Monolithe sculpté atal
(Bakor ou Ekoi), XVIe siècle.
Cross River, Nigéria.
Basalte, hauteur : 84 cm.
Collection privée, Londres.
À la même époque, en 1493, la dynastie des sonni fut renversée à Gao par un général sarakollé, Mamadou ou Mohammed Touré, de la fraction des Silla, qui se fit investir de la souveraineté avec le titre d’askia et fut le premier prince d’une nouvelle dynastie qui devait durer un siècle.
L’askia Mohammed régna de 1493 à 1529. Il fut un monarque de tous points remarquable, sut rendre ses États prospères et y développer une civilisation qui fit l’admiration de Léon l’Africain, lequel visita le Songoï sous son règne, vers 1507. À vrai dire, il fut fort bien secondé par ses ministres et ses gouverneurs de province, notamment par son frère Amar ou Omar, dont il avait fait son kanfâri, c’est-à-dire son principal lieutenant ; mais c’est précisément au choix qu’ils savent faire d’excellents collaborateurs que l’on reconnaît les grands rois. Renonçant au système des levées en masse qu’avait pratiqué le sonni Ali-le-Grand et qui empêchait les paysans de se livrer aux travaux des champs, il recruta une armée de métier parmi des esclaves et des prisonniers de guerre, ce qui lui permit de laisser les cultivateurs sur leurs terres toute l’année, les artisans à leurs métiers et les commerçants à leurs affaires. Témoignant d’un grand respect pour les personnages religieux et les savants, il fit de Gao, de Oualata et surtout de Tombouctou et de Dienné des centres intellectuels qui jetèrent un vif éclat et où des docteurs et des écrivains renommés du Maghreb ne dédaignèrent pas de venir compléter leurs études et parfois de se fixer définitivement, comme le fit plus tard le célèbre Ahmed-Bâba. Des jurisconsultes de valeur, comme les El-Akît et les Bagayogo, les premiers de race blanche, les seconds de race noire, se formèrent aux écoles de Tombouctou et toute une littérature s’y développa, aux XVIe et XVIIe siècles, dont les produits nous sont révélés peu à peu par la découverte d’ouvrages fort intéressants, rédigés en arabe à cette époque par des Noirs sarakollé ou songoï, tels que le Tarikh el-fettâch et le Tarikh es-Soudân.