— Y’a des sorcières qui ont toute la chance ! cria Harper en ouvrant la porte pour nous laisser entrer, Missy et moi.
Il était évident qu’elle avait appris la nouvelle du meurtre de Patrice.
— Je ne dirais pas que la mort d’une femme, c’est de la chance.
Je passai devant ses yeux brillants et avides. Missy me suivit en bondissant.
Il était bon d’être ici, loin des germes de Ve (elle dormait, quand j’étais passée à la maison) et loin du mauvais ju-ju de la rue du Cercle d’incantation.
Les remarques de Roger résonnaient encore dans ma tête. Jonathan Wilkens, un assassin ? Je ne pouvais y croire.
Dès qu’il avait prononcé ces mots, Yvonne lui avait reproché d’accuser le chef sans aucune preuve.
— Tu sais que ses actions l’ont tuée, même s’il n’est pas derrière sa mort physique.
C’était tout ce que Roger avait pu répondre pour se défendre.
J’avais essayé de mon mieux de leur soutirer plus de renseignements, mais ils s’étaient refermés comme des huîtres. Peu après, Nick avait envoyé un policier pour prendre ma déclaration et me libérer. Je n’avais jamais été plus heureuse.
Maintenant, en bas de la cage d’escalier d’Harper, j’attendais le clic de la porte de sécurité — celle qui menait dans la ruelle derrière la librairie — avant de pouvoir gravir les marches étroites et sans relief, jusqu’à la porte ouverte de son nouvel appartement. J’apprenais que l’on ne pouvait pas être trop prudent, même dans un petit village enchanté.
Peut-être, surtout dans un petit village enchanté.
À l’étage, Starla Sullivan et Mimi Sawyer, la fille de Nick, étaient déjà au travail à peindre un mur d’un bleu vif. Je souris. Harper avait toujours eu du talent pour déléguer les tâches.
Missy se rua immédiatement vers Mimi, qui fit dégouliner de la peinture sur la fourrure du chien lorsqu’elle se pencha pour lui permettre de lui lécher furieusement le menton. Mais ni l’une ni l’autre ne sembla pas le remarquer. L’affection qu’elles se portaient toutes les deux était évidente.
Il n’était pas difficile de comprendre pourquoi. Elle était toutes les deux absolument adorables. Mimi, qui avait 12 ans, était devenue comme une autre petite sœur pour moi (une qui était loin d’être aussi ennuyeuse que la mienne).
Comme toujours, Starla était fidèle à une version 30 ans d’une meneuse de claque enjouée. Une queue de cheval blonde haute sur sa tête. Des yeux bleus lumineux. Ouverte, conviviale, le visage un peu naïf. Seule une énorme tache de peinture bleue sur le devant de son T-shirt rose nuisait à sa perfection.
Harper mit un pinceau dans ma main. Elle avait sept ans de moins que moi, mais pour elle, je représentais plus une figure maternelle qu’une sœur aînée. Je l’avais pratiquement élevée moi-même depuis le décès de notre mère, peu après la naissance prématurée d’Harper ; les deux événements étaient le résultat d’un tragique accident de voiture. Malheureusement, après la perte de sa femme, notre père avait sombré dans une profonde dépression, et il ne s’en était jamais vraiment remis. Il était décédé l’année dernière.
Je croyais avoir accompli un travail assez convenable dans l’éducation d’Harper, mais quand même, j’avais tendance à oublier son côté espiègle, son penchant pour s’attirer des ennuis et son habileté à se mêler des affaires des autres.
De toute évidence, ce jugement d’« assez convenable » était une question de point de vue.
— Rabat-joie, Mlle Trop sérieuse ! dit Harper. Nous attendions de connaître les détails de la scène de crime. Commence au début. N’oublie rien.
Encore cette expression. Scène de crime. Je retirai mes chaussures et je regardai de visage à visage. Starla et Mimi étaient aussi excitées qu’Harper. Morbides, voilà ce qu’elles étaient.
J’ignorais quoi dire ou par où commencer. Autrefois, j’aurais passé rapidement sur les détails. J’aurais essayé de minimiser le fait que quelqu’un avait entassé une femme dans une valise et l’avait laissée là à mourir (comme si c’était possible de minimiser une telle chose !). Mais maintenant…, l’enthousiasme d’Harper pour les enquêtes criminelles avait certainement déteint sur moi, et je leur racontai ce qui était arrivé.
On oublia la soirée peinture, et les trois s’enfoncèrent dans le canapé recouvert d’un drap. Les yeux écarquillés — surtout à la partie sur la main qui sortait de la valise.
Starla hocha la tête et m’interrompit.
— Pauvre Elodie. Cette fille a vécu tellement de choses au cours des deux dernières années. Tout d’abord, sa mère disparaît, ensuite elle doit annuler son grand mariage ; et maintenant, tu dis qu’elle n’a plus d’argent et qu’elle doit vendre la maison de sa mère.
Et — elle soupira bruyamment — tout ce temps, Patrice était à l’intérieur.
J’avais l’œil sur Mimi, qui était recroquevillée dans un coin du canapé à faire des câlins à Missy. Certains de ces détails étaient-ils trop pour elle ? Elle ne semblait pas dérangée. En fait, elle ressemblait à une version plus jeune d’Harper — résolue à assimiler les plus petits détails.
J’étais assise sur le sol — Harper n’avait pas encore beaucoup de mobilier.
— Attends une seconde. Élodie a annulé son mariage ? Je suis perplexe. Elle et Connor ne sont-ils pas fiancés ? demandai-je.
Starla agita un rouleau de peinture tout en parlant.
— Ils sont fiancés depuis toujours, depuis le collège. Il y a environ deux ans, ils étaient censés célébrer ce grand mariage de conte de fées. Elodie m’avait embauchée comme photographe, et elle parlait et parlait avec enthousiasme en disant que son mariage allait être somptueux. Une énorme liste d’invités, la crème de la crème. Puis, tout s’est écroulé. Elle a eu une grosse dispute avec sa mère. La boutique d’où provenait sa robe a commandé la mauvaise robe. La salle de réception a fermé ses portes. Le traiteur a tout abandonné. Le DJ est allé en prison. Quelques mois plus tard, Elodie et Patrice s’étaient réconciliées et Elodie avait même réussi à fixer une autre date ; et alors, Patrice a disparu.
— Elodie s’était disputée avec Patrice ? demandai-je. À propos de quoi ?
Starla haussa les épaules.
— Je ne suis certaine. Elle ne l’a jamais dit. Mais c’était grave — elles ne se sont pas parlé pendant des mois.
— Je ne peux pas imaginer être aussi en colère contre ma mère, dit Mimi.
Je remarquai qu’elle avait rangé son pinceau et tenait maintenant le journal de sa mère. Elle l’apportait partout, dernièrement. La couverture en cuir blanc s’était abîmée avec le temps. Il y avait quelques années que la mère de Mimi était décédée, et c’était grâce à ce journal que Mimi avait commencé à apprendre son métier d’artisane. Le livre était bourré de potins sur les artisans, ce qui était à la fois dangereux en même temps que cela constituait une incroyable ressource.
Dangereux, parce que si le livre tombait entre de mauvaises mains, les sorts qu’il recelait pourraient être utilisés avec de mauvaises intentions. Une incroyable ressource, parce que Melina avait été une artisane accomplie avant d’abandonner ses pouvoirs pour se marier avec Nick, un mortel. Je n’avais jamais lu le journal, mais d’après ce que Mimi avait partagé avec moi, l’ouvrage était pratiquement un manuel consacré à la pratique de l’art de la sorcellerie.
— Malheureusement, ça arrive, dit Starla, qui semblait parler d’expérience. Pendant un certain temps, Elodie espérait que sa mère réapparaisse un jour avec une histoire insensée sur l’endroit où elle avait passé ce temps. Mais les jours s’étaient transformés en semaines, et en mois. Le grand mariage approchait et il fallait prendre une décision. Elodie avait fini par l’annuler, et pour autant que je sache, il n’a jamais été reporté.
On aurait dit que depuis la disparition de sa mère, une grande partie de la vie d’Elodie était restée à un point mort. Je ne pouvais imaginer vivre ainsi. Toujours se poser des questions. Ne jamais savoir. Ça devait être terrible.
Et maintenant…, maintenant, sa mère ne reviendrait jamais. Elle n’assisterait jamais au mariage de sa fille.
C’était quelque chose qu’Harper, Mimi et moi pouvions comprendre.
Lorsque j’avais épousé Troy, mon ex-mari, j’avais vivement ressenti l’absence de ma mère à mon mariage, une douleur qui avait persisté toute la journée. J’essayai de me mettre à la place d’Elodie qui avait planifié son propre mariage sans savoir où se trouvait sa mère. Moi aussi, je l’aurais reporté. Indéfiniment.
Malheureusement, mon mariage s’était effondré. J’avais maintenant 30 ans, j’étais divorcée et j’habitais avec tante Ve. Mais — et ça, c’était important — je n’avais jamais été aussi heureuse. J’adorais vivre dans le Village enchanté. J’adorais tante Ve. Et les villageois et mes nouveaux amis.
Je me levai et je me dirigeai vers la boîte de peinture.
— Comment va tante Ve aujourd’hui ? demanda Mimi. Mieux ?
Ces deux petits mots me rendirent tellement heureuse. Ve avait insisté pour que Mimi l’appelle tante Ve. J’aimais voir la fille de Nick faire maintenant partie de ma famille.
— Quand je suis passée à la maison avant de venir ici, elle n’avait pas l’air d’aller beaucoup mieux.
— Cherise ne devait-elle pas passer la voir aujourd’hui ? demanda Harper.
— C’était ce que je croyais et je n’ai pas entendu parler du contraire. Peut-être qu’elle n’a pas réussi à y aller ?
— Quand j’ai rendu visite à Archie, dit Mimi, je l’ai vue entrer.
Archie était notre voisin, le majordome de l’Ancienne, un ancien acteur de théâtre londonien, et… un ara macao. C’était un esprit familier, l’esprit d’un artisan qui réside à l’intérieur d’une forme animale. Il était aussi drôle, vaniteux, et un as des jeux-questionnaires sur le cinéma.
— Faut-il un certain temps pour que le sort de Cherise fasse son effet ? demanda Starla.
— Je ne suis pas certaine. Je suppose que le temps nous le dira. J’irai jeter un coup d’œil sur Ve en rentrant à la maison.
— Bien, dit Starla d’un ton joyeux. J’ai des nouvelles. J’ai rencontré quelqu’un de nouveau.
— Qui ?
De longues boucles sombres tirées en arrière en une queue de cheval bondissaient pendant que Mimi sautillait.
— Est-il mignon ?
— Adorable, dit Starla en souriant. C’est un fournisseur de la foire des Pierres vagabondes. Je l’ai rencontré sur la place du village aujourd’hui, et il m’a invitée à souper. J’ai négocié pour un café demain matin. Quand même, un souper c’est trop personnel pour un premier rendez-vous, n’est-ce pas ?
— C’est préférable d’attendre au deuxième ou troisième rendez-vous, convint Harper.
— Pourquoi ? demanda Mimi, qui absorbait la conversation.
— Si tu vas prendre un café, tu auras suffisamment de temps pour déterminer si tu veux le revoir. Une sorte de mini rendez-vous. Le souper est un engagement. S’habiller. Beaucoup parler. Un rendez-vous à réserver pour le moment où tu aimes suffisamment la personne pour vouloir apprendre à mieux le connaître.
Mimi hocha la tête comme si elle prenait des notes dans sa tête. Je n’étais pas certaine que suivre les instructions d’Harper fût la chose la plus sage à faire, mais j’évitai de m’immiscer dans cette conversation. Nul besoin d’en parler ce soir.
Mais la mention des Pierres vagabondes me rappelait le petit ami de Patrice, qui était aussi un fournisseur pour la foire.
— Starla, connais-tu Andreus Woodshall, par hasard ?
Elle frissonna de façon spectaculaire, contractant tout son visage.
— Je prends ça pour un oui ? demandai-je en riant.
— Mais toi, comment le connais-tu ? demanda Starla, avec de l’inquiétude dans ses yeux bleus.
— Lui qui ? interrompit Harper. Qui est-il ?
Mimi trempa son rouleau dans le bac à peinture.
— Je pense qu’il est plutôt gentil.
Nous la regardâmes fixement.
— Quoi ? demanda-t-elle, haussant les épaules. Il est gentil. Il me permet de toucher à toutes les géodes et il répond à toutes mes questions.
J’étais certaine qu’elles devaient être nombreuses.
— Qui ? demanda Harper.
— Andreus Woodshall, dit patiemment Starla. Il est directeur de Pierres vagabondes. Un artisan de sorts. Il est… Bien, avez-vous vu Dracula ? Celui avec Bela Lugosi ?
Qui ne l’avait pas vu ? Nous hochâmes toutes la tête.
— C’est un peu à ça qu’il ressemble. Sauf que ses dents ne sont pas aussi pointues, et quand la lumière est mauvaise, il est encore plus effrayant à voir.
Elle roula un rectangle bleu sur le mur.
Encore plus effrayant que Dracula ? Était-ce une blague ?
— Mais, dit Starla, en ramassant un cheveu blond qui traînait sur le rouleau, avec le bon éclairage, on dirait qu’il est beau. C’est très déconcertant. Une minute, il ressemble à Dracula, et la suivante, il paraît suave et débonnaire.
— Dracula, vraiment ? demanda Harper, manifestement intriguée. Est-ce un vampire ?
— Nnnon.
Starla continua d’inonder le mur de bleu.
Jusqu’à présent, un seul mur était terminé. J’avais le sentiment que la nuit serait longue si nous continuions de travailler à ce rythme.
— Tu ne devrais pas réagir comme si c’était une idée folle, dit Harper. Après tout, nous sommes des sorcières.
— Elle a raison, dit Mimi d’un ton pragmatique. Et M. Woodshall se promène à la lumière du jour. Ce qui l’exclut comme vampire.
J’avais du mal à croire que nous fussions en train d’avoir cette conversation. Il y a six mois, j’étais sans emploi, et j’habitais dans l’Ohio. Lorsque mon père était décédé, l’an dernier, j’avais non seulement perdu mon père, mais aussi mon travail, puisque je travaillais pour lui, à son bureau de dentiste, depuis mes 18 ans. Puis, tante Ve était venue nous rendre visite à Harper et à moi, et de chômeuse gestionnaire de bureau, j’avais été engagée à Comme vous le souhaitez. Oh ouais, et j’étais une sorcière.
Et maintenant, j’étais une sorcière qui considérait sérieusement la présence d’un vampire dans le quartier. Tandis que je plongeais mon pinceau dans le bleu et que j’allais travailler le long des plinthes, j’avais presque envie de rire de l’absurdité de la chose, mais j’expliquai pourquoi j’avais au départ posé des questions sur Andreus.
— Yvonne Merrick l’appelle « M. Macabre ». C’était avec lui que Patrice avait eu rendez-vous, le soir de sa disparition.
— Non, haleta Starla.
Je hochai la tête.
— Oui. Yvonne et Roger avaient un double rendez-vous avec Patrice et Andreus.
Je leur donnai des détails sur la dispute, et je révélai l’affirmation de Roger que Jonathan Wilkens avait quelque chose à voir avec la mort de Patrice. J’omis la partie où il l’accusait de l’avoir tuée. Je me retins aussi de leur expliquer le rôle de l’Anicula jusqu’à ce que j’en connaisse plus sur le sujet.
— Roger est dingue, dit Starla. Jonathan ? Impossible.
— Est-ce qu’il connaissait même Patrice ?
Comme je n’avais emménagé au Village que récemment, je connaissais assez peu son histoire.
— Ils sont sortis ensemble pendant un certain temps, mais je ne me souviens pas qu’il y ait eu quoi que ce soit de sérieux. Jonathan était un peu don Juan, avant de rencontrer Zoey.
C’était un fait intéressant que je classai quelque part. Jonathan et Patrice qui sortaient ensemble. Était-ce la raison pour laquelle Roger détestait l’homme ? Était-ce ce à quoi Yvonne faisait référence quand elle parlait de jalousie inappropriée ?
J’étais en train de me demander de quelle façon j’allais obtenir les réponses à ces questions, et je venais de décider d’avoir recours à Pepe — un esprit familier sous forme de souris qui vivait et travaillait à la Boutique enchanteresse — lorsque la sonnette d’Harper résonna. Il y avait quelqu’un en bas dans la ruelle.
— J’y vais ! dit Mimi.
— Assure-toi de vérifier pour d’abord voir qui c’est ! lui criai-je, luttant contre l’envie de courir après elle pour m’assurer qu’elle le fasse.
J’étais naturellement très maternelle — je ne pouvais m’en empêcher. Je jetai un coup d’œil à Harper. Elle était maintenant adulte, et elle avait besoin de moi plus comme sœur que comme figure maternelle, alors j’essayai de perdre mes habitudes de mère poule et de ne pas transférer ces impulsions sur Mimi. Ce qui s’avérait une tâche plus ardue que je l’aurais cru.
Je fus plus qu’un peu surprise lorsque Nick Sawyer arriva dans l’appartement. Ses yeux brillèrent quelque peu lorsqu’il m’aperçut. Mon estomac fut envahi d’effervescence.
Harper me poussa avec son orteil. J’aurais pu jurer l’avoir entendu murmurer « Certaines sorcières ont toute la chance » avant de dire :
— Salut, Nick ! Vous venez déjà chercher Mimi ?
Il portait toujours son uniforme de sécurité du Village enchanté. Je devais admettre que j’aimais bien cette tenue. Pantalon kaki, chemise serrée qui moulait tous les bons muscles. Je m’habituerais bien à regarder ces muscles tous les jours.
Missy grogna un peu. Pour une raison quelconque, il l’avait contrariée. Ça lui passerait bientôt, je n’en doutais pas. Elle adorait Nick.
— Des cours de natation au début de la matinée, dit-il. Si Mimi se couche trop tard, elle sera impossible à réveiller.
— C’est vrai, dit Mimi sans trace de gêne.
Sous peu, Mimi serait de retour à l’école à temps plein, et je me rendis compte avec un serrement que sa présence me manquerait.
— Les choses ont avancé ? demanda-t-il en examinant l’espace.
— Plus de potins que de peinture, dit Starla. L’assassinat de Patrice est tout un choc.
— Des pistes ? lui demanda Harper, remplie d’espoir.
— Pas encore, dit-il.
Ses yeux bruns s’attardèrent sur moi. Je me sentis rougir.
La radio attachée à sa ceinture grésilla.
— Nick ? Vous êtes là ?
— Nous n’avons pas encore élaboré de codes, nous dit Nick.
Il appuya sur un bouton.
— Oui ?
— Un suspect repéré sur le chemin de la Cour diaphane qui se dirige à l’ouest vers les bois, dit la voix excitée.
— Je suis en route, répondit Nick. Serait-il possible, nous demanda-t-il, que Mimi reste un peu plus longtemps ?
— Bien sûr, dit Harper. Qu’est-ce qui se passe ? Quel suspect ? Le suspect du meurtre ?
Nick sourit devant ses questions en rafale et hocha la tête.
— Vous le découvrirez assez vite, je suppose, dit-il, souriant d’un air résigné.
Il prit une profonde respiration.
— Il y a eu quelques rapports à propos d’un voyeur au cours des deux derniers jours et d’un possible cambriolage.
— Possible ? dis-je, soudainement très alerte. Ils n’en sont pas certains ?
— Il semble qu’on soit entré dans la maison, mais que rien n’ait été volé.
— Comme dans la maison de Patrice l’autre soir ? demandai-je.
Il déplaça son poids, et prit un ton plus léger.
— Probablement quelques adolescents qui jouent des tours.
L’expression sérieuse de son regard contredisait son attitude soudainement détendue. De toute évidence, il ne croyait pas un mot de ce qu’il disait. Il essayait seulement de ne pas nous inquiéter.
Ce qui me préoccupait un peu.
Combien y avait-il de grands méchants loups en liberté dans ce petit village idyllique ?