I
Quand j'étais moblot à Paris
Et qu'il s'agissait d'un' sorti'
J'prenais mon sac et mon fusil
Et j'n'oubliais pas ma gamelle…
Mais c'que j'prenais surtout mon bon
C'est évidemment mon bidon
Car on a b'soin d'se rincer le plomb
Avant d'aller s'casser la gueule.
En avant
Et gaiement
Les vrais moblots de la Seine
Sont mal vus
Mal reçus
Mais n'manquent pas de poil au cul.
II
Not' commandant disait comm'ça :
Messieurs, vous m'verrez toujours là,
Tout un chacun qui me suivra
Peut-êtr' ne mang'ra plus la soupe.
L'capitaine en disait autant,
Le lieurtenant et le sargent
Et l'on s'en allait en gueulant
Ousqu'est Bismarck que j'la lui coupe…
En avant…
III
C'était un beau spectacle à voir
Pour un aveug' quand il fait noir
Qu' les moblots disant faudrait voir
À potasser un armistice.
Car Trochu n'était qu'un blagueur
La troué' n'était pas d'rigueur
On s'emmerdait à cinq francs l'heur'
Comm' les deux tours de Saint-Sulpice.
En avant…
IV
Un jour, je ne sais plus comment
V'là qu'nous partons cent mill' seul'ment
Contre Messieurs les Allemands
Qui n'étaient, eux, que quelques mille…
Lorsque l'affaire était dans l'sac
V'là l'Général Trochu qu'a l'trac.