Tabouret de chef à haut dossier
(Nyamwezi), fin du XIXe siècle.
Tanzanie. Bois, hauteur : 107 cm.
Staatliche Museen zu Berlin, Preußischer
Kulturbesitz, Museum für Völkerkunde, Berlin.
Cet objet est sans nul doute le plus connu de l’art nyamwezi, à la fois par son histoire et ses qualités esthétiques. Ce tabouret a appartenu au sultan de Buruku, à l’est du Unyamwezi. Les tabourets à hauts dossiers sculptés étaient réservés aux chefs et étaient parfois utilisés en paires (un pour le chef et l’autre pour le consort). Ils présentaient en général des attributs masculins ou féminins. Cet exemple est décoré d’une figure humaine sur le dossier, la tête et les mains dépassant du dossier comme pour enlacer ou protéger l’occupant du trône. La tête présente les caractères typiques des Nyamwezi : les yeux en perle, le visage lisse et les yeux globuleux. Mais l’objet est surtout identifiable grâce à la forme de sa base. Les trois pieds convexes, alternant avec des pattes en relief, sont typiques des tabourets de la culture nyamwezi. |
Le mobilier, toujours fruste, ne comporte guère que des lits, dont la plupart sont de simples nattes, des tabourets de formes diverses et des urnes et calebasses jouant le rôle de coffres, d’armoires et de récipients à tous usages. Trois mottes d’argile durcie ou trois pierres, disposées en triangle, marquent la place du foyer et servent à supporter la marmite. Des vases en terre et en bois, souvent ornementés et d’aspect gracieux, un grand mortier en bois avec son pilon ou une meule dormante composée de deux pierres, des spatules pour remuer la bouillie, quelques cuillers en bois, des corbeilles et paniers de modèles multiples, constituent les ustensiles de ménage. Une houe de fer à manche en bois très court, se manœuvrant à la main, tient lieu de charrue, de bêche et de pioche. Une herminette et une grossière cognée sont les outils du menuisier ; une barre de fer servant de marteau, une pierre plate remplaçant l’enclume, des pinces et un ingénieux soufflet fixe forment le matériel du forgeron. Des fusils, le plus souvent à pierre, ailleurs des arcs et des flèches empoisonnées ou non, des lances, des javelots ou des couteaux de jet aux formes compliquées et élégantes, des sabres courbes et des épées droites, des casse-tête et des massues sont les armes des chasseurs et des guerriers, dont certains usent en plus de boucliers en cuir ou en vannerie ; les pêcheurs se servent de filets divers (sennes, éperviers, verveux, etc.), de nasses et souvent de harpons, sans dédaigner même la ligne, tenue à la main sans l’intermédiaire d’une canne et ne comportant pas de flotteur.
C’est le vêtement qui, peut-être, présente d’une peuplade à l’autre la plus grande variété. Tantôt on aperçoit, surtout chez les musulmans, des Noirs engoncés dans des « boubous » et des manteaux de coton, de soie ou de velours, ornés de broderies d’un très joli travail ; tantôt le costume se réduit à une blouse courte et sans manches et à une sorte de caleçon de bain ; tantôt la blouse et le caleçon font défaut, remplacés par un grand pagne de coton ou parfois d’écorce, qui se porte comme une toge romaine, ou par une simple bande d’étoffe passée entre les cuisses ; tantôt l’on n’aperçoit pas d’autre trace de vêtement qu’un étui dans lequel disparaît l’extrémité du membre viril, comme chez les Bassari de la haute Gambie, les Lobi et les Birifo de la moyenne Volta noire, certains Betchouana du Transvaal, ou même une simple ficelle servant à relever le même membre, comme chez beaucoup de Bobo et de Dagari, ou encore un tablier de peau qui ne recouvre que la partie postérieure du corps, comme chez les Sara du Chari. De même pour les femmes, à côté de femmes Wolofs disparaissant sous cinq ou six pagnes multicolores et autant d’amples tuniques à longues manches, on peut rencontrer des dames sénoufo n’ayant d’autre vêtement qu’un paquet de feuilles ou de brins d’herbes, en passant par le cas le plus fréquent, qui est celui d’un pagne retenu autour de la taille et laissant le torse nu.
Quelle que soit la somptuosité ou l’indigence de leur costume, les femmes noires ont toutes un grand amour de la parure. Mais quelle diversité aussi dans ses manifestations ! Les bijoux d’or et d’argent, d’un poids généralement excessif, mais d’une facture souvent très fine et d’un modèle parfois très artistique, sont répandus à profusion sur le corps, la tête, les mains et les pieds de certaines élégantes du Sénégal, de la Guinée, de la Côte-d’Ivoire et du Soudan. Des verroteries de toute espèce, des anneaux et des ornements d’ivoire ou de cuivre se voient à peu près partout. Souvent aussi, la mode commande de porter enfoncés dans les lèvres des bâtonnets de quartz, des fétus de paille, ou des disques d’ivoire ou de métal dont quelques-uns sont tellement larges que la lèvre qui les porte est transformée en un battoir.
Il est une autre sorte de parure, extrêmement commune chez les deux sexes, qui consiste à décorer la peau des joues, du front, du cou, de la poitrine, ou de toutes les parties du corps à la fois, de scarifications en traits ou en points affectant toutes sortes de formes, simples ou compliquées. Chez quelques tribus, il semble que certaines au moins de ces mutilations sont des marques ethniques. Chez beaucoup d’autres, elles n’ont pas d’autre but que d’augmenter la beauté du sujet qui les porte.
Un grand nombre de peuples nègres, tant païens que musulmans, pratiquent la circoncision sur les jeunes garçons et l’excision sur les petites filles. Cette sorte de mutilation, qui d’ailleurs n’est pas en usage partout, paraît destinée à consacrer le passage de l’enfance à la puberté et s’accompagne de rites d’initiation ayant un caractère social plutôt que religieux.