22

Paul Carpentier arpentait le front de mer de Tel-Aviv qui alignait ses grands hôtels face à la Méditerranée. Le soleil était revenu et la brise du large soufflait un air nouveau. Il faisait du bien, songeait-il, d’être en liberté. Même s’il devait jouer de prudence et éviter de se signaler, il était de nouveau maître de ses allées et venues. Enfin presque…

Une Fiat 500 klaxonna et s’arrêta à sa hauteur. Il ouvrit la portière et se laissa choir à l’intérieur d’un mouvement souple. Sophie était assise au volant de la voiture ; elle venait de la louer.

— Tu sais que tu dépens entièrement de moi ? dit-elle, moqueuse.

— Que veux-tu dire ?

— Tu ne veux pas prendre le risque de louer une voiture. Tu ne peux pas te déplacer. À moins d’en voler une…

Paul sortit le Glock et le posa sur sa cuisse.

— Ou de kidnapper la conductrice.

— Pas malin. Elle fera beaucoup plus pour toi de son plein gré. Tiens…

Elle sortit un petit téléphone de son sac.

— C’est un portable que j’utilise quand je vais du côté palestinien. Je viens d’y mettre une carte israélienne  tu me dois cent shekels. Mon numéro est déjà dans le carnet, sous « so ». Nous devrions communiquer par texto. Personne ne peut savoir que tu utilises cet appareil. Le timbre de ta voix est sans doute programmé dans leurs systèmes de reconnaissance. Tu te trahirais en parlant.

Un quart d’heure plus tard, ils étaient sur l’autoroute en direction de Jérusalem.

— Donc, je te laisse à ce village et je reviens te prendre deux heures plus tard. Ça me laisse le temps d’aller à Mevasseret Tsion, c’est à quinze minutes, pas plus.

— Je ne comprends pas pourquoi tu veux rencontrer l’ex d’Ayalon.

— Intuition féminine. Ils sont séparés. Elle sait forcément des choses sur lui. Je vais à la pêche. Elle s’appelle Aviva. Samuel, qui a été tué dans l’attentat dont je t’ai parlé, était leur fils unique. Elle accepte de me voir.

— Sous quel prétexte ?

— Je fais un reportage pour mon blogue sur le deuil des proches des victimes de terrorisme. Sujet tout à fait plausible.

Ils arrivèrent à l’échangeur de Latroun et Sophie engagea la voiture dans la sortie. Trois minutes plus tard, ils étaient en vue de Neve Shalom.

Elle s’arrêta en bordure de la route.

— Tu sais ce que ça veut dire ? Neve Shalom ?

— Il y a « paix » dedans…

— « Oasis de paix. » Les Arabes l’appellent Wahat as-Salaam, ce qui veut dire la même chose. C’est un village moitié juif, moitié arabe. Ce sont des idéalistes qui l’ont fondé avec l’idée de démontrer qu’ils peuvent vivre ensemble en harmonie.

— Des hippies ? !

— Ha ! Aucune idée. En tout cas, ce sont des gens motivés !

— Et ça marche ?

— Tu verras. Peut-être que tu y trouveras la paix et que tu ne voudras plus en repartir !

— Bon, j’y vais. J’ai rendez-vous dans cinq minutes.

Paul ouvrit la portière. Elle le retint.

— Hé !

— Quoi ?

— Merde.

— Merde à toi.

Paul marcha jusqu’au café qui se trouvait à l’entrée du village. Il y avait une minuscule terrasse, trois tables et un homme seul, en habit de jogging, assis en train de lire le Yediot Aharonot.

• • •

Sophie s’arrêta devant un petit pavillon sur les hauteurs de la banlieue de Jérusalem. Elle traversa l’allée de dalles du jardin et sonna.

La femme qui vint lui ouvrir avait un fichu sur la tête et semblait porter un poids invisible sur ses épaules. Sophie se demanda si cette perception était influencée par ce qu’elle savait du malheur d’Aviva Ayalon, mais elle croyait lire la douleur dans sa posture un peu voûtée et dans ses yeux et ses sourcils tristes.

Aviva l’attendait et avait préparé un goûter de biscuits et de thé. Elle invita Sophie à passer au balcon, et les deux femmes laissèrent le soleil les réchauffer un moment avant de parler.

— Ça vous dérange si je fume ?

— Oui, en fait. Même dehors, la fumée me donne mal à la tête. Si ça ne vous dérange pas…

— Mais pas du tout, dit Sophie en rangeant son paquet, jurant intérieurement contre celle qu’elle venait de baptiser pour elle-même « Mémé les sept douleurs ».

Elle se montra tout de même empathique au récit d’Aviva. Elle mit surtout le temps qu’il fallait pour établir un climat de confiance et elle réprima toute envie de poser des questions sur son ex-mari, Moshe Ayalon. Elle voulait attendre que cela vienne d’Aviva elle-même.

Cette porte finit par s’entrouvrir au bout d’une demi-heure.

— Il n’y a guère de couples qui résistent à la mort d’un enfant. Et le nôtre n’a pas fait exception. Cela tient peut-être au fait que les hommes et les femmes ne recherchent pas la consolation de la même manière. En fait, je ne sais pas si nous, les mères, tenons tant à être consolées. Moi, en tout cas, je sais que j’ai cultivé ma douleur et que cela m’a sans doute rendue insupportable à vivre. Ma mélancolie continuelle, la façon dont je voulais conserver et mettre en valeur dans la maison la moindre chose ayant appartenu à Samuel. Tout cela n’a sans doute pas favorisé le deuil pour Moshe.

— Et lui, comment était-il ? osa enfin demander Sophie.

— Lui préférait garder tout en dedans. Mais je savais que rien n’était réglé pour lui non plus. Il cultivait un désir… de vengeance.

— Que voulez-vous dire ?

— Un temps, je l’ai convaincu de fréquenter un groupe de soutien psychologique et d’entraide, qui réunissait des parents ayant perdu un proche à cause du terrorisme. Ce n’était pas vraiment sa tasse de thé. Mais il a fait l’effort de venir, pour moi. Ces rencontres se passaient au sous-sol d’une synagogue qui se trouve près d’ici. Nous y étions une dizaine. Certains avaient perdu un enfant. D’autres un conjoint. Ou un père, ou une mère. Moshe ne prenait pas beaucoup la parole. Il écoutait les témoignages. J’ai fini par comprendre que pour lui, les récits des autres n’avaient pas pour effet de développer un sens d’acceptation de ce qui était arrivé à Samuel, mais que ces histoires renforçaient plutôt sa conviction que les morts devaient être vengés. Après…

Aviva se tut. Elle semblait réfléchir à l’opportunité de s’aventurer plus loin.

— Qu’est-il arrivé après ?

— Oubliez ce que je viens de dire.

— C’est peut-être important…

— Je l’ignore. Je ne veux pas parler pour mon ex-mari.

Elle se leva soudainement.

— Vous voulez encore du thé ?

Sophie s’efforçait de paraître calme même si elle était tendue comme une corde de violon. Elle ne voulait pas brusquer cette femme, mais elle sentait qu’elle était sur le point de lui révéler quelque chose qu’elle devait savoir.

Elle se leva aussi et entreprit de débarrasser la table à café.

— Je vais vous aider.

Elle passa outre aux protestations d’Aviva et se retrouva avec elle dans la cuisine.

— Oh ! C’est magnifique !

Sophie s’était arrêtée devant un plateau de verre dépoli.

— C’est moi qui les fais, dit la femme, qui semblait tout à la fois fière et gênée.

— Ah oui ? Je peux en voir d’autres ?

• • •

Il s’appelait Yosef Bauer. Et il n’avait rien d’un hippie.

— Je suis un industriel.

Il était ce contact qu’Amanda Speer lui avait légué.

« En Israël, il y a des gens qui sont décidés à ce que les criminels soient poursuivis… »

Mais Paul ne savait absolument rien sur ces « gens ».

La quarantaine, les cheveux bien coiffés, des yeux bleus, très clairs, une montre de prix au poignet, Bauer était un digne représentant de la classe moyenne supérieure. Rien dans son apparence ne concordait avec le stéréotype du militant.

Bauer lui avait raconté brièvement comment, après avoir fait l’armée, il avait lancé une startup en instrumentation optique. Son premier marché était celui des systèmes de télédétection militaires.

— Je n’ai rien contre l’armée israélienne en tant que telle, dit-il comme s’il voulait devancer cette question. Elle représente pour nous une nécessité vitale.

Bauer lui fit par ailleurs un portrait brutal des tendances ultranationalistes, voire national-religieuses, qui se développaient depuis quelques années au sein même de l’armée.

— Près de quarante pour cent des officiers d’infanterie vivent aujourd’hui dans les colonies. L’impunité pour les crimes commis dans les territoires palestiniens est devenue une tendance lourde. C’est ce contre quoi nous nous battons.

Ce « nous », lui expliqua-t-il, était un groupe baptisé Shkifout  « Ce qui veut dire “transparence”. » Lui-même et quelques professionnels  avocats, ingénieurs, médecins  avaient créé ce groupe d’enquête légal voué à « la protection de l’éthique et du droit dans la conduite des affaires militaires et sécuritaires » en Israël et dans les territoires palestiniens. Leur principal champ d’action consistait à monter des dossiers contre des responsables militaires qui avaient été lavés de tout blâme à la suite d’opérations controversées : torture de Palestiniens, coups, blessures et meurtres de civils, et ainsi de suite. Ils avaient fait partie de ces rares Israéliens à s’être présentés devant la Commission Goldstone des Nations Unies, après l’opération Plomb durci. Ils avaient pour cela été traînés dans la boue par une partie de l’opinion.

— Nous avons une existence publique. Mais certains dossiers, en particulier celui qui vous préoccupe, sont traités sous le radar. Car les enjeux sont considérables. Ce n’est qu’une question de jours, peut-être, avant que Moshe Ayalon se porte candidat au poste de premier ministre. Une énorme machine le soutient. Les entreprises de construction dans les colonies, l’establishment sécuritaire et, en gros, tout ce que le pays compte d’ultranationalistes. Même s’il n’est pas religieux, les messianiques finiront par se rallier à lui.

Yosef Bauer prit le cartable qui se trouvait à ses pieds contre sa chaise, se leva et proposa à Paul de le suivre à travers Neve Shalom.

Il lui raconta qu’il était venu vivre dans ce village à vocation « un peu utopique » après l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995, point tournant, selon lui, du destin d’Israël.

— Je voulais que mes enfants aillent dans cette école, dit-il en montrant une cour de récréation où des enfants jouaient au foot. La moitié des enfants sont arabes et l’autre, juifs. Ils jouent ensemble, apprennent les deux langues. Mes enfants ont grandi et sont partis, mais je suis resté.

Ils empruntèrent un petit sentier pierreux, qui traversait un boisé en marge du village. Ils débouchèrent devant une curieuse construction, toute blanche, en forme de vesse-de-loup, complètement isolée au milieu d’une clairière.

— On l’appelle « la maison du silence », dit Bauer. C’est une salle de prière et de méditation qui peut servir à tous, juifs, musulmans et chrétiens. Ce sont les fondateurs de ce village qui en ont eu l’idée. Nous n’y serons pas dérangés à cette heure du jour. Et… je ne crois pas que ce lieu ait encore été mis sous écoute électronique !

Paul suivit Yosef Bauer à l’intérieur. Il se retrouva dans une sorte de bulle aplatie comme une mandarine. L’intérieur du dôme était blanc et il n’y avait, pour s’asseoir, que des nattes posées sur un plancher de pierres. Un relent d’encens complétait l’ambiance Nouvel Âge de ce curieux temple.

Les deux hommes prirent place sur des nattes. Paul avait la curieuse impression d’assister à une cérémonie.

— Vous vous demandez dans quelle secte vous avez abouti ! Je le lis dans votre visage…

Paul ne nia pas et se contenta de sourire, une manière d’acquiescer.

— Je me pose une question : pourquoi faites-vous ça ? Je veux dire, cette action ?

— Parce que j’aime mon pays. Mes grands-parents sont des rescapés de l’Holocauste. Et je veux vivre dans un pays digne, avec une armée dont je suis fier. Je sais que cela ne transparaît pas beaucoup dans le discours public, mais je suis convaincu que la majorité des gens sont, au fond d’eux-mêmes, d’accord avec moi.

L’Israélien ouvrit sa serviette.

Il en sortit un document dont Paul reconnut aussitôt le titre : En marge du rapport Goldstone : Allégations de crimes de guerre commis par Israël à Gaza. Il s’agissait du rapport du groupe Myosotis dont il avait trouvé la première page arrachée dans la valise oubliée de Pierre Boileau.

— Des gens que nous connaissons sont morts pour avoir donné naissance à ce document, commença Bauer. Mais ceci n’est qu’un point de départ. Il s’agit d’un récit détaillé de l’opération de Jabaliya, fait par des Palestiniens. Or, il manque des preuves, des corroborations qui ne peuvent venir que de témoignages ou des rapports militaires. Et comme le dossier est considéré comme classé par l’armée, aucune information ne peut sortir de là.

— Mais il y a ces dessins.

Paul tira de sa poche intérieure une liasse de feuillets qu’il avait imprimés le matin. Fidèle à sa promesse, Amanda Speer les lui avait envoyés.

— Les dessins d’Ibrahim Shalabi ? Je les connais bien, dit Bauer en tendant la main et en les feuilletant rapidement pour se les remémorer. Nous avons fait notre part d’enquête. Nous avons pu confirmer l’identité de six soldats et officiers à partir de cette source. Deux seulement ont accepté de collaborer avec nous. Je peux vous remettre la transcription de leurs interviews. Mais vous verrez qu’ils ne savent rien. Il s’agit de simples soldats. Ils peuvent confirmer les ordres reçus, la séquence des événements, etc. Mais rien qui puisse établir une intention criminelle dans la mort de la famille Shalabi.

— Les autres ?

— Ceux qui ont refusé de nous parler ? À mon avis, ils n’en savent pas plus, sauf peut-être un d’entre eux… mais alors là, bonne chance pour lui faire changer d’idée ! C’est un Druze. Lieutenant Fadi Attrache. Voici le portrait qu’en a fait Ibrahim et voici sa photo… Il était aide de camp de Moshe Ayalon.

Paul examina le visage de jeune acteur du lieutenant. Il avait des sourcils très forts, des cheveux noirs ondulés et une peau passablement foncée.

— Pourquoi est-ce si difficile de lui parler ?

— D’abord parce qu’il est Druze. Comme vous le savez, les Druzes sont une minorité religieuse très spéciale en Israël. Ce sont des Arabes qui, contrairement aux Palestiniens, ont accepté la création d’Israël dès le départ et qui servent dans l’armée. Les Druzes, par fidélité et par principe, ne critiquent pas l’armée. La chose se complique encore plus avec Attrache : il a marié une Druze du Golan et il habite le village de Majdal Shams, là-bas. Or, les Druzes de cette région se considèrent toujours comme des citoyens syriens même s’ils ont subi l’annexion par Israël en 1981. Il a refusé de nous rencontrer.

• • •

Sophie sembla s’émerveiller comme une enfant lorsque Aviva la fit entrer dans son atelier d’artisane, là où elle travaillait à transformer le verre et produisait des pièces assez jolies. Et Sophie, bonne élève, se fit expliquer les techniques de fabrication.

Ce fut seulement lorsque la chimie se fut durablement installée entre elles que Sophie osa revenir au sujet qui la brûlait.

— Vous faisiez déjà cela lorsque vous étiez avec votre mari ? Ou c’est une nouvelle vocation ?

— C’est nouveau, avoua Aviva. Je le fais pour tromper l’ennui. Vous savez, quand on vit seule…

— Vous avez de la rancœur, parfois ? Je veux dire envers lui, Moshe ? Je suis indiscrète, je sais…

— Non. Vous êtes une femme. Et non, je n’ai pas de rancœur. Vous savez, je m’inquiète parfois pour lui. Pour son âme.

— Il a fait quelque chose de mal ?

Aviva porta les mains à sa bouche comme pour s’imposer le silence. Mais ses yeux semblaient contempler quelque chose qu’elle ne voulait pas voir.

Dans sa poche, Sophie sentit la vibration de son téléphone. Un message de Paul.

« Carpentier… ce n’est pas le moment », songea-t-elle.

— Je ne peux pas parler, mademoiselle.

— Sophie.

— Je ne peux pas parler, Sophie. Il y a des choses dont on ne doit pas parler devant des journalistes.

— Si vous voulez vous confier à Sophie Boulé, ce ne sera pas à la journaliste que vous aurez parlé…

Nouvelle vibration dans sa poche.« Fuck you, Carpentier… »

— Venez.

Aviva l’entraîna hors de l’atelier.

• • •

Paul rageait. Il en était à son troisième message texte sans réponse. Il était impatient de partir, de se mettre en route pour Majdal Shams, pour y retrouver le Druze.

Il devait passer outre aux objections de Bauer et tenter sa chance. Comment ? Il aurait tout le trajet pour y penser.

Il n’avait de toute façon aucune autre option.

• • •

Aviva avait fait entrer Sophie dans le musée qu’était devenue la chambre de Samuel. Les stores étaient baissés et la pièce se trouvait dans l’obscurité. La mère se contenta d’allumer une petite lampe de chevet, peut-être pour échapper, se dit Sophie, à l’éclairage cru et trop cruel des souvenirs. On pouvait percevoir tout de suite qu’elle n’avait pu se résoudre à déplacer quelque objet que ce soit depuis la tragédie.

Sophie se laissa aller à parcourir ce sanctuaire dont les images de joies passées ne faisaient qu’accentuer le sentiment d’un bonheur perdu. Les photos, surtout. Celles de la graduation. Celles des exploits sportifs, d’une médaille de natation… Il y avait celle, touchante, où, les yeux remplis d’admiration, Samuel serrait la main d’Ariel Sharon penché sur lui. Puis, celle qu’elle avait reconnue immédiatement, où on le voyait aux côtés de son père, près des chars à la frontière du Liban, portant le t-shirt des Forces de défense israéliennes.

— Vous avez vécu dans un monde militaire…

— Oui. C’est un fait. Samuel voulait d’ailleurs suivre les traces de son père.

— C’est honorable, non ?

Aviva ne répondit pas.

Ce silence fit comprendre à Sophie qu’elle approchait du but. Il lui fallait poser la bonne question.

— J’ai entendu dire que votre ex-mari avait été un héros…

Aviva laissa échapper un soupir avant de dire que, oui, on pouvait dire cela.

— Mais vous avez des doutes…

La voix de Sophie s’était faite encore plus rauque que d’habitude. Les deux femmes se faisaient face au milieu de cette chambre mal éclairée et c’est peut-être cette pénombre, dirait plus tard la jeune femme, qui favorisa la confidence.

— Moshe avait une carrière brillante dans l’armée. Après la mort de Samuel, il aurait pu se retirer. Il n’avait plus besoin de prouver quoi que ce soit. Mais au contraire, il s’est projeté dans la guerre, en particulier celle contre Gaza. Il s’est porté volontaire et il a passé des jours et des nuits à planifier l’opération. Puis il a obtenu ce commandement d’une partie de l’offensive terrestre. Et, vous en avez peut-être entendu parler… Cette famille. Ces enfants qui sont morts.

— À Jabaliya, oui.

— Eh bien, Sophie, je n’ai jamais parlé de ça… mais je ne peux pas m’enlever de la tête que cette famille portait le même nom qu’Ahmed Shalabi. Le meurtrier de notre fils.

Sophie passa les bras autour d’Aviva Ayalon et la serra contre elle longtemps.