Costume de féticheur. Cameroun.
Matériaux composites, hauteur : 85 cm.
Collection particulière.
Assemblage, sur une surface en tissu (recto verso), de crânes, ossements, bois, fétiches, cuirs, peaux, écailles, métaux, écorces, pattes d’oiseaux et autres éléments divers, emblématiques de la pensée analogique africaine mettant en relation des forces d’origines et de natures différentes. Cette conjugaison constitue une force bénéfique. |
Croyances et pratiques religieuses |
Jusqu’au début du XXe siècle, on accordait en général à l’islamisme une part très exagérée en ce qui concerne l’étendue et l’importance de son domaine dans l’Afrique noire. Il n’avait guère pénétré davantage que les populations noires vivant en bordure du Sahara. Ses adeptes devenaient de plus en plus rares au fur et à mesure que l’on s’avançait vers le Sud et, même dans la région que nous appelons communément le Soudan, il était loin d’être la religion numériquement dominante. L’on peut dire que les seuls peuples d’Afrique qui étaient en majorité musulmans, en dehors des populations de race blanche de l’Égypte, de la Berbérie et du Sahara, étaient les Wolofs — lesquels étaient d’ailleurs d’islamisation récente, exception faite des Lébou de Dakar —, les Toucouleurs, les Foula du Fouta-Diallon, les Sarakollé, les Dioula, les Songoï, les Kanouri du Bornou, les Kanembou, les Téda du Kaouar, du Tibesti et du Borkou, quelques-unes des tribus du Ouaddaï, du Darfour et du Kordofan, les Bichari, les Danakil, les Somali et certaines collectivités des îles et de la côte du Zanguebar formant un total d’individus très restreint. Les Peuls, les Mandingues, les Soussou, les Yorouba, les Haoussa, les Baguirmiens étaient en partie musulmans et en partie païens. Des fractions du peuple des Galla et d’autres populations négroïdes de l’Abyssinie ou de son voisinage étaient chrétiennes, d’autres païennes, quelques rares autres musulmanes. Tout le reste, c’est-à-dire l’immense majorité de la population noire de l’Afrique, demeurait païenne, si l’on en excepte quelques centaines de milliers de chrétiens dispersés çà et là à proximité des établissements des missionnaires catholiques ou protestants, notamment sur la côte du Sénégal, du Sierra-Leone, au Libéria, à la Côte-d’Or, au Dahomey, à Lagos, à Douala et Yaoundé dans le Cameroun, à Libreville, dans l’Angola, sur les territoires de l’Union Sud-Africaine (Afrique du Sud), au Mozambique et dans l’Ouganda. Il ne semble pas qu’il existe un seul peuple noir qui ne se soit converti en bloc au christianisme.
Il convient d’ajouter que, dans l’ensemble, les Noirs musulmans et les Noirs chrétiens demeuraient fidèles à bon nombre de leurs croyances ancestrales et à beaucoup des rites de leur ancien paganisme. En quoi consiste ce paganisme, ou soi-disant tel, qui était la religion originelle et qui, à cet égard, mérite un grand intérêt ? On le qualifie généralement de « fétichisme », mais le fétichisme, c’est-à-dire la croyance à la vertu des fétiches ou talismans, n’est pas une religion ; ce n’est que l’un des aspects les plus apparents de l’universelle superstition. On rencontre du fétichisme dans toutes les religions et les Noirs chrétiens comme les Noirs musulmans sont aussi fétichistes que les Noirs païens : ils ont seulement plus de « fétiches », car ils ont conservé ceux du paganisme et y ont ajouté ceux qu’ils ont trouvés dans nombre de pratiques, peu canoniques d’ailleurs, du christianisme et de l’islamisme.
La religion des Noirs de l’Afrique est en réalité l’animisme, c’est-à-dire la croyance à la toute-puissance des esprits, auxquels le fidèle rend un culte consistant en prières, offrandes et sacrifices, en vue de s’attirer leurs faveurs, de détourner de lui-même leur colère ou de l’appeler sur ses ennemis.
Que sont ces esprits ? Ce n’est pas l’esprit du bien et l’esprit du mal, ce ne sont pas de bons esprits et de mauvais esprits. L’animisme des Noirs n’a rien de dualiste et ce qui a conduit plusieurs missionnaires à le présenter sous cet aspect ne peut être qu’une réminiscence subjective de l’opposition faite par certains chrétiens entre Dieu et le Diable.