le chef des musiciens, le chef des bouchers, le chef des palefreniers, le percepteur des taxes et enfin le syndic des musulmans. Chacune de ces charges, comme celle de gouverneur, est héréditaire dans une famille donnée. Chaque gouverneur de province a, comme le « morho-naba » et comme les « naba » vassaux, sa cour de dignitaires et de ministres.

 

Cette organisation, qui fonctionne encore de nos jours à Ouagadougou et au Yatenga, ressemble étrangement à celle qui, d’après ce que nous ont rapporté les auteurs arabes et les écrivains de Tombouctou, existait à Ghâna, à Diâra, à Gao et au Manding, ainsi qu’à celle que l’on a pu observer naguère encore à Coumassie, à Abomey, dans certains États de l’Afrique subéquatoriale et à celle que l’on peut étudier dans quelques petits royaumes du Sénégal, le Djolof principalement et ailleurs. Il semble qu’elle constitue le type, peut-être plus perfectionné au Mossi qu’autre part, de tous les États dignes de ce nom, grands ou petits, qui se sont développés à travers toute l’Afrique noire depuis la plus haute Antiquité. Sans doute n’est-il pas inopportun de faire à ce propos une remarque : si les empires de Ghâna et de Gao passent pour avoir été fondés par des Blancs — sans que la chose d’ailleurs soit absolument certaine — s’ils eurent plus tard à leur tête des dynasties sarakollé (les Sissé à Ghâna, les Touré à Gao) qui prétendent avoir eu des Blancs parmi leurs ancêtres, si l’empire mandingue, fondé et dirigé par des Nègres de race vraisemblablement pure, put cependant bénéficier de quelque influence étrangère par le canal de l’islamisme, si les royaumes des Achanti et du Dahomey, comme ceux du Sénégal et du Congo, peuvent avoir puisé quelques inspirations auprès des Européens, il paraît bien certain que les empires mossi ont toujours été à l’abri de toute ingérence comme de toute influence non nègre et l’on en peut déduire que les institutions politiques qui les caractérisent et que l’on retrouve dans presque toute l’Afrique noire sont d’origine indigène. Tout au plus pourrait-on suggérer que le premier en date des États soudanais, celui de Ghâna, ait été par la suite plus ou moins imité par ses voisins, puis par les voisins de ceux-ci, sans que les derniers en aient eu conscience.