Statue androgyne (Teke).
République du Congo. Bois,
terre, cauris, hauteur : 84,5 cm.
Collection privée.
Les Teke vivent principalement au sein de la République du Congo. Ce sont des fermiers et des chasseurs, organisés selon un schéma matrilinéaire bilatéral. Leur religion est basée sur l’existence d’un monde invisible dirigé par le dieu créateur Nziam. Ce dieu est entouré d’esprits tutélaires, les forces de la nature. Des prières et des implorations sont adressées à ces derniers, par l’usage de moyens religieux ou magiques. Pour ces prières, l’objet utilisé peut revêtir différentes formes investies de pouvoirs magiques et l’on croit que l’esprit de la divinité ou du défunt l’habite. Ces fétiches sont conservés dans des boîtes ou des réceptacles proches de la sculpture de l’ancêtre défunt. Notre exemple doit certainement être un ancêtre. Il serait intéressant de savoir pourquoi la figure est androgyne. Elle est représentée dans une pose traditionnelle, les jambes fléchies et la tête droite. Les yeux en perles de verre sont proches du nez ; les sourcils sont proéminents tout comme la bouche légèrement ouverte pour montrer les dents. Un trou au centre de la dentition laisse penser qu’un élément amovible pouvait être ajouté afin de donner plus de présence aux paroles de l’ancêtre. Le centre du front est occupé par un tatouage en forme de carreaux indiquant une haute fonction. |
D’autre part, l’action des usages européens importés par les colons portugais, hollandais, anglais, allemands, belges et français et celle de la religion chrétienne prêchée par les missionnaires catholiques et protestants ont eu plus de poids sur ces populations incomplètement formées et demeurées étrangères à l’emprise islamique qu’elles n’en ont eu au Nord des pays bantou. Grâce au grand nombre des Européens établis à demeure dans l’Afrique du Sud et à l’extension progressive que les Boers et autres « Afrikanders » ont donnée à leurs mouvements de migration vers l’intérieur des terres, la civilisation primitive des Zoulou, des Bassouto, des Betchouana, des Matabele, des Hottentots s’est parfois modifiée assez profondément, en même temps que se formaient de véritables populations de métis dans les colonies portugaises et hollandaises. Certains royaumes indigènes ont été fortement secoués par des querelles confessionnelles, par suite des rivalités entre néophytes catholiques et néophytes protestants ; ainsi, sous le règne de Mtessa Ier qui était catholique, l’Ouganda fut ensanglanté par une guerre de religion qui se continua sous Mouanga II, successeur de Mtessa, et ne prit fin qu’en 1892 avec la conversion de Mouanga au protestantisme.
Ce sont là choses nouvelles, assurément, chez les Noirs de l’Afrique, et l’on peut dire que, dans une certaine mesure, l’européanisation d’une partie importante de l’Afrique Méridionale et le développement qui y a été donné à la christianisation, ont amené des résultats, non identiques certainement, mais comparables à ceux produits par l’islamisation d’une partie du Soudan occidental et central.