J’étais assise dans un fauteuil à bascule en rotin sur le porche d’Yvonne, et je regardais les agents de police qui s’affairaient sur la scène du crime.
La scène du crime.
Je pouvais à peine croire que j’étais encore mêlée à une autre affaire de meurtre.
Et je ne doutais aucunement qu’il s’agissait d’un meurtre. Les personnes suicidaires ne se contorsionnent pas dans des valises, pour ensuite serrer les sangles, avant de s’enterrer sous des tonnes de fouillis.
Je frémis au souvenir de ce cadavre alors qu’Yvonne me tendait un verre d’eau, puis s’asseyait à côté de moi dans un fauteuil apparié au mien. Sa main tremblait en tenant son verre. L’eau débordait sur le rebord, mais elle ne sembla pas le remarquer.
Missy était assise au bord du trottoir, et elle tournait la tête d’un côté et de l’autre alors qu’elle assimilait tout ce qui se passait. Nick nous avait dit d’attendre ici, chez Yvonne, jusqu’à ce que la situation soit maîtrisée et qu’on prenne nos déclarations.
Il se tenait actuellement à la porte de la maison de Patrice, et il parlait à quelqu’un du bureau du médecin légiste. J’espérais qu’il me fournisse quelques détails plus tard. Harper aurait des tonnes de questions, et si je n’avais pas les réponses, elle me harcèlerait jusqu’à ce que je puisse lui en donner.
Je regardai Nick attentivement, et je sentis un pincement d’empathie. Rien de tel que l’épreuve du feu. C’était sa première semaine dans son nouvel emploi, et tout le monde allait surveiller comment il gérait cette affaire. On l’observerait pour voir s’il pouvait trouver un assassin. Il serait soumis à beaucoup de pression.
Connor et Elodie se trouvaient quelque part dans la maison de Patrice. Elodie avait été étrangement silencieuse au sujet de la découverte. Même pas une larme quand Connor lui avait annoncé la nouvelle.
Elle est peut-être en état de choc, raisonnai-je.
Je savais que moi je l’étais.
Les voisins s’étaient rassemblés au-delà des cônes orange installés pour bloquer l’accès à la rue. Plusieurs MINI Cooper aux teintes vives, une camionnette du bureau du médecin légiste, une voiture de pompiers et une ambulance étaient alignées des deux côtés de la route.
Les nouvelles de la découverte d’un corps se répandraient rapidement.
Je me mordis la joue et je songeai à cette main momifiée. On aurait dit qu’elle essayait de sortir… comme si elle avait voulu saisir quelque chose. Quelqu’un.
Était-il possible que Patrice ait été vivante lorsqu’elle avait été mise dans cette valise ? Pendant combien de temps avait-elle tenté de s’échapper ? Et combien de temps avait-elle été enterrée vivante dans sa propre maison ?
Je frémis à nouveau et je ne pus m’empêcher de me demander pourquoi personne jusqu’à maintenant n’avait formulé le souhait de trouver Patrice. Pas Elodie — c’était impossible, puisqu’elle était une artisane de souhaits. Mais pourquoi pas quelqu’un d’autre ? Ce qui me fit me demander si les gens les plus proches de Patrice n’avaient pas vraiment voulu qu’on la trouve avant maintenant, ou si c’était parce qu’ils n’avaient tout simplement pas envisagé la possibilité qu’une artisane de souhaits puisse aider à localiser Patrice.
— C’est encore plus bouleversant que n’importe quel épisode de New York, police judiciaire, marmonna Yvonne.
Une brise agita une fougère suspendue.
— Même celui où Claire Kincaid meurt. Et ça, c’était assez fort.
Le technicien du bureau du médecin légiste sortit quelque chose de l’arrière de sa camionnette. J’eus des nausées à la vue du sac mortuaire. Je détachai mes yeux du technicien qui entrait maintenant dans la maison de Patrice. Je m’obligeai à me concentrer sur Yvonne.
— Connaissiez-vous Patrice depuis longtemps ?
— Presque toute ma vie.
Elle hocha lentement la tête.
— Nous sommes allées ensemble à l’école secondaire, nous nous sommes mariées à la même époque, juste après l’obtention du diplôme, nous avons acheté des maisons l’une en face de l’autre, nous avons eu des enfants la même année.
Je me demandai ce qu’elle omettait. Elle n’avait pas mentionné qu’elles étaient amies. J’insistai pour obtenir des éclaircissements.
— Alors, vous étiez les meilleures amies du monde ?
J’ignore pourquoi j’insistais autant. Peut-être avais-je passé trop de temps avec Harper, l’obsédée du médicolégal. La dernière enquête pour meurtre à laquelle j’avais été mêlée avait peut-être aiguisé mon appétit pour la résolution de crimes.
Je ne le savais pas vraiment. Tout ce que je savais, c’était que j’avais soudainement soif de découvrir qui avait tué Patrice. Et pourquoi. Personne ne méritait de mourir comme elle l’avait fait, enfermée dans cette valise, à essayer d’obtenir de l’aide.
De l’aide que je ne pouvais lui donner à l’époque, mais que je pouvais possiblement lui offrir maintenant en aidant Nick à découvrir son meurtrier. Ce qui en même temps aiderait Nick…, et j’aimais beaucoup cette idée.
Yvonne devait avoir remarqué que ses mains tremblaient, car soudainement elle serra son verre si fort que je craignis qu’il se brise.
— À un moment donné, nous étions proches. Mais pas tellement au moment de sa disparition…
Sa voix faiblit.
— Au moment de son décès. Pensez-vous qu’elle était là-dedans tout le temps qu’elle était disparue ?
La question m’avait aussi traversé l’esprit.
—Je ne suis pas certaine.
L’autopsie pourrait fournir la réponse.
Deux autres policiers entrèrent dans la maison. Elle les regarda en se balançant plus rapidement.
— Patrice détesterait de voir qu’on piétine comme ça à travers sa maison.
— Pourquoi ? demandai-je.
Ce n’était pas la première fois qu’elle en parlait.
— En public, elle était très sociable et amicale, mais en réalité, c’était une personne très réservée. C’est pour cette raison que peu de gens étaient autorisés à entrer chez elle.
— Pas à cause de l’encombrement ?
— Patrice disait que c’était son trésor, et ça ne la gênait pas du tout. Mais elle détestait l’idée que des personnes touchent à ses choses, déplacent des trucs.
Elle ralentit pour prendre une gorgée d’eau.
— Patrice était très spéciale. Pour nous, ça peut sembler être du chaos. Mais elle savait où trouver quelque chose. Jusqu’à la moindre pierre qu’elle collectionnait.
— Qui était autorisé à entrer chez elle ? demandai-je, insistant encore une fois, à la recherche de réponses.
Dans ma tête, j’avais déjà commencé une liste des suspects. En ce moment, elle était vierge. Harper se moquerait certainement de moi si elle savait que je n’avais pas trouvé un seul éventuel coupable.
Heureusement, Yvonne était bavarde et ma curiosité ne la dérangeait pas.
— Eh bien, Elodie, bien sûr. Connor. Moi. Roger, mon mari.
Elle baissa la voix en prononçant le nom de son mari, et elle joua avec un bout de rotin lâche sur le bras de sa chaise.
— Après le décès de Geer, le mari de Patrice, Roger avait en quelque sorte endossé le rôle d’homme à tout faire de la maison. Comme réparer la gouttière cassée, aider à planter le potager, ce genre de trucs.
Yvonne fit soudainement partie de ma liste de suspects. Le ton mélancolique de sa voix me disait qu’elle soupçonnait que Roger faisait plus que simplement aider aux travaux de la maison chez Patrice.
L’avait-il trompée avec Patrice ?
Était-ce la raison pour laquelle Patrice et Yvonne avaient cessé d’être amies ?
— Si seulement nous n’avions pas laissé Patrice quitter le Grill du sorcier, ce soir-là, dit Yvonne.
Abasourdie, je me balançai plus vite.
— Vous étiez au Grill avec elle le soir de sa disparition ?
Ni Ve ni Marcus n’avaient mentionné ce petit détail.
Missy monta rapidement les marches et sauta sur mes genoux. Je lui caressai la tête alors qu’elle reniflait le bras d’Yvonne.
Yvonne cessa de se bercer, elle étendit les jambes et hocha la tête.
— Un double rendez-vous. Moi et Roger, et Patrice et M. Macabre.
Pendant une seconde, je crus avoir mal entendu.
— M. Macabre ?
Yvonne sourit avec malice.
— Mon surnom pour Andreus Woodshall. C’est un artisan de sorts, et l’un des fournisseurs les plus populaires des Pierres vagabondes. Chaque fois que la foire était en ville, Andreus courtisait Patrice. Mais il ne s’intéressait à elle que pour une seule chose.
— Le sexe ? demandai-je à voix basse.
— Pire, répondit Yvonne.
Pire ? Quel genre de mariage y avait-il entre elle et Roger ?
— Tout ce que M. Macabre voulait, c’était l’Anicula.
Missy aboya, un court jappement. Je lui frottai les oreilles et je pris conscience de ce que disait Yvonne. Artisans de sorts. L’Anicula… Elle était au courant de la sorcellerie dans le village.
À première vue, il n’y avait aucun moyen de dire si quelqu’un était un artisan. La seule manière de le savoir, c’était par des rumeurs qui se propageaient parmi les artisans sur qui était qui, ou à la suite de révélation de leurs pouvoirs par le double clignement de l’œil gauche, signe qu’un sort venait d’être jeté. Et puisque les artisans risquaient de perdre leurs pouvoirs pour toujours s’ils les révélaient à un mortel… même accidentellement, les gens n’avaient pas tendance à en parler ouvertement.
Yvonne devait avoir entendu dire à travers des rumeurs d’artisans que j’étais une artisane de souhaits. Ce qui signifiait qu’elle devait aussi être une sorte d’artisane.
— Je peux voir filer vos pensées, dit Yvonne, en me regardant attentivement. Je suis une demi-artisane. Jusqu’à ce qu’il m’épouse, moi, petite mortelle, mon mari, Roger, était un artisan de gemmologie. Je suis aussi présidente de l’association de quartier des demi-artisans.
Elle avait pris un grand risque en m’en parlant. Un demi-artisan qui révélait quelque chose sur l’art de la sorcellerie à un mortel risquait d’être transformé en grenouille.
D’après la loi des artisans, lorsqu’un artisan épousait un mortel, il ou elle avait deux options. La première consistait à révéler l’art de la sorcellerie au conjoint. Dans ce cas, l’artisan abandonnait ses pouvoirs (les artisans voyaient vraiment mal ces unions), et devenait un demi-artisan (la perte des pouvoirs transformait essentiellement un artisan en un mortel). Mon cerveau remplissait automatiquement les blancs : dans ce cas, Connor devait être un artisan de gemmologie à part entière comme l’avait été son père, puisque sa mère était autrefois mortelle à part entière.
L’autre option était, bien sûr, de ne pas révéler l’art de la sorcellerie au conjoint ; ce qui menait à une vie compliquée de mensonges et de subterfuges magiques, tout en maintenant la capacité de pratiquer la magie. Dans ce cas, l’époux qui ignorait la situation ne devenait pas un demi-artisan et n’avait absolument aucune connaissance de l’art de la sorcellerie.
Dans la communauté des artisans, les demi-artisans étaient tout de même traités comme des artisans. Ils devaient aussi assister aux réunions d’artisans (et apparemment tenir leurs propres réunions), ils répondaient de l’Ancienne et ils étaient tenus de respecter les lois de l’art de la sorcellerie. Et lorsque le mariage se terminait, pour n’importe quelle raison (mort, divorce), l’artisan pouvait demander à l’Ancienne de restaurer ses pouvoirs. Mais cette requête n’était pas toujours accordée.
À mon avis, les lois sur le mariage artisan-mortel étaient un peu sévères. Mais je supposai que ces règles avaient permis à notre patrimoine de prospérer pendant tous ces siècles sans se faire exposer.
J’en étais toujours à essayer de digérer le fait qu’il y avait une association de quartier de demi-artisans — et je me demandais si Nick en faisait partie — lorsque de l’autre côté de la rue je repérai une civière qu’on apportait dans la maison à partir de la camionnette du médecin légiste. Elodie et Connor n’étaient toujours pas sortis. Et on ne voyait Nick nulle part.
— J’en ai trop dit, n’est-ce pas ? dit Yvonne en posant sa main sur mon bras. C’est juste qu’il m’arrive parfois de m’emballer. Aussi, le choc de voir cette main… J’ai tendance à babiller, quand je suis stressée. Est-ce que je parle trop ?
Missy aboya.
J’étais d’accord.
Yvonne soupira comme si elle connaissait déjà la réponse.
— Je devrais être plus désemparée, je sais. Et je le suis. Au fond. Patrice va me manquer — du moins, notre ancienne amitié —, mais je pense… Je pense que je savais que ce jour finirait par arriver. Patrice n’aurait jamais volontairement quitté Elodie. Je ne peux pas dire qu’elle avait toujours à cœur les intérêts d’Elodie, mais elle ne serait pas partie d’elle-même.
Il y avait tellement de choses à demander que j’avais du mal à déterminer ce qu’il fallait dire en premier.
— Elle n’agissait pas toujours dans l’intérêt d’Elodie ?
Yvonne agita une main en signe de rejet.
— Ce n’est rien.
C’était quelque chose. Son ton était révélateur. Mais en voyant ses lèvres pincées, je savais qu’elle n’en dirait pas plus sur ce sujet. Je poursuivis donc.
— Le soir de sa disparition, pourquoi Patrice est-elle partie seule du Grill ?
Yvonne replaça une mèche de cheveux blonds derrière son oreille et joua avec ses lunettes.
— Patrice et Andreus avaient eu une grosse dispute au souper. Je crois qu’elle s’était finalement rendu compte que tout ce qui l’intéressait, c’était l’Anicula. Elle l’a accusé de l’avoir volée.
Andreus figurait lui aussi sur ma liste des suspects. Je me sentais plutôt fière de moi — je commençais à être plutôt douée pour ce truc d’enquêtes.
— D’avoir volé l’Anicula ? Elle était disparue ?
— C’était ce que Patrice voulait nous faire croire.
— Mais était-ce bien vrai ?
— Je ne sais pas. J’ai toujours soupçonné qu’elle l’accusait parce qu’elle voulait lui faire croire qu’elle ne l’avait plus. Elle se posait des questions. Était-il avec elle parce qu’il l’aimait ? Ou se servait-il d’elle ?
Volée. Était-ce possible ?
— Est-ce qu’elle utilisait beaucoup l’Anicula ? me demandai-je à voix haute.
Un nuage passa et jeta de l’ombre sur le visage d’Yvonne. Elle fronça les sourcils et serra les lèvres.
— Non. Elle ne s’en servait qu’avec modération. Selon ses propres termes.
Sa voix était tendue, teintée de colère, et je l’examinai attentivement. Il y avait quelque chose de vraiment important dans ce qu’elle venait de me raconter, mais j’ignorais quoi. Je ne pouvais que le ressentir. Sentir sa colère. Sentir sa blessure. Je changeai de position, mal à l’aise sous le poids de ses émotions.
— Je n’ai pas entendu toute leur querelle, dit Yvonne. Ils étaient allés à l’extérieur. L’instant d’après, Andreus était revenu payer la facture, et il avait expliqué que Patrice était rentrée chez elle.
D’ici au Grill représentait une marche de moins de cinq minutes, je pouvais donc sans crainte faire l’hypothèse qu’elle s’était rendue à la maison avant qu’il ne lui arrive quoi que ce soit.
— Croyez-vous qu’Andreus a quelque chose à voir dans cette affaire ? dis-je en pointant l’autre côté de la rue.
— Honnêtement, je ne sais pas. C’est possible, je suppose. Il aurait fait à peu près n’importe quoi pour mettre la main sur l’Anicula.
Elle soupira.
— C’est tout simplement horrible.
— Yvonne ! cria quelqu’un.
Un homme costaud qui faisait penser à un ours traversa la foule en trombe et jogga le long du trottoir.
— Je suis venu dès que j’ai appris la nouvelle.
Il était à bout de souffle et sa respiration était sifflante.
Partout où mes yeux se posaient sur lui, il y avait des poils. Une crinière sauvage sur la tête, une barbe grisonnante, des touffes qui sortaient du cou et des poignets de sa chemise boutonnée. Je ne pouvais qu’imaginer ce à quoi ressemblaient ses jambes, et je lui étais plutôt reconnaissante de porter un pantalon et non un short. Il attira Yvonne dans une étreinte comme s’il avait voulu l’engloutir.
— C’était horrible, Roger.
Elle était raide dans ses bras, manifestement mal à l’aise, et bientôt elle se démena pour sortir de sa poigne duveteuse.
Roger Merrick. Le mari d’Yvonne et le père de Connor. Je voyais maintenant d’où Connor avait hérité de sa taille. Roger était grand, très grand. Ses yeux vert grisâtre se déplacèrent vers moi. La prudence et la méfiance donnaient une expression de dureté à son regard, et j’eus soudainement la frousse.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
— C’est Darcy Merriweather, Roger. La nièce de Ve Devany. Elodie a embauché Comme vous le souhaitez pour nettoyer la maison de Patrice.
Elle lui expliqua comment nous avions trouvé le corps.
Roger gronda. Ses canines supérieures étaient longues et pointues. Je ramassai Missy, qui était occupée à renifler la jambe de l’homme, et je souhaitai que Nick se hâte de prendre ma déclaration pour que je puisse sortir d’ici.
— Tout cela est sa faute à lui, grogna Roger.
Sa faute ? La faute de qui ? Andreus Woodshall ?
— Pour l’amour de Dieu, dit Yvonne, les mains sur les hanches. Pas ça encore.
— Tu sais que c’est vrai, insista-t-il.
Elle le regarda dans les yeux avec une expression sévère.
— Non, je ne le sais pas.
— Tu n’es pas raisonnable, dit-il.
Des bras costauds se croisèrent sur sa poitrine.
Je faillis rire. Yvonne, pas raisonnable ? Je ne la connaissais que depuis quelques heures, et je savais qu’il n’y avait pas plus raisonnable qu’elle.
— Et tu tiens au motif de jalousie inappropriée, déclara-t-elle sèchement.
Zing ! Ses paroles atteignirent leur cible, alors que Roger respirait bruyamment, et que sa colonne vertébrale se raidissait de colère. Ses poils se hérissèrent. Tous ses poils.
— Des conneries. Tout ce qui est arrivé à Patrice est de sa faute à lui, purement et simplement.
Je tentais désespérément de suivre la logique de ce que j’entendais. Il me manquait toute une partie de l’histoire. Ma curiosité me tuait, et il fallait que je sache à quoi ils faisaient allusion.
— La faute de qui ? demandai-je, en aiguisant mon crayon mental, prête à ajouter un autre suspect à ma liste.
Roger tourna des yeux durs vers moi et cligna des yeux, comme s’il avait oublié qui j’étais.
— La faute de qui ? répétai-je doucement.
Il rougit et grogna de nouveau.
— Jonathan Wilkens, bien sûr.
— Jonathan Wilkens, le cuisinier magicien du Grill du sorcier ? demandai-je, en songeant à la dégustation d’où je venais d’arriver.
Roger devait se tromper.
Il leva un sourcil laineux sévère.
—Non, je veux parler de Jonathan Wilkens, l’assassin de Patrice.