Tambour zoomorphe (Loi).
Bois, longueur : 251 cm.
Ce tambour était utilisé en cas d’attaque ou de danger, afin de prévenir la tribu ou d’envoyer des messages entre villages. La puissance de son roulement ne doit pas être sous-estimée en la comparant avec l’élégance de ses motifs. |
Les proverbes ou dictons foisonnent chez les Noirs et leurs discours en sont fréquemment émaillés, dans la conversation courante aussi bien que dans les entretiens les plus sérieux. On en a recueilli des milliers, dans toutes les régions de l’Afrique tropicale. Le bon sens le plus sain émane de ces maximes courtes et expressives, dans lesquelles une pensée souvent très profonde est ramassée en une comparaison vivante, en une sentence à l’emporte-pièce. André Demaison, dans son Diato, roman de l'homme noir qui eut trois femmes et en mourut (1923), a introduit beaucoup de ces proverbes nègres, dont la saveur ne contribue pas peu à l’originalité de son roman.
Le mépris de ceux qui veulent s’élever au-dessus de leur condition ou qui ne se conforment pas aux coutumes établies est fréquemment exprimé dans ces maximes, comme en celle-ci : « Un morceau de bois a beau rester dix ans dans l’eau, il ne devient pas un crocodile », ou cette autre : « Le petit de la chèvre broutera la feuille de la plante qui a nourri sa mère ».
Parfois, les sentiments les plus élevés s’y font jour, sous une forme dont la simplicité rehausse la force, par exemple dans ce dicton toucouleur : « Ce que regarde au loin le laboureur quand il se redresse, c’est le village. Ce n’est pas le désir de manger qui est cause de cela, c’est tout le passé qui l’attire de ce côté ». Quelle plus belle définition pourrait-on donner du sentiment de la patrie ? S’attendait-on à la trouver dans la littérature populaire d’une peuplade nègre ?
Les Africains forment-ils une race intellectuellement inférieure aux autres races humaines ? On l’a souvent affirmé, mais sans jamais en donner de preuves convaincantes et en prenant généralement un point de départ faux.
On a dit que les Noirs seraient actuellement inférieurs, sous le rapport du développement intellectuel, à ce que sont les autres types de l’humanité. Il me paraît qu’on a, ce disant, confondu « ignorance » avec « inintelligence ». Le plus grand génie du monde, s’il n’était jamais allé à l’école et n’avait jamais vécu qu’au milieu des sauvages, aurait été sans doute dans la complète impossibilité de manifester sa haute intelligence naturelle, ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’eût pas possédée effectivement.
Mais, ajoute-t-on, des Noirs africains ont reçu de l’instruction et ont été placés dans un milieu intellectuel très développé, et pourtant ils n’ont rien donné. À cela, il convient de répondre d’abord que certains ont donné des résultats fort satisfaisants, ensuite que, si le nombre de ceux-ci a été restreint, c’est qu’il y avait une différence trop grande entre le milieu d’où sortaient les sujets que l’on a voulu élever et celui dans lequel ils se sont trouvés brusquement transplantés : pour résister au choc et ne pas s’y briser le cerveau, il fallait ou bien être une intelligence d’élite — et sans doute ce fut le cas des premiers — ou bien éviter le heurt dangereux en refusant de se laisser entamer — et tel fut le cas de la majorité. J’ajouterai que les exemples particuliers ne sauraient constituer une règle générale.