Chapitre 24

Lorsque je montai à l’étage pour laisser les chiens, je fus surprise de constater l’absence de Ve.

Mimi dormait dans le lit d’Harper, et ma sœur faisait le tri des livres de l’étagère qui était tombée sur Marcus. Celui-ci essayait de faire sortir Tilda de sa cage.

Si aux yeux d’Harper ça ne faisait pas de lui quelqu’un qu’il ne fallait pas lâcher, j’ignorais bien ce qu’il lui faudrait. Fondamentalement, elle adorait les animaux de compagnie.

Je n’entendais aucun sifflement ; ce qui ne signifiait pas que Marcus pouvait baisser la garde, et je le lui dis.

— Ne vous inquiétez pas, dit-il. D’une certaine manière, je suis quelqu’un qui murmure à l’oreille des chats.

Nous le regardâmes fixement.

— C’est vrai, dit-il. Regardez.

Il se coucha sur le ventre et posa dangereusement (à mon avis) sa tête tout près de l’ouverture de la cage.

— Sors, ma chérie, roucoula-t-il. J’ai une belle boîte de thon pour toi. Du bon, à part ça.

Je regardai furtivement Harper. Il y avait de l’extase dans son expression.

Ne voulant pas me réjouir ouvertement, je dissimulai mon sourire de triomphe. À moins que Marcus ne fasse quelque chose pour tout gâcher, ses chances avec Harper venaient de monter en flèche. Surtout après que Tilda soit sortie de la cage en caracolant, comme si elle avait tout planifié depuis le début. Marcus la souleva, et je n’en croyais pas mes oreilles, mais j’entendais ses ronronnements à travers la pièce.

Effectivement, il murmurait à l’oreille des chats.

Je leur expliquai où j’allais.

— Où est Ve ? demandai-je.

Harper déposa un livre sur l’étagère.

— Elle est retournée à Comme vous le souhaitez pour jeter le sort de protection.

Je jetai un coup d’œil sur ma montre, et je vis qu’il était juste passé minuit trente.

— Seule ?

— Elle a appelé Terry. Il la rencontre là-bas.

Ses yeux pétillèrent.

Lorsqu’elle lui avait téléphoné pour lui demander son aide, il n’avait pas du tout semblé incommodé.

Je m’en doutais. Selon Ve, voilà des années que Terry Goodwin essayait de la reconquérir.

— Vraiment ? Terry ?

Tilda s’était installée gentiment dans les bras de Marcus.

— Elle a peut-être été encouragée par votre sœur.

— Harper ? haletai-je.

— Quoi ? demanda-t-elle innocemment.

— Ve se marie dimanche.

Elle haussa les épaules.

— Elle n’est pas encore mariée. Je pense qu’elle devrait explorer toutes ses options avant de se fixer.

Ve avait déjà été mariée quatre fois. Ses options avaient été largement explorées. Mais je n’avais pas le temps de discuter avec ma sœur.

Je jetai un coup d’œil sur Mimi, qui dormait avec ses bras au-dessus de sa tête. Missy était recroquevillée à côté d’elle et avait l’air aussi heureuse qu’on puisse l’être. Higgins avait revendiqué le canapé — tout le canapé –, et je savais que je ne voulais pas être celle qui l’évincerait de l’endroit qu’il avait choisi. Je me demandai où le reste d’entre nous allait dormir.

On réglerait ce problème plus tard. En ce moment, je voulais aller voir Yvonne. J’expliquai vaguement à Harper ce que j’avais l’intention de faire, sans m’attarder sur l’introduction par effraction, comme si ce n’était pas grand-chose, et je sortis.

Cinq minutes plus tard, je me retrouvai devant la maison de Patrice. Il y avait déjà deux voitures de police devant la maison des Merrick, mais pas celle de Nick, et je ne le voyais nulle part.

Par souci de continuer les prétextes, je planifiai une promenade rapide autour de la maison de Patrice avant d’essayer de trouver Yvonne. Comme je m’approchais de la terrasse arrière, qui heureusement était éclairée par une lampe en forme de globe située tout près de la porte, je m’arrêtai net.

Il y avait du verre brisé sur la terrasse. Je me concentrai sur la porte. La vitre avait été brisée et un espace de la taille d’une main avait été créé dans la partie supérieure de la porte. Juste assez large pour que quelqu’un y passe le bras et déverrouille la porte de l’intérieur.

Avec précaution, je passai par-dessus les tessons et j’ouvris la porte arrière. D’un rapide coup d’œil, rien ne me semblait anormal. Mais ça semblait être le mode opératoire du voyeur.

— Pas ici, non plus, dit une voix rauque derrière moi.

Je laissai échapper un cri, et je posai ma main sur mon cœur. Je me retournai et je fis face à Yvonne.

Elle me tendit la main et me stabilisa.

— Je suis désolée. Je pensais que vous m’aviez entendue venir. Avez-vous trouvé quelque chose ?

Je sentis une poussée d’adrénaline qui me piquait la peau, et mon cœur se mit à battre plus rapidement.

La maison a encore été cambriolée, dis-je.

On dirait des crimes en série. Nick Sawyer vient tout juste de partir pour répondre à un autre appel.

Ah, voilà pourquoi Nick n’était pas de l’autre côté de la rue. Désespéré. Le mot résonna dans ma tête.

— On a pris quelque chose dans votre maison ?

— Non, je ne crois pas. Je me suis réveillée et j’ai trouvé l’intrus qui tripotait dans mes bijoux.

Je sentis mes yeux s’écarquiller.

— Vous avez vu le voyeur ?

— Je n’en croyais pas mes yeux, dit-elle, comme si elle divaguait. Au début, j’ai pensé que je rêvais.

— Ça se comprend.

— Je me suis demandé si j’avais des visions, dit Yvonne, en hochant la tête.

Ses cheveux blonds tirés vers l’arrière étaient maintenus en place par un bandeau, et la chaîne qui retenait habituellement ses lunettes de lecture n’était pas à son cou.

Je mourais de curiosité.

— Avez-vous reconnu le voyeur ?

— Oh non. Il faisait beaucoup trop sombre, et le voyeur était entièrement vêtu de noir, de la tête aux pieds, et il portait même un capuchon.

Je perdis mon enthousiasme.

— Le voyeur était là debout et il prenait un bijou à la fois, il marmonnait quelque chose, et ensuite il passait à la pièce suivante. C’était très bizarre. Quand le voyeur s’est retourné et qu’il s’est aperçu que je le regardais, il a sursauté. Un peu comme vous l’avez fait il y a une minute. C’est alors que je me suis rendu compte qu’il était bien réel et que j’ai commencé à crier.

— Vous avez vu le visage du voyeur ?

— Non, à cause de son masque de skieur.

Merde.

— Et Roger ? Qu’est-ce qu’il a fait ?

— Il a dormi pendant tout l’incident, dit-elle, outrée. Même maintenant, il peut à peine garder les yeux ouverts.

— Il dormait malgré tout ce qui se passait ? Vraiment ?

— Pas même un ronflement, ce qui est très inhabituel de sa part — faites-moi confiance.

Elle se mit à bâiller.

— Je pense qu’il a attrapé quelque chose, il ne se sentait pas bien au souper. C’est peut-être l’explication.

Je me sentis soudainement angoissée.

— Êtes-vous sortis pour souper ?

Elle regarda de droite à gauche, comme si elle avait peur qu’on l’entende.

— Entre nous, Darcy, dit-elle, j’ai amené des mets à emporter. Mais Roger croit que c’est moi qui ai préparé la nourriture.

— Laissez-moi deviner. Du Gril ?

— Si Roger le découvre, je ne finirai jamais d’en entendre parler. Vous connaissez ses sentiments à propos de Jonathan.

Elle fit la grimace.

— Habituellement, la nourriture de l’endroit est sans reproche, mais je n’ai pas pu manger beaucoup de la mienne — quelque chose n’allait pas. Mais Roger a vidé son assiette, comme d’habitude.

Je ne mentionnai pas les récents empoisonnements alimentaires et j’espérai que Roger ait un estomac de fer.

Elle toussa un peu.

— Ma gorge est encore douloureuse, avec tous ces hurlements.

Elle sourit.

— Mais vous n’avez jamais vu quelqu’un courir aussi vite.

— Le voyeur n’a pas pris quoi que ce soit ?

— Rien. Bizarre, non ?

— Non, pas si la personne cherchait l’Anicula et ne l’a pas trouvée.

Son visage pâlit sous le clair de lune.

— Vous croyez ?

Je hochai la tête et je jetai un coup d’œil sur la porte arrière brisée.

— Je crois que le voyeur est aussi venu ici.

Je pensai à ce que cela signifiait. Le voyeur était lancé dans une série de délits.

— Il faudrait mettre la police au courant, dit Yvonne, en faisant signe vers la porte arrière.

— Avant de faire ça, dis-je alors, j’ai quelque chose à vous demander. Je n’étais pas certaine d’obtenir une autre occasion ce soir.

Elle leva les sourcils et semblait perplexe.

— Moi ? 

Les grillons gazouillaient dans les bois sombres autour de la maison. Les moustiques bourdonnaient de façon agaçante.

— J’ai parlé avec Andreus Woodshall cet après-midi. Il m’a raconté toute une histoire sur l’Anicula.

Des plis se creusèrent autour de sa bouche.

— Je suppose qu’il l’a fait.

— Est-ce vrai ?

Elle laissa échapper une profonde respiration et sembla se retirer en elle-même.

Que Geer et Roger ont déterré cette stupide amulette ? Oui, c’est vrai. Des fous.

Roger a aidé Geer ? demandai-je, bouche bée.

Elle s’appuya contre la rampe de la terrasse et elle leva les yeux au ciel.

— M. Macabre a-t-il négligé de le mentionner ?

Il n’en avait pas parlé. Et je me demandais pourquoi. Par ailleurs, pourquoi Roger avait-il volontairement aidé Geer à voler l’amulette étant donné ce que Geer avait en tête ? Je ne pouvais que supposer que Roger n’avait aucune idée que Geer planifiait souhaiter que Patrice tombe amoureuse de lui — et qu’il briserait ainsi le cœur de Roger.

Yvonne éloigna un moustique avec une tape.

— Alors, je suppose qu’il n’a pas non plus mentionné mon rôle ?

J’étais stupéfaite.

Quoi ?

Comment avait-elle même pu être au courant de l’existence de l’amulette ? À l’époque, elle était une mortelle… Puis, je me souvins que les charmes magiques n’étaient pas simplement destinés aux artisans. Le fait qu’elle connaisse l’existence de l’amulette ne voulait pas nécessairement dire qu’elle connaissait les arts de la magie. Manifestement, cette connaissance était arrivée plus tard — lorsqu’elle avait épousé Roger.

— J’étais au courant de ce que Geer planifiait, dit-elle en prenant une profonde respiration. J’aurais pu l’arrêter. Et je ne l’ai pas fait. Andreus ne me l’a jamais pardonné.

— Vous et Andreus étiez amis ?

Elle hocha la tête.

— Les meilleurs des amis. J’ai trahi cette amitié.

Je rassemblai les pièces du puzzle.

— Parce que vous vouliez Roger pour vous ?

Lentement, elle hocha la tête.

— Geer connaissait mes sentiments pour Roger, et je connaissais les siens pour Patrice. Il m’a raconté son plan pour voler l’Anicula et pour souhaiter que Patrice tombe amoureuse de lui. Je n’en ai pas parlé à qui que ce soit. Je voulais que Roger et Patrice rompent parce que je savais que Roger viendrait vers moi pour se faire réconforter. Par contre, j’ai refusé d’aider Geer à se procurer l’amulette.

Elle frissonna.

— En pillant une tombe, vous voulez dire ?

Un papillon nocturne lui rasa la tête alors qu’elle faisait la grimace.

— Oui.

Elle ferma les yeux.

— C’est tellement indigne. Mais parce que j’ai refusé d’aider et que Geer ne pouvait le faire seul, il a dupé Roger pour qu’il l’aide. Roger n’a rien vu venir.

Mais Yvonne le savait. Et elle avait attendu. Je ne savais pas comment lui demander ce que j’étais en train de penser, alors je lâchai le morceau :

— Ça ne vous dérangeait pas d’être le second choix de Roger ?

Elle regarda au loin et hocha la tête.

— Non. Et ça ne me dérange toujours pas. J’adore le grand singe. J’aurais juste aimé qu’il m’aime.

Une des lois des artisans de souhaits dictait que je ne pouvais pas contrecarrer l’amour, je me sentais donc en sécurité en n’exauçant pas ce souhait.

— Il ne vous aime pas ?

Sa mâchoire tremblait, mais sa voix était ferme.

— Il n’a jamais cessé d’aimer Patrice. Lorsque Geer a fait le vœu que lui et Patrice tombent follement amoureux, il a négligé de souhaiter le bonheur de Roger. Voilà pourquoi Roger n’aime pas Elodie.

Elle me fit un sourire triste.

— Chaque fois qu’il la regarde, il voit Geer, et ça lui rappelle ce qu’il a perdu.

Mes pensées se bousculaient dans ma tête.

— Patrice était-elle au courant du souhait de Geer ?

— Pas pendant des années. Il a finalement avoué ce qu’il avait fait dans une lettre à lire après sa mort.

J’imaginais que ça avait été tout un choc.

Mais elle avait été heureuse avec lui, non ? 

Une vie parfaite.

Mais avait-ce été le cas ? Vraiment ? Le pouvoir de l’Anicula était-il vraiment si grand qu’il avait instantanément fait disparaître l’amour de Patrice pour Roger pour la rendre amoureuse de Geer ?

J’avais la chair de poule seulement qu’à y penser ; Patrice n’avait même pas eu voix au chapitre.

Je poussai ma chance avec Yvonne.

— Pourquoi vous êtes-vous brouillées, vous et Patrice ?

— Je voulais qu’elle exauce un souhait, et elle a refusé. Patrice exauçait rarement les souhaits. Les siens ou ceux des autres. Elle craignait le pouvoir de cette pierre. Elle la portait nuit et jour dans une petite poche autour de son cou, et elle ne l’enlevait que lorsqu’elle prenait sa douche. Elle craignait de la laisser hors de sa vue. À juste titre, je suppose, si elle a vraiment été volée, comme elle le disait.

On l’avait volée six mois avant la disparition de Patrice.

Vers la même époque, elle et Jonathan avaient rompu. En même temps, elle et Elodie s’étaient disputées et avaient cessé de se parler.

— Savez-vous pourquoi Patrice et Elodie s’étaient disputées à l’époque ?

Elle hocha la tête.

— Je l’ai demandé à Connor, mais il ne veut pas le dire. Et Elodie refuse aussi d’en parler.

— Mais Patrice et Elodie s’étaient réconciliées avant la disparition de Patrice, non ?

C’était ce que m’avait dit Starla.

— Oh oui. Environ trois mois avant. Le mariage d’Elodie et de Connor les a rapprochées. Tout avait été pardonné, quoi que ce puisse être.

Elles ne s’étaient pas parlé pendant trois mois… ce qui me fit me demander s’il se pouvait que les choses aient été pardonnées, mais pas oubliées.

Je voulais toujours plus de renseignements d’Yvonne.

— Quel souhait vouliez-vous obtenir de Patrice ?

— Ce n’était pas pour moi. C’était pour Connor et Elodie. Ils traversaient de rudes moments, et je voulais leur souhaiter du bonheur ensemble, une vie remplie d’amour, de rires et de bébés. Patrice a refusé. Je ne pouvais le croire. Non seulement parce qu’un tel souhait aurait garanti le bonheur de son enfant, mais parce qu’elle me refusait aussi la seule faveur que je lui aie demandée. Son refus a ruiné notre amitié.

Je comprenais pourquoi Yvonne, plus que quiconque, était bouleversée. C’était une maniaque du contrôle. Si l’occasion de garantir le bonheur de Connor se présentait à elle, elle la prendrait.

Mais j’étais un peu étonnée de voir qu’Yvonne semblait complètement ignorer le fait qu’elle avait aidé à saboter la relation de Patrice et de Roger pour avoir l’homme pour elle-même.

Si j’avais été Patrice, je lui en aurais sans doute voulu.

Mais pourquoi Patrice n’avait-elle pas exaucé le souhait ? Tous les parents ne veulent-ils pas le bonheur de leur enfant — même si la personne qui demandait le souhait n’était pas quelqu’un dont elle se souciait ?

— Pourquoi a-t-elle refusé ?

— Elle a dit que si les deux étaient censés être ensemble, ça arriverait. Qu’elle ne voulait pas interférer dans la vie d’Elodie comme on avait interféré dans sa propre vie ! Elle voulait s’assurer que si les deux étaient ensemble, c’était parce qu’ils voulaient être ensemble. Pas parce qu’elle aurait exaucé un souhait.

— Vous avez dit que Patrice exauçait rarement des souhaits. En connaissez-vous qu’elle a exaucé ?

— Un seul, alors qu’elle fréquentait Jonathan Wilkens.

Elle ferma les yeux et soupira.

— Dans quel inextricable dédale on se jette.

Lorsque l’on commence à tromper ? Qui était celui qui trompait ?

Ou plutôt qui n’était pas trompé dans toute cette histoire ?

— Roger peut être un orgueilleux à plusieurs égards, mais là où il a raison, c’est quand il dit que Jonathan a ruiné la vie de Patrice.

— C’est-à-dire ?

— Après la mort de Geer, Patrice n’était pas très intéressée à sortir avec qui que ce soit. Quelques années ont passé, et elle a commencé à avoir un petit béguin pour Jonathan.

Elle sourit.

— Peut-être pas si petit. Assez gros. Un gros coup de cœur. Il le savait, mais il n’en profitait pas vraiment. Jusqu’à ce qu’il ait besoin de quelque chose de sa part.

Quelque chose bruissa dans l’herbe près de la terrasse. Je baissai les yeux et j’aperçus des yeux brillants qui me regardaient. Le chat tigré.

— Miaou, dit-il.

Yvonne regarda la balustrade.

— Ce chat se tient dans les parages depuis quelques semaines maintenant.

— Savez-vous à qui il appartient ?

— Je crois que c’est un chat errant. J’ai essayé de l’attirer dans la maison, mais il ne s’approche pas de moi.

Comme pour démontrer la véracité des paroles d’Yvonne, le chat se précipita sous la terrasse.

Je pourrais sans doute trouver un piège pour l’attraper. Ou appeler Marcus, celui qui murmure dans l’oreille des chats. Mais pour l’instant, je voulais entendre ce qu’Yvonne avait à dire à propos de Jonathan.

— De quoi avait besoin Jonathan ?

Il avait un petit problème de rongeurs.

— Des rats ?

— Il avait dépensé des milliers de dollars à essayer de s’en débarrasser. Le village se retournait contre lui. Ce n’était pas beau à voir. Patrice a accepté d’exaucer son souhait. C’est après qu’ils ont commencé à sortir ensemble, et elle est tombée follement amoureuse de lui.

— Mais ?

C’était un coureur de jupons. Il la trompait avec chaque jolie fille qui l’approchait jusqu’à ce qu’il rencontre Zoey. Elle a transformé sa vie. Mais dans ce processus…

— Il a brisé le cœur de Patrice, complétai-je.

— Elle ne s’en est jamais vraiment remise. Elle a commencé à fréquenter Andreus. D’abord pour rendre Jonathan jaloux, ensuite parce qu’elle était consciente de son pouvoir sur Andreus. Tant qu’elle avait l’Anicula, il ne la quitterait pas.

— Pensez-vous qu’il savait qu’elle se servait de lui ?

— Je le crois. Il le lui permettait parce qu’il se servait d’elle, aussi. Il voulait reprendre l’amulette. Après tout, elle lui revient de droit.

Je pris une profonde inspiration.

— Croyez-vous qu’il tuerait pour l’obtenir ?

Elle demeura silencieuse pendant un moment.

— Je ne pense pas. Malgré son apparence effrayante, je pense que c’est un bon gars.

— Alors, permettez-moi de vous poser cette question : s’il récupérait l’Anicula, que pensez-vous qu’il en ferait ? Pensez-vous qu’il la retournerait à sa place de sépulture appropriée ? Ou pensez-vous qu’il tiendrait à son pouvoir ?

Elle écrasa un moucheron.

— Le pouvoir d’exaucer des vœux est incroyablement grisant, et je ne vois pas comment il pourrait y renoncer.

Je penchais aussi vers cette explication.

Je l’examinai.

— Bien, je suis heureuse que les choses aient bien fonctionné pour Elodie et Connor. Ils sont toujours ensemble et paraissent très amoureux.

Avec un air de maman fière, elle hocha la tête.

— Ils sont très heureux ensemble.

Je me mordis la lèvre et je me demandai soudain si c’était grâce au destin… ou parce qu’Yvonne avait tué Patrice, volé l’Anicula, et finalement exaucé son souhait.