Statuette (Baoulé).
Côte-d’Ivoire. Bois, fer, 57 x 13 cm.
Centre Pompidou - Musée national
d’art moderne, Paris.
L’esclavage a existé sans doute de tout temps chez les Noirs, quoiqu’il se soit surtout développé à l’instigation des étrangers : habitants de l’Afrique du Nord et de l’Asie antérieure autrefois, négriers européens et américains à une époque plus récente. La France l’a officiellement aboli en 1848. La disparition des conquérants chasseurs d’esclaves et la cessation des guerres de tribu à tribu durant le XIXe siècle ont aussi contribué à la fin de ce commerce. Car en dehors de quelques peuplades misérables chez lesquelles il arrivait à des parents de vendre leurs propres enfants pour se procurer des vivres, il n’y a jamais eu dans l’Afrique noire d’autres esclaves que des personnes capturées à la guerre. Celles-ci devenaient la propriété de celui qui les avait capturées, lequel pouvait les garder pour lui-même ou les vendre.
En fait, à l’exception de ceux qui étaient destinés aux négriers et qui constituaient une véritable marchandise, ils étaient traités par leur maître à peu près sur le même pied que les membres de sa famille, devenaient souvent ses hommes de confiance et parfois étaient affranchis par lui de sa propre initiative. Quant aux enfants nés d’esclaves, ils ne pouvaient être vendus et faisaient partie intégrante et inaliénable du bien de famille, et il en était de même de leurs descendants à perpétuité. Ces descendants d’esclaves sont devenus des sortes de serfs agraires qui, beaucoup plus nombreux souvent que leurs seigneurs, constituent aujourd’hui le peuple, tandis que les gens en mesure de prouver que leurs ancêtres ont toujours été libres ne sont la plupart du temps qu’une minorité et forment la noblesse.