Panneau funéraire nden fubara (Kalabari).

Nigéria. Bois, canne, raffia, pigments naturels,

127 x 94 x 40,5 cm. The Trustees of the

British Museum, Londres.

 

 

Depuis le XVe siècle, les Kalabari étaient d’importants intermédiaires dans la traite négrière. Entre leurs mains passaient dans un sens des esclaves, de l’ivoire, de l’huile de palme et du poivre, et dans l’autre du laiton, de la poudre pour les fusils, de l’alcool et autres produits luxueux européens. Le commerce était contrôlé par des maisons rivales. Certains membres de ces maisons, d’anciens esclaves eux-mêmes, parvenaient à améliorer leur situation et à la fin du XVIIIe siècle, le dynamique Amachree Ier devint roi. Il fut le premier dont la mémoire fut commmorée avec un panneau comme celui-ci. Ces nouveaux objets de culte étaient sûrement influencés par les images européennes en deux dimensions. Ils étaient créés par les familles travaillant comme pilotes des navires européens. Ainsi elles étaient en mesure d’observer le comportement européen envers les images religieuses et royales. Ces panneaux étaient conservés dans les maisons communautaires, sièges des groupes participant au commerce triangulaire. Les esprits des morts étaient supposés investir ces panneaux tous les huit jours afin de recevoir des offrandes et d’être tenus au courant des affaires de la maison. Chaque panneau dépeint un ancêtre représenté en costume, ici avec la coiffe de plumes d’Alagba.

Les figures annexes portent des coiffes appartenant au costume d’Otoba (l’hippopotame), des perles de corail et des textiles importés en satin ou fleuris.

 

 

Contrairement aux empires de Ghâna, du Songoï et du Manding, les États mossi ne se distinguèrent pas par des conquêtes territoriales étendues. Pourtant, celui du Yatenga affirma sa puissance à plus d’une reprise : en 1338, l’année qui suivit la mort de Gongo-Moussa, le morho-naba du Yatenga faisait irruption à Tombouctou et mettait cette ville à sac ; l’un de ses successeurs faisait en 1477 des incursions dans le Massina et le Bagana et allait piller Oualata en 1480. Plus tard, les Mossi résistèrent victorieusement aux askia de Gao, puis aux pachas de Tombouctou, inquiétèrent les souverains du Manding et les rois bambaras de Ségou. Mais leurs expéditions lointaines ne furent que des coups de main éphémères, non suivis d’annexion. L’histoire de ces États s’est déroulée presque toute à l’intérieur de leurs frontières, mais par contre, celles-ci ne furent jamais violées sérieusement et l’occupation française elle-même les respecta, se contentant d’imposer aux morho-naba de Ouagadougou et du Yatenga une sorte de protectorat.

 

Les empires mossi sont curieux à un autre titre encore. Ils ont, de tout temps, constitué un rempart inexpugnable contre l’extension de l’islamisme, qui n’a eu sur eux aucune emprise. Quoique comptant parmi leurs sujets un certain nombre de musulmans, tous étrangers du reste, et ayant créé pour ces musulmans un ministère spécial auprès du Morho-naba, ils sont restés profondément attachés à la vieille religion locale et passent à bon droit pour représenter, dans son intégrité, une civilisation uniquement et proprement nègre.

 

Voilà, brièvement résumé, à peu près tout ce que nous savons de l’histoire de l’Afrique noire pendant le Moyen Âge. Assurément, il a existé, durant cette longue période, d’autres États noirs que ceux qui viennent d’être mentionnés ; mais, ou bien ce furent des États de second ordre dont il y a peu d’intérêt à conter l’histoire dans un ouvrage d’ensemble, ou bien nous ne connaissons d’eux que leur nom et, le plus souvent, nous ignorons même ce nom. C’est ainsi que ce qu’il est possible de dire des Noirs africains antérieurement au XVe siècle se réduit approximativement à ce qui concerne les Noirs du Soudan occidental.

 

Pour le reste, en dehors de quelques notions sur l’histoire du Bornou, nous ne savons guère autre chose que ce que nous ont raconté les auteurs arabes sur la prospérité des colonies fondées par leurs compatriotes et des trafiquants hindous sur la côte du Zanguebar, prospérité qui semble avoir atteint un haut degré au Moyen Âge, mais qui avait sa source principale dans la traite des esclaves et dont ne profita nullement la civilisation des populations africaines.