Seules sont retenues ici les définitions qui ont paru nécessaires à l’intelligence des textes cités.
adoption : acte juridique accompli devant le préteur entre pères de famille, permettant de faire entrer dans sa famille en qualité de fils ou de fille un membre d’une autre famille. L’adopté porte les trois noms de son père adoptif suivi de son nom d’origine augmenté du suffixe -anus : le fils adoptif de Paul Émile, par exemple, prit le nom de Scipio Aemilianus, et Gaius Octavius (Octave), fils adoptif de César, devint Gaius Julius Caesar Octavianus (Octavien). L’adoption, destinée à perpétuer le culte domestique dans les maisons privées d’héritier mâle, devient un instrument politique sous l’Empire et permet à l’empereur de désigner son héritier. L’adoption d’un chef de famille par un autre chef de famille était de la compétence des comices curiates après enquête des pontifes : la procédure (adrogation), irréversible, exigeait l’accord de l’intéressé et s’étendait à ses descendants (César, grand pontife, permet ainsi à Clodius de devenir plébéien).
aerarium : 1. aerarium senatus (ou aerarium Saturni) : caisse centrale gérée par le sénat (par l’intermédiaire des deux questeurs urbains, puis par deux préfets choisis par le sénat parmi les anciens préteurs et désignés par l’empereur) et alimentée par les revenus des provinces sénatoriales ; elle était distincte du fisc, caisse impériale. Le Trésor public contenait aussi les archives d’État, et était déposé dans le temple de Saturne, au pied du Capitole. 2. aerarium militare : caisse militaire, créée en 6 apr. J.-C., constituée à l’origine par une donation d’Auguste et de Livie puis par les impôts sur les successions et les ventes, destinée à payer les soldats libérés ; cette caisse des retraites était administrée par trois préfets d’ordre prétorien. Voir aussi FISC.
agéma : voir PELTASTE.
angusticlave : voir ORDRE ÉQUESTRE, TUNIQUE.
annales : sous la République et jusqu’à Scévola (vers 130 av. J.-C.), le terme désigne la chronique de Rome, tenue par le grand pontife (pontifex maximus, d’où le nom des Annales maximi), qui notait sur un tableau blanchi à la chaux les événements marquants de l’année – élection des magistrats, campagnes militaires, éclipses et prodiges, cérémonies en l’honneur des dieux. Les « annalistes » constituent les premiers historiens latins, dont les récits sont caractérisés par la présentation des événements dans le cadre de l’année consulaire (l’histoire de Rome est très largement tributaire de l’ordre annalistique). Voir aussi PONTIFE.
annone : service de l’approvisionnement de Rome. Auguste crée en 8 apr. J.-C. la préfecture de l’annone : le préfet de rang équestre, nommé par l’empereur, s’occupe de l’acheminement et du stockage du blé et de l’huile ; le préfet de rang sénatorial (praefectus frumenti dandi) se charge de la distribution aux citoyens. Voir aussi CLIENTS.
apothéose : admission d’un empereur au rang des dieux après sa mort, au cours d’une cérémonie décidée par le sénat et demandée par son successeur : il devient alors Divus et reçoit un culte particulier (voir CONFRÉRIE). César fut le premier à en bénéficier. L’État plaçait ainsi le Génie de l’empereur parmi les puissances protectrices de la cité.
arianisme : hérésie professée par Arius, prêtre d’Alexandrie (vers 256-336 apr. J.-C.), qui niait la nature divine du Christ ; elle fut condamnée par les conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381, Théodose Ier). Soutenue par les empereurs Constance II, Valens et Valentinien II, l’hérésie disparut d’Occident mais se développa en Orient (distinction entre les « orthodoxes » et les Ariens) et, en dehors de l’empire, parmi les Germains (Vandales, Goths convertis par l’évêque Wulfila).
armée : elle subit au cours des siècles de nombreux remaniements. Servius crée au VIe siècle av. J.-C. l’armée censitaire réservée aux possédants : les plus riches fournissent les dix-huit centuries de la cavalerie, les trois premières classes l’infanterie lourde, les plus pauvres l’infanterie légère ; la légion compte quatre mille hommes. Réforme de Camille au IVe siècle av. J.-C. : la légion est divisée en trente manipules, divisés à leur tour en deux centuries ; la cavalerie attachée à la légion est formée de dix escadrons de trois décuries chacun. La légion (quatre mille deux cents hommes rangés dans l’ordre suivant : les hastati, les principes, les triarii) est uniquement constituée de citoyens (les prolétaires sont exclus) ; les auxiliaires sont fournis par les alliés. Le nombre des légions dépend des besoins (elles sont au nombre de quatre, en temps normal, sous la République). Le recrutement se fait chaque année par les soins du consul, commandant en chef des armées (imperator). Marius, en 107 av. J.-C., réforme profondément l’armée : les prolétaires sont admis, l’unité tactique devient la cohorte formée de trois manipules de deux centuries chacun ; les légionnaires portent tous le même armement et toutes les légions sont dotées de la même enseigne (une hampe surmontée d’un aigle tenant la foudre entre ses serres) ; la légion compte six mille hommes. Avec Auguste apparaît l’armée de métier : le temps de service est de vingt ans dans la légion, vingt-cinq ans dans les troupes auxiliaires (de plus en plus nombreuses) ; la légion compte cinq mille hommes et cent vingt cavaliers. Au Bas-Empire, réformes de Gallien (260-268), Dioclétien (284-305) et Constantin (306-337) : distinction entre l’armée des frontières (deux légions de mille hommes dans chaque province frontalière ; cavalerie des ailes et corps auxiliaires presque exclusivement recrutés parmi les Barbares ainsi que les cohortes d’infanterie) et l’armée de l’intérieur ou comitat, qui perd progressivement de l’importance au profit de la première. Le limes, frontière extérieure de l’empire, est confié, par secteurs, à un praepositus. Depuis Auguste, l’empereur est général en chef des armées et fait appel aux populations étrangères regroupées par provenance. Voir aussi ARMEMENT, CENS, CENTURIE, COHORTE, COMITAT, COMTE, LÉGAT, LIMES , MANIPULE, MILICE, PRÉTOIRE.
armement : d’abord à la charge des soldats, il est fourni par l’État à partir du IIIe siècle av. J.-C. Les fantassins légionnaires portent un casque (galea, d’origine gauloise), une cotte de mailles (lorica), un bouclier rectangulaire et plat emprunté aux Samnites (scutum), la lance (hasta) et le javelot (pilum) pour le combat de loin, l’épée courte (gladius, d’origine espagnole), puis plus longue (spatha, qui nécessite un baudrier porté sur l’épaule) et le poignard (pugio) pour le combat rapproché. Les troupes auxiliaires n’avaient qu’un casque en cuir et un petit bouclier rond (parma). À partir de Trajan (98-117 apr. J.-C.), le fantassin porte un casque de métal, une cotte de mailles ou une tunique de cuir garnie de métal, la lance et l’épée ; les corps spécialisés ont leurs armes spécifiques (frondeurs, archers, contarii armés de lourdes lances, d’autres armés de massues). Les cavaliers, sous la République, portent une lance légère et un bouclier rond (parma) et, à partir du I er siècle av. J.-C., le casque de fer, la cuirasse, l’écu long et ovale. Sous Hadrien apparaissent les cataphractaires, escadrons de cavalerie fortement cuirassés, et sous le Bas-Empire, des corps de cavalerie conçus comme des corps mobiles d’intervention rapide (promoti, scutarii). Évocation fantaisiste de sous-officiers de l’armée romaine dans l’Histoire Auguste (Vie d’Aurélien) : porte-aigle (signifer, infanterie, un par légion), porte-dragon (draconarius, cavalerie, un par cohorte), porte-étendard (vexillifer, d’emploi très rare), corniste (cornicen).
assemblée du peuple (contio) : assemblée d’information au cours de laquelle on ne demandait au peuple ni de délibérer ni de voter. Elle se tenait à Rome les jours fastes près des Rostres sous la présidence d’un magistrat. Le préteur urbain y donnait lecture des nouvelles en provenance de l’armée.
auspices : signes de la volonté divine (vol des oiseaux, phénomènes célestes, comportement des poulets sacrés, naissance d’êtres monstrueux). Ce sont les auspices qui fondent l’imperium des magistrats, des censeurs, des consuls, des dictateurs, des préteurs.
auxiliaires : voir ARMÉE, ARMEMENT.
bureaux palatins (scrinia) : bureaux de l’administration impériale, confiés à des affranchis impériaux ou à des personnages de rang équestre. Ces fonctionnaires sont nommés et révoqués par l’empereur. Quatre bureaux fonctionnent sous Claude : ab epistulis, pour la correspondance administrative (une section latine et une section grecque), a libellis (réponses aux requêtes), a cognitionibus (bureau des enquêtes), a studiis (bureau d’études, prépare le travail de l’empereur dans ses tâches administratives ou judiciaires) ; sous Néron, ces différentes fonctions sont remplies par des affranchis (Narcisse) ; l’a rationibus, ministre des Finances, apparaît sous Tibère (Pallas). La bureaucratie se développe sous Constantin (306-337) ; les services administratifs sont confiés à cinq bureaux : memoriae (rescrits, brevets de nomination), epistolarum (correspondance de langue latine), epistolarum Graecarum (correspondance de langue grecque), libellorum (réponses aux suppliques), dispositionum (archives).
cens : montant de la fortune du chef de famille, recensé tous les cinq ans par un censeur ; le recensement fut d’abord centralisé à Rome, puis étendu aux principales villes de l’Italie et de l’empire. Le cens déterminait les droits et les devoirs du citoyen ; les plus pauvres, les prolétaires, étaient exclus de l’armée jusqu’à Marius. À l’origine, les cavaliers devaient payer leur cheval et les soldats leur équipement. Voir aussi ARMÉE, CITOYENNETÉ ROMAINE, CURSUS HONORUM , ORDRE ÉQUESTRE, ORDRE SÉNATORIAL.
centumvirs : cour de cent cinq magistrats tirés au sort sous l’Empire et statuant sur les successions ; Trajan porta leur nombre à cent quatre-vingts ; Pline le Jeune siégeait parmi ses membres répartis en quatre chambres ou fonctionnant en assemblée plénière.
centurie : groupe de cent hommes au sein des classes dans la constitution de Servius (579-534 av. J.-C.), dont une moitié servait dans l’armée d’active (juniores), l’autre dans la réserve (seniores). Unité de combat, la centurie est aussi une unité de vote dans le cadre des comices centuriates. À l’époque de Camille (début du IVe siècle av. J.-C.), on comptait vingt centuries de trente hommes par légion pour les triaires (triarii), de soixante hommes pour les première et deuxième lignes (hastati, principes) ; chaque centurie comprenait en outre vingt vélites, soit un total de quatre mille deux cents hommes par légion. Avec les réformes de Marius (vers 107 av. J.-C.), l’effectif des centuries repasse à cent hommes, deux centuries forment un manipule. Sous Auguste, six centuries composent une cohorte. Voir aussi ARMÉE, CENTURION, COHORTE, COMICES, MANIPULE, VÉLITE.
centurion : sous-officier commandant une centurie. Le plus gradé est le primipile de la première cohorte, l’avancement se fait à l’ancienneté. À partir d’Auguste, les officiers de la première cohorte (constituée de cinq centuries doubles) occupent une place à part (hastatus puis princeps posterior ; hastatus puis princeps prior) ; le commandant de la cohorte est le centurio princeps. Voir aussi CENTURIE.
chevalier : voir ORDRE ÉQUESTRE.
cité : on distingue les cités latines ou italiques (en Italie) et pérégrines (dans les provinces). À la fin de la République, les cités de droit italique ont toutes obtenu la citoyenneté romaine. Les cités pérégrines, qui constituent la majorité des villes dans les provinces, sont réparties en trois catégories : stipendiaires (elles paient un tribut à Rome), libres (elles ne dépendent pas des provinces sur le plan juridique) et fédérées (elles ont passé un traité avec Rome sur un pied d’égalité). Certaines d’entre elles sont exonérées d’impôts. Jusqu’à la guerre sociale (91-88 av. J.-C.), il existait aussi en Italie des villes alliées : elles conservaient leur autonomie, ne payaient pas d’impôts mais n’étaient pas libres de leur politique extérieure et devaient contribuer à l’effort militaire ; après la guerre sociale, elles se transformèrent en municipes ou en colonies. Les colonies de droit latin ou romain sont des cités qui ont à leur tête un curateur choisi généralement dans l’ordre sénatorial, et chargé de surveiller notamment la gestion financière. La curatèle prend place dans le cursus honorum après la préture ; cette fonction se développe surtout après Dioclétien (284-305). Voir aussi COLONIE, MUNICIPE.
citoyenneté romaine : elle se marque par le rattachement à l’une des trente-cinq tribus, l’inscription sur les registres du cens et l’usage des trois noms (prénom, nom gentilice, surnom). Naissent citoyens romains les enfants issus d’un mariage légitime dont les parents sont déjà citoyens ; l’enfant né d’une Romaine et d’un pérégrin (ou d’un Latin) prend la nationalité du père. Un esclave affranchi devient un citoyen incomplet, mais ses enfants sont citoyens à part entière. La loi Plautia Papiria (89 av. J.-C.) accorde le droit de cité à toutes les villes alliées qui en font la demande ; en 49, les Transpadans obtiennent la citoyenneté romaine (loi Roscia). La citoyenneté de plein droit (optimo jure) confère les droits civils (droit de mariage, capacité judiciaire) et politiques (droit de vote, droit d’appel, éligibilité) ; la civitas sine suffragio (supprimée après 268 av. J.-C.) ne confère pas les droits politiques. Le dernier recensement sous la République donnait un chiffre de 3 185 000 citoyens romains ; au recensement de 14 apr. J.-C., on en comptait 4 937 000. En 212, Caracalla octroya la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’empire. Voir aussi CENS, COLONIE, GENS , TRIBU.
clients : citoyens romains dépendant d’un patron. Appartenant généralement aux classes moyennes, notamment les petits propriétaires appauvris par les guerres ou les réformes, les clients aident leur patron lors des élections et dans différentes démarches de la vie publique ; l’acte principal est la salutatio du matin ; les plus démunis repartent avec la sportule (repas du jour) ; les esclaves affranchis deviennent clients de leur ancien maître. Les personnes assistées (prolétaires inscrits sur les registres de l’annone) sont clients de l’empereur qui leur fournit leur subsistance toute leur vie. Voir aussi ANNONE.
cohorte : créée par Marius, la cohorte comptait à l’origine six cents hommes, répartis en trois manipules (hastati, principes, triarii) ; il y en avait dix par légion. Auguste organisa l’infanterie des troupes auxiliaires en cohortes de cinq cents ou mille hommes sous les ordres d’un tribun. La cohorte prétorienne, garde personnelle du général en campagne, formée de soldats d’élite, devint garde impériale à partir d’Auguste. Voir aussi ARMÉE, CENTURIE, MANIPULE, PRÉTOIRE.
colonie : sous la République, le terme désigne une cité de peuplement installée sur le sol italien. Les colonies latines (vingt-cinq de 334 à 184 av. J.-C.) sont placées aux endroits stratégiques à l’intérieur des terres : deux mille à six mille soldats-paysans, pour moitié romains et pour moitié alliés, s’y partagent la culture des terres confisquées après la conquête. Les colonies romaines, aussi nombreuses mais limitées à une garnison de trois cents hommes, sont réparties sur la côte ; leur peuplement est uniquement romain. La loi permettait aux colons latins d’obtenir (ou de retrouver) la citoyenneté romaine ; en 180 av. J.-C., ce privilège fut remplacé par l’octroi de la citoyenneté romaine aux magistrats des colonies latines. Narbonne (Narbo Martius), fondée en 118 av. J.-C. sur un site celtique, était la plus ancienne colonie romaine en Gaule (elle donna son nom à la Province). Auguste, dans le bilan de son règne, se vante d’avoir fondé des colonies dans tout l’empire et en particulier vingt-huit colonies militaires en Italie. La colonie se voyait dotée d’un nouveau nom, en rapport avec celui de son fondateur ou avec les circonstances de sa déduction (Aquae Sextiae, Colonia Agrippinensis, Emerita, Aelia Capitolina, etc.). Les colonies extérieures bénéficiaient du jus Latinum (Espagne) ou du jus Italicum (Asie) : les colonies de droit latin (à partir de 338 av. J.-C.) étaient fondées par des Italiens ou par des Romains ayant renoncé à leur citoyenneté ; si la colonie recevait le privilège du droit italique, elle était assimilée à une portion de sol italien et dispensée de l’impôt foncier. Voir aussi CITÉ, CITOYENNETÉ ROMAINE.
comices : assemblées du peuple. Les comices curiates, à l’origine, étaient formés du peuple réuni par curies sur le Comitium (emplacement consacré), au nord du Forum, pour élire le roi choisi par le sénat et décider de la paix et de la guerre. Ils sont maintenus sous la forme de trente licteurs représentant les trois tribus primitives, et votent la loi curiate d’investiture des magistrats supérieurs (la loi curiate de imperio, votée par le sénat, confère l’imperium) ; présidés par le grand pontife, ils veillent au respect des structures familiales et en particulier autorisent les adoptions. Les comices centuriates réunissent les cent quatre-vingt-treize centuries ; on y vote par centurie et la première classe dispose de la majorité absolue (98 voix) ; on interrompt le vote dès que la majorité est acquise ; présidés par le consul ou le préteur, ils élisent les magistrats supérieurs (consuls, préteurs, censeurs) et votent les lois ; ils se tiennent au Champ de Mars. Les comices tributes représentent les trente-cinq tribus (quatre urbaines, trente et une rustiques) ; ils élisent certains magistrats (édiles curules, tribuns, questeurs ; le grand pontife depuis 212, les pontifes et les augures depuis 193 av. J.-C.), votent les plébiscites puis les lois que le sénat se contente de ratifier, fixent le montant des amendes en cas de délit. On y vote par tribu sous la présidence d’un magistrat titulaire de l’imperium. Voir aussi CENTURIE, TRIBU.
comitat : suite de l’empereur dans ses déplacements, composée de civils et de militaires. À partir de Constantin (306-337), le mot désigne l’armée de l’intérieur (unités palatines et unités ordinaires composées de légions et de vexillations), commandée par deux maîtres de la milice : un magister equitum pour la cavalerie, et un magister peditum pour l’infanterie. Voir aussi ARMÉE.
comtes (comites) : hauts fonctionnaires des finances créés par Constantin (306-337) ; le « comte des biens privés » (comes rei privatae) gère les biens personnels de l’empereur ; le « comte des largesses sacrées » (comes sacrarum largitionum) gère l’aerarium ; les deux « comtes des domestiques » (comites domesticorum) sont affectés l’un à la cavalerie, l’autre à l’infanterie. D’autres comtes remplissent des tâches administratives diverses dans les bureaux palatins ou des fonctions militaires en province. Voir aussi AERARIUM , BUREAUX PALATINS.
concile de la plèbe : assemblée de plébéiens, convoquée et présidée par les tribuns ou les édiles de la plèbe, qui vote les plébiscites et élit les magistrats plébéiens ; les conciles de la plèbe sont parfois confondus par abus de langage avec les comices tributes. Voir aussi COMICES, LOI, PLÉBÉIENS, PLÉBISCITE, TRIBUN DE LA PLÈBE.
confrérie (sodales) : elle est composée de vingt et un membres de l’ordre sénatorial, chargés du culte de l’empereur divinisé et attachés à la gens de l’empereur : Augustales, fondés par Tibère à la mort d’Auguste (puis Augustales Claudiales), Flaviales Titiales, Hadrianales, Antoniniani ; cette dernière sodalité se chargea d’honorer par la suite tous les empereurs divinisés. Voir aussi APOTHÉOSE.
congiaire : à l’origine, distribution gratuite ou à bas prix de denrées de première nécessité (le conge est une mesure de capacité pour les liquides ou les grains, correspondant à 3,2 litres), puis distribution d’argent à l’avènement de l’empereur ou à l’occasion d’une victoire, etc. Les congiaires se multiplièrent sous l’Empire.
conseil impérial : petit groupe d’amis du prince (membres de sa famille, sénateurs, anciens hauts magistrats) qui se réunissent auprès de lui sur son invitation pour discuter des grandes orientations ou de points de droit qui seront ensuite débattus au sénat. Ce groupe de travail, actif dans le domaine législatif, administratif ou juridictionnel, s’est beaucoup développé à partir des Antonins (préfets du prétoire, hauts fonctionnaires, juristes) et s’est largement ouvert à l’ordre équestre. Après 337 apr. J.-C., il prit le nom de « consistoire sacré ». Les membres du conseil restaient debout en présence de l’empereur, d’où le nom de « consistoire ».
Consualia : fêtes en l’honneur de Consus, divinité italique dont l’autel était enterré au milieu du Circus Maximus. Parfois identifié à Poséidon, Consus était honoré par des courses de chevaux (21 août). Voir aussi JEUX.
consul : créés en 509 av. J.-C, les consuls, magistrats supérieurs, étaient élus par les comices centuriates pour un an, et renouvelables dans un délai de dix ans ; à partir de 367 av. J.-C., un des deux consuls devait obligatoirement être plébéien. Ils étaient titulaires de l’imperium militaire (levée des troupes, commandement de l’armée, droit de vie et de mort, titre d’imperator en cas de victoire) et de l’imperium domi (droit de convoquer le sénat et les comices) ; leur fonction pouvait être prorogée sur proposition du sénat dans certaines conditions (proconsul). Les tribuns de la plèbe étaient les seuls à pouvoir s’opposer aux consuls par l’exercice du droit de veto. Les consuls étaient précédés de douze licteurs, portant les faisceaux. Voir aussi ARMÉE, COMICES, CURSUS HONORUM , CURSUS SÉNATORIAL, ÉTAT D’URGENCE, IMPERIUM , LICTEUR, PROVINCE, PRÉFET, TRIBUN DE LA PLÈBE.
coronaire (aurum coronarium) : à l’origine, couronne en or offerte plus ou moins spontanément par les cités soumises au général victorieux, puis impôt extraordinaire versé comme contribution par les villes et les provinciaux ; il devient permanent sous le Bas-Empire.
curiate : voir COMICES.
cursus honorum : « carrière des honneurs ». Carrière politique dont les étapes, qui ont fait l’objet de multiples réformes, sont réglementées ; toutes sont annuelles : questeur, édile, préteur, consul ; le tribunat de la plèbe peut remplacer l’édilité. On entre dans la carrière à vingt-huit ans (après dix ans de service militaire) ; un intervalle de dix ans est obligatoire entre deux consulats (il existe des exceptions) ; le magistrat peut être prorogé (en tant que propréteur ou proconsul). Le censeur est exclusivement choisi parmi d’anciens consuls ; la durée de son mandat est de cinq ans, mais les censeurs ont pris l’habitude de se retirer au bout de dix-huit mois. Auguste réforma les étapes du cursus. Voir aussi CENS, CITÉ, CONSUL, CURSUS SÉNATORIAL, ÉDILE, PRÉTEUR, QUESTEUR, TRIBUN DE LA PLÈBE.
cursus sénatorial : remplace le cursus honorum républicain depuis les réformes d’Auguste à partir de 18 av. J.-C. En début de carrière : tribunat militaire laticlave et vigintivirat (ensemble de quatre commissions de vingt fonctionnaires : triumvirs chargés de la fonte et de la frappe des métaux, décemvirs chargés de juger les litiges, quattuorvirs affectés à l’entretien des rues, et triumvirs chargés des exécutions capitales). Troisième étape : la questure (vingt postes, âge minimum : vingt-cinq ans) ; les questeurs s’occupent des finances, à Rome et dans les provinces sénatoriales. Viennent ensuite le tribunat de la plèbe (dix postes) et l’édilité de la plèbe (six postes), réservés aux plébéiens, puis la préture (dix à dix-huit postes, âge minimum : trente ans), dont les fonctions sont les suivantes : légat de légion, proconsul d’une province sénatoriale prétorienne, préfet du trésor de Saturne, etc. Le cursus s’achève par le consulat (âge minimum : trente-trois ans), partagé parfois avec l’empereur ; le premier consulat est souvent suffect (le magistrat reste en fonction une partie de l’année), le second ordinaire (éponyme : le nom des consuls ordinaires sert à dater l’année). Fonctions consulaires : curateur des aqueducs, du Tibre ; légat d’une province impériale consulaire ; proconsul d’une province sénatoriale consulaire (Asie ou Afrique), préfet de la Ville (généralement en fin de carrière). Voir aussi CURSUS HONORUM , CONSUL, ÉDILE, ORDRE SÉNATORIAL, PRÉTEUR, PROVINCE, QUESTEUR, TRIBUN MILITAIRE, TRIBUN DE LA PLÈBE.
Damia : fêtes nocturnes en l’honneur de la Bonne Déesse, auxquelles il était interdit aux hommes d’assister. Clodius, alors préteur, s’y présenta déguisé en harpiste, avec la complicité de Pompeia, la femme de César, chez qui la fête devait être célébrée. Le scandale, exploité par les ennemis de César, fit grand bruit. Pompeia fut répudiée.
devotio : rite de consécration archaïque ; au cours de la cérémonie, présidée par le grand pontife, le général faisait le sacrifice de sa vie en échange de la victoire.
dictateur : magistrat extraordinaire désigné par les consuls parmi les consulaires (anciens consuls) après consultation du sénat ; il détient le pouvoir suprême. Strictement patricienne à l’origine, la dictature s’ouvre à la plèbe en 336 av. J.-C. ; jusqu’en 300 av. J.-C., c’est la seule magistrature qui échappe à la puissance tribunicienne. Le dictateur, précédé de vingt-quatre licteurs, ne peut rester en exercice plus de six mois et doit abdiquer lorsque la tâche qui lui est assignée (militaire ou civile) est achevée. À partir de 217 av. J.-C., après la bataille de Trasimène, le dictateur désigne lui-même son maître de la cavalerie. Rétablie en 249 av. J.-C. (première guerre punique) après une éclipse de près d’un siècle, la dictature reparaît ensuite à quatre reprises (217, 216, 210 et 202) ; abandonnée au IIe siècle av. J.-C., elle connaît un nouveau développement avec Sulla en 82 puis avec César (49-44), dictateur à vie. La dictature ne supprime pas les magistrats ordinaires mais ceux-ci doivent obéissance au dictateur. Elle fut officiellement abolie à la mort de César. Voir aussi IMPERIUM , MAÎTRE DE LA CAVALERIE.
diocèse : division administrative du Bas-Empire, créée par Dioclétien (284-305) : les cent quatre provinces sont réparties en douze diocèses ; à la mort de Théodose (379-395), les cent vingt provinces, regroupées en quatre préfectures du prétoire, forment treize diocèses : quatre pour l’Orient, six pour l’Italie, trois pour les Gaules ; à la tête de chaque diocèse se trouve un vicaire. Voir PROVINCE, VICAIRE.
duc : au Bas-Empire, commandant des limitanei ; il y en avait douze dans l’empire d’Occident. Le terme désigne également le commandement d’une vexillation. Voir aussi LIMITANEI , VEXILLATION.
édile : magistrat patricien (curule) ou plébéien chargé de l’approvisionnement de Rome, de la police et des jeux publics ; les édiles sont élus, les premiers par les comices centuriates puis tributes, les seconds par le concile de la plèbe. Aux deux édiles plébéiens s’ajoutèrent deux édiles curules en 366 av. J.-C.
enseigne : voir ARMÉE.
état d’alerte (tumultus) : en cas de danger immédiat (attaque aux frontières), levée en masse de tous les citoyens, y compris les prolétaires, voire les esclaves.
état d’urgence (senatus consultum ultimum) : procédure exceptionnelle donnant les pleins pouvoirs aux consuls ; elle fut utilisée en 122 av. J.-C. contre Gaius Gracchus, en 100 av. J.-C. contre Saturninus, en 63 av. J.-C. contre Catilina, enfin en 40 av. J.-C. contre Salvidiénus Rufus.
faisceaux : voir LICTEUR.
fantassin : voir ARMEMENT, PHALANGE.
fétiaux : collège de vingt prêtres diplomates chargés des relations de politique étrangère.
fisc : caisse impériale alimentée par les revenus des provinces impériales, perçus par le procurateur. Voir aussi AERARIUM .
flamine : voir LICTEUR, PRÊTRE.
flotte : les navires de commerce, propulsés à la voile, étaient assez trapus, avec un fort tirant d’eau qui gênait la navigation fluviale ; les navires de guerre ou galères étaient pontés : de forme effilée, rapides et efficaces, ils étaient propulsés à la voile et à la rame. On distinguait les trirèmes à trois rangs de rameurs (jusqu’à cent soixante-dix rameurs), qui pouvaient transporter deux cents hommes, très mobiles et maniables – c’était de loin le modèle le plus courant –, les quadrirèmes à quatre rangs de rameurs ; les quinquérèmes étaient surtout des bateaux d’apparat. Ces navires s’inspiraient de modèles grecs (trières, etc.) et circulaient dans tout le bassin méditerranéen. Les Carthaginois et les Rhodiens possédaient une flotte particulièrement puissante. À Rome, les soldats de marine étaient souvent des affranchis ou des pérégrins, rarement des citoyens romains. Auguste créa deux flottes de guerre permanentes dont les ports d’attache étaient Misène et Ravenne. Des escadres fluviales (à Cologne sur le Rhin, en Pannonie et en Mésie) et maritimes (Pont-Euxin, port de Trébizonde ; Bretagne, Boulogne) furent constituées par la suite. Dioclétien ajouta un troisième port d’attache, à Aquilée : la flotte de guerre comptait désormais 45 000 hommes pour 390 000 hommes dans l’armée de terre ; les flottes fluviales se développèrent en Gaule, dans les régions danubiennes et sur les lacs (Constance, Côme).
gens : groupe de tous ceux qui se rattachent à un ancêtre commun, dont ils portent le nom, dit « gentilice » (en -ius, par exemple « Cornelius », « Tullius »). Les gentes sont réparties en tribus ; les différentes branches d’une gens se distinguent par le surnom (cognomen, par exemple « Scipio », « Cicero », « Catilina », « Crispus »). Cette organisation concerne à l’origine (dès la monarchie) les patriciens qui monopolisent les charges religieuses et les fonctions politiques ; dès le Ve siècle av. J.-C., il se crée des gentes plébéiennes qui, par le biais des alliances, se mêlent aux gentes patriciennes. La plupart des vieilles familles patriciennes étaient éteintes au début de l’Empire. Voir aussi TRIBU, PATRICIENS.
hoplite : soldat d’infanterie lourde qu’on voit apparaître en Grèce dès le VIIe siècle av. J.-C. ; outre le bouclier rond (quatre-vingt-dix centimètres de diamètre), les hoplites portent le casque, la cuirasse et les jambières (cnémides).
imperium : pouvoir suprême, et, par extension, droit de vie et de mort concédé aux magistrats supérieurs. La prorogation du pouvoir consulaire ou prétorien se développa d’abord en dehors de l’Italie et prit une importance exceptionnelle dans les dernières années de la République : Pompée fut privatus cum imperio en 82 av. J.-C., puis investi d’un pouvoir illimité sur la plus grande partie de l’empire (lex Gabinia en 67 av. J.-C., lex Manilia l’année suivante) ; César, dictateur perpétuel en 45, détenait en fait le pouvoir absolu. Auguste reprit à son profit cette évolution : titulaire de l’imperium consulaire de 31 à 23, il s’arrogea ensuite, avec le titre d’imperator, l’imperium proconsulaire, en l’étendant à tout l’empire et en lui donnant une durée illimitée : avec la puissance tribunicienne et le souverain pontificat, c’était désormais la base du pouvoir impérial. Voir aussi AUSPICES, LICTEUR, PONTIFE, TRIBUN DE LA PLÈBE, TRIUMVIRAT.
invasions barbares : dès la fin du II e siècle apr. J.-C., la pression des Barbares se fit sentir sur le limes rhéno-danubien ; elle s’intensifia au IV e siècle, et en 376 se produisit la première grande vague d’invasions : les Huns, en se jetant sur l’État gothique d’Ukraine, déclenchèrent le mouvement qui se termina en Occident par la chute de Rome (410 apr. J.-C.). Sous la pression des Huns, les Germains envahirent l’Italie ; les Wisigoths furent arrêtés en 401 à Aquilée, les Ostrogoths en 406 à Fiesole. En 410, Rome fut pillée par les Wisigoths d’Alaric. En 452, les Huns, sous la conduite d’Attila, passèrent en Italie mais épargnèrent Rome. Des royaumes barbares s’installèrent alors dans l’empire (Wisigoths en Espagne, Francs et Burgondes dans le nord de la Gaule, Vandales en Afrique). En 476, Odoacre, chef des Hérules, battit le dernier empereur romain, Romulus Augustule, et renvoya les insignes du pouvoir à Constantinople.
jeux : à Rome, on distinguait les Jeux privés, offerts par des particuliers à titre individuel, consistant essentiellement en courses de chars et combats de gladiateurs, ou par les empereurs (à l’occasion d’avènements, d’anniversaires, de victoires), des Jeux publics, offerts au nom de l’État, qui suivaient un rituel particulier : ils comportaient des courses de chars et de chevaux au Cirque et des jeux scéniques. Le premier théâtre permanent, en pierre, fut construit par Pompée en 55 av. J.-C. Suivant la tradition, les premiers jeux scéniques furent créés en 346 av. J.-C. (attelanes, improvisations farcesques sur des thèmes stéréotypés) ; en 240 apparut l’adaptation en latin des comédies et tragédies grecques (nous avons surtout conservé les comédies de Plaute, vers 254-184 av. J.-C., et de Térence, vers 190-159 av. J.-C.) ; la pantomime à grand spectacle (défilés, exhibitions de toutes sortes), sans texte, fut en vogue à partir d’Auguste au point que l’on délaissa progressivement le répertoire classique. D’exceptionnels les Jeux devinrent annuels et furent inscrits au calendrier ; d’abord organisés par les prêtres, ils étaient, à la fin de la République, à la charge des édiles et des préteurs.
Les plus anciens de ces Jeux publics sont ceux de Consus (21 août et 15 déc.) : courses de chevaux et de chars. Parmi les principaux, citons les Jeux romains (4-19 sept. : courses de chars), les Jeux plébéiens (1er-17 nov. : théâtre et jeux du cirque), les Jeux de Cérès (12-19 avr. : processions et jeux du cirque, représentations dramatiques à partir de l’Empire), les Jeux d’Apollon (5-13 juill. : jeux scéniques et jeux du cirque) et les Jeux de la Grande Mère (ou Ludi Megalenses, 4-10 avr. : théâtre, courses de chevaux et de chars). Sous l’Empire, il y avait les Jeux d’Actium (2 sept., tous les quatre ans), les Jeux d’Auguste (3-12 oct.), les Jeux de Néron, les Jeux capitolins (créés par Domitien en 86 ; tous les quatre ans en juin-juillet, sur le modèle des concours panhelléniques). Les Jeux séculaires enfin, offerts à Pluton, Proserpine, Apollon et Diane, duraient trois jours et trois nuits ; ils furent célébrés en 249 et 146 av. J.-C., puis sous Auguste du 31 mai au 12 juin 17 av. J.-C., ensuite sous Claude (47 apr. J.-C.), sous Domitien (87), sous Philippe l’Arabe le 21 avril 248, et la dernière fois en 262, sous Gallien.
Les Jeux grecs consistaient quant à eux en concours, locaux ou panhelléniques. Les épreuves étaient classées en épreuves gymniques, hippiques et musicales. Les Jeux olympiques et les Jeux pythiques (Delphes) étaient célébrés tous les quatre ans ; les Jeux isthmiques et les Jeux néméens tous les deux ans. L’épreuve la plus prestigieuse était la course de quadriges à l’hippodrome ; au stade, la course à pied était la plus réputée des épreuves gymniques, avec le pentathlon. Aux Jeux pythiques, on récitait un hymne célébrant la victoire d’Apollon sur le serpent Python.
laticlave : voir TUNIQUE.
lectisterne : cérémonie de rite grec au cours de laquelle les statues des dieux, placées sur un lit, participaient au banquet sacré. Le premier lectisterne eut lieu en 399 av. J.-C.
légat : représentant du peuple romain à l’étranger, normalement de rang sénatorial (ambassadeur, chargé de mission, commission de dix légats sénatoriaux envoyés dans les provinces), ou représentant du gouverneur dans les provinces (legatus pro praetore s’il remplace le gouverneur). Le terme désigne le subordonné ou le lieutenant d’un magistrat, de rang consulaire ou prétorien, puis, à la fin de la République, de rang inférieur. Les légats remplissent surtout des fonctions militaires ; à partir d’Auguste, le légat de légion, de rang sénatorial, nommé et révoqué par le prince, commande une unité légionnaire. Voir aussi PROVINCE.
légion : voir ARMÉE, CENTURIE, COHORTE.
lèse-majesté : voir MAJESTAS.
licteur : officier public, citoyen ou affranchi, chargé d’escorter les magistrats titulaires de l’imperium ainsi que le flamine de Jupiter et les Vestales, et portant sur l’épaule gauche les faisceaux (verges de bouleau liées, au centre desquelles se trouvait une hache, signe de l’imperium ; la hache n’était admise qu’en dehors de la ville). Il y a vingt-quatre licteurs pour le dictateur, douze pour chacun des consuls, six pour les préteurs à imperium militaire, deux pour les préteurs urbains, un pour les Vestales et le flamine de Jupiter. Leur rôle est d’annoncer la venue du personnage et d’ouvrir la voie devant lui. Voir aussi CONSUL, DICTATEUR, TRIOMPHE.
limes : ligne de fortifications continues destinée à protéger les provinces de l’empire contre les envahisseurs extérieurs là où les fleuves (Rhin, Danube) ou les montagnes (Carpates) ne constituaient pas un obstacle suffisant. Hadrien compléta le système mis en place par Auguste et Tibère, et en augmenta considérablement le tracé : limes germano-rétique (sous Domitien et Trajan), mur d’Hadrien en Bretagne, limes de Syrie, de Numidie. Voir aussi LIMITANEI.
limitanei : depuis l’époque de Septime Sévère (193-211), vétérans installés le long du limes à qui un lopin de terre était accordé à titre héréditaire à condition que leurs fils servent dans l’armée. Ils constituaient au IVe siècle apr. J.-C. une caste de paysans soldats, armée régulière et permanente chargée de la protection des frontières : on en comptait 150 000 le long du limes danubien, 17 500 en Gaule, 28 000 en Bretagne. Voir aussi INVASIONS BARBARES, LIMES.
loi (lex) : expression de la volonté du sénat et du peuple romain. L’initiative d’une nouvelle loi revient à un magistrat (consul, préteur, tribun de la plèbe, dictateur) qui affiche le texte (promulgatio) avant de le soumettre au vote (rogatio) de l’assemblée centuriate ou tribute, qui exprime son avis par oui ou par non sans être appelée à délibérer. La loi porte le nom du magistrat qui l’a proposée. Les plébiscites votés par les conciles de la plèbe sont assimilés aux lois depuis la loi Hortensia (287 av. J.-C.). À l’origine, le texte de loi devait être ratifié par le sénat ; à partir de la loi Publilia (339 av. J.-C.), l’avis du sénat (auctoritas patrum) était préalable au vote. Sous l’Empire, le pouvoir législatif du sénat est accru. Voir aussi PLÉBISCITE, SÉNAT, SÉNATUS-CONSULTE.
maître de la cavalerie (magister equitum) : magistrat désigné par le dictateur aussitôt après sa nomination ; il lui est étroitement subordonné. Voir aussi DICTATEUR.
majestas : le terme désigne la supériorité de Rome, symbolisée par sa puissance (imperium). Les crimes de majestate (de lèse-majesté) désignent tous les actes allant à l’encontre des intérêts de l’État, toute atteinte à la dignité du peuple romain, de ses représentants ou de l’empereur. Ils furent jugés d’abord par les consuls, puis par le préteur en vertu d’un sénatus-consulte, enfin par les quaestiones perpetuae. En période de crise, le grief devint une arme redoutable (proscriptions) : la lex Julia de majestate (46 av. J.-C.) fit la part belle aux délateurs sous l’Empire ; alors que la peine de mort, pour les crimes politiques, avait été abolie par la législation républicaine et remplacée par l’exil, les empereurs la rétablirent, assortie de tortures, de confiscations des biens, de poursuites exercées sur la famille des condamnés. Le sénat fonctionnait comme jury criminel quand il s’agissait de crimes de lèse-majesté ou quand les inculpés appartenaient à l’ordre sénatorial ; l’empereur gardait le droit d’annuler les sentences par voie d’intercession, en vertu de sa puissance tribunicienne. En 15 apr. J.-C., Tibère remit en vigueur la loi de majestate sous la forme qu’Auguste lui avait donnée ; en l’étendant des actes aux paroles, il l’exerça avec une vigueur accrue à partir de 25 apr. J.-C. En 65 apr. J.-C., quand fut découverte la conjuration de Pison, Néron et les préfets du prétoire dirigèrent en personne les interrogatoires. Après la révolte de Saturninus, Domitien, qui avait commencé par réprimer les délateurs, fit régner la terreur sous le grief de majestate (93-96 apr. J.-C.). Voir aussi QUAESTIONES PERPETUAE .
manipule : subdivision et unité tactique de la légion romaine comprenant deux centuries ; le manipule est divisé depuis Marius (vers 107 av. J.-C.) en dix cohortes et commandé par le premier centurion. Voir aussi ARMÉE, CENTURIE, COHORTE.
milice : force armée locale chargée de la police municipale. Sous le Bas-Empire, hiérarchie administrative distinguant l’administration civile (palatine) et militaire (militia armata). La première comprend des hauts fonctionnaires nommés pour un an et répartis en quatre classes (illustres, spectabiles, clarissimi, perfecti) ; la milice armée intègre de nombreux éléments barbares.
milliaire : borne, colonne en pierre située le long des principales voies pour indiquer la distance (1 mille = 1,78 km). Le milliaire d’or fut placé par Auguste au bout du Forum romain pour marquer le départ de toutes les routes de l’empire : c’était une colonne de bronze doré, haute de trois mètres, sur laquelle était indiqué le nom des principales villes de l’empire, avec leur distance par rapport à Rome.
municipe : ville d’Italie disposant d’un statut spécial après la conquête romaine. Les municipes conservent leurs institutions locales (magistrats, sénat, assemblée des citoyens) mais participent aux charges militaires et subissent le partage des terres au profit de l’ager publicus. On distingue les municipes de droit romain et les municipes de droit latin. Voir aussi CITÉ.
naumachie : représentation d’un combat naval à l’amphithéâtre ou dans des bassins artificiels ou des lacs. La première naumachie fut donnée par César sur le Champ de Mars (46 av. J.-C.) ; l’empereur Claude en donna une en 52 apr. J.-C. sur le lac Fucin.
oppidum : ville fortifiée ou simple bourgade, généralement située sur une hauteur dans une zone à caractère rural.
ordre équestre : à l’origine, les chevaliers étaient les citoyens de première classe combattant à cheval : ils devaient fournir leur cheval ou l’obtenaient de l’État (eques equo publico), portaient un anneau d’or et la tunique angusticlave. Ils étaient recrutés par les censeurs d’après leur situation de fortune, le cens : mille huit cents chevaliers formaient les dix-huit centuries équestres. En 218 av. J.-C., le plébiscite claudien interdit aux sénateurs et à leurs descendants toute activité lucrative. En 129 av. J.-C., il fallut choisir entre ordre équestre (affaires, négoce) et ordre sénatorial (politique) : la dignité sénatoriale n’était plus compatible avec la qualité de chevalier. À la fin de la République, l’ordo equester constituait une classe intermédiaire, active et puissante, entre l’ordre sénatorial et les citoyens des classes inférieures : ceux qui poursuivaient le cursus honorum et atteignaient les degrés supérieurs entraient dans l’ordre sénatorial (homo novus, « homme nouveau ») ; d’autres s’enrichissaient dans le commerce et les affaires. La loi Sempronia (Gaius Gracchus) créa des tribunaux permanents (quaestiones perpetuae), dont les jurés étaient tous issus des equites equo publico. Sous Auguste, le statut de chevalier n’était plus héréditaire mais décerné par l’empereur (ils étaient entre dix mille et quinze mille) ; soumis à un certain cens (400 000 sesterces), les chevaliers constituaient les meilleurs « fonctionnaires » du nouveau régime. Puissant sous l’Empire, l’ordre équestre n’était plus qu’une survivance au IIIe siècle apr. J.-C. Voir aussi CENS, CURSUS HONORUM , CURSUS SÉNATORIAL, ORDRE SÉNATORIAL, PRÉFET, PUBLICAIN, TUNIQUE.
ordre sénatorial : ordre créé par Auguste sur la base de la fortune (un million de sesterces), comprenant, outre les sénateurs, leurs femmes et leurs enfants (soit environ trois mille personnes). L’ordre sénatorial est une classe sociale censitaire, lourdement imposée, dont le prestige demeure important jusqu’au Bas-Empire ; suivant les fonctions exercées, on distingue les quaestorii (questeurs), les tribunicii (tribuns), les praetorii (préteurs) et les consulares (consuls). Voir aussi CENS, CONSUL, CURSUS SÉNATORIAL , ORDRE ÉQUESTRE, PROVINCE, PRÉTEUR, QUESTEUR, TRIBUN MILITAIRE.
patriciens : à l’origine, descendants des patres (chefs de famille associés au pouvoir royal et constituant le premier sénat). La qualité de patricien, héréditaire, fut ensuite conférée aux descendants des consuls. Certaines fonctions (flamines, Vestales) étaient exclusivement réservées aux patriciens qui, organisés en gentes, portaient le nom gentilice. La possibilité des mariages entre patriciens et plébéiens (lex Canuleia, 455 av. J.-C.) fut la première victoire remportée par la plèbe. Les membres de cette aristocratie se raréfièrent, certaines familles s’éteignirent, d’où la pratique de l’adoption pour maintenir le culte familial. Un magistrat non patricien qui accédait au consulat était appelé « homme nouveau » (homo novus) : ce fut le cas de Caton le Censeur, de Marius, de Cicéron. Voir aussi GENS , ORDRE ÉQUESTRE, PLÉBÉIENS, PONTIFE, TRIBU.
pélagianisme : cette doctrine, considérée comme hérétique et combattue notamment par Augustin, fut condamnée lors du concile d’Éphèse, en 431. Marqué par le stoïcisme, le pélagianisme enseigne l’excellence de la création et le libre arbitre aux dépens du péché originel et de la grâce.
peltaste : soldat d’infanterie de l’armée hellénistique, armé de la peltè (petit bouclier en forme de croissant) et du javelot, intermédiaire entre l’hoplite et le vélite, à l’armement léger. L’agéma, corps d’élite de l’armée macédonienne qui servait de garde du corps du souverain, était constituée de peltastes et de cavaliers. Voir aussi HOPLITE, VÉLITE.
phalange : formation des fantassins à l’armement lourd dans l’armée macédonienne, réorganisée par Philippe II (359). Disposée sur une profondeur de huit rangs, composés à l’origine d’hoplites puis de peltastes, cette formation était armée de la sarisse. Polybe explique la défaite de Philippe V à Cynocéphales par la supériorité tactique de la légion sur la phalange (Histoire, XVIII, 28-32). On distinguait les phalangistes par l’ornementation de leurs boucliers, qui étaient en bronze, peints en blanc (leucaspides), ou en argent (argyraspides). Voir aussi HOPLITE, PELTASTE, SARISSE.
plébéiens : cette catégorie de citoyens prit conscience de sa force en s’opposant aux patriciens dans les premières années de la République (sécession sur le mont Sacré et l’Aventin, 494-493 av. J.-C.). La plèbe comprend à l’origine des citoyens riches et pauvres, romains ou étrangers, des patrons dotés d’une clientèle. La loi des Douze Tables marque leur première victoire sur les patriciens, complétée par les lois Valeriae Horatiae en 449 av. J.-C. ; l’accession des plébéiens au consulat fut acquise en 367 (lois Liciniae Sextiae). Le tribunat de la plèbe, réservé aux plébéiens sous la République, fut octroyé en 493 av. J.-C. (lois sacrées) : au nombre de cinq, puis dix, les tribuns avaient pour tâche de protéger la plèbe ; inviolables, ils disposaient notamment de la puissance tribunicienne et du droit de veto (intercessio) ; leur pouvoir disparut sous l’Empire, dans la mesure où l’empereur disposait de la puissance tribunicienne, renouvelée à intervalles réguliers. Voir aussi CONCILE DE LA PLÈBE, PATRICIEN, PONTIFE, TRIBU, TRIBUN DE LA PLÈBE.
plébiscite : proposition de loi votée par le concile de la plèbe sur proposition d’un tribun ; à partir de la loi Hortensia (287 av. J.-C.), les plébiscites, assimilés à des lois, n’ont plus besoin de l’autorisation préalable du sénat et concernent l’ensemble des citoyens.
pontife : un des six, neuf puis seize prêtres chargés, en collège, de la rédaction des Annales maximi, de la juridiction religieuse, du droit sacré et familial, du calendrier ; les pontifes sont recrutés par cooptation parmi les patriciens jusqu’à la loi Ogulnia de 300 av. J.-C. qui admet les plébéiens. Ils ont à leur tête le grand pontife (pontifex maximus), qui nomme et surveille tous les autres prêtres, et qui est désigné à vie. À partir d’Auguste, l’empereur préside le collège en tant que grand pontife. Voir aussi PRÊTRE.
préfet : à partir d’Auguste, le terme désigne un magistrat de l’ordre équestre (sauf le préfet de la Ville, d’ordre sénatorial), dont la fonction est surtout militaire ; il est nommé et révoqué par l’empereur. La préfecture d’Égypte marque le sommet de la carrière équestre. Préfet du prétoire : chef de la garde impériale ; normalement au nombre de deux, ils appartiennent à l’ordre équestre et remplissent la fonction de Premier ministre et de ministre de la Guerre. Préfet de la Ville : chef des quatre cohortes urbaines chargées de la police et responsable de l’administration de Rome ; ancien consul, il appartient à la classe sénatoriale. Autres préfectures : préfecture de l’annone, de la flotte, des vigiles. Voir aussi ANNONE, COHORTE, FLOTTE, ORDRE ÉQUESTRE, ORDRE SÉNATORIAL, PRÉTOIRE, PROVINCE, VICAIRE.
préteur : magistrat titulaire de l’imperium ; désigné par les comices centuriates sous la présidence d’un consul, il est chargé de rendre la justice. La fonction et le nombre des préteurs ont évolué : il n’y en avait qu’un en 367 av. J.-C., puis deux (urbain et pérégrin) ; quatre autres furent ensuite créés pour administrer les provinces (Sicile, Corse-Sardaigne, Espagnes). Les préteurs à pouvoir consulaire avaient droit à six licteurs, les autres à deux. Il y eut seize préteurs sous César. Voir aussi COMICES, CURSUS HONORUM , CURSUS SÉNATORIAL, LICTEUR, PROVINCE, QUAESTIONES PERPETUAE .
prétexte : voir TOGE.
prétoire : tente du général, à la croisée du cardo et du decumanus. À partir de 27 ou 26 av. J.-C., le terme désigne la garde impériale (cohortes prétoriennes), cantonnée à Rome : cohortes de cinq cents hommes (quatre cinquièmes de fantassins, un cinquième de cavaliers), sous les ordres d’un ou de deux préfets du prétoire, chaque cohorte étant encadrée par un tribun et six centurions. Tibère construisit pour ces cohortes une caserne (castra praetoriana) au nord-est de Rome. Leur nombre passa à neuf puis à seize sous Vitellius ; la durée de service était de seize ans (au lieu de vingt) et la solde de cinq cents deniers par an (plus du double de la solde d’un légionnaire). Auguste créa en outre trois cohortes urbaines, sous les ordres du préfet de la Ville, pour assurer la police de la ville (à Rome, puis à Lyon et à Carthage) ; sept cohortes de vigiles, chargées d’éteindre les incendies et d’assurer la sécurité nocturne, apparurent en 7 apr. J.-C. (entre cinq cents et mille hommes) sous les ordres d’un préfet des vigiles ; deux cohortes supplémentaires furent créées par Claude pour surveiller Ostie et Pouzzoles. Voir aussi AERARIUM , COHORTE, PRÉFET.
prêtre : la religion publique dépend de plusieurs collèges de prêtres désignés et non élus : quinze flamines, six Vestales, les pontifes, les épulons, les frères Arvales, pour ne citer que les plus importants. Les flamines sont attachés au culte d’une divinité (trois flamines majeurs en l’honneur de Jupiter, de Mars et de Quirinus) ; élus à vie par le peuple, ils dépendent du grand pontife. Les Vestales, prêtresses choisies par le grand pontife, sont chargées de veiller dans le temple de Vesta au feu de la cité, gage de la puissance et de la sécurité de Rome ; elles vivent en permanence, pendant trente ans au moins, dans une maison (atrium Vestae) située sur le Forum, près du temple de Vesta ; elles sont obligatoirement patriciennes et doivent rester vierges ; en cas de manquement à cette règle, elles sont enterrées vivantes. Les quindécemvirs forment un collège de quinze prêtres (deux à l’origine, puis dix) chargés de la consultation des livres Sibyllins et du culte des dieux d’origine étrangère (Apollon). Le culte des empereurs divinisés est assuré par des flamines particuliers (Augustales, etc.). Les Saliens formaient une sodalité de douze puis vingt-quatre prêtres en l’honneur de Mars et Quirinus ; ils ouvraient en mars et fermaient en octobre la période de guerre. Voir aussi APOTHÉOSE, CONFRÉRIE, FÉTIAUX, PONTIFE.
primipile : voir CENTURION.
princeps senatus : sous la République, ce titre désigne le président du sénat, choisi en fonction de son âge et de ses mérites. Appelé à donner le premier son avis, il oriente les décisions de l’assemblée et son rôle est prépondérant. Lors de son sixième consulat en 28 av. J.-C., Octavien, partageant avec Agrippa la puissance censoriale, réforma la liste des sénateurs et s’arrogea le titre de princeps, repris pendant deux siècles par les empereurs qui lui ont succédé. Auguste fonda progressivement le principat en joignant à l’imperium militaire (accordé par décret le 16 janvier 27 av. J.-C. avec le titre d’Augustus) la puissance tribunicienne (1er juillet 23 av. J.-C.) et le grand pontificat (12 av. J.-C.). Voir aussi IMPERIUM , PONTIFE, SÉNAT, TRIBUN DE LA PLÈBE.
procurateur : désigne sous l’Empire un fonctionnaire de rang équestre mandaté par l’empereur et placé à la tête d’une administration (ravitaillement, fisc, mines, douanes, etc.) ou auprès des gouverneurs de province après le service militaire. Dans certaines provinces frontalières (dites procuratoriennes), le procurateur fait office de gouverneur. Voir aussi PROVINCE, PUBLICAIN.
prolétaire : voir CENS.
proscription : affichage de la liste des citoyens mis hors la loi et dont les biens sont confisqués par l’État ; n’importe qui peut tuer en toute impunité un « proscrit » ; ses descendants sont exclus du sénat et des honneurs. On donne le nom de proscriptions aux purges officielles ayant fait l’objet d’une loi : la première en date fut opérée par Sulla en 82-81 av. J.-C. (suite aux massacres perpétrés par Marius et Cinna), éliminant quatre-vingts sénateurs et quatre cent quarante cavaliers. De nouvelles proscriptions prirent place en 43-42 sous le second triumvirat, avec une liste de trois cents sénateurs (où figurait le nom de Cicéron et celui de son frère) et deux mille chevaliers. Voir aussi MAJESTAS.
province : territoire conquis par Rome et gouverné par des magistrats romains. L’extension de l’empire a apporté de nombreuses modifications à l’administration provinciale. Ce fut d’abord l’affaire de quatre des six préteurs (Sicile en 241 av. J.-C., Sardaigne en 231 av. J.-C., les Espagnes en 197 av. J.-C.) ; puis la loi Sempronia (123 av. J.-C.) prescrivit de désigner les provinces consulaires (généralement par tirage au sort) avant l’élection des consuls ; la loi Cornelia de 81 av. J.-C. (Sulla) stipulait que les consuls et les huit préteurs seraient prorogés pour un an à l’issue de leur magistrature dans les provinces, avec titre de proconsul ou propréteur. En 52 av. J.-C., Pompée sépara les deux fonctions par un intervalle obligatoire de cinq ans (quatre nouvelles provinces : Bithynie en 74, Cyrène et Crète de 74 à 67, Cilicie et Chypre de 64 à 58, Syrie en 64 ; puis la Transalpine en 51 et l’Égypte en 30). À partir d’Auguste (27 av. J.-C.), on distingue les provinces sénatoriales (dirigées par un proconsul ou un propréteur, tiré au sort parmi les sénateurs ; leur fonction, annuelle, commence au 1er juillet) et les provinces impériales, gouvernées les unes par un legatus Augusti pro praetore, prétorien ou consulaire, les autres par un procurateur ou préfet de rang équestre : ces derniers dépendent directement de l’empereur qui les nomme, peut les révoquer à sa guise et les paie sur le fisc ; leur fonction dure en moyenne deux à trois ans. Parmi les provinces sénatoriales s’ajoutent aux anciennes provinces l’Afrique proconsulaire – la seule à disposer en permanence d’une légion –, la Bétique, l’Asie, la Cyrénaïque, l’Achaïe. Parmi les provinces à préfet équestre, on compte l’Égypte, les Maurétanies, l’Épire. Les provinces impériales disposant d’une armée permanente sont les plus nombreuses : citons la Galatie et la Rétie (25 et 15 av. J.-C.), puis la Pannonie (10 apr. J.-C.), la Cappadoce et les Germanies inférieure et supérieure (17), la Bretagne (43), la Thrace (46), l’Arabie (105), la Dacie (107), l’Arménie, la Mésopotamie et l’Assyrie (115). Dioclétien, par l’instauration de la tétrarchie en 293, modifia profondément l’administration des provinces en les morcelant (elles passèrent de quarante-sept à quatre-vingt-cinq) et en les regroupant en treize diocèses confiés à des vicaires. Voir aussi CURSUS SÉNATORIAL, DIOCÈSE, PROCURATEUR, QUESTEUR, TÉTRARCHIE, VICAIRE.
publicain : le terme désigne au sens large tout adjudicataire d’un service public, et en particulier celui qui était chargé de la perception des impôts ; le publicain devait faire avance à l’État des sommes qu’il se chargeait de recouvrer ensuite. Cette pratique donna lieu à de fréquents abus (César retira aux publicains le fermage de l’impôt en Asie). Incompatible avec le rang sénatorial, cette fonction était réservée aux chevaliers ; elle perdit de l’importance sous l’Empire, passant le plus souvent aux questeurs et aux procurateurs. Voir aussi ORDRE ÉQUESTRE.
quaestiones perpetuae : tribunaux permanents compétents pour les affaires criminelles. À partir de 149 av. J.-C., ils remplacèrent progressivement les jurys extraordinaires, jugeant sans appel et présidés par le préteur ou le consul en vertu d’un sénatus-consulte. Le premier tribunal de ce genre fut institué par la loi tribunicienne Calpurnia pour juger les concussions (quaestio repetundarum), suivi vers 145 av. J.-C. d’un tribunal chargé de juger les crimes contre les personnes (de sicariis et veneficis). La série se compléta en moins d’un siècle, surtout pendant la dictature de Sulla (ambitus, majestatis, peculatus, falsi) : chacune des six chambres était présidée par un préteur. Les membres des jurys (album judicum) appelés à siéger dans ces chambres étaient choisis et présidés par les préteurs ; la loi Sempronia (122 av. J.-C.) avait exclu d’un coup les sénateurs de l’album constitué dès lors de chevaliers, malgré quelques tentatives pour y réintroduire les sénateurs. Sous l’Empire, le sénat fonctionnait comme jury criminel quand il s’agissait de crimes de majesté ou quand les inculpés appartenaient à l’ordre sénatorial ; l’empereur gardait le droit d’annuler les sentences par voie d’intercession, en vertu de sa puissance tribunicienne. Voir aussi CONSUL, PRÉTEUR, SÉNAT, SÉNATUS-CONSULTE, TRIBUN DE LA PLÈBE.
questeur : premier degré du cursus honorum. Les questeurs étaient des magistrats élus par les comices tributes ; ils étaient au nombre de quatre, puis huit (267 av. J.-C.), puis vingt (81 av. J.-C.), et, sous César, quarante. Leur charge était surtout financière : deux questeurs urbains étaient chargés du Trésor public (aerarium) et des archives ; les autres, pérégrins, accompagnaient les magistrats supérieurs pour s’occuper de l’administration financière hors de Rome, dans les provinces et à l’armée. Voir aussi CURSUS HONORUM , CURSUS SÉNATORIAL, PROVINCE, PUBLICAIN.
quindécemvir : voir PRÊTRE.
recensement : voir CENS.
Rostres : nom donné à la tribune aux harangues située sur le Forum romain, qui doit son nom aux éperons de bateau (rostra) pris à l’ennemi lors de la bataille d’Antium remportée par Gaius Maenius en 338 av. J.-C. ; elle mesurait vingt-quatre mètres de large sur dix de profondeur et s’élevait à trois mètres du sol. Auguste pourvut son forum d’une nouvelle tribune à laquelle on accédait par cinq ou six marches : en blocs de tuf, elle était décorée de plaques de marbre et d’éperons de navires ; les Rostres de César, attenant au temple qu’Auguste fit construire au Forum à l’emplacement du bûcher funèbre (voué par les triumvirs en 42 et consacré par Octave en 29 av. J.-C.), devaient leur nom aux éperons pris à Actium. Voir aussi ASSEMBLÉE DU PEUPLE.
sarisse : lance caractéristique de la phalange (6,20 mètres), en bois de cornouillier et terminée par deux pointes de bronze (la plus petite pour planter la sarisse en terre) ; on devait avoir les deux mains libres pour la manœuvrer. Voir aussi PHALANGE.
sénat : sous la monarchie, le sénat était constitué des patres, chefs de famille. Composé sous la République de trois cents membres (neuf cents sous César), à l’origine tous patriciens, le sénat s’ouvre par la suite aux plébéiens et aux affranchis ; ils sont désignés parmi les anciens magistrats par les censeurs, qui peuvent également les rayer de la liste (album senatorium). Le sénat ne dispose en principe ni du pouvoir exécutif (magistrats), ni du pouvoir législatif (comices), ni du pouvoir judiciaire (magistrats et comices) ; il est le garant de la tradition, décide des orientations de politique étrangère et ratifie les lois votées par les comices. Le prestige du sénat est considérable. L’ordre de parole est déterminé : d’abord vient le princeps senatus (d’après l’âge et le mérite), puis les consuls désignés, les consuls, enfin les magistrats, suivant l’importance de leur fonction et leur ancienneté. Sous l’Empire, Auguste fixe le nombre des sénateurs à six cents (9 av. J.-C.) ; le sénat a des compétences judiciaires accrues et un véritable pouvoir législatif (les sénatus-consultes ont force de loi) ; c’est lui qui élit les magistrats sur recommandation de l’empereur. Dans les municipes et les colonies romaines, les membres du sénat s’appellent les décurions. Voir aussi LOI, MAJESTAS , ORDRE SÉNATORIAL, PATRICIENS, PLÉBÉIENS, PLÉBISCITE, PRINCEPS SENATUS , QUAESTIONES PERPETUAE , SÉNATUS-CONSULTE.
sénatus-consulte : à l’origine, avis donné par le sénat sur une proposition d’un magistrat : le texte de loi voté par le peuple (lex rogata) devait être ratifié par le sénat pour être valable ; à partir de 339 av. J.-C., cet accord du sénat (auctoritas) précédait le vote ; ratifiés par le sénat, les plébiscites se confondaient à cette date avec les lois. Le président du sénat faisait rédiger le texte des sénatus-consultes par les scribes assermentés, en présence d’une délégation du sénat qui apposait sa signature. Ces textes étaient ensuite archivés dans l’aerarium senatus. Lors de son premier consulat (59 av. J.-C.), César décida de rendre public le compte rendu des séances du sénat (acta senatus), mais Auguste annula cette décision. Voir aussi AERARIUM , LOI, PLÉBISCITE, SÉNAT.
suffète : à Carthage, un des deux magistrats élus détenant le pouvoir exécutif et commandant les armées ; la fonction de suffète semble comparable à celle de consul à Rome.
tétrarchie : commandement à quatre. La tétrarchie fut imaginée par Dioclétien en 293 apr. J.-C. pour décentraliser le pouvoir impérial : l’empire était dirigé par deux Augustes installés à Nicomédie et à Milan, et par deux Césars installés à Sirmium et à Trèves. Chaque César succédait à son Auguste au bout de vingt ans et choisissait les nouveaux Césars. Ce système fut abandonné après Dioclétien, bien que la répartition entre Augustes et Césars ait subsisté. Voir aussi PROVINCE.
toge : vêtement du citoyen romain, en laine. La toge prétexte, bordée d’une bande pourpre, était portée par les enfants ou les magistrats lors des cérémonies officielles ; les généraux, pendant les cérémonies du triomphe, portaient une toge pourpre ornée de lauriers, la toga palmata. La prise de la toge virile, vers seize ou dix-sept ans, marquait la fin de l’enfance et l’entrée dans le monde des adultes.
tribu : à la fondation de Rome, les Romains étaient répartis en trois tribus (Ramnes, Luceres, Tities) ; à ces trois tribus primitives, sans doute ethniques, se sont substituées après la réforme de Servius Tullius, sixième roi de Rome, de nouvelles circonscriptions, rigoureusement territoriales à l’origine : quatre tribus urbaines (inchangées) et neuf tribus rustiques (trente et une en 241 av. J.-C.). Tout citoyen, patricien ou plébéien, était obligatoirement inscrit dans une tribu en fonction de son lieu de domicile, par les soins du censeur. Les comices tributes sont formés par les trente-cinq tribus. Voir aussi CENS, CITOYENNETÉ ROMAINE, COMICES, GENS , PATRICIENS, PLÉBÉIENS.
tribun de la plèbe : magistrat plébéien sans auspices ni imperium, créé par les lois sacrées en 493 av. J.-C. ; au nombre de cinq puis de dix, les tribuns de la plèbe, à partir de 471 av. J.-C., sont élus par les conciles de la plèbe. Leur pouvoir, la puissance tribunicienne, s’exerce au profit de la plèbe ; il s’est considérablement accru : droit de veto (intercessio) leur permettant de s’opposer à toute décision prise par un magistrat ou par le sénat, droit d’appel (jus auxilii), droit de convoquer le sénat, de mettre en accusation les magistrats, de poursuivre en deuxième instance les condamnés devant les comices tributes ; leurs décisions avaient force de loi. En confisquant la puissance tribunicienne, Auguste, associé éventuellement à Agrippa ou Tibère, recueillit les anciens privilèges du tribunat (intercession contre les décisions du sénat ou des magistrats, caractère sacro-saint, droit de convoquer le sénat) : avec l’imperium proconsulaire et le pontificat suprême, la puissance tribunicienne est devenue le principal instrument du pouvoir impérial. Voir aussi COMICES, CONCILE DE LA PLÈBE, CONSUL, IMPERIUM , PLÉBÉIENS, PLÉBISCITE, PONTIFE, PRINCEPS.
tribun militaire : officier supérieur de rang équestre ; les tribuns militaires étaient six par légion et exerçaient le commandement à tour de rôle. D’abord nommés par le consul ou le préteur, et à partir de 362 pour moitié par les comices tributes, ils furent tous nommés par les comices à partir de 207 av. J.-C. Voir aussi COHORTE, COMICES, CURSUS SÉNATORIAL, ORDRE ÉQUESTRE, ORDRE SÉNATORIAL.
triomphe : honneur suprême décerné par le sénat au général victorieux. Le cortège partait du Champ de Mars et se rendait au Capitole en passant par le forum boarium, de façon à contourner le Palatin. En tête défilaient les sénateurs et les magistrats, puis, sur des chariots, les dépouilles et le butin, enfin les prisonniers enchaînés et voués à la mort ; les licteurs précédaient le char du triomphateur : couronné de laurier, portant le sceptre et un rameau de laurier, celui-ci était revêtu de la toga palmata. En fin de cortège venaient les soldats, en armes, rangés derrière les enseignes. Après le sacrifice à Jupiter, la fête se terminait par un banquet public. Le triomphe pouvait s’étendre sur plusieurs jours ; le même général pouvait célébrer plusieurs triomphes à la suite. L’armée, dont la présence était obligatoire pour justifier l’obtention du triomphe, pouvait aussi manifester contre la décision du sénat, souvent à l’instigation des tribuns de la plèbe. Sous l’Empire, le triomphe étant réservé à l’empereur, les généraux victorieux recevaient seulement les « insignes triomphaux » (insignia triumphalia), couronne de laurier et toge bordée de pourpre.
trirème : voir FLOTTE.
triumvirat : magistrature officielle conférant à ses membres, nommés pour administrer l’État (triumviratus rei publicae constituendae), des pouvoirs extraordinaires ainsi définis : imperium pour cinq ans, droit de nomination des magistrats, partage des provinces occidentales ; conclu le 27 novembre 43 av. J.-C. entre Antoine, Octave et Lépide, renouvelé en 37 (traité de Tarente), arrivé à expiration à la fin de l’année 33 av. J.-C. Voir aussi IMPERIUM .
tunique : chemise descendant jusqu’aux mollets (pour les hommes) ou jusqu’aux pieds (pour les femmes), à l’origine sans manches. La tunique laticlave, ornée d’une large bande pourpre sur le devant, était le privilège des sénateurs ; les chevaliers se contentaient de la tunique angusticlave, ornée d’une bande pourpre plus étroite.
usurpation : prise de pouvoir dans les provinces par un empereur autoproclamé, avec l’appui de son armée. Les usurpations (souvent éphémères et noyées dans le sang) se multipliaient quand le pouvoir central était faible. Ainsi, le règne de Gallien (260-268) fut marqué par neuf usurpations, dont celle d’Odénath à Palmyre ; le règne de Claude II le Gothique (268-270), par celles de Victorinus en Gaule et de Waballath, fils d’Odénath ; citons aussi l’usurpation de Tétricus sous Aurélien (270-275) et celle de Procope après la mort de Julien (361-363).
vélite : soldat de l’infanterie légère recruté parmi les citoyens jeunes de quatrième et cinquième classes, armé de javelots, de l’épée, d’un bouclier rond (parma) et d’un casque en cuir ; les vélites étaient utilisés en première ligne pour harceler l’ennemi. Chaque centurie disposait de vingt vélites jusqu’à la réforme de Marius (en 107 av. J.-C.), qui les supprima.
Vestale : voir LICTEUR, PRÊTRE.
vexillation : détachement militaire regroupant autour d’un étendard (vexillum) des légionnaires ou des auxiliaires sous la responsabilité d’un préfet.
vicaire : haut fonctionnaire du Bas-Empire chargé du gouvernement des diocèses et dépendant d’un préfet du prétoire ; le vicaire d’Italie est installé à Milan ; le vicaire de la Ville, installé à Rome, est chargé de l’ensemble du territoire romain (englobant Ostie et s’étendant à une centaine de kilomètres autour de Rome). Voir aussi DIOCÈSE, PROVINCE.
vigintivirat : voir CURSUS SÉNATORIAL.