par Leslie Dion
Leslie Dion, journaliste et auteure du livre La beauté au naturel : produits d’ici et d’ailleurs (Éd. Vuibert) nous parle de la beauté traditionnelle en ayurvéda.
Quel est le sens de la beauté dans l’ayurvéda ?
L’ayurvéda s’appuie sur trois domaines : l’alimentation, les soins et les exercices physiques.
Les traitements ayurvédiques basés sur ces trois domaines sont prescrits en fonction des caractères : il existe plusieurs niveaux de fonctionnement du corps, physique, subtil et causal, et ces fonctionnements dépendent du caractère propre à un individu, qui peut être de caractère vata (air), pitta (feu) ou kapha (terre).
Pour revenir à la beauté selon les principes de l’ayurvéda, elle n’a rien à voir avec des traits réguliers, une bouche pulpeuse ou des courbes généreuses : la beauté d’une femme repose sur l’harmonie qu’elle entretient avec son corps et le monde. Cet équilibre subtil est appelé ojas en Inde ; ce terme désigne la relation entre la conscience et un corps équilibré.
La définition de ce terme est beaucoup plus complexe et s’étend plus loin que le domaine de la beauté, mais pour comprendre plus simplement, une peau éclatante et de beaux cheveux sont le reflet et la preuve d’un bon ojas, c’est-à-dire un fonctionnement harmonieux entre le corps et l’esprit.
Pour retrouver une chevelure saine et une belle peau, la femme doit donc apprendre à estimer son corps et son esprit, et ne pas aller contre leur nature. En résumé, une femme qui entretient un bon ojas est une femme belle, équilibrée spirituellement et physiquement.
Comment la femme entretient-elle cet équilibre ?
Les principaux problèmes rencontrés autant chez les hommes que chez les femmes sont la chute des cheveux, les pellicules, les cheveux gras et l’acné.
Ces problèmes capillaires et cutanés résultent d’un dérèglement de l’organisme, qui a diverses origines (stress, maladies, etc.). De manière générale, il y a plusieurs façons d’entretenir cet équilibre : une bonne alimentation, des exercices physiques réguliers et des soins.
Dans la médecine ayurvédique, la plante, corps vivant et sensible, tient une place primordiale parce qu’elle entretient un lien spirituel avec l’homme. Elle stimule la croissance des cheveux en renforçant les racines, en éliminant les problèmes du cuir chevelu, et en combattant les pertes de cheveux. Sur la peau, elle a une action anti-inflammatoire, régulatrice, antiseptique... La plante ayurvédique est donc la principale alliée de la femme pour conserver cette harmonie.
De quelle manière utilise-t-on ces plantes dans la médecine ayurvédique ?
Tout dépend de l’usage que l’on en fait : l’ayurvéda est une thérapie externe et interne. Mon livre explique comment utiliser ces plantes, que l’on trouve principalement sous forme de poudre, seulement dans le cadre d’un usage externe et régulier pour entretenir la beauté des cheveux ou de la peau.
Il y a alors deux façons de l’utiliser : la faire macérer dans une huile végétale de « base » ou la mélanger avec de l’eau tiède pour constituer une pâte. Ces explications peuvent paraître évidentes, mais pour les femmes occidentales qui ne les connaissent pas, elles sont réellement utiles pour les guider.
Quelle est la place de l’ayurvéda dans les rituels de beauté occidentaux ?
En France, on connaît l’ayurvéda davantage pour ses pratiques spirituelles (yoga, massage, etc.) qui s’installent progressivement dans les habitudes de bien-être. Mais l’utilisation des plantes ayurvédiques n’est pas très connue : les femmes n’ont pas une réelle connaissance de ces plantes et ne savent pas comment les utiliser.
C’est dommage car ces plantes pourraient leur apporter beaucoup. D’autant plus que le rythme de vie auquel elles sont exposées est à l’origine de problèmes, comme le stress, qui ont de réelles répercussions sur l’état de santé de notre peau et de nos cheveux. De plus, ce rythme rapide de la société se traduit aussi dans nos exigences en matière de cosmétologie : en général si un produit ne fait pas ses preuves rapidement, on a tendance à en essayer un autre.
À l’opposé, l’ayurvéda requiert de la patience et une utilisation sur le long terme : il faut prendre le temps de préparer son produit en sélectionnant soi-même les ingrédients, le laisser reposer (parfois trois heures pour les masques au henné) demande de la patience, contrairement à un produit préparé appliqué en seulement trois minutes.
Où les femmes peuvent-elles découvrir et apprendre à utiliser ces plantes ?
Les plantes les plus faciles à trouver et à utiliser pour un usage régulier sont l’amla, le shikakaï, la poudre de neem, le henné et la poudre de reetha.
Mon livre est fait de telle sorte que les femmes trouveront un descriptif, des recettes pour utiliser les produits et une rubrique pour les aider à les trouver. Pour celles qui préféreraient une approche plus médicale, je conseille La divinité des plantes de David Frayley : il référence un grand nombre de plantes ayurvédiques en décrivant leurs usages et leurs bienfaits sur la santé.
Pour se procurer ces plantes, il y a plusieurs alternatives : en grande surface on peut trouver certain de ces produits (huile d’amla, henné), sur internet ou tout simplement dans les épiceries asiatiques.
La Beauté au naturel : produit d’ici
et d’ailleurs, par Leslie Dion (Éd. Vuibert)