Le steampunk utilise-t-il l’uchronie ?

Le terme « steampunk », littéralement « punk à vapeur », est une création récente, née d’un trait d’humour de l’auteur K. W. Jeter, dans un courrier de 1986 à destination du magazine Locus. À l’époque, nombre de mouvements littéraires – souvent éphémères à l’exception du cyberpunk – utilisaient le suffixe « punk » (« slatterpunk », « biopunk », etc.) pour se caractériser. En jetant, sous forme de boutade, le mot steampunk, K. W. Jeter n’imaginait pas qu’il allait lancer un nouveau courant littéraire et que ce courant s’affranchirait de ses frontières pour devenir une esthétique se déclinant dans de nombreux domaines, des jeux au grand écran en passant par la musique…

À l’origine, le terme steampunk recouvre un genre littéraire dont l’action se déroule à l’époque victorienne mais dont le développement se base sur la machine à vapeur. Il s’agit aussi et surtout d’une transposition du courant cyberpunk dans le XIXe siècle finissant. Les thématiques sont proches : mise en place de systèmes de contrôle des individus à partir du premier « ordinateur » – la machine à différences de Charles Babbage –, lutte d’États-nations pour la domination de la planète à travers leurs idéaux, circulation de l’information de manière quasi instantanée partout dans le monde. Dans la préface de l’anthologie française Futurs antérieurs (Fleuve noir, 1999), Daniel Riche résumait ce courant par cette phrase : « le steampunk s’efforce d’imaginer jusqu’à quel point le passé aurait pu être différent si le futur était arrivé plus tôt ». Le steampunk ne recherche cependant pas la vraisemblance historique et joue sur une époque victorienne fantasmée et riche de possibilités.

Pour explorer plus avant les liens entre l’uchronie et le steampunk, nous avons interrogé Étienne Barillier.