Il y a aujourd’hui 850 millions d’hindous en Inde et un milliard de par le monde. Une personne sur sept sur notre planète est donc hindoue.
De nombreux clichés persistent néanmoins dans notre esprit quant à l’hindouisme : polythéisme, adoration de statues, fanatisme, violence, castes… Savez-vous pourtant que les hindous ont 5 000 ans d’histoire derrière eux – et quelle histoire ! De toutes les grandes religions du monde – le christianisme, l’islam, le bouddhisme – l’hindouisme est la seule religion qui n’ait jamais essayé de convertir les autres au fil de l’épée, comme les armées espagnoles ou les envahisseurs turcs l’ont fait ; ni même par un « missionnariat » doux comme l’ont pratiqué les bouddhistes en Asie. D’ailleurs, durant toute son histoire, l’Inde n’a jamais envahi aucun autre pays ; bien au contraire, sa culture et sa spiritualité hindoues ont rayonné spontanément et pacifiquement vers l’Est – Angkor en est la meilleure preuve ; ou vers l’ouest – où le yoga, ancienne tradition hindoue, s’est imposé de manière irréfutable.
Savez-vous également que toutes les minorités religieuses persécutées au monde ont pu trouver refuge en Inde et ont eu la possibilité d’y pratiquer librement leur credo, tout en prospérant économiquement ? Les chrétiens de Syrie s’établirent au Ier siècle après J.-C, au Kerala, la première communauté chrétienne au monde. Les juifs, fuyant la destruction du temple de Jérusalem, trouvèrent eux aussi refuge en Inde, principalement à Bombay et à Cochin. Personne ne sait que l’Inde est le seul pays au monde où les juifs ne furent jamais persécutés d’aucune manière que ce soit. Les adorateurs de Zoroastre fuirent l’Iran dès 716, sous la persécution musulmane, et se rendirent à Thane, près de Mumbai, où le maharaja Shīlāhāra Jāi les accueillit, à condition qu’ils respectent les coutumes locales. Les Parsis, comme ils sont appelés en Inde, tinrent parole et devinrent l’un des moteurs économiques de l’Inde. On retrouve aussi à Calcutta des Arméniens qui fuirent les persécutions d’Ataturk, ou des Chinois qui prirent refuge en Inde au cours des siècles. Aujourd’hui, alors que le Tibet et sa culture disparaissent de plus en plus aux mains des Chinois, c’est grâce à cette tolérance hindoue qu’un « Petit Tibet » s’est recréé en Inde, à Dharamsala plus précisément, sous la tutelle du XVIIe Dalaï Lama. C’est à partir de là que le bouddhisme tibétain s’est répandu en Occident.
Si vous observez les hindous à l’étranger, vous constaterez également qu’ils constituent une des communautés les plus paisibles et les plus prospères au monde, avec laquelle l’Occident ne connaît aucun problème, contrairement à ce qui peut se passer avec d’autres communautés ethniques ou religieuses. Les hindous envoient leurs enfants dans les meilleures écoles, d’où ces élèves sortent souvent premiers. Ils paient leurs impôts, respectent les lois des pays où ils se sont établis et finissent par atteindre les plus hauts niveaux de leurs métiers respectifs. Ainsi, 60 % des docteurs en Grande-Bretagne et 60 % des ingénieurs dans la Silicon Valley sont d’origine hindoue, et on trouve de plus en plus de patrons de grandes multinationales d’origine hindoue. On commence même à voir des hindous prendre place dans l’administration américaine, signe précurseur de l’émergence d’une classe politique hindoue aux États-Unis.
Alors, grâce à ce numéro spécial, nous allons essayer de montrer aux Français pourquoi l’hindouisme est non seulement une religion de paix, mais aussi une spiritualité universelle, qui reconnaît l’Un dans le Multiple.
Écrivain, journaliste et photographe
François Gautier a été durant huit ans
le correspondant du Figaro en Inde et en Asie.
Il est l’auteur d’une douzaine de livres sur l’Inde, dont :
La caravane intérieure (Les Belles Lettres, 2005)
Des Français en Inde (France Loisirs, 2008)
Quand l’Inde s’éveille, la France est endormie (Éditions du Rocher, 2012)