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Le jour J, l’étudiante se glissa hors de sa chambre à trois heures du matin. Heure à laquelle André, le surveillant, dormait profondément, et où tous étaient plongés dans les bras de Morphée, bien aidés par les traitements qui les assommaient. Les deux infirmières de nuit sommeillaient sur des lits de camp dans la salle de garde pour pouvoir intervenir au plus vite en cas de besoin, ce qui se faisait rare avec les cachets qu’elles faisaient avaler souvent de force aux patients. Les portes capitonnées étaient fermées à clef, les soignantes pouvaient donc se reposer sur leurs deux oreilles, ne risquant pas de voir un malade s’échapper. L’apprentie tueuse pénétra à pas de loup dans la pièce où ses collègues se trouvaient endormies. Délicatement, elle empoigna le passe et sortit sans faire de bruit. Elle chemina vers la chambre de Romain, puis déverrouilla la serrure avec une extrême douceur pour ne pas faire claquer le pêne. Elle ouvrit la porte et la referma derrière elle avec la même délicatesse. L’étudiante s’approcha de sa victime assommée par son traitement. C’était facile, peut-être trop. La jeune femme tendit l’oreille pour s’assurer que personne ne passait dans le couloir. La meurtrière se concentra sur ce qu’elle devait faire. Les médicaments coupaient l’appétit de Romain. Il mangeait peu. Il perdait des forces de jour en jour. C’était cela qui lui avait donné la solution. Au début, elle voulait lui injecter au minimum cent millilitres d’air dans la jugulaire pour provoquer une embolie gazeuse, cependant cela aurait été plus simple s’il avait eu une voie veineuse centrale8 , puis elle opta pour du potassium, mais l’autopsie le décèlerait. Ce fut en observant son patient en train de dépérir qu’elle trouva la réponse. 

À présent, elle savait faire les piqûres en intramusculaire et en intraveineuse. Elle ne tremblait plus à l’idée de voir l’aiguille s’enfoncer dans la peau. Romain, abruti par les cachets, ne se réveilla pas quand elle le piqua dans le bras. Une fois la seringue en place, elle envoya une triple dose d’insuline d’une façon très brusque. Elle appuya sur le piston avec rage et rapidité, libérant le produit d’un seul coup. Romain tomba aussitôt dans le coma. Au petit matin, à la première tournée des infirmières pour prendre les tensions des patients, Romain fut retrouvé mort. L’autopsie conclut à une hypoglycémie sévère.

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